Utilisateur:Steve.Rousseau.Cabana/Brouillon

Histoire du livre

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Moyen Âge

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À la fin de l'Antiquité (entre les IIe et IVe siècles), le codex va remplacer le volumen. Le livre n'est plus un rouleau continu, mais un ensemble de feuillets reliés au dos. Il devient alors possible d'accéder directement à un endroit précis du texte. Le codex est également plus facile à poser sur une table, ce qui permet au lecteur de prendre des notes en même temps qu'il lit. La forme du codex s'améliore avec la séparation des mots, les majuscules et la ponctuation, qui permettent une lecture silencieuse, puis avec les tables des matières et les index, qui facilitent l'accès direct à l'information. Cette forme est tellement efficace, qu'elle est encore celle du livre, plus de 1500 ans après son apparition.

Si dans les premiers siècles suivant la chute de l’Empire romain d'Occident en 476, le papyrus est encore facilement accessible dans les régions méditerranéennes ou sous l’influence de Byzance, l’obtention du papyrus devient de plus en plus difficile avec l’effondrement des réseaux économiques traditionnels. Le papyrus n’est pas un produit de l’Europe occidentale, celui-ci provient plutôt de milieu chaud et sec tel que l’Égypte. Par sa nature, il s’adapte mal au climat humide et la retranscription doit se faire rapidement pour éviter de perdre complète le contenu. Le parchemin vient alors remplacer en Occident l’usage qui est fait du papyrus. Bien que ce nouveau support à l’écriture s’adapte mieux à son climat, il demeure relativement dispendieux et long à produire; la préparation de la peau pouvant prendre plusieurs mois[1]. La transition vers le parchemin s’effectue de manière progressive durant les premiers siècles du Moyen-Âge. Selon des études récentes, son utilisation débute d’abord en France, en Angleterre et en Espagne vers 670 pour s’étendre progressivement à travers l’Occident durant les VIIIe et IXe siècles : la transition du papyrus vers le parchemin se termine vers la moitié du XIe siècle[2].

Le développement des villes et un contexte économique favorable favorisent alors le développement d’une classe bourgeoise. Cette dernière, mieux nantie que la population paysanne cherche de nouvelles sources de divertissements et se tourne naturellement vers la littérature. Ce nouvel intérêt soutient l’émergence de nouveau genre écrit, on observe une augmentation notable dans la mise à l’écrit de nombreuses chansons de geste issues de la tradition orale[3].

Le papier remplacera ensuite progressivement le parchemin. Moins cher à produire, il permet une diffusion plus large du livre.

Le livre dans les monastères

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De nombreux livres chrétiens furent détruits par ordre de Dioclétien en 304. Pendant les périodes agitées des invasions, ce sont les monastères qui vont conserver pour l'Occident les textes religieux et certaines œuvres de l'Antiquité. Mais il y aura aussi à Byzance d'importants centres de copie.

L’importance que prennent les monastères dans la culture manuscrite au Moyen-Âge est considérable. Si du point de vue de l’historiographie traditionnelle le rôle de ceux-ci dans la retranscription laisse croire un certain dédain dans la culture ancienne, les travaux récents en histoire viennent nuancer les enjeux de la retranscription de ces documents. Les croyances sur lesquels se base l’Église catholique, principale religion en Occident, se transmettent sous la forme d’un livre : la Bible[4]. Deux facteurs influencent alors la décision dans la retranscription des documents religieux plus que les textes anciens. D’une part, le coût matériel du parchemin. Si le papyrus est relativement peu couteux, il s’adapte mal au climat de l’Europe occidental. Le parchemin, réalisé à partir de peaux animales, nécessite l’entretien de cheptels afin d’obtenir la matière nécessaire à l’écriture. D’autre part, durant tout le Moyen-Âge se développe la certitude de l’imminence de la fin du monde. Cette appréhension eschatologique s’exprime par la nécessité de convertir et de maintenir dans les bonnes pratiques la population afin de sauver leur âme lorsque viendra le jugement dernier[5]. L’éducation de ces principes venant alors par l’enseignement de la Bible ou encore l’étude de la vie de certains Saints, le manque de support à l’écrit amène le besoin de choisir ce qui doit être retranscrit entre une hagiographie vieillissante et un texte ancien dépérissant sur les étagères.

Les monastères entrent alors dans la reproduction de ces ouvrages. La lecture y est une activité importante dans la vie quotidienne, qui se divise entre prière, travaux intellectuels et travaux manuels. On y retrouve ainsi des scriptoria (pluriel de scriptorium), où l'on copie et décore d’enluminures les manuscrits[6].

Copie et conservation des livres

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Malgré cette ambiguïté, il reste que les monastères en Occident et l'empire d'Orient ont permis la conservation d'un certain nombre d'œuvres profanes, puisque des bibliothèques furent créées : par Cassiodore (Vivarium en Calabre, vers 550) ; ou par l'empereur Constantin Ier à Constantinople. Il y avait donc de nombreuses bibliothèques, mais la survie des livres dépendait souvent de la température ambiante et des luttes politiques et idéologiques, qui entraînèrent parfois des destructions massives ou des troubles graves dans l'édition (dispersion des livres, par exemple, pendant la querelle des iconoclastes entre 730 et 840).

À noter l'utilisation des livres de ceinture, du XIIIe au XVIe siècle, par les moines qui les portaient sur eux — parfois de région en région — tout en les protégeant du vol ou des intempéries.

Transformation de l'édition du livre à la fin du XIIe siècle

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Au XIIe siècle, le renouveau des villes en Europe, lieux privilégiés de la production et des échanges matériels, commerciaux et intellectuels, change les conditions de production du livre et étend son influence, rompant avec le monopole monastique sur la culture écrite. Ce renouveau accompagne la renaissance intellectuelle de l'époque et correspond à ce que les historiens appellent la « période laïque » de l'histoire du livre à la fin du XIIe siècle. Ainsi, selon l'historien Albert Labarre, « les abbayes cessent d'être les seuls centres de vie intellectuelle ». Leurs scriptoria se spécialisent alors dans les manuscrits liturgiques et les ouvrages d'étude pour leur usage, ou parfois se muent en authentiques maisons d'édition et même, vers les années 1480 en France, en ateliers d'imprimerie. L'essor des villes amène une nouvelle demande laïque avec une clientèle (cours princières, juristes, bourgeoisie enrichie par le commerce, étudiants) ayant besoin d'une littérature en langue vulgaire, « de livres, soit spécialisés (textes juridiques), soit de délassement (chroniques, romans, fabliaux) ou d'édification (opuscules de piété) ». C'est notamment autour des premières universités que se développent de nouvelles structures de production : des manuscrits de référence servent ainsi aux étudiants et aux professeurs pour l'enseignement de la théologie et des arts libéraux. Le développement du commerce et de la bourgeoisie entraîne également une demande de textes spécialisés ou non (droit, histoire, romans, etc.). Et c'est à cette époque que se développent les lettres (poésie courtoise, romans, etc.). Le métier de libraire prend en conséquence une importance de plus en plus grande.

Il y a également des créations de bibliothèques royales, par exemple par saint Louis et Charles V, avec Gilles Mallet nommé « libraire du roi ». Des livres sont également rassemblés dans des bibliothèques privées, qui prendront une grande ampleur aux XIVe et XVe siècles. L'aristocratie et la grande bourgeoisie commerçante commandent des ouvrages magnifiquement illustrés.

C'est au XIVe siècle que se diffuse en Europe l'utilisation du papier. Ce support, moins cher que le parchemin, est venu de Chine par l'intermédiaire de la culture arabe (XIe et XIIe siècles en Espagne). Il servit surtout pour des éditions commodes, alors que le parchemin servit pour des éditions luxueuses comme le livre d'heures.

  1. Frédéric,. Barbier, Histoire du livre en Occident, A. Colin, dl 2012 (ISBN 978-2-200-27751-2 et 2-200-27751-2, OCLC 800837395, lire en ligne)
  2. (en) Dario Internullo, « Du papyrus au parchemin: Les origines médiévales de la mémoire archivistique en Europe occidentale », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 74, nos 3-4,‎ , p. 523–557 (ISSN 0395-2649 et 1953-8146, DOI 10.1017/ahss.2020.52, lire en ligne, consulté le )
  3. Albert Labarre, Histoire du livre, Presses universitaires de France, (ISBN 2-13-051992-X et 978-2-13-051992-8, OCLC 47362478, lire en ligne)
  4. Pierre Riché et Guy Lobrichon, Le Moyen Age et la Bible, Beauchesne, (ISBN 2-7010-1091-8 et 978-2-7010-1091-5, OCLC 12611513, lire en ligne)
  5. André. Normandie Roto impression), La spiritualité du Moyen âge occidental, VIIIe-XIIIe siècle, Ed. Points, dl 2015, ©1994 (ISBN 978-2-7578-4990-3 et 2-7578-4990-5, OCLC 904050495, lire en ligne)
  6. Albert Labarre, Histoire du livre, Presses universitaires de France, (ISBN 2-13-051992-X et 978-2-13-051992-8, OCLC 47362478, lire en ligne)