William Auguste Coolidge

alpiniste, professeur d'histoire
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William Augustus Brevoort Coolidge, né le à New York aux États-Unis et mort le dans le Grindelwald en Suisse, est un alpiniste qui laisse encore son nom au fameux pic Coolidge et à d'autres sommets.

William Auguste Coolidge
Description de cette image, également commentée ci-après
William Augustus Brevoort Coolidge en 1883.
Biographie
Nationalité Drapeau des États-Unis États-Unis
Naissance ,
New York
Décès (à 75 ans),
Grindelwald
Carrière
Disciplines Alpinisme
Période active 1865-1898
Compagnons de cordée Christian Almer
Ascensions notables premières ascensions des aiguilles d'Arves, pic de la Grave, Le Râteau, Grande Ruine, montagne des Agneaux, pic Coolidge, L'Ailefroide, Les Bans, L'Olan, roche de la Muzelle, aiguille de Chambeyron, Piz Badile
Plus haut sommet Mont Blanc
Profession professeur d'histoire

Biographie modifier

Parti pour l'Europe à l'âge de 15 ans, il fait ses études à Guernesey de 1866 à 1869, puis les poursuit à Oxford entre 1869 et 1871 et obtient divers diplômes d'Histoire moderne et de jurisprudence. Il est reçu Fellow de Magdalen College d'Oxford, puis Magister Artium en 1876. De 1880 à 1881 on le retrouve professeur d'histoire de l'Angleterre au St David's College à Lampeter. À partir de 1882 il obtient divers diplômes ecclésiastiques. En 1896, son activité physique subit un sérieux ralentissement, souffrant déjà de l'affection rhumatismale qui, quatre ans plus tard, l'oblige à se retirer à Grindelwald pour y consacrer tout son temps à l'écriture[1].

Premières modifier

Aiguilles méridionale et septentrionale d'Arves, pic de la Grave, Râteau, Meije centrale, Grande Ruine, les Agneaux, Flambeau des Écrins, Grande Sagne, Fifre, pic Coolidge, Ailefroide (1870), Pointe du Sélé, Pointe de Claphouse, Sommet ouest des Bœufs rouges, Tête de la Pilatte, les Bans, le Gioberney, Pic sud du Says, Cime de clot Châtel, Cime du Vallon, Sommet nord du pic d'Olan, Aiguille Rousse, Aiguille d'Entre Pierroux, Aiguille des Arias, Pointe de la Mariande, Pointe Marguerite, Roche de la Muzelle, pic du Clapier du Peyron, Rochail, Pic ouest de Dormillouse, Tête de Vautisse, Le Sirac, pic du Thabor, Aiguille Noire.

Aiguille de Chambeyron, Pointe des Henvières, Pointe haute de Mary, Pic du Pelvat, Peou-Roc, Panestrel, Pic des Houerts, mont Viso, Visoletto.

Première hivernale du Gross Schreckhorn.

Son nom dans l'alpinisme modifier

  • Pic Coolidge - 3774 m - au pied de la barre des Écrins - Oisans - France
  • Cime Coolidge - sommet Nord et plus haut sommet du pic d'Olan - Oisans - France
  • Colleto Coolidge - entre le mont Stella et la pointe du Gelas de Lourousa - Italie
  • Couloir Coolidge - passage obligé de la voix normale de la traversée du Pelvoux - Oisans - France
  • directe Coolidge sur la barre des Écrins
  • Un sommet est aussi dédié à sa tante avec qui il a fait ses premières ascensions : la pointe Brevoort, pic principal de la Grande Ruine (3 765 m).
  • Coolidge, lors de ses ascensions, soucieux de la topographie qu'il s'évertua à améliorer sans relâche et relata de façon scrupuleuse, a aussi nommé des sommets et cols qui sont restés dans la toponymie actuelle : lors de sa première ascension de la roche de la Muzelle (3 465 m) le , il nomma la pointe Marguerite (3 262 m) en l'honneur de sa tante Miss Brevoort qui fut la première femme à en faire l'ascension en compagnie de son neveu W.A.B. Coolidge le . Le col du Vallon (2 531 m), le col Jean-Martin (3 257 m) qui se situe entre la roche de la Muzelle et le Grand Roux (2 367 m), le col de la Mariande (2 940 m). Lors de son arrivée dans l'Oisans à l'été 1876 pour effectuer l'ascension de l'aiguille du Plat de la Selle (3 596 m), il nomma le col des Trois Pointes (3 043 m), le col des Arias et le col d'Entre-Pierroux (3 168 m) : « Nous étions montés par le Petit-Vallon, avions traversé le col situé entre l'Aiguille des Arias et l'Aiguille d'Entre Pierroux, et nous trouvions sur les pentes auxquelles la carte de l’État-Major donne le nom curieux de « Travers des chamois ». Sur place nous résolûmes d'appeler notre nouveau passage « col d'Entre-Pierroux »[2]. » Lors de ses quinze jours à La Bérarde du 9 au , il baptisa le col de Clochâtel (3 243 m) pendant l'ascension de la cime de Clôt Châtel (3 563 m) le , et le col des Avalanches (3 499 m). Lors de son ascension du pic du Thabor , il baptisa le col de Thabor (3 109 m) situé entre le mont Thabor (3 178 m) et le pic du Thabor (3 205 m). Le il nomma le col de Gros-Jean (3 265 m) lors de son ascension des aiguilles d'Arves (3 514 m), le le col du Loup de Champoléon (3 048 m) lors de son ascension du pic Verdonne (3 328 m), le le col de Parières (2 910 m) lors de l'ascension au pic de Parières (3 328 m), le col des Bouchiers (2 930 m) le , le col du Grand Sablat (3 309 m) lors de son ascension du mont Savoyat (3 345 m) le . Lors de ses cinq nouvelles courses dans l'Oisans en 1891, il nomma le col des Cerces (2 574 m) et la pointe des Cerces (3 098 m) lors de son ascension le 1er septembre. Relevant les différents sommets et leur emplacement et altitude précise entre la brèche Charrière (3 280 m) et la roche d'Alvau (3 628 m) il les nomma de façon détaillée selon leur orientation cardinale.

Réalisations modifier

 
Christian Almer, Ulrich Almer, Meta Brevoort et William Coolidge en 1874.
  • Été 1865 Sa famille s'établit à Grindelwald, en Suisse ; c'est là qu'il fit sa première ascension le  : Le Niesen. Le virus était attrapé.

Le 13 septembre de la même année il fait sa première grande course : la traversée de la Strahlegg, suivie de la traversée du St Théodule puis du col du Géant. Il découvre alors Chamonix et Zermatt où il fait l'ascension de l'Eggishorn, du Hörnli et de la Cima di Jazzi.

  • 1866 Col d'Argentière, Mont Buet, col de Sagerou, col d'Oren, col de Valpelline, col de Sonadon,...
  • 1867 Adlerpass, Strahlhorn, mont Rose, Schilthorn, Jungfrau, Tchingelpass, Watterlücke, Piz Badile, Cima di Rosso, Piz Michel, ...
  • 1868

Il s'associe maintenant avec le guide de Zermatt Christian Almer (père), et ce jusqu'en 1884, et grimpe dans l'Oberland bernois : Balmhorn, Blumlisalphorn, Aletschhorn, Gross Nesthorn, Wetterhorn, ...

  • 1876 Mont Blanc, Aiguille de la Blaitière, les Droites, Massif de l'Adanelo, de la Presanella et du Brenta...
  • 1879 1re ascension hivernale du Gross Schreckhorn.

À partir de 1880 et jusqu'en 1893 il s'associe à Frederick Gardiner.

À partir de 1890 il se cantonne aux Alpes centrales

  • 1892 Jungfrau, Alpes du Tassin
  • 1897 De nombreux sommets entre Bernina et Stelvio.
  • 1898 Il vit sa dernière grande ascension : l'Ortler.

En 1899 et 1900 il se rabat sur des petites courses en Suisse centrale.

Il fit ses adieux aux Alpes en 1900 depuis le Rigi qu'il avait gravi en 1865 à l'âge de 15 ans, 35 ans plus tôt.

Il déclare dans un de ses livres (Simler, p. 163) que « les Alpes sont incontestablement la plus belle région de la terre[1]. »

Extrêmement sensible aux charmes des beaux paysages, il n'était pas de la catégorie des alpinistes collectionneurs de cimes et de performance comme Eardhy Blackwell ou l'alpinisme acrobatique d'Albert F. Mummery contrairement à ce que certains commentateurs ont affirmé, faisant de lui à tort un alpiniste qui monte pour monter, « sans vouloir voir ». Son approche reste celle des anciens pionniers, de John Ball, de Francis Fox Tuckett, dont il se déclare le continuateur[1]. Il ne manquait pas de refaire des ascensions pour leur attrait contemplatif, et dans ses notes personnelles, il prend toujours le temps de mentionner la vue dont il a joui sur les sommets, y restant parfois plus d'une heure pour admirer la beauté des points de vue offerts par ces panoramas grandioses. Il a dit du panorama du mont Pelvoux, tel qu'il l'avait admiré le , que « la terre ne peut offrir de plus beau spectacle à la contemplation de l'homme[1]. » Il avait été tellement frappé par d'autres panoramas de montagnes, comme celui de la Besimauda (it), qu'il a préféré ne jamais les revoir, plutôt que de risquer d'affaiblir l'impression qu'il en avait gardé, l'image radieuse qu'il portait enchâssée au fond de son cœur[1].

Au total, il gravit 1 200 cols et sommets, cumule plus de 1 700 courses dont 900 objectifs importants. « Aucun alpiniste ne pouvait mettre en regard des chiffres aussi imposant [...] Celui qui vint immédiatement après lui pour le nombre de courses de montagnes était Ludwig Purtscheller [...] On voyait en lui, surtout depuis la mort de Whymper, le plus grand alpiniste de son temps[1]. »

Anecdotes modifier

  • Sa chienne, Tschingel (1865 - 1879), achetée 10 francs et offert par son guide Christian Almer en 1867, doit son nom après avoir gravi le col Tschingle (2 824 m), brèche englacée entre le Mutthorn (3 041 m), un contrefort du Tschingelhorn (3 581 m), et les contreforts ouest du Morgenhorn (3 629 m) sur le Blümlisalp au sud du Gamchilücke. Elle fit l'ascension de 36 cols et 30 sommets dont le mont Blanc en 1875, le mont Rose, l'Aletschhorn, le Finsteraarhorn, l'Eiger, la Jungfrau, le Mönch, la Grande Ruine et le Râteau. Un sommet lui est dédié : Tschingellücke (2 785 m). Jusqu'en 1876, date de sa retraite de canidé alpiniste au moment du décès de miss Brevoort qui était devenue sa vraie maitresse, Tschingel est un élément important de l'équipe Brevoort-Coolidge. À sa mort en 1879, son maître publie 33 lignes de nécrologie dans l’Alpine Journal et lui consacre ensuite un article de 33 pages dans l’Alpine Studies. Coolidge admet ne pas avoir complètement identifié la race de sa chienne « un petit limier (Bloodhound) ou un grand Beagle ». En 1869 après avoir gravi le mont Rose, un groupe d'Anglais membres de l'Alpine Club, l'élisent membre d'honneur (Hon. A.C.), seule présence féminine, la société Alpine Club étant interdite aux femmes. Coolidge avec son trait d'humour habituel, mentionne en 1878 au sommet de la Grande Ruine sur la carte de visite qu'il laisse dans la pyramide de pierres érigée comme signature de son passage lors de ses ascensions, « Tschingel (Hon. A.C) » avec les autres membres de la cordée. Coolidge relate toujours avec humour que Tschnigel élevée en suisse allemand s'est mise à l'anglais mais est toujours restée allergique au français. Outre de nombreux talents relatés par Coolidge tels que casser des noix sans abîmer les cerneaux et boire du vin rouge, Miss Brevoort déclare que « c'est un guide né après son ascension de l'Eiger, sachant s'orienter sur les glaciers et détecter avec son flair les meilleurs ponts de neige elle est un membre à part entière de l'équipée. »
  • Lorsque Coolidge séjournait à Maljasset (hameau de Saint-Paul-sur-Ubaye) avec son ami Almer, pour explorer les sommets du massif de Chambeyron, il fut dénoncé comme espion allemand par son hôtelier à la gendarmerie de Saint-Paul. En effet, l'alpinisme était un sport inconnu dans les Alpes du Sud à cette époque, et, après la guerre de 1870, les habitants étaient devenus méfiants face à tout individu parlant allemand et se livrant à des activités inhabituelles, tel Coolidge et son guide.
  • Francis Fox Tuckett était son « parrain en alpinisme ».
  • Gardiner était son ami et compagnon pour ses ascensions dans le Dauphiné.
  • Pour sa première ascension de l'aiguille du Plat de la Selle en 1876, il fit appel au guide Pierre Gaspard : « Le dimanche, 2 juillet, quoique d'une splendeur éclatante, fut consacré à un repos bien mérité. Notre premier soin fut d'engager un chasseur nommé Pierre Gaspard pour nous guider au sommet de l'Aiguille du Plat, qu'il disait avoir atteint lui-même[2]. [...] Gaspard est un bon guide et un compagnon amusant : j'ai été tout à fait content de lui[3]. » Une photo prise lors de la fête de la Société des touristes du Dauphiné le au col du Lautaret montre Coolidge et ses guides Almer père et fils en compagnie des alpinistes Paul Guillemin et A. Salvador de Quatrefages avec Pierre Gaspard père et fils (photo Jacques Garin, collection Museum départemental, Gap).

Carrière littéraire modifier

Guides modifier

Guide du Haut-Dauphiné (1887), The Lepontine Alps (1892), The Mountains of Cogne (1893), The Adula Alps (1893), The Range of Tödi (1894), The Bernese Oberland (1904), Guide de Grindelwald (1900).

Articles modifier

  • de 1880 à 1889 : Directeur de publication de l'Alpine Journal
  • de 1868 à 1912 : 231 articles pour l'Alpine Journal

Ouvrages modifier

  • Josias Simler et les origines de l'alpinisme jusqu'en 1600, 1904
  • The Alps in Nature and History, 1908
  • Alpine Studies, 1912
  • A pioneer in the Alps: F. F. Tuckett, 1920
  • Coolidge en Dauphiné - Récits de courses en Dauphiné (1870-1895), Vourles, Alpage, 2009, 183 p. (ISBN 978-2-9535439-0-2)
  • The Alpine Career of F. Gardiner, 1920

Références modifier

  1. a b c d e et f Henri Mettrier, W. A. B. Coolidge : une grande figure d'alpiniste et d'historien, Paris, Imprimerie nationale, , 67 p. (lire en ligne), p. 20
  2. a et b W.A.B. Coolidge, Coolidge en Dauphiné - Récits de courses en Dauphiné (1870-1895), Vourles, Alpage, , 183 p. (ISBN 978-2-9535439-0-2, lire en ligne), p. 36
  3. W.A.B. Coolidge, Coolidge en Dauphiné - Récits de courses en Dauphiné (1870-1895), Vourles, Alpage, , 183 p. (ISBN 978-2-9535439-0-2, lire en ligne), p. 38

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Michel Tailland, Jean-Paul Zuanon, WAB Coolidge 1850-1926, Éd. du Fournel, L'Argentière-la-Bessée, 2021, 205 p. (ISBN 978-2-36142-172-4).
  • Henri Mettrier, « Une grande figure d'alpiniste et d'historien, W.-A.-B. Coolidge », in Bulletin de la section de géographie du Comité des travaux historiques, 1929.
  • René Godefroy, W. A. B. Coolidge, 1850-1926, Chambéry, , 24 p. (BNF 32174376).

Liens externes modifier