Kappa Ursae Majoris

étoile binaire de la constellation de la Grande Ourse
(Redirigé depuis Talitha Australis)
κ Ursae Majoris
Alkaphrah
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 09h 03m 37,528s[1]
Déclinaison +47° 09′ 23,49″[1]
Constellation Grande Ourse
Magnitude apparente +3,60 (4,2 + 4,4)[2]

Localisation dans la constellation : Grande Ourse

(Voir situation dans la constellation : Grande Ourse)
Caractéristiques
Type spectral A0IV-V + A0V[3]
Indice U-B +0,01[2]
Indice B-V 0,00[2]
Indice R-I +0,01[2]
Astrométrie
Vitesse radiale +2,3 ± 1,2 km/s[4]
Mouvement propre μα = −36,19 mas/a[1]
μδ = −55,40 mas/a[1]
Parallaxe 9,10 ± 0,50 mas[1]
Distance 360 ± 20 al
(110 ± 6 pc)
Magnitude absolue −1,63[5]
Composants stellaires
Composants stellaires κ UMa A, κ UMa B
Orbite
Compagnon κ UMa B[6]
Demi-grand axe (a) 0,181 94 ± 0,000 25
Excentricité (e) 0,558 4 ± 0,001 5
Période (P) 13 007,2 ± 9,7 j
Inclinaison (i) 109,410 ± 0,066°
Argument du périastre (ω) 355,63 ± 0,36°
Longitude du nœud ascendant (Ω) 105,641 ± 0,080°
Époque du périastre (τ) 50 404 ± 12 HMJD

Désignations

Alkaphrah, κ UMa, 12 UMa, HD 77327, HIP 44471, HR 3594, ADS 7158, BD+47°1633, CCDM 09036 +4709, FK5 341, GC 12503, SAO 42661[7]

Kappa Ursae Majoris (κ UMa / κ Ursae Majoris), également nommée Alkaphrah, est une étoile binaire de la constellation de la Grande Ourse. Sa magnitude apparente combinée est de 3,60[2]. D'après la mesure de sa parallaxe annuelle par le satellite Hipparcos, le système Elle est situé à environ 360 années-lumière de la Terre[1].

Propriétés modifier

Les deux composantes de Kappa Ursae Majoris sont des étoiles blanches de la séquence principale autour du type spectral A0[6]. Leurs magnitudes apparentes sont de +4,2 et de +4,4[2]. La période orbitale de la binaire est de 13 007 jours (35,6 ans), et les deux étoiles ont une séparation moyenne de 0,18 seconde d'arc[6].

Nomenclature, histoire et mythologie modifier

 
La figure de la série desالظباء قفزات Qafzāt al-Ẓibā’, « les Sauts de Gazelles », dans le ciel arabe traditionnel, tel que la décrit ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī, 964.

κ Ursae Majoris, latinisé Kappa Ursae Majoris, est la désignation de Bayer de l'étoile. Elle porte également la désignation de Flamsteed de 12 Ursae Majoris[7].

Alkaphrah est aujourd’hui le nom approuvé pour κ UMa par l’Union astronomique internationale (UAI)[8]. C’est un terme qui vient de l’arabe mais qui exige que l’on s’y prenne en deux temps.

Au départ, nous avons l’arabe الفزة al-Qafza’, « le Saut »[9],[10], plus précisément en l’occurrence الثانية القفزة al-Qafzat al- Ṯāliṯa, « le Troisième Saut », qui en peut se comprendre que si l’on se réfère à la série des الظباء قفزات Qafzāt al-Ẓibā’, « les Sauts de Gazelles », dans le ciel arabe traditionnel, tel qu’il est décrit par ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī (964). On nomme ainsi, selon lui, les six étoiles situées sur les trois pieds de l’Ourse touchant le sol : ν et ξ UMa forment al-Ūla, soit « le Premier [Saut] », λ et μ UMa al-Ṯāniyya, « le Second », et ι et κ UMa « le Troisième », ce qui nous mène à κ UMa. Chaque « Saut » ressemble à la trace du pied fendu des gazelles, et, toujours al-Ṣūfī donne à ce propos ce dicton arabe[11],[12] :

« Les Gazelles sautèrent lorsque le Lion frappa la terre de sa queue. »

Le nom arabe الثانية القفزة al-Qafzat al-Ṯāliṯa, « le Troisième Saut », est à l’origine de deux appellations pour cette étoile, qui résultent de la troncation de ce nom :

  • Talitha Australis. On trouve Talitha pour ι UMa chez Richard Hinckley Allen[13], ce qui a autorisé Julius D. W. Staal, désormais repris par plusieurs catalogues sur la toile, de désigner les deux étoiles du couple ι et κ UMa par leur position : ι UMa de Borealis et κ UMa d’Australis[14],[15].
  • El Kaphzah. À partir de Thomas Hyde (1665) qui transcrit ‘AlKáphza’ Prima le nom donné pour ν et ξ UMa dans le Catalogue d’al-Tīzīnī[16]. Édité en complément des زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437)[17], le philologue Friedrich Wilhelm Lach écrit notamment ‘el-kaphzah’ pour les couples λ/μ UMa et ν/ξ UMa, mais en oubliant ι et κ UMa[18], ce dont s’empare Johann Elert Bode pour affecter le nom El Kaphzah pour le couple ι et κ UMa dans son Uranographia (1801)[19].
  • Alkaphrah, qui reprend la transcription de Thomas Hyde en substituant un /r/ au /z/ de ‘AlKáphza’, ignoré par Richard Hinckley Allen (1899), est relevé dans New Standard Dictionary de Funck & Wagenalls en 1947, et dans le Webster, International Dictionary de 1949 par Paul Kunitzsch (1959)[20],[21].

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2,‎ , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. a b c d e et f (en) D. Hoffleit et W. H. Warren, « Bright Star Catalogue, 5e éd. », Catalogue de données en ligne VizieR : V/50. Publié à l'origine dans : 1964BS....C......0H, vol. 5050,‎ (Bibcode 1995yCat.5050....0H)
  3. (en) T. W. Edwards, « MK classification for visual binary components », The Astronomical Journal, vol. 81,‎ , p. 245–249 (DOI 10.1086/111879, Bibcode 1976AJ.....81..245E)
  4. (en) N. V. Kharchenko et al., « Astrophysical supplements to the ASCC-2.5: Ia. Radial velocities of ∼55000 stars and mean radial velocities of 516 Galactic open clusters and associations », Astronomische Nachrichten, vol. 328, no 9,‎ , p. 889 (DOI 10.1002/asna.200710776, Bibcode 2007AN....328..889K, arXiv 0705.0878)
  5. (en) E. Anderson et Ch. Francis, « XHIP: An extended Hipparcos compilation », Astronomy Letters, vol. 38, no 5,‎ , p. 331 (DOI 10.1134/S1063773712050015, Bibcode 2012AstL...38..331A, arXiv 1108.4971)
  6. a b et c (en) Matthew W. Muterspaugh et al., « The Phases Differential Astrometry Data Archive. II. Updated Binary Star Orbits and a Long Period Eclipsing Binary », The Astronomical Journal, vol. 140, no 6,‎ , p. 1623–1630 (DOI 10.1088/0004-6256/140/6/1623, Bibcode 2010AJ....140.1623M, arXiv 1010.4043)
  7. a et b (en) * kap UMa -- Double or multiple star sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  8. (en) UAI, « Star Names », 2021. »
  9. (de) Paul Kunitzsch, Untersuchungen zur Sternnomenklatur der Araber, Wiesbaden : O. Harrassowitz, 1961, pp. 90-91.
  10. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, pp. 112-113.
  11. (ar) ᶜAbd al-Raḥmān Abū l-Ḥusayn b. ᶜUmar al-Ṣūfī, «  Kitāb Ṣuwar al-kawākib al-ṯābita, 960, ms. arabe 5036 : Copie anonyme et non datée réalisée pour Zāhir al-Dīn Ulūġ Beg Kūrakan, petit-fils de Tamerlan, probablement à Samarqand, ca., 1430-1449, fol. 27r. »
  12. (ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, pp. 58-59 (fr.), p. 60 (ar.).
  13. (en) Richard Hinckley Allen, « ''Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, p. 443. »
  14. (en) Julius D. W. Staal, The New Patterns in the Sky, Blackburg (Va.) : McDonald & Woodward Publishing Company, 1988, p .122.
  15. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, p. 147.
  16. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes..., op. cit., p. 180.
  17. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, Gadwal… (1533), p. 82. »
  18. (de) Friedrich Wilhelm Lach, « « Beitrag zur orientalischen Sternkunde », in Algemeine Bibliotek der biblischen Litteratur, Bd. VII, Stück 4, 577-651, Leipzig : Weidmann, 1796, p. 400. »
  19. (la) Johann Elert Bode, Uranographia, sive astrorum descriptio viginti tabulis aeneis incisa ex recentissimis et absolutissimis astronomorum observationibus, Berlin : apud autorem, 1801, pl. VI.
  20. (de) Paul Kunitzszch, Arabische Sternnamen in Europa, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1959, pp. 24-125.
  21. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, p. 148.

Liens externes modifier