Utilisateur:Procession de Neuf lieues

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Procession de Neuf lieues
Type Procession religieuse

La procession de Neuf lieues est une procession religieuse qui a lieu chaque lundi de Pentecôte au départ et autour de Magnac-Laval (Haute-Vienne). Elle participe du culte de saint Maximin de Trèves sur un parcours de neuf lieues gasconnes, soit 54 kilomètres, traversant huit communes et inchangé depuis la fin du XVIème siècle.

Descriptif de l'événement

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Parcours de la procession de Neuf lieues.

Elle commence dans la nuit qui suit le dimanche de la Pentecôte, après la messe célébrée à minuit en l’église de Magnac-Laval et se termine vingt heures plus tard à son point de départ.

La sortie de l’église marque donc le départ, vers une heure du matin. La bannière verte de saint Maximin est en tête du cortège, suivie par les processionneurs, tandis que la croix et le chœur des chantres accompagnent le prêtre à l’arrière. Les rues qui mènent au premier arrêt, devant la croix Billard, sont décorées par les habitants de bougies, statuettes, couronnes et bannières vertes et blanches.

L'itinéraire comprend 48 arrêts, conformément au plan figurant en couverture du livre de René d'Abadie[1]. Les arrêts se font devant des croix comme il en existe beaucoup dans la région. Chaque croix, pour l’occasion, a été fleurie par les familles qui vivent à proximité. L'arrêt, de quelques minutes, est l’occasion d’un salut à ces familles, d’une courte prière selon une intention proposée par une ou un processionneur, puis d’une bénédiction avant le départ pour la station suivante.

Deux des 48 arrêts sont consacrés aux repas : l’un à 6 heures du matin et l’autre pour le déjeuner où, sous une vaste tente dressée par la confrérie de Saint Maximin, un repas chaud est proposé. Ces deux repas constituent des points de rendez-vous avec des proches venus rencontrer et soutenir les marcheurs et souvent rejoindre la procession en cours de route. A partir de 6 heures du matin, le cortège se renforce ainsi de nouveaux venus. Chacun a ainsi pu choisir de marcher sur la distance adaptée à ses contraintes et ses limites.

En fin de parcours, devant la Croix de Sirvenon, située à deux kilomètres de Magnac-Laval, la procession devient plus cérémoniale. La statue de saint Maximin, apportée à Sirvenon depuis l'église où elle se trouve de manière permanente, ouvre le cortège sur les épaules de quatre porteurs. Le ou les prêtres ont vêtu leurs vêtements sacerdotaux et les membres de la confrérie de Saint Maximin leur écharpe verte à liseré blanc.

Le long des derniers kilomètres, une foule dense et chaleureuse accueille les processionneurs, témoignant de l’importance de cette tradition pour Magnac-Laval et les communes qui l’entourent.

La Procession se termine par une célébration d'action de grâce. Les processionneurs qui ont effectué tout le parcours reçoivent symboliquement une médaille. Médaille souvenir pour la première fois, palme pour la troisième puis médailles particulières pour les cinq, vingt, trente et cinquantième processions. En 2023, deux processionneurs ont atteint le nombre de 50.

Historique

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Le chanoine J. Bertrand, doyen de la paroisse de 1930 à 1950 puis aumônier de l’Hôpital Beauséjour de la ville, a conduit des recherches minutieuses sur l'histoire de la procession et la riche vie de saint Maximin.

Alors que les processions dans la région remontent au Vème siècle, compte tenu de la prééminence de la dévotion à saint Maximin et du rayonnement du Prieuré Saint Maximin institué en 770 à Magnac (nom de la ville jusqu’en 1758), il y a tout lieu de penser qu’une procession lui était alors consacrée. Le chanoine Bertrand retient, pour l’institution de la Procession dans son parcours actuel, l’année 1591, « entre la reconstruction de l’église marquant l’institution de la Cure communaliste Saint Maximin en 1589 » et « la cessation des guerres de religion en 1598 ». Il établit en effet le lien entre la mission de la Cure de Magnac de porter assistance aux paroisses voisines, plus fragiles devant l’« hérésie », et l’itinéraire de la Procession qui les traverse [2].

Depuis cette date, elle a eu lieu tous les ans sans aucune exception, y compris dans les périodes les plus difficiles. Pendant la Révolution notamment, où les églises étaient fermées, les processionneurs ont maintenu la tradition en commençant le trajet devant le porche de l’église. Selon certains témoins, seuls deux ou trois processionneurs étaient présents certaines fois entre 1914 et 1918. Plus près de nous, en 2021 en raison du couvre-feu auquel aucune dérogation n’a été possible, la première partie, qui se déroule la nuit et prend normalement fin au petit-déjeuner, a été avancée au dimanche de la Pentecôte afin qu’il n’y ait pas de marche de nuit, la deuxième partie ayant eu lieu aux heures habituelles le lundi.

L’itinéraire, peu modifié depuis que des cartes existent, est proche du périmètre de la commune de Magnac-Laval.

Il suit par endroits d'anciennes voies gallo-romaines invisibles aujourd'hui parce que situées dans des parcelles agricoles et des résidences que les agriculteurs et habitants ont à coeur de dégager pour la circonstance.

Sociologie

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L'étude de processions bretonnes étendue à d'autres processions apporte plusieurs éclairages sur la place de la procession de Neuf lieues dans l'environnement humain de la région.

  • Le parcours est renforcé par les repères mytho-géographiques que sont l'arbre de Saint Maximin (disparu) et le trou du même nom ainsi que la pierre du Diable,
  • Son orientation géométrique, vraisemblablement héritée de l'époque gallo-romaine, fait que le coucher du soleil dans la période de la Pentecôte est synchronisé avec la rentrée de la statue dorée du saint dans l’église en fin de procession,
  • Les marqueurs, à savoir les croix fleuries, la bannière, la croix proche du prêtre, les couronnes portées par les processionneurs sont autant de signes d'identification qui rassemblent,
  • Une des rares processions à inclure une partie nocturne, elle a connu des consommations abusives d'alcool, comme en 1811 où le curé-doyen de Magnac-Laval Pierre du Puy-Ferrat dut prendre des mesures,
  • La vitalité de la procession est liée à l'existence, attestée depuis 1502, et le dynamisme de la confrérie de saint Maximin[3].

Saint Maximin

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Biographie

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Saint Maximin a été, de 330 à 346, évêque de Trèves, l’une des capitales de l’Empire romain et l’un des lieux de résidence de l’empereur Constantin puis de ses fils. Au-delà de sa charge à la tête de cet important diocèse, il s’est illustré dans la lutte contre l’arianisme, doctrine hérétique fondée par le théologien Arius remettant en cause la nature divine du Christ. Les partisans de cette doctrine connurent de nombreuses victoires, comme l’éviction de l’évêque Athanase de son diocèse d’Alexandrie, autre capitale de l’Empire. Maximin accueillit Athanase à Trèves, témoignant ainsi de sa loyauté, son courage et son sens de la charité. Il co-présidera avec Ossius de Cordoue le concile de Sardique en 343, qui marquera le début du déclin de l’arianisme [4].

Sa première biographie, écrite plusieurs siècles après sa mort et ne recueillant pas l’unanimité chez les historiens, le voit naître dans une famille aristocrate de Mouterre-Silly (Poitou). Brillant et aisé, Maximin va étudier les lettres dans une des meilleures écoles publiques de l’Empire romain : celle de Trèves. Alors que son niveau d’instruction aurait pu le mener à de hautes fonctions dans l’administration, il choisit d’entrer dans les ordres. Remarqué par l’évêque Agrice de Trèves, il lui succède à son décès en 330. Il mourut en 346 dans le Poitou. Son successeur fut saint Paulin, qu’il avait lui-même ordonné prêtre [5].

Saint Maximin et Magnac-Laval

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Selon l’hagiographe de saint Maximin, en apprenant la mort de leur évêque, les fidèles de Trèves décidèrent d’aller chercher sa dépouille en Poitou, ce qu’ils firent à l’insu de ceux qui en avaient la garde. Les Poitevins, mécontents de cet enlèvement, les ont poursuivis et rejoints « après trois jours de marche » à Magnac.

Un miracle a alors permis un accord entre les deux groupes et la décision divine du retour du corps à Trèves, où il fut inhumé cérémonieusement.

Les reliques connurent ensuite une histoire mouvementée. L’église de Magnac en reçut plusieurs au XIVème siècle. Elles furent « élevées » (c'est-à-dire présentées au cours d’une cérémonie) en 1659. Depuis 1897, elles reposent dans un reliquaire exposé en tête de cortège de la courte procession des Remparts qui a lieu après la grand-messe de la Pentecôte.

Notes et références

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  1. La Procession de Neuf lieues, page de couverture
  2. [[#|]], page 29
  3. Joël Hascoët, Les troménies bretonnes. Un mode d’anthropisation de l’espace à l’examen des processions giratoires françaises et belges. Mémoire de DEA d’ethnologie, Brest, Université de Bretagne Occidentale
  4. [[#|]], pages 8 et 9
  5. [[#|]], pages 6 et 7

Voir aussi

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Bibliographie

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  • René d’Abadie, La Procession de Neuf lieues, Limoges, Imprimerie A. Bontemps, , 30 p.
  • J. Bertrand et Pierre Charrier, Saint Maximin et son culte, Lyon, Imprimerie M. Lescuyer et Fils, 22 décembre 1956, 38 p.

Opuscule disponible à l'offoce de trourisme de Magnac-Laval, cité dans les notes bibliographiques de la Revue d'histoire de l'Église de France, 1963, réf. 146 pp. 361-368 https://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1963_num_49_146_3816 et https://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1959_num_71_47_6287

  • Louis Bonnaud, La procession de Neuf Lieues à Magnac-Laval, cité dans le Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Limousin, t. 123, p. 113-137, 1995.Référence 130 J79 - https://archives.haute-vienne.fr/image/56407/75112?size=!800,800&region=full&format=pdf&download=1&crop=centre&realWidth=1240&realHeight=1754&force-inline
  • Joël Hascoët, Les troménies bretonnes. Un mode d’anthropisation de l’espace à l’examen des processions giratoires françaises et belges. Mémoire de DEA d’ethnologie, Brest, Université de Bretagne Occidentale, sous la direction de Donatien Laurent & Jean-François Simon, 23 décembre 2010, Tome III - Annexes, 1081 p. https://theses.hal.science/tel-00550144, Extrait V-2.3 Ethnographie Magnac-Laval, pages 803-812
  • Joël Hascoët, Analyse d’un rituel circumambulatoire (Mémoire de DEA d’ethnologie), Brest, UBO sous la direction de Donatien Laurent & Jean-François Simon, , 134 p. (lire en ligne)
  • Confrérie de Saint Maximin, Recueil des prières et livret d’accompagnement du processionneur, Magnac-Laval, Impression Confrérie de Saint Maximin, mai 2021, 186 p., réédition en 2024. Recueil disponible auprès de la confrérie de Saint Maximin à Magnac-Laval.

Filmographie

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Autres références

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