Abbaye de Saint-Véran du Loup

abbaye située dans les Alpes-Maritimes, en France

Abbaye de Saint-Véran du Loup
Emplacement du prieuré de Saint-Véran du Loup sur la carte de César-François Cassini (feuille N°169 publiée en 1780).
Emplacement du prieuré de Saint-Véran du Loup sur la carte de César-François Cassini (feuille N°169 publiée en 1780).

Ordre Ordre de Saint-Benoît
Abbaye mère Inconnue, puis Abbaye de Lérins
Fondation vers 1005-1010
Fermeture Ruinée pendant les guerres de religion.
Diocèse Diocèse de Vence
Localisation
Pays France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Alpes-Maritimes
Commune Cagnes-sur-Mer

L'abbaye de Saint-Véran du Loup, nommée aussi « Notre-Dame de la Dorade » ou « Notre-Dame la Dorée », est un établissement religieux disparu du diocèse de Vence, qui appartenait à l'Ordre de Saint-Benoît et qui se situait sur la commune de Cagne sur mer, près de l'embouchure du Loup[1]. Il est uni, entre 1050 et 1055, à l'Abbaye de Lérins et l'on ne connait quasiment plus de document le concernant après le XIe siècle.

Au XVIIe siècle, il ne reste que des ruines de ses bâtiments et personne ne sait aujourd'hui situer exactement leur emplacement[2].

Histoire modifier

La fondation initiale modifier

La fondation initiale est légendaire : le monastère aurait été édifié, à une date inconnue, à l'emplacement où l'évêque de Vence, Véran aurait affronté le roi wisigoth Euric[3].

Il aurait fait l'objet des attentions de Charlemagne qui y aurait fait édifier l'église « Notre-Dame la Dorée »[4]. Saint Véran du Loup aurait été une abbaye florissante à l'époque carolingienne avant d'être détruite par les pirates Sarrasins ou Normands qui, à cette époque infestaient les côtes de la mer Méditerranée occidentale.[5].

Cette première fondation a peut-être même reçu du comte Leibulfe des biens dans la région d'Arles[6].

La refondation du XIe siècle modifier

Le monastère renaît au Xe siècle sous l'impulsion notamment de l'évêque de Vence Durant (en latin « Durantus »), qui avait été précédemment abbé de Saint-Eusèbe de Saignon au diocèse d'Apt.

La synthèse historique de Guillaume Truan modifier

En 1065, un moine de l'abbaye de Lérins nommé Guillaume Truan[7] rédige à l'intention ou à la demande de l'abbé de Lérins Adalbert, un pense-bête dont nous ne savons pas à quel auditoire il était destiné qui résume l'histoire du prieuré, récemment acquis par l'abbaye de Lérins, dans les termes suivants :

« En l'an de l'incarnation de la Parole de Dieu 1005, le , on élut évêque de Vence, dans la ville d'Apt, sous la présidence de l'évêque Étienne, maître Durant, abbé de Saint-Eusèbe. Il faut savoir que parce qu'il savait les habitants du coin peu instruits et peu au fait des questions de religion, il s'était adjoint la compagnie de l'un des frères de son monastère nommé Pons. Venant ici et après avoir traversé le fleuve Loup, ils découvrirent l'église de la bienheureuse mère de Dieu que le roi Charlemagne avait construite et laquelle il avait enrichie de grands dons, que l'on nommait depuis la dorée, maintenant dévastée, désertée et non entretenue. Voici pourquoi Pons s'installa en ce lieu qui était en outre près de la mer et entouré de terres faciles à exploiter, et proche aussi de l'église de monseigneur Durant. En défrichant la forêt sauvage voisine, il découvrit l'oratoire de Saint-Pierre proche de l'église de la bienheureuse Marie, celui du bienheureux Jean-Baptiste et du bienheureux confesseur Véran ... ».

Cette, notice qui représente certainement la mémoire des faits telle qu'on la conservait au moment où son auteur la rédigeait, n'est pas cohérente avec l'information que l'on peut recouper ailleurs. Durant est abbé de Saint-Eusèbe de Saignon dont il assure la transmission à l'Abbaye de Saint-Gilles, vers 1030 ou 1032. Il quitte la direction de l'abbaye pour le siège épiscopal de Vence, en 1034 seulement[8]. Il était parmi les prélats qui, en 1060, choisirent, au Synode régional d'Avignon, Gérard Chevrier pour occuper le siège épiscopal de Sisteron vacant depuis des années[9]. Cette présence rend peu probable un épiscopat, précédé d'un abbatiat, commencé en 1005.

La première étape de la refondation modifier

Elle a lieu avant 1012 et son premier abbé se nomme Constantin. Le , un couple, vraisemblablement noble, Pierre et Ermengarde, lui fait alors dons de divers biens situés dans les terroirs de Vence et de Cannes[10].

La seconde étape de la refondation modifier

Elle a lieu sous l'abbatiat de Pons. En , Laugier et son épouse Odile, avec l'accord de leurs enfants Rambaud[11], Pierre, évêque de Sisteron et Rostain, dotent l'abbaye de biens fonciers situés sur le territoire de Cagnes-sur-Mer, pour l'essentiel situés entre le fleuve Loup et la rivière Malvan[12] .

L'union à l'abbaye de Lérins modifier

En 1050, l'abbé Pons, donne, après sa mort, Saint-Véran du Loup, avec l'accord de l'évêque Durant de Vence et de son chapitre, de l'évêque Adalbert d'Antibe et de l'évêque André de Nice à l'abbé Adalbert de Lérins afin que ce monastère en assure la pérennité[13],[14].

En 1093, l'évêque de Vence, Pierre, confirme à l'abbé de Lérins, en présence des chanoines du chapitre cathédral et de l'évêque Aldalbert d'Antibes, la donation de l'abbé Pons[15].

Notes et références modifier

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Monographies et ouvrages généraux
  • (la) Vincenzo Barrali, Chronologia sanctorum & aliorum virorum illustrium, ac abbatum sacrae insulae Lerinensis. a domno Vincentio Barrali Salerno monacho Lerinense in vnum compilata cum annotationibus eiusdem, Salerne, Robert Berthelot/Claude Deville, , 899 p. (lire en ligne).
  • Honoré Bouche, La chorographie ou Description de Provence , et l'histoire chronologique du même pays, t. 2, Aix-en-Provence, Charles Davis, (lire en ligne)
  • Elzéar Boze, Histoire de l'église d'Apt, Apt, Témollière, (lire en ligne).
  • Marie-Pierre Estienne, Châteaux, villages, terroirs en Baronnies Xe – XVe siècle, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, , 287 p. (lire en ligne).
  • (it) Pietro Gioffredo (auteur du texte) et Costanzo Gazzera (éditeur technique), Storia delle Alpi Marittime, vol. I, Torino, Stamperia Reale, (lire en ligne).
  • Françoise Hildesheimer (Responsable de la publication), Pierre Bodard, Jacques Fontana, Ernest Hildesheimer, Claude Passet, Jean Mouisset et Emmanuel Rémond, Les Diocèses de Nice et Monaco, Paris, Beauchesne, coll. « Histoire des diocèses de France », , 387 p. (ISBN 2-7010-1095-0, lire en ligne).
  • Eliana Magnani, « Lérins dans la société féodale (Xe – XIIe siècle) », dans Mireille Labrousse, Eliana Magnani, Yann Codou, Jean-Marie Le Gall, Régis Bertrand et dom Vladimir Gaudrat, Histoire de l'abbaye de Lérins, Abbaye de Bellefontaine, Association pour le rayonnement de la culture cistercienne, coll. « Cahiers cisterciens. Des lieux et des temps. » (no 9), (lire en ligne).
  • Henri Moris, Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1792 : Archives ecclésiastiques, série H, Nice, Archives départementales des Alpes Maritimes/Imprimerie J. Ventre et Cie, (lire en ligne).
  • Henri Moris et Edmond Blanc, Cartulaire de l'abbaye de Lérins : Première partie, Paris, Honoré Champion, (lire en ligne).
  • Eugène Tisserand, Histoire de Vence, cité, évêché, baronnie, de son canton et de l'ancienne viguerie de Saint-Paul du Var., Paris, E. Belin, , 312 p. (lire en ligne).
Articles
  • Paul-Albert Février, « La donation faite à Lérins par le comte Leibulfe », Provence historique, Fédération historique de Provence, t. 6, no fascicule 23,‎ (lire en ligne).
  • Paul-Albert Février, « Notes sur les monastères provençaux à l'époque carolingienne », Provence historique, Fédération historique de Provence, t. 23,‎ , pp. 280 à 294 (lire en ligne).
  • Germain Butaud (auteur de l'article), Yann Codou (éditeur scientifique) et Michel Lauwers (éditeur scientifique), Centre National de la Recherche Scientifique, Centre d’études Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge, « Lérins, une île sainte de l'antiquité au Moyen Âge : Listes abbatiales, chartes et cartulaire de Lérins : problèmes de chronologie et de datation (XIe – XIIe siècles) », Collection d'études médiévales de Nice, Turnhout, Brepols, vol. 9,‎ (lire en ligne).
  • Marti Aurell i Cardonna, « Pouvoir et société en Arles au Xe siècle », Recherches Régionales, Nice, Conseil Général des Alpes Maritimes, no 93,‎ (lire en ligne).

Liens externes modifier