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L'Etoile Belge, fondé en 1850 par Marcellin Faure, est un quotidien à gros tirage publié à Bruxelles au milieu du XIXème siècle et ensuite pendant plus d'un siècle. Avec L'Indépendance Belge, également fondé par Marcellin Faure, c'est l'un des deux plus importants quotidiens belges avant 1870[1].

Histoire modifier

L'époque Marcellin Faure, Aumale et Toussaint modifier

L'Etoile Belge est fondée en 1850 par Marcellin Faure, un français de la région de Toulouse venu dès 1830 à Bruxelles, où il édite un journal publiant les actes du Congrès, lors de l'Indépendance belge. Créateur de L'Indépendant en 1831, il indispose le Roi Léopold par le ton de ses enquêtes dès 1840 mais acquiert un prestige international. En 1843, Marcellin Faure accepte de quitter la Belgique, à la demande du Roi des belges, en échange d'un dédommagement financier[2]. Son journal est alors rebaptisé L'Indépendance Belge et repris par un autre français, rédacteur du journal, Henri Edouard Perrot, qui en fait un quotidien renommé dans toutes l'Europe et sur les places financières.

Malgré la parole donnée au souverain, Marcellin Faure revient en Belgique pour y lancer en 1850 L'Étoile belge, qui devient rapidement une des plus gros tirage de la presse quotidienne belge de l’époque[3],[4].

Sous le Second Empire français, sa liberté de ton en fait l'un des titres anti-bonapartistes les plus remarqués en Europe, d'autant que Napoléon III a réprimé la liberté de la presse en France. Henri Eugène Philippe Louis d’Orléans, plus connu sous le titre de Duc d'Aumale, qui réside en Grande-Bretagne, décide d'investir dans le journal à partir de 1853, afin de soutenir la pensée libérale[5]. Tout comme ceux de L'Indépendance Belge, les article anti-bonapartistes de L'Etoile Belge maintiennent vives les tensions avec Paris[6], d'autant qu'il s'agit du plus gros titrage de la presse belge de l'époque, avec 14000 abonnés en 1854 puis 20000 un peu plus tard[7].

A partir de 1854, le journal prend une coloration plus belge. Joseph-Ferdinand Toussaint deviEnt également actionnaires, aux côtés de la famille d'Orléans et de Marcellin Faure. Tous trois ont plus de 90̥ pour cent des titres, avec 47 actions de propriété sur 50[8]. Notaire et greffier en chef du tribunal de première instance de l'arrondissement de Bruxelles, fervent patriote, Joseph-Ferdinand Toussaint avait fondé en 1848 le journal "De Brabander". il fut l'un des premiers à protester contre le fait de franciser la vie publique belge et sera en 1862 parmi les fondateurs du Willemsfonds, une organisation culturelle flamande, fondée en 1851 pour défendre la langue néerlandaise[9], qui organise des concours linguistiques, publie des livres en néerlandais à un prix abordable et fonde des bibliothèques généralistes.

 
De slag der Gulden Sporen aan het Volk verhaald, édition du Willemsfonds, Gand, 1902, publiée à l'occasion de la commémoration de la bataille des éperons d'or.

Entre temps, Aumale s'est intéressé à L'Indépendance Belge, l'autre grand titre bruxellois. Le journaliste marseillais, Léon Bérardi, qui écrit sous le pseudonyme "Manethérel-Pharès", et l'a repris en 1856, fait des ouvertures au représentant du duc d'Aumale, l'Allemand Jules Joest, un des actionnaires. En 1858, Aumale racheta les actions de ce dernier, pour devenir majoritaire au capital[10] de L'Indépendance Belge.

L'époque Madoux modifier

Dès 1858, la famille Madoux sera à son tour actionnaire de L'Etoile Belge. De 1858 à 1876, la direction du journal est assurée par Denis Joseph Madoux un marchand de draps français, né à Lecelles[11]. Propriétaire associé commandité, il a en charge la gestion administrative et se porte en décembre 1861 acquéreur d'une maison, au 13 rue des Sables, dans le centre de Bruxelles[12], afin d'y installer L'Étoile belge. Il rachète le titre en 1871, en maintenant une ligne libérale modérée, et acquiert en 1874 ce qui reste actions de la famille d'Orléans, pour être ainsi, avec la famille Toussaint, copropriétaire de ce journal[13]. Son fils Alfred Madoux en prend la direction en 1878, son petit-fils Charles Madoux lui succédant plus tard.

La rédaction sera confiée au journaliste Gustave Lemaire, qui a débuté sa carrière à Gand et Anvers. Il est recruté par Alfred Madoux comme secrétaire de la rédaction dès 1863. Fin limier, curieux et accrocheur, Gustave Lemaire va s'imposer comme le premier grand reporter belge au "sens moderne du mot"[14]. Madoux lui fixe la mission de couvrir la débâcle de Sedan en 1870, pendant laquelle il participe à l'organisation de services d'ambulances pour venir en aide aux blessés. Le journal compte aussi dans sa rédaction Louis Hymans, professeur d'histoire au Musée royal de l'industrie et député de Bruxelles de 1859 à 1870, par ailleurs l'auteur d'une Histoire de Bruxelles. La signature d'un contrat avec l'Office de publicité le 24 mars 1864 garantit un versement annuel de 50 000 francs à L'Étoile belge. Le journal est alors connu pour son orientation beaucoup plus francophile et il affiche un tirage important pour l'époque, de 53 000 exemplaires par jour.

 
Portrait de l'écrivain Georges Eekhoud, critique d'art à L'Etoile Belge, par Félix Vallotton
paru dans Le Livre des masques de Remy de Gourmont (1896).

Dans les années 1870, la Belgique verra s'épanouir d'autres quotidiens à la grande liberté de ton, comme lorsque l'agent de change Armand Mandel fonde en 1868 la La Cote libre de la Bourse de Bruxelles et le Bulletin financier à Paris. Soutenu par L'Echo, il publie en 1869 des révélations sur le financier André Langrand-Dumonceau et sa "puissance financière catholique", mettant fin au financement européen de la Société impériale des chemins de fer de la Turquie d'Europe[15].

Alfred Madoux embauchera plus tard le poète Albert Giraud, qui a aussi travaillé comme journaliste à La Jeune Belgique pour en faire l'une des plumes du journal dans le domaine de la politique, ainsi que le peintre et critique d'art Maurice Sulzberger (1863-1939), ami de Giraud depuis leurs études à l'Université de Louvain, et futur membre de l'Académie royale de Belgique.

Lors de la colonisation du Congo, L'Étoile Belge adopte un ton assez nationaliste et devient le plus actif représentant de la propagande royale. En septembre 1876, onze ans après son accession au trône, le roi Léopold II créa l’Association Internationale Africaine (AIA) d’exploration et de civilisation de l’Afrique Centrale, lors d’une Conférence Géographique organisée au Palais Royal à Bruxelles. Puis c'est le "Comité d’Études du Haut Congo", qui sera remplacé par " l’Association Internationale du Congo" en 1878, trois ans avant que le roi ne créé Léopoldville, le 1er décembre 1881.

Le quotidien sert souvent de porte-parole au Ministre d'Etat Auguste Beernaert, qui était par ailleurs administrateur de la Société générale de Belgique. Devenu premier ministre entre 1884-1894, Auguste Beernaert siégeait toujours au conseil d'administration de L'Étoile Belge, où il représentait très discrètement les intérêts des princes. A la fin du siècle, il est considéré comme plus indépendant, grâce à la fortune de son propriétaire, et il gagne de nombreux lecteurs sur L'Indépendance Belge, son rival[16]. Il compte parmi ses rédacteurs en chef Albert Giraud, qui fait chasser l'écrivain Georges Eekhoud de son poste de critique musical, où il avait été recruté par Gustave Lemaire, rencontré à Anvers[17].

L'époque Marquet modifier

Le titre est acheté ensuite, au XXème siècle, par l'ex-gérant des salles de jeux d'Ostende, Georges Marquet[18], ancien garçon de café et fondateur par la suite de la "Compagnie Internationale des Grands Hôtels Européens", future "Compagnie Internationale des wagons-lits", qui mena une vie de mécène généreux durant toute sa carrière.

Acquéreur en 1910 du Petit Bleu, créé en 1893 par L'Indépendance Belge, puis devenu autonome, Georges Marquet et critiqué pour l'usage abusif des colonnes de ce journal "pour servir ses desseins", ce qui "achève de décrédibiliser le journal". Propriétaire de L'Etoile Belge en 1928, il détient aussi l’ancien Journal de la Cuisine, rebaptisé la Belgique Hôtelière. Député libéral de l’arrondissement de Furnes-Dixmude-Ostende de 1929 et 1936, Marquet est aussi propriétaire, entre autres, du Palace Hôtel de Bruxelles ou du Château d’Ardennes de Houyet. Il confie la direction de L'Etoile Belge à Paul Beaupain, rédacteur en chef. Les intérêts du journal et ceux de son groupe ne sont pas toujours bien séparés. Fernand Bernier (1864 – 1929), journaliste à l’Etoile belge, président de l’Union professionnelle de la Presse belge, siège par exemple au Conseil d’Administration de la S.A. Hôtel de l’Espérance de 1920 jusqu’à sa mort

L'Etoile Belge restera dans le giron da famille Marquet, qui en est actionnaire jusqu'en 1940.

Notes et références modifier

  1. "Presse, nations et mondialisation au XIXe siècle", par Marie-Eve Therenty et Alain Vaillant [1]
  2. "Presse, nations et mondialisation au XIXe siècle", par Marie-Eve Therenty et Alain Vaillant [2]
  3. "Le rôle des milieux de presse dans la fondation de l’Etat belge et la création d’une « opinion publique » nationale (1830-1860)", par Pierre Van den Dungen, 2004, dans la revue Amnis [3]
  4. "Presse, nations et mondialisation au XIXe siècle", par Marie-Eve Therenty et Alain Vaillant [4]
  5. "Le rôle des milieux de presse dans la fondation de l’Etat belge et la création d’une « opinion publique » nationale (1830-1860)", par Pierre Van den Dungen, 2004, dans la revue Amnis [5]
  6. "Le rôle des milieux de presse dans la fondation de l’Etat belge et la création d’une « opinion publique » nationale (1830-1860)", par Pierre Van den Dungen, 2004, dans la revue Amnis [6]
  7. "La fortune disparue du roi Louis-Philippe", par Jacques Bern, page 170 [7]
  8. "Milieux de presse et journalistes en Belgique (1828-1914)" par Pierre Van den Dungen, 2005, page 70
  9. Jean-Michel DUFAYS et Martine GOLDBERG, Dictionnaire historique de la laïcité en Belgique, Luc Pire (lire en ligne), p. 293.
  10. "La fortune disparue du roi Louis-Philippe", par Jacques Bern, page 170 [8]
  11. "Presse, nations et mondialisation au XIXe siècle", par Marie-Eve Therenty et Alain Vaillant [9]
  12. "Milieux de presse et journalistes en Belgique (1828-1914) ", par Pierre Van den Dungen, 2005, page 72
  13. Pierre Van den Dungen, "Étoile Belge, journal L' ", dans : Dictionnaire d'Histoire de Bruxelles, Bruxelles, 2013, p.309.
  14. "Milieux de presse et journalistes en Belgique (1828-1914) ", par Pierre Van den Dungen, 2005, page 378
  15. "The Balkan Railways, International Capital and Bankingfrom the End of the 19th Century until the Outbreak of the First World War", par Peter Hertner [10]
  16. "La Belgique entre la France et l'Allemagne, 1905-1914", par Marie-Thérèse Bitsc, page 276 L'Etoile%20Belge&f=false
  17. "Eekhoud le rauque", par Mirande Lucie, page 98
  18. "La Belgique entre la France et l'Allemagne, 1905-1914", par Marie-Thérèse Bitsch [11]