Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Simon le Zélote
Simon le Zélote, ou saint Simon le Cananéen, est l'un des douze apôtres de Jésus-Christ.
Tradition et histoire
modifierSimon est mentionné dans les listes des douze apôtres figurant dans les trois évangiles synoptiques (Mc 3, 18 ; Mt 10, 4 ; Lc 6, 15) et les Actes des Apôtres (Ac I, 13)[1]. Il figure aussi dans plusieurs sources chrétiennes occidentales, mais ne fait pas partie des Hommes illustres auxquels saint Jérôme consacre une notice[2]. On le rencontre beaucoup plus souvent dans les sources chrétiennes orientales — écrites notamment en syriaque —
Son surnom, « le Zélote », associé au discours de Jésus tel que transcrit par les évangiles, conduit certains historiens à penser que Simon était un membre du groupe zélote[3] ou un ancien membre qu'il aurait quitté pour rallier le mouvement de Jésus[1]. Toutefois, la question de savoir s'il appartenait au mouvement zélote est débattue chez les historiens. Pour Gérard Nahon, l'apôtre Simon était un Zélote et Jésus, crucifié entre deux « brigands[4] », a peut-être été « considéré comme zélote par Pilate, qui venait de faire exécuter des Galiléens (évangile selon Luc, XIII, 1)[3]. » André Paul estime que « comme d'autres apôtres du Christ, ce Simon devait être un ancien zélote[1]. » Toutefois pour Simon Claude Mimouni, l'appellation « Simon le Zélote » ne renvoie pas au groupe de Judas le Galiléen, mais signifie simplement « Simon le Zélé »[5]. Pour lui, le groupe des Zélotes n'existe pas à l'époque de Jésus, mais son mouvement a toutefois pu relever « d'un de ces mouvements d'opposition de la société installés tant en Galilée qu'à Jérusalem — c'est en tout cas ainsi qu'il a été compris par certains de ses disciples, et notamment par ses frères dont le premier d'entre eux est Jacques — Autrement dit Jésus a très bien pu être l'un de ces révoltés qui ont été si nombreux à son époque[5]. »
Dans les évangiles attribués à Marc et à Matthieu on trouve Simon Kananaios (« Cananéen »), probablement la translittération de la tournure hébraïque qannaim, venant du verbe qana, « être jaloux » et signifiant aussi « zélote »[1]. Pour André Paul, l'auteur de l'évangile attribué à Marc ayant écrit au moment du triomphe de Titus et de Vespasien consécutif à la prise de Jérusalem (v. 71) a conservé la forme hébraïque dans ce texte pourtant écrit en Grec[1]. Kananaios était ainsi incompréhensible par les lecteurs grecs du texte, pour ne pas présenter « un rebelle, comme appartenant au groupe des disciples de Jésus, précaution qu'inspirait à l'auteur le contexte politique de la Rome contemporaine[1]. » Une quinzaine d'années plus tard, l'auteur de l'évangile attribué à Luc devait s'affranchir plus facilement de cette contrainte dans la région où il publia son texte[1].
Selon la tradition chrétienne après avoir évangélisé l'Égypte et les Berbères, Simon aurait rejoint l'apôtre Jude de l'autre côté de l'Euphrate pour prêcher « en Perse », ce qui à l'époque correspond à l'empire Parthe. De très nombreuses sources chrétiennes convergent pour parler de cette prédication dans l'espace parthe et au sud de l'Arménie.
Simon serait mort découpé à la scie. Dans son Histoire d'Arménie, Moïse de Khorène rapporte une tradition selon laquelle il serait mort à Weriosphora dans le royaume d'Ibérie (Caucase), tout en précisant qu'il n'est pas sûr de cette information[6].
Problème d'identification
modifierConfusion avec le deuxième évêque de Jérusalem
modifierSimon le Zélote est parfois confondu avec Siméon fils de Clopas, le deuxième « évêque » (episkopos) de Jérusalem ayant succédé à Jacques le Juste[7],[8],[9]. Selon Hippolyte de Rome, Siméon fils de Clopas a lui aussi été surnommé « le Zélote » (Hippolyte sur les douze apôtres). Ils sont néanmoins différents, ne serait-ce que parce que Siméon fils de Clopas meurt crucifié dans l'empire romain, jugé en présence d'un consul romain au plus tôt en 106[7], alors que Simon le Zélote, meurt scié en deux, dans un pays situé de l'autre côté de l'Euphrate — c'est-à-dire soit l'Arménie soit l'empire parthe — plusieurs décennies auparavant.
La confusion semble provenir de l'identification du frère de Jésus, Jacques le Juste avec Jacques le Mineur effectuée par Jérôme de Stridon (saint Jérôme), qui a fait que les « frères » de Jésus sont devenus des cousins de ce dernier et précisément des fils de Marie Jacobé avec Clopas[10]. Comme l'identification proposée par Jérôme a par la suite été acceptée par l'Église catholique romaine[10], il est logique que des critiques aient considéré que tous ceux qui étaient appelés « frère de Jésus » étaient des fils de Clopas, bien que Jérôme n'ait alors parlé que des deux fils mentionnés dans les évangiles: Jacques le Mineur et José. Cette identification n'a toutefois jamais été acceptée par les Églises orientales qui distinguent Jacques le Mineur et Jacques frère du Seigneur et les fêtent séparément[10]. Pour une partie de la tradition catholique le « frère » de Jésus appelé Simon dans les évangiles synoptiques est la même personne que Simon le Zélote (ou le Cananéen) qui serait fils de Clopas et donc le même que l'évêque de Jérusalem[11].
Si on en croit Bède le Vénérable (mort en 735), ce serait Isidore[12] qui pourrait être le premier à avoir fait la confusion entre Simon le Zélote (Ac. 1, 13) et Siméon qui a succédé à Jacques comme « évêque » de Jérusalem[13]. Après avoir repris cette information fournie par cet Isidore dans un premier livre de son Commentaire sur les Actes des Apôtres, Bède indique avoir cherché à la vérifier et n'avoir trouvé nulle trace dans les sources de l'époque d'un autre auteur qui ait fait la même identification[14],[15].
Simon le Zélote et Siméon fils de Clopas sont d'ailleurs fêtés à des dates différentes et figurent aussi à des dates différentes dans les martyrologes y compris les plus antiques.
Éventuel « frère » de Jésus
modifierIndépendamment du débat pour savoir si ceux qui sont appelés des frères de Jésus étaient vraiment ses frères ou seulement des cousins germains, une partie de la tradition chrétienne estime que Simon était un de ces quatre « frères » de Jésus[16]. C'est ce qu'indique Isidore de Séville au VIIe siècle et qui est développé ensuite dans la Légende dorée de Jacques de Voragine. Conformément à la proposition de Jérôme de Stridon, il est alors donné comme fils de Clopas et donc comme un « cousin » de Jésus (voir à ce sujet l'article Frères de Jésus).
Associé avec son frère Jude
modifier- Marcel Driot, Le saint du jour, article Saints Simon et Jude, 1995, p. 309.
- Associés car ils le sont également dans la listre d'apôtres. Jude, aussi appelé Thaddée, est celui qui est appelé Judas, pas l'Iscariot, dans l'évangile attribué à Jean. Simon: Égypte, puis Mésopotamie ou Perse. Il serait mort scié en deux.
- Jude est-il celui qui est mentionné dans les listes de « frères » de Jésus et l'auteur de l'épître de Jude, on n'en sait rien ? Il serait mort martyrisé, mais les testes ne concordent pas sur les lieux où il pourrait être mort.
- Les autres apôtres sont classés dans l'ordre des fêtes de leur calendrier [sic], ne serait-ce pas plutôt l'inverse ?
- Norman Pagé, La cathédrale Notre-Dame d'Ottawa: histoire, architecture, iconographie, sur Simon le Zélote associé à Judas Thaddée et
- Norman Pagé, La cathédrale Notre-Dame d'Ottawa: histoire, architecture, iconographie, sur Judas Thaddée appuyé sur la massue qui pourrait être l'instrument de son martyr
- Eliane Burnet, Régis Burnet, Pour décoder un tableau religieux, Nouveau testament, 2006, p. 49s
- Jacques le Mineur. - Il porte un bâton ou une massue (il est mort assommé), il est parfois représenté en évêque de Jérusalem, associé à Philippe dont la tête tombe le même jour que la sienne Thaddée (Jude). - Il arbore une massue ou la hallebarde de son supplice. Simon le Zélote ou le Cananéen. - Il est accompagné de ... (aperçu dans la recherche google, la page n'est pas lisible)
- Jacques de Voragine, La légende dorée, Volume 1, 1843, p. 328
Autres liens intéressant
modifier- Léopold Sabourin, L'Évangile de Luc: introduction et commentaire, 1987, p. 155
- Le Thaddée des évangiles Mc/Mt appelé Lebbaios dans quelques manuscrits n'apparaît pas dans Luc, mais à sa place figue un Jude [fils de] Jacques. Juste avant Luc mentionne Simon Zêlotès (ho kananios chez Mc/Mt)
- Jacques de Voragine, La Legende Dorée, Table des matières du Tome II,
- saint Matthieu,
- saint Barlaam (et Josaphat),
- saint Luc,
- saint Clément,
- Dix mille martyrs,
- Pape Calixte,
- Conception de la Vierge Marie,
- Visitation de la sainte Vierge,
- saint Lazare,
- Irénée de Lyon,
- sainte Thècle,
- saint Flocellus (sous le règne d'Hadrien),
- Alexandre 5° pape,
- Speusippe à l'époque de Polycarpe,
- Prosdocime (règne de Claude),
- Exaltation de la sainte croix,
- Invention de la sainte croix,
- Et aussi (en doublons) Philippe apôtre
Iconographie
modifierSimon le Zélote est traditionnellement représenté avec une scie pour avoir été sauvagement coupé en deux d’après une tradition de l’église d’Orient. Cette représentation se retrouve notamment dans les églises de Saint-Jean-de-Latran et celle des Saints-Achille-et-Nérée, à Rome, et dans le Chiostro dei Voti de la Basilique della Santissima Annunziata de Florence. Il peut également être accompagné de saint Jude, et représenté tenant un livre ou un phylactère en référence aux Évangiles.
- Peintures du sujet
- Carlo Dolci : Saint Simon, Palazzo Pitti, Florence ;
- Rembrandt : Saint Simon, (1661), Kunsthaus, Zurich.
- Médaillon peint à fresque du Chiostro dei Voti de la basilique de la Santissima Annunziata, Florence
Notes et références
modifier- André Paul, Encyclopædia Universalis, article Simon le Zélote, saint ( Ier s.).
- A.D. Booth, The Chronology of Jerome's Early Years, Phoenix 35, 1981, p. 241.
- Gérard Nahon , article Zélotes de l'Encyclopaedia universalis.
- « Bandits » et « brigands » (lestaï en grec) est « le vocabulaire discriminatoire des Romains » pour désigner les Sicaires et les Zélotes. Dans ses livres, Flavius Josèphe s'approprie ce vocabulaire « semblant vouloir ignorer les motivations sociales et politiques qui ont pu animer certains membres des groupes qu'il décrit ». Dans la littérature talmudique, au mot grec lestaï correspond le mot birioné ou bariona. cf. Simon Claude Mimouni, op. cit., p. 434 et 438
- Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 444.
- Moïse de Khorène, Histoire d'Arménie, livre II, chap. XXXIV.
- Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 448.
- Marie-Françoise Baslez, Persécutions dans l'Antiquité: Victimes, héros, martyrs, Paris, Librairie Arthème Fayard, 2007, p. 37.
- François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 257.
- Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus, éd. Albin Michel, 2003, p. 17.
- (en) "The Brethren of the Lord". Catholic Encyclopedia.
- Probablement Isidore de Séville (mort le 4 avril 636) qui écrit : « Simon Zelotes qui interpretatur Zelus. Hic primus dictus est cananeus a vico Cana, quod interpretatur posideus, qui et Simon tertio nomine appelatus est, zelo Dei feruens. Par Petri in cognomento, et similis in honore. Apostolus domini, et consobrinus, Cleophae, et Mariae filius, quae Mariae Cleophae in euangelio dicitur, Cleophae pater eius , et Ioseph , qui quasi pater dicitur, Christi frates tuerunt , et mater eius , quae Mariae Cleophae dicitur , soror Mariae matris Domini fuit. Ita et miro modo duo frates dua sorores habuerunt vxores. Sed Cleophae carnaliter , Ioseph vero spiritualiter . Hic itaque Simon accepit in praedicatione Aegypti principatum , et post Iacobum Iustum cathedram dicitur tenuisse Ierosolymorum , et post annos LXX , meruit sub Hadriano imperator per crucem sustinere martyrium passionis , Iacet in Bosphoro , », Isidore de Séville, Hispalensis episcopi, Opera omnia, p. 394.
- Calvin B. Kendall, Faith Wallis, in Bède le Vénérable, Bede: On the Nature of Things and on Times, 2010, Liverpool University Press, Liverpool, p. 13.
- Calvin B. Kendall, Faith Wallis, in Bède le Vénérable, Bede: On the Nature of Things and on Times, 2010, Liverpool University Press, Liverpool, p. 14.
- Dans son Commentaire sur les Actes des Apôtres, Bède le Vénérable écrit: « Isidore pense que c'est Simon qui après Jacques le frère du Seigneur, a administré l'église de Jérusalem, et qui sous Trajan a été couronné avec le martyre de la croix quand il avait 120 ans. Je l'ai suivi il y a un certain temps dans mon premier livre sur les Actes des apôtres. N'examinant pas assez scrupuleusement les choses qu'il écrivait, mais en se basant simplement sur ses mots. » Il indique avoir alors supposé « de confiance » qu'Isidore reportait ce que disait « les anciens ». cf. Calvin B. Kendall, Faith Wallis, op. cit., p. 14.
- Catholic Encyclopedia, The Brethren of the Lord.
Culte
modifier- Fête le 10 mai (Église orthodoxe).
- Fête le 28 octobre (Église catholique). Fête de saint Simon et saint Jude.
Voir aussi
modifierSources
modifier- Gaston Duchet-Suchaux, Michel Pastoureau La Bible et les Saints.- Guide iconographie, Flammarion, Collection Tout l'Art, Paris, 1994, Première édition 1990 (ISBN 2-08-012256-8).
Liens externes
modifier- Saint Simon le Cananéen sur nominis.cef.fr.
- (en) St. Simon the Apostle
- (en) St. Simon the Apostle