Grand-duc d'Amérique

espèce d'oiseaux
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Bubo virginianus

Le Grand-duc d'Amérique[a] ou Grand-duc de Virginie (Bubo virginianus) est une espèce de rapaces nocturnes appartenant à la famille des Strigidae et à la sous-famille des Striginae. Il est souvent comparé avec son cousin le Grand-duc d'Europe avec qui il partage de nombreux points communs.

Généralités et description modifier

Cet oiseau aux aigrettes caractéristiques est le deuxième plus grand des hiboux d'Amérique après le Harfang des neiges ; sa taille varie cependant significativement selon son habitat et l'abondance de la nourriture[4].

Avec un bec crochu, de grandes ailes, des serres puissantes, le Grand-duc est parfaitement adapté à la chasse nocturne d'animaux de petite taille. Ses yeux jaunes perçants et ses aigrettes en font un oiseau impressionnant pour l'homme.

Cet oiseau mesure 45 à 63 cm de longueur pour une envergure de 90 à 162 cm et une masse de 675 g à 2,5 kg. Il ne présente pas de dimorphisme sexuel en termes de couleurs, mais en termes de grosseur, les femelles sont un tiers plus grosse que les mâles comme chez la plupart des oiseaux de proie.
Il a la gorge blanche.

Répartition et habitat modifier

 
Répartition

Le Grand-duc d'Amérique niche dans la majeure partie du continent américain. Son aire de répartition s'étend loin au nord, occupant une bonne partie du Canada, et en Amérique du Sud jusqu'au nord de l'Argentine, ainsi qu'au Brésil et en Bolivie[5].

 
Ses yeux jaunes et ses aigrettes.

Cet oiseau est un des hiboux les plus adaptables, résidant dans les arbres de tout type de forêts, de jungles, de prairies, de déserts, de toundras, de mangroves et même de zones urbaines. Il évite cependant les zones trop extrêmes, comme le cœur des déserts, ou trop boisées. On le retrouve rarement en altitude en Amérique du Nord[6], alors qu'il s'est bien adapté aux plateaux des Andes dans le sud de son aire de répartition[7].

Éthologie et reproduction modifier

Généralement sédentaire, cet oiseau défend son territoire, surtout en période de reproduction, avec toutefois des jeunes ayant un comportement non territorial[8].
Vocalisations : Très bruyant à la saison de reproduction, il émet un hululement puissant[9], typique du chant des hiboux[10].
Il niche dans d'anciens nids d'autres grands oiseaux, dans des trous d'arbres, des corniches de falaise et même au sol.

Habituellement le plus actif au crépuscule et à l'aube, c'est un chasseur efficace. Il bénéficie d'une bonne vision nocturne et d'une bonne acuité visuelle[11] ainsi que d'une ouïe particulièrement développée.

Alimentation modifier

Il capture surtout de petits mammifères (campagnols, etc.) dont certains ont développé des "comportements anti-prédateurs"[12], des insectes, des reptiles, des amphibiens et des oiseaux (y compris d'autres rapaces nocturnes et des gélinottes).

Il peut chasser et manger les moufettes, grâce à son odorat très peu développé. La prédation a été observée sur tous les types de mouffettes nord américaines, dans certains cas sur des animaux au moins trois fois plus gros que le Grand-duc prédateur [13],[14],[15], et un nid a été trouvé contenant les restes de 57 mouffettes de tous types [16]. Une conséquence est que les nids de Grands-ducs ont tendance à manifester une forte odeur de mouffette[17],[18].

Déplacements et migrations modifier

Cet oiseau est sédentaire. Après leur émancipation, les jeunes explorent leur environnement pour trouver un territoire disponible et leur convenant et s'y établir.

Menaces modifier

L'espèce est en régression, probablement à cause de la destruction, fragmentation et régression de ses habitats, et à cause d'une dégradation de la qualité de certaines de ses proies, contaminées par des pesticides, métaux lourds (plomb notamment, qui est cause de saturnisme aviaire[19]. Des parasitoses ou attaques des jeunes au nid par des tiques ou mouches hématophages peuvent affaiblir les jeunes et faciliter certaines maladies (leucocytozoonoses)[20].

Galerie modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Cette appellation est normalisée dans plusieurs langues dont le français par le Comité ornithologique international[1]. Cette orthographe diffère de celle des dictionnaires français Robert, Larousse[2] et Académie française[3] qui écrivent « grand duc », « moyen duc », « petit duc » sans trait d’union.

Références modifier

  1. « Listes multilingues des noms d’oiseaux, selon plusieurs formats », sur worldbirdnames.org, Comité ornithologique international (consulté le ) dont cette version Excel 8.2.
  2. « Larousse en ligne : entrée « duc » », sur larousse.fr (consulté le ).
  3. « Dictionnaire de l’Académie française, 9e édition : entrée « Duc », sens II », sur academie.atilf.fr (consulté le ).
  4. McGillivray, B. (1989), Geographic variation in size and reserve size dimorphism of the great horned owl in North America. The Condor, 91: 777-786.
  5. Claus König, Owls of the World., A & C Black, (ISBN 978-1-4081-0884-0 et 1-4081-0884-4, OCLC 727647969, lire en ligne)
  6. Ad Cameron, Owls of the Northern Hemisphere, MIT Press, (ISBN 0-262-22035-0 et 978-0-262-22035-4, OCLC 18259344, lire en ligne)
  7. Joseph Ewan, Jon Fjeldsa et Niels Krabbe, « Birds of the High Andes: A Manual to the Birds of the Temperate Zone of the Andes and Patagonia, South America », Taxon, vol. 40, no 4,‎ , p. 700 (ISSN 0040-0262, DOI 10.2307/1222800, lire en ligne, consulté le )
  8. Rohner, C. (2001), Non-territorial floaters in great horned owls (Bubo virginianus). 2d Owl Symposium: 347-362. allo (résumé)
  9. Kinstler, K. (2009) Great horned owl Bubo virginianus vocalizations and associated behaviours. Ardea, 97/4: 413-420
  10. Miller, A. (1934), The vocal apparatus of some North American owls. The Condor, 36/5: 204-213
  11. Fite, K. (1973), Anatomical and behavioral correlates of visual acuity in the great horned owl. Vision Research, 13/2: 219-230
  12. Rohner, C., C. Krebs. (1996) Owl predation on snowshoe hares: Consequences of Antipredator Behaviour. Oecologia, 108/2: 303-310
  13. Bent, A. C. 1938. Life histories of North American birds of prey, Part 2. U.S. National Museum Bulletin 170:295-357.
  14. Cromrich, L. A., Holt, D. W., & Leasure, S. M. (2002). Trophic niche of North American great horned owls. Journal of Raptor Research, 36(1), 58-65.
  15. Huey, L. M. (1931). Skunks as Prey for Owls. The Wilson Bulletin, 224-224
  16. Luke Hunter, Carnivores of the World, Princeton, NJ, Princeton University Press, (ISBN 978-0-691-15228-8)
  17. Houston, C. Stuart, Dwight G. Smith and Christoph Rohner. 1998. Great Horned Owl (Bubo virginianus), The Birds of North America Online (A. Poole, Ed.)
  18. Crocoll, S. T. (1984). Breeding biology of broad-winged and red-shouldered hawks in western New York (Doctoral dissertation, State University of New York at Fredonia, 1984--Department of Biology.)
  19. Weir, D., Hanson, A. (1989), Food habits of great horned owls (Bubo virginianus) in the Northern Taiga of the Yukon Territory and Alaska. Can. Field Nat. 103, 12–17 résumé
  20. Hunter, D., C. Rohner, D. Currie. (1997), Mortality in fledgling great horned owls from black fly hematophaga and leucocytozoonosis. Journal of Wildlife Diseases, 33/3: 486-491

Voir aussi modifier

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Références taxonomiques modifier

Bibliographie modifier

  • Baumgartner, F. (1938) Courtship and nesting of the great horned owls. The Wilson Bulletin, 50/4: 274-285.
  • Braekevelt, C. (1993) Fine structure of the pecten oculi in the great horned owl. Histology and Histopathology, 8/1: 9-15.
  • Brown, R., J. Baumel, R. Klemm. (1994) Anatomy of the propatagium: The great horned owl. Journal of Morphology, 219/2: 205-224.
  • Cawthorn, R., P. Stockdale. (1982) The developmental cycle of Caryospora bubonis Cawthorn and Stockdale 1981 (Protozoa: Eimeriidae) in the great horned owl, Bubo virginianus (Gmelin) Canadian Journal of Zoology, 60/2: 152-157.
  • Houston, C. (1975), Reproductive performance of great horned owls in Saskatchewan. Bird Banding, 46/4: 302-304.
  • Maclaren, N., S. Krohne, R. Porter Jr., M. Ringle, D. Lindley. (1995) Corynenbacterium endophthalmitis, glaucoma, and sceral ossicle osteomyelitis in a great horned owl (Bubo virgininanus). Journal of Zoo and Wildlife Medicine, 26/3: 453-459.
  • Morrell, T. (1993) Status and Habitat Characteristics of the Great Horned Owl in South-Central Pennsylvania. Ann Arbor, MI: ProQuest Dissertations and Theses.
  • Rohner, C., C. Krebs, B. Hunter, D. Currie. (2000) Roost site selection of great horned owls in relation to black fly activity: An anti-parasite behavior?. The Condor, 102/4: 950-955.
  • Rohner, C., J. Smith. (1996) Brood size manipulations in great horned owls Bubo virgininanus: Are predators food limited at the peak of prey cycles?. The International Journal of Avian Science, 138/2: 236-242.
  • Rudolph, S. (1970) Predation ecology of coexisting great horned and barn owls. The Wilson Bulletin, 90/1: 134-137.
  • Rusch, D., E. Meslow, P. Doerr, L. Keith. (1972) Response of great horned owl populations to changing prey densities. The Journal of Wildlife Management, 36/2: 202-296.
  • Smith, D. (2002) Great Horned Owl. Mechanicsburg, PA: Stackpole Books.

Liens externes modifier