Utopia 56
Utopia 56 est une association française d'aide aux étrangers en situation irrégulière et réfugiés créée en 2015, au début d'une crise migratoire en Europe. Elle installe régulièrement des campements de réfugiés.
Fondation |
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Forme juridique |
Association déclarée |
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Objet social |
Aide aux personnes exilées et à toute personne en détresse en France, dans le respect de leurs choix de parcours et de vie, grâce à la mobilisation citoyenne. |
Domaine d'activité |
Action sociale sans hébergement n.c.a. |
Siège | |
Pays |
Membres |
18 000 () |
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Fondateur |
Yann Manzi (d) |
Sponsors |
Ville de Paris, Ville de Tours (d) |
Site web |
RNA | |
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SIREN | |
OpenCorporates |
En 2020, l'association revendique 200 bénévoles par jour, huit antennes, une quinzaine de salariés, 25 volontaires en service civique, environ 400 hébergeurs et près de 18 000 adhérents[1].
Historique
modifierL'association est créée le [2] par Yann Manzi, un régisseur de camping qui participait notamment à l’organisation du festival des Vieilles Charrues[3], son épouse et son fils Gaël, à leur retour dans le Morbihan de trois semaines d'observation du camp de Calais[4].
Dans le camp de Calais, la première mission de l'association est sanitaire. Les bénévoles s'occupent des douches, assurent des points d'eau, créent des toilettes et ramassent les déchets, pour améliorer les conditions de vie des 6 000 réfugiés présents dans la Jungle[5].
L'association lance en un réseau d'hébergement solidaire[6],[7]. Ce réseau permet à des particuliers d'accueillir chez eux une femme seule ou une famille qui s'apprête à dormir à la rue. Il est également ouvert aux mineurs isolés étrangers avant leur prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance[8] en Bretagne[9], dans les Hauts-de-France, en Île-de-France[10], en Indre-et-Loire[11] et en Occitanie. L'association accompagne également ces jeunes dans leurs démarches administratives et sociales et leur propose des activités culturelles et sportives[12].
En , le centre humanitaire Nord ouvre porte de la Chapelle à Paris, géré par l'association Emmaüs Solidarité. Utopia 56 intervient pour la gestion de la file d'attente à l'entrée, ainsi que pour assurer la distribution de vêtements et de nourriture à l'intérieur du centre[13]. Les bénévoles aident également les réfugiés mineurs qui passent la nuit dehors en les plaçant à l'hôtel[14]. En , l'association quitte le centre humanitaire en dénonçant la politique "de tri et d’expulsion" menée par l’État[15],[16],[17],[18].
En 2018, les associations L’Auberge des migrants, Utopia 56, Help refugees (en) et Refugee infobus saisissent le Défenseur des droits au sujet de violences policières à Calais[19], et dénoncent les expulsions régulières de campements informels[20].
L'association poursuit ses actions dans la rue et aux abords du centre humanitaire. Elle dénonce l'"invisibilisation" des personnes laissées à la rue et les "opérations de com" du gouvernement lors des mises à l'abri[21],[22],[1]. Ces mises à l'abri étant insuffisantes, des centaines de personnes continuent d'être à la rue à Paris[23],[24],[25].
En , elle cherche à forcer la main des autorités en installant brièvement un camp au cœur du parc de la Villette[26],[27]. L'association est à l'initiative de l'installation du camp de migrants de la place de la République, violemment évacué le [28], ou de celui place des Vosges à Paris en juillet 2021[29]. D'après un rapport réalisé par le Secours catholique, Utopia 56 et Action contre la faim, après les démantèlements de campements en région parisienne à l'automne 2020, « 75 % des personnes ayant bénéficié d’un hébergement ont été remises à la rue »[30]. Utopia 56 s'associe à une plainte contre X et contre les préfets de police de Paris, de la Seine-Saint-Denis et de la région Ile-de-France (Didier Lallement, Georges-François Leclerc et Marc Guillaume) au sujet des évacuations des campements à Paris les 17 et 23 novembre 2020[31].
Le Figaro note que les actions polémiques de l'association suscitent la colère des autorités[32]. Un cadre de l'administration confie au Monde « Utopia, ce sont des anars, et je ne leur reproche pas. Mais ce qu'ils veulent, c'est le chaos, c'est mettre l'État en difficulté. Et les préfets tombent dans le piège »[1]; Yann Manzi objecte : « on n’est que des citoyens qui se disent que des droits fondamentaux existent dans notre pays et qu’on a un devoir de fraternité »[1].
L'association installe plusieurs centaines de migrants place des Vosges à Paris fin juillet 2021[33]. 600 personnes sont mises à l'abri temporairement, mais plus de 200 sont dispersés par la police, et se retrouvent sans solution d’hébergement[34].
Début septembre 2021, Utopia 56 et d'autres associations du collectif Réquisitions organisent un campement de plus de 600 migrants devant la préfecture de Paris[35]. La mise à l’abri organisée le 1er septembre est dénoncée par l'association : des centaines de migrants sont transférés contre leur volonté en dehors de la région parisienne, sans examen des situations individuelles et familiales ; une dizaine est placée en centre de rétention administrative[36],[37]. Yann Manzi estime que « Ce qu’a fait le gouvernement n’est pas un hasard, il veut nous affaiblir pour que cette population ne vienne plus vers nous »[37].
À la suite du naufrage du 24 novembre 2021 dans la Manche ayant entraîné la noyade de 27 migrants, Utopia 56 porte plainte contre les autorités pour « homicide involontaire »[38],[39],[40],[41].
Financement
modifierElle revendique être financée par des particuliers à hauteur de 70 % et plus marginalement par des entreprises, des fondations ou par les subventions d'autres associations[42].
Références
modifier- Juliette Bénézit, « Utopia 56, ou la stratégie de « visibilisation » des migrants », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- L'annuaire des entreprises (SIREN 818042319), « Utopia 56 », sur annuaire-entreprises.date.gouv.fr (consulté le ).
- Juliette Bénézit, « Yann Manzi, l’homme qui voulait rendre visibles les migrants », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Gilles Fumey, « «Jungle» de Calais : lieu de nulle part », sur Libération, (consulté le ).
- Gael BRI, « Utopia 56 : un an d’existence ! », sur lepeuplebreton.bzh, (consulté le ).
- « Migrants: Utopia 56 suspend son réseau d'hébergement citoyen », sur Le Figaro, (consulté le ).
- « A Paris, l'errance des familles de migrants à la recherche d'un endroit où dormir », sur Les Inrockuptibles, (consulté le ).
- « L'association Utopia 56 lance un «réseau d'hébergement citoyen» pour les migrants », sur cnews.fr, (consulté le ).
- « Utopia 56. 60 familles volontaires pour l'hébergement citoyen », sur Le Telegramme, (consulté le ).
- « Hébergement solidaire : à Paris, une association se démène pour loger les mineurs isolés », sur InfoMigrants, (consulté le ).
- « Migrants mineurs, enjeu majeur », sur tmvtours.fr, (consulté le ).
- ZEP Zone d'expression prioritaire, « Moi Jeune : «On déménage tout le temps, c'est la galère» », sur Libération, (consulté le ).
- « Centre d'accueil à Paris: «Donner aux migrants la possibilité de ne plus vivre dans la boue» », 20minutes.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Jade Letard-Methon, « A la Chapelle, solidarité et tensions aux abords du centre d'accueil des migrants », sur Libération, (consulté le ).
- « Je travaille au centre humanitaire de Paris. Les réfugiés doivent se battre pour survivre », sur leplus.nouvelobs.com (consulté le ).
- « Centre pour migrants à Paris : la dystopie d'Utopia 56 », sur Politis.fr, 20161223 16:15 (consulté le ).
- « L’association Utopia 56 quitte le centre humanitaire de Paris », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Centre pour migrants : Utopia 56 jette à son tour l’éponge », sur Le Parisien, (consulté le ).
- « Calais – Grande-Synthe - Des associations d’aide aux migrants publient un rapport sur le harcèlement de bénévoles par les policiers », sur La Voix du Nord, (consulté le ).
- Sheerazad Chekaik-Chaila, « Migrants : à Calais, «la police détruit tout et on revient» », sur Libération, (consulté le ).
- « Évacuation des camps de migrants à Paris : l'association Utopia 56 dénonce « une opération de com » du gouvernement », sur Franceinfo, (consulté le ).
- « Invité France - Florent Boyer (Utopia 56): «Les migrants à Paris ne sont pas réellement pris en charge» », sur RFI, (consulté le ).
- Rémi Brancato, « Deux mois après la dernière évacuation, 2 500 migrants toujours sous des tentes au nord de Paris », sur franceinter.fr, (consulté le ).
- « « On n’a rien pour dormir. La nuit, on marche » : en Ile-de-France, les migrants face à une précarité toujours plus grande », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « A Paris, des migrants s’établissent dans un camp pour ne « pas rester invisibles le long du périphérique » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Un camp de migrants installé au cœur du parc de la Villette », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « A Paris, le camp de migrants du parc de la Villette évacué », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Le point sur l’évacuation du camp de migrants à Paris : coups de matraque et « chasse à l’homme », indignation politique et enquêtes de l’IGPN », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Place des Vosges, à Paris, un campement de SDF : « C’est la seule manière de rendre visibles tous ces sans-abri » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Demandeurs d’asile : le gouvernement veut desserrer la pression sur l’Ile-de-France », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- AFP, « Démantèlements de camps de migrants : trois préfets accusés de « complicité de violences volontaires » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Steve Tenré, Utopia 56, l'association pro-migrants qui défie l'État, lefigaro.fr, 26 janvier 2021
- Eva Moysan, « Sans-abris sur la très chic place des Vosges : «La seule façon de se faire entendre, c’est d’occuper des lieux» », sur Libération, (consulté le ).
- Eva Moysan, « Occupation de sans-abri place des Vosges : des hébergements, mais pas pour tous », sur Libération, (consulté le ).
- Maëlane Loaec, « Familles de sans-abri à Paris : «J’ai déjà redoublé parce qu’on a passé trois mois dans la rue» », sur Libération, (consulté le ).
- Lucie Beaugé, « Parc André-Citroën : des sans-abri déplacés sans le savoir hors de Paris », sur Libération, (consulté le ).
- Nejma Brahim, « Des associations dénoncent un « traquenard » dans la prise en charge d’exilés », sur Mediapart, (consulté le ).
- « Depuis le naufrage dans la Manche, « les passeurs sont le coupable idéal », estime Utopia 56 », sur Paris-Normandie, (consulté le ).
- le marin, « L’association Utopia 56 porte plainte après la mort de quatre migrants dans la Manche en 2022 », sur Le marin, (consulté le ).
- « Migrants : Utopia 56 porte plainte pour homicide involontaire après un naufrage dans la Manche en 2022 - France Bleu », sur ici, par France Bleu et France 3, (consulté le ).
- « Naufrage de migrants dans la Manche : une association porte plainte contre les secours en mer », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Utopia 56, ou la stratégie de « visibilisation » des migrants, lemonde.fr, 26 décembre 2020
Voir aussi
modifierDocumentaire
modifier- Utopia 56 - La solidarité entravée, le documentaire
- Ulysse Cailloux, « Utopia 56 - La solidarité entravée, le documentaire », sur Manifesto XXI, (consulté le )
- Alexandra Klinnik, « Aide aux réfugiés : “On ne souhaite plus de campement, mais des logements” », sur Télérama (consulté le ).
Articles connexes
modifier- Equalis
- Camps de migrants en région parisienne, Jungle de Calais, Camps de Grande-Synthe
- Expulsion des migrants de la place de la République
- Naufrage du 24 novembre 2021 dans la Manche
- Louis Witter
Liens externes
modifier
- Site officiel
- Ressources relatives aux organisations :