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Le tourisme équitable est un ensemble d'activités de services touristiques prenant exemple sur les principes du commerce équitable. Les critères principaux de cette forme de tourisme sont la participation des communautés d’accueils, le partage équitable des profits et le respect des communautés locales et de l’environnement.

Éléments de définition

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La définition du tourisme équitable issue de la « Charte du Tourisme Équitable » de janvier 2009, proposé par la plate-forme pour le commerce équitable (alias PFCE), définie la notion de la manière suivante : « Le tourisme équitable s’applique sur les principes du commerce équitable. Les opérateurs touristiques sont en partenariat direct avec les communautés locales, qui sont rémunérées équitablement et participent directement à l’élaboration commune et à la gestion des séjours »[1] (PFCE, 2009 ; 1). La Plate-Forme pour le Commerce Équitable, structure de coordination des organismes de commerce équitable en France, s'est ouverte au tourisme équitable depuis 2001. Elle a accueilli quatre structures de tourisme équitable (Croq'Nature, Djembé, Tourisme et développement solidaire et La route des sens). Pour l’association Croq’nature, le « voyage est un moyen privilégié de lien et de compréhension entre les peuples. Il doit permettre l’épanouissement du voyageur et de l’accueillant sur les plans personnels, culturels et économiques.  Ses ressources doivent profiter équitablement aux populations d’accueil et contribuer au  développement durable de leur territoire d’accueil »[2] (croq’nature). Le tourisme équitable est alors une conception du tourisme international consistant à appliquer les principes du commerce équitable à ce secteur. Il est pratiqué par diverses associations ou entreprises. Leur ambition spécifique est d'assurer aux communautés vivant sur les lieux du tourisme une part équitable des revenus qu'il génère, et de concilier le tourisme avec leur développement durable. Concrètement, cela débouche sur un ensemble de critères visant au respect des habitants et de leur mode de vie, à une rencontre entre les touristes et ces habitants, à la durabilité des progrès amenés par le tourisme. ça ne repose pour le moment pas sur un contrôle externe et indépendant.

D'un point de vue plus académique, bien que de définir la notion de tourisme durable soit un exercice compliqué, certains auteurs proposent quelques directions. Malloy et Fennell (1998, cited in MacDonald, 2013) expliquent ainsi que le tourisme durable doit être caractérisé par une relation de confiance entre le tour opérateur et la communauté d’accueil[3]. Weeden (2002, cited in MacDonald, 2013) souligne également l’importance du partage des profits et de l’équité salariale[3]. Les auteurs Lozato-Giotard, Leroux et Balfet (2012, cited in MacDonald, 2013) résume bien les obligations d’un tourisme équitable en affirmant qu’il doit respecter l’environnement et les populations locales[3].

Il existe un nombre important de notions se rapprochant du tourisme équitable. La notion tourisme durable peut par exemple être comprise comme la catégorie générique des formes de tourismes alternatifs qui tentent de respecter les populations locales et l'environnement[4]. Le tourisme durable, par une recherche du tourisme de proximité, tente de limiter les impacts négatifs du tourisme[4]. Une autre forme de tourisme durable est l'écotourisme qui est davantage tournée vers la préservation de la nature[5]. Le tourisme solidaire est quant à lui centré sur l'échange avec les populations locales et la contribution au développement durable[6]. Ce dernier type de tourisme peut être plus ou moins compris comme un synonyme de tourisme équitable.

Émergence du tourisme équitable

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Weeden (2002, cited in MacDonald, 2013) souligne que « le tourisme éthique a été utilisé à l’origine par des groupes de pression et des organisations caritatives chrétiennes qui se sont inquiétés de la croissance et de l’impact du tourisme dans les pays en développement »[3]. Le tourisme éthique, dérivant du tourisme durable issu du rapport Brundtland publié par la commission mondiale pour l'environnement et le développement[7], était préconisé en tant qu'alternative positive au tourisme de masse souvent destructeur[3] (Weeden, 2002; cited in MacDonald, 2013). Dès lors, le tourisme durable/équitable est né à la fin années 90 de la rencontre de deux volontés, la première liée au développement d’internet et la fin du tourisme dit de « fordisme », c’est à dire le tourisme de masse avec des voyages préfabriqués qui sont les même pour tous[8]. Ce type de voyage a laissé  place à des voyages individualisés et sur-mesure[8].  La seconde volonté était celle  grandissante des citoyens occidentaux pour les causes humanitaires et leur envie d’agir localement et durablement et ce même durant leurs voyages, on parle alors de « consom’acteur »[8]. L’auteur MacDonald (2013 ; 100) déclare ainsi que l’« oisiveté et le ludique semblent alors être remplacés par le voyage utile et plus éthique. D’ailleurs certains professionnels du tourisme ont fait de l’éthique, leur fonds de commerce »[3].

Critique de la notion de tourisme équitable

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Une première critique autour de la notion de tourisme équitable est le manque de clarté autour de sa définition[3] (MacDonald, 2013). La notion de « tourisme éthique » est par exemple peu utilisée dans le domaine de la recherche[3] (MacDonald, 2013). Un questionnement à éclaircir serait notamment de savoir si « tourisme durable » et « tourisme éthique » sont des synonymes. Un autre point important serait de savoir si le tourisme équitable doit être compris comme une manière de voyager, en tant que produit touristique ou encore en tant que philosophie inhérente à différents acteurs liés au tourisme.

Le tourisme équitable s’appuie sur une idée d’action juste, sous-tendue par l’idée d’éthique. Cette dernière peut être définie comme un questionnement personnel sur la justice, le droit et les conséquences de ses actions[3] (MacDonald, 2013). La notion d'éthique est parfois liée à l’idée de ne pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fasse, ou positivement, de faire à autrui ce qu’on voudrait qu’il nous fasse. L’aspect subjectif reste toutefois problématique dans ce raisonnement. Ainsi que le souligne le philosphe Kwame Anthony Appiah (2006), il est impossible de savoir si une personne jugera de la même manière que nous une certaine action[9]. Le tourisme équitable, en encourageant certaines actions, peut s’éloigner des préoccupations des populations locales en décidant ce qui est bon pour elles, d'où une certaine forme de néocolonialisme.

Le tourisme équitable est bien souvent synonyme de tourisme durable, et donc fortement lié à l'idée de développement durable. Serge Latouche (1999) se montre très critique face à cette notion qu’il qualifie d’ « oxymoron » ou encore de « contradiction »[10]. Pour cet auteur, la notion de développement durable n’est ainsi qu’un alibi verbal pour poursuivre sur la même voie [10](Latouche, 1999). Sacarau (2007) éclaire également cette problématique lorsqu’elle souligne le flou baignant bien souvent autour des motivations derrière le tourisme équitable[8]. Le terme est en effet parfois utilisé pour revaloriser l’image d'une pratique ou d'une organisation et rien de plus[8] (Sacarau, 2007). Il est alors possible de critique la notion de tourisme équitable en estimant que c’est le tourisme qui induit les problèmes sociaux et environnementaux que le tourisme équitable voudrait supprimer. La notion, en reconnaissant les dérives d’un certain tourisme, évite de questionner les problèmes liés au tourisme en lui-même.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Jeanette McDonald, Erick Leroux, Frédéric Teulon, « Le tourisme responsable au Sud de la Méditerranée : revue de la littérature et pistes de recherche », Maghreb – Machrek, vol. 2, no 216,‎ , p. 95-107 (lire en ligne)
  • Anthony Appiah, Pour un nouveau cosmopolitisme, Paris, Éditions Odile Jacob, , 260 p. (ISBN 978-2-73812-006-9, lire en ligne)
  • Isabelle Sacareau, « Au pays des bons sentiments : quelques réflexions critiques à propos du tourisme solidaire », Téoros, vol. 26, no 3,‎ (lire en ligne)
  • Robert Cleverdon, Angela Kalisch, « Fair trade in tourism », International Journal of Tourism Research, vol. 2, no 3,‎ , p. 171-187 (lire en ligne)
  • Serge Latouche, « La “double imposture” du développement durable », Geographica Helvetica,‎ jg. 1999/54 heft 2, p. 90-97 (lire en ligne)

Liens externes

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  • Croq’nature. La charte du tourisme équitable. http://www.croqnature.com/tourismeequitable.htm, page internet consultée le 24 novembre 2015.
  • PFCE, (2009). Le tourisme équitable et solidaire. http://www.commercequitable.org/images/pdf/filieres/Tourisme%20Equitable%20et%20Solidaire%20MAJ%200109.pdf, page internet consultée le 24 novembre 2015.
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cotourisme
  • Fordisme
  • Tourisme durable
  • Tourisme solidaire

Références

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  1. « le tourisme équitable et solidaire », sur http://www.commercequitable.org, (consulté le )
  2. « Croq'Nature voyages équitables et développement local : La charte du tourisme équitable » (consulté le )
  3. a b c d e f g h et i Jeanette McDonald, « Le tourisme responsable au Sud de la Méditerranée : revue de la littérature et pistes de recherche », Maghreb – Machrek, no vol. 2, no 216,‎ , p. 95-107 (lire en ligne)
  4. a et b « Tourisme durable », sur https://fr.wikipedia.org, (consulté le )
  5. « écotourisme », sur https://fr.wikipedia.org, (consulté le )
  6. « Tourisme solidaire », sur https://fr.wikipedia.org, (consulté le )
  7. « Rapport Brundtland », sur https://fr.wikipedia.org, (consulté le )
  8. a b c d et e Isabelle Sacareau, « Au pays des bons sentiments : quelques réflexions critiques à propos du tourisme solidaire », Tourisme et solidarité, nos 26-3,‎ , p. 6-14 (lire en ligne)
  9. Anthony Appiah, Pour un nouveau cosmopolitisme, Paris, Éditions Odile Jacob, , 260 p. (ISBN 978-2-7381-2006-9)
  10. a et b Serge Latouche, « La "double imposture" du développement durable », Geographica Helvetica, no Jg. 54 1999/Heft 2,‎ , p. 90-96 (lire en ligne)