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Isaac Laquedem
Image illustrative de l’article Quiadikewi/BIL
Page de couverture de l'édition de 1853

Auteur Alexandre Dumas
Pays Drapeau de la France France
Genre Roman historique
Éditeur Librairie_Théâtrale
Lieu de parution Paris
Date de parution 1853

Isaac Laquedem, sous-titré Le roman du Juif errant, est un roman historique inachevé d'Alexandre Dumas père, initialement publié en feuilleton dans le journal Le Constitutionnel à partir de 1852.

Alexandre Dumas prévoit d'en faire son ouvrage majeur, le sommet de son œuvre : une fresque complète de l'histoire de l'humanité, autour d'un héros principal personnalisant le mythe du Juif errant. Sous couvert de fiction, le roman proposera une méditation sur les mythes anciens et modernes.

Le feuilleton commence à paraître en décembre 1852, mais se heurte rapidement à l'hostilité des milieux catholiques. Le Constitutionnel décide de cesser sa parution dès mars 1853. Alexandre Dumas interrompt sa rédaction, dans l'attente de jours meilleurs. L'ouvrage, tel que nous le connaissons aujourd'hui, est édité pour la première fois en 1853. À part quelques éditions partielles, il reste dans l'oubli jusqu'à ce que deux éditions complètes apparaissent, coup sur coup, en 2005 et en 2006.

Résumé modifier

Le roman débute en 1469. Reçu par le pape Paul II, un mystérieux pèlerin est reconnu pour être le Juif errant, condamné à errer à perpétuité pour avoir insulté le Christ. Par un retour en arrière à l'époque de la fondation de Jérusalem, Alexandre Dumas commence alors la vaste fresque qui doit, dans son esprit, couvrir l'histoire de l'humanité, sans même exclure l'avenir après Napoléon. Jésus y apparaît au chapitre X, et Isaac Laquedem au chapitre XXIII. La censure y mettant un terme prématuré, le roman s’achève au Chapitre XLII, sur la résurrection de Cléopâtre[1].

Éditions modifier

  • Roman-feuilleton en 1852 :
    Isaac Laquedem commence à paraître en roman-feuilleton, dans les pages du journal Le Constitutionnel, le 5 décembre 1852[2]. Le 20 décembre 1852, l’Empire est proclamé et c'est le retour à l'ordre établi. Le 15 janvier 1853, la rédaction du Constitutionnel, anticipant la censure impériale, « ...saborde toute l’importante partie du roman consacrée à Jésus-Christ »[3]. La publication du feuilleton est définitivement arrêtée, le 11 mars 1853, à la suite d’un violent article de Léon Aubineau dans L’Univers du 28 février 1853[3].
  • Édition initiale en 1853 :
    Alexandre Dumas ne poursuivra pas la rédaction de l'ouvrage. Il obtient l'édition de ce qu'il a écrit, aux Éditions Librairie théâtrale, en 1853. Cinq volumes in-8[4].
    NB : selon Daniel Barbu, seuls quatre volumes sur les trente prévus auront vu le jour[5] ; et selon Maxime Prévost, « Le roman inachevé fut publié en quatre volumes à la fin de 1852 (chez Alphonse-Nicolas Lebègue, à Bruxelles) et en deux volumes en 1853 (chez Marchant, à Paris)[6] ».
  • Édition de 1878 :
    Paris : Calmann Lévy, 1878 - 2 vol., 322 p. Notice n° : FRBNF35216803[7].
  • Édition de 1956 :
    Une version abrégée fut publiée en 1956. L'ouvrage n’était plus paru depuis 1853, nous dit Daniel Barbu, passant sous silence l'édition de 1878[8].
  • Édition de 2005 :
    Réédition aux éd. Belles Lettres, Paris, 2005[9]. 452 p. ; broché. Avec préface et commentaires de Claude Aziza, alors professeur d’histoire romaine à l’Université de Paris III[8]. Daniel Barbu en rend compte dans un document au format PDF[10], disponible sur le site d'Asdiwal[11].

La critique modifier

Divers reproches ont été adressés à l'auteur pour cet ouvrage : sacrilège pour les catholiques, antisémite pour d'autres, trompeur sur le contenu promis du roman pour les lecteurs.

Sacrilège ? modifier

Rappelons d'abord la censure ayant mis fin à la publication du feuilleton dès 1853.

H. Blaze de Bury publie, en 1885, Alexandre Dumas, sa vie, son temps, son œuvre[13], accessible en document PDF[14]. Le chapitre XXII (pp. 184-200), consacré à Isaac Laquedem, nous donne des clefs pour comprendre l'événement.

« Roman, drame, épopée, histoire, tout ce qu’on voudra, cet Isaac Laquedem est, en plus, un merveilleux recueil de légendes […][15] »

Cependant, nombre de contemporains de Dumas furent scandalisés de voir le Christ traité en légende ordinaire. Les milieux catholiques reprochaient à l'auteur de mettre des paroles d'homme dans la bouche de Jésus, de traiter Jésus comme un mythe parmi d'autres :

« Ce vulgarisateur impitoyable ne reculera pas même devant cette besogne, de dramatiser, de costumer et d’enluminer la vie de Jésus en historiettes sentimentales, à l’usage des cabinets de lecture[16]. »

Dumas était coupable d'avoir compté « ...sans les scrupules religieux du second Empire qui s’émut bientôt du scandale à voir l’Évangile paraître en feuilletons tous les matins, ni plus ni moins que la Reine Margot ou les Mousquetaires[17]. »

Dumas fait même se rencontrer Isaac Laquedem et Apollonius de Tyane, philosophe pythagoricien du 1er siècle, qui a souvent été comparé au Christ. Barbu commente :

« La rencontre avec ce Christ païen permet à l’auteur de basculer du monde biblique au monde gréco-romain [...] Le projet de l’auteur est de dépeindre ces deux mondes qui se rencontrent : un ancien, celui des dieux polymorphes, des héros et des mythes ; et un nouveau, celui d’un dieu mort pour expier le péché d’Eve et appelé à devenir chrétien. [...] Cette équivalence osée entre ces deux ères est certainement l’une des raisons qui suscita (sic) l’ire de la censure[18]. »

Antisémitisme ? modifier

Certains ont pu soupçonner Dumas d'antisémitisme, son héro central n'ayant pas le beau rôle.

Dans son compte rendu de l'édition 2005[10], Daniel Barbu en évoque la possibilité : « Laissant transparaître une certaine hostilité envers le peuple déicide, le procès de Jésus met fidèlement en scène les Juifs mus par la haine[8]. »

Bien au contraire, plusieurs sources excluent tout antisémitisme chez Dumas, et fournissent des témoignages de sa sympathie, et même de sa reconnaissance, à l'égard de Juifs.

Le site Lesbelleslettres.com cite Actualité Juive du 12 janv. 2006 : « L'écrivain, étranger à la judéophobie archaïque qui marque ce mythe, transforme le "Juif errant" en témoin de toutes les grandes tragédies de l'histoire[19]. »

Dans le document intitulé Alexandre Dumas, le général Thiébault et les juifs[20], Henry Méchoulan (Directeur de Recherche honoraire au CNRS) affirme : « Alexandre Dumas a toujours manifesté une réelle sympathie à l'égard des juifs qu'il a rencontrés ou qu'il a créés dans son œuvre[21]. » ; et « II est évident que la lecture du texte d'Isaac Laquedem ne peut s'accommoder de la judéophobie ambiante, ce qui explique la censure[22]. » (NB : ambiante au milieu du 19e siècle).

Le roman envahi par l'Histoire des mythologies modifier

Le qualificatif de roman historique ne suffit pas à caractériser l'ouvrage : l'auteur le pimente de mythologie, dont une partie est due à son imagination. C'est ainsi que Maxime Prévost a pu écrire, à son sujet, un essai intitulé «. Quand le mythographe se fait mythologue[23]. »

Ce changement de thème inattendu, ce passage du roman historique à un essai sur les mythologies, Maxime Prévost le voit comme la cause d'un échec supplémentaire dans la vie et l'œuvre de Dumas, déjà marqué par diverses épreuves telles que l'échec de ses candidatures aux élections.
Dumas a annoncé une fiction (le roman du Juif errant), dans laquelle le héros devait parler à la première personne ; ce qu'il fait, en effet, pendant plusieurs chapitres ; puis, l'auteur s'en excuse auprès du lecteur, le héros n'est plus qu'un personnage comme un autre, dont on parlera à la troisième personne, car il s'agit de délaisser la fiction pour entreprendre un travail d'historien, historien des mythes anciens comme des mythes modernes. Ce faisant, Dumas décevait l'attente de ses lecteurs, et se condamnait à une perte d'intérêt du public, ceci renforçant l'empressement du journal à arrêter la publication du feuilleton[24].

Notes et références modifier

  1. Chantal Chemla : Le résumé, sur dumaspere.com, Alexandre Dumas, deux siècles de littérature vivante. Consulté le 15/03/2016.
  2. Maxime Prevost: Quand le mythographe se fait mythologue : Alexandre Dumas, Isaac Laquedem et l’architecture mémorielle, p.8, www.revue-analyses.org, vol. 8, nº 3, automne 2013, texte intégral en PDF. Consulté le 15/03/2016.
  3. a et b Maxime Prevost, p.9.
  4. Catalogue général BNF, édition 1853.
  5. Daniel Barbu, Alexandre Dumas, Isaac Laquedem ou le roman du juif errant, p.4. Compte rendu à l'occasion de la ré-édition par Claude Aziza, Paris, Belles Lettres, 2005. Dans "Comptes rendus" sur Asdiwal, Revue genevoise d’anthropologie et d’histoire des religions, 2007. Consulté le 15/03/2016.
  6. Maxime Prevost, p.10.
  7. Catalogue général BNF, édition 1878, 2vol., 322 p.
  8. a b et c Daniel Barbu, p.1.
  9. Catalogue général BNF, édition 2005, (ISBN 978-2-251-44295-2).
  10. a et b Daniel Barbu, op. cit.
  11. Revue genevoise d’anthropologie et d’histoire des religions, (ISBN 978-2-9700939-1-6), émane de la Société genevoise d’histoire des religions.
  12. texte intégral, Document PDF, site www.alexandredumasetcompagnie.com.
  13. L'ouvrage a été ré-édité aux Éditions Le Joyeux Roger, Montréal, 2008. 222p. ISBN : 978-2-923523-51-4.
  14. H. Blaze de Bury : Alexandre Dumas, sa vie, son temps, son œuvre, document PDF sur le site Alexandre Dumas et compagnie, Consulté le 15/03/2016.
  15. Blaze de Bury, p. 196.
  16. Blaze de Bury, p. 188.
  17. Blaze de Bury, p. 189.
  18. Daniel Barbu, p.3.
  19. Fiche Isaac Laquedem, site lesbelleslettres.com, pour l'édition 2005.
  20. Méchoulan Henry, Alexandre Dumas, le général Thiébault et les juifs. In: Romantisme, 2004, n°125. Juifs, judéité à Paris au début du XIXe siècle, pp. 117-123. (lire en ligne). Téléchargeable au format PDF.
  21. Méchoulan, p.123.
  22. Méchoulan, p.119.
  23. Maxime Prevost, op. cit.
  24. Maxime Prevost, p.17-19.

Voir aussi modifier

Liens externes modifier


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