Téphroïte

minéral

Téphroïte
Catégorie IX : silicates[1]
Image illustrative de l’article Téphroïte
Rangée de cristaux millimétriques de téphroïte brunâtre, détail grossi d'un échantillon centimétrique de la mine de Wessel, Hotazel, Champs manganésifères du Kalahari, Province sud-africaine du Northern Cape Province
Général
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique Mn2O4Si Mn2SiO4
Identification
Masse formulaire[2] 201,9592 ± 0,0015 uma
Mn 54,41 %, O 31,69 %, Si 13,91 %,
Couleur grisée, vert olive, brune, brun sombre, grise, noire, rouge chair, bleu-vert, etc., vert pâle en faible section, parfois transparente et incolore
Système cristallin orthorhombique
Réseau de Bravais a = 4,88-4,90 Å
b = 10,59-10,62 Å
c = 6,22-6,25 Å
Z = 4
V = 323,09 Å3
densité calculée avoisinant 4,15
Classe cristalline et groupe d'espace dipyramidale ; groupe ponctuel mmm (2/m 2/m 2/m)
groupe d'espace P nma
Macle peu commune sur {011}
Clivage distinct sur {010}, parfois indistinct, et imparfait {001}
Cassure conchoïdale (gris pâle), irrégulière
Habitus cristaux en prismes hexagonaux aplatis et striés sur la longueur, peu fréquents ; courts cristaux prismatiques similaires à l'olivine ; en général microgranules dispersés dans une matrice, parfois atteignant 4 cm de long ; petits grains et nodules, amassés en structures parfois massives, toujours insérés dans les roches (granites, basaltes, etc.)
Échelle de Mohs 6 (parfois 6,5)
Trait blanc
Éclat vitreux à gras, gris pâle
Propriétés optiques
Indice de réfraction par exemple nα = 1,759
nβ = 1,797
nγ = 1,860
Biréfringence δ = 0,101 ; biaxial négatif
2V = mesuré 60° à 70°, calculé 78°
Pléochroïsme faible : brun rouge sur X / rougeâtre sur Y / vert bleu sur Z
Dispersion optique r > ν
Fluorescence ultraviolet nulle
Transparence transparente à translucide
Propriétés chimiques
Densité 3,72 à 4,33 (3,87 - 4,12)
Solubilité soluble dans HNO3
Propriétés physiques
Magnétisme aucun
Radioactivité aucune

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

La téphroïte est un minéral caractéristique du groupe de l'olivine, c'est-à-dire un nésosilicate correspondant au corps composé chimique dénommé le silicate de manganèse de formule Mn2SiO4. L'olivine est, ici au sens commun, un terme générique qui désigne principalement les solutions solides de silicates de fer et de magnésium, représentées respectivement par leurs membres finaux en principe quasi-purs, fayalite Fe2SiO4 et forstérite Mg2SiO4[3]. Mais il existe aussi des olivines calcifères, manganésifères ou nickelées, comme la kirschsteinite CaFeSiO4, la téphroïte et la rare liebenbergite (Ni,Mg)2SiO4. Les cations interchangeables dans la même structure cristalline orthorhombique dénommée olivine, à savoir Fe2+, Mg2+, Ni2+, Mn2+etc., sont nécessairement divalents. Il apparaît que la téphroïte, par ailleurs assez commune, est le terme ultime de la série manganésifère développée, le plus souvent, à partir de la fayalite.

Historique, géotype, dénominations modifier

Ce minéral a d'abord été décrit dans la mine de la colline Sterling (Sterling Hill), à Ogdensburg dans le secteur minier de Franklin et Sparta, comté Sussex dans l'état du New Jersey, aux États-Unis[4].

Le nom donné par le minéralogiste August Breiphaupt en 1823 provient du grec tephros, « gris de cendre, cendreux par sa couleur »[5]. La couleur peut aussi être en réalité vert-olive, vert-bleu, rose ou brune, brun-rouge ou rougeâtre, noir à gris noir, vert pomme, vert foncé, rougeâtre parfois jusqu'à rouge magenta. D'autres noms communs pour la téphroïte peuvent être l'olivine manganésiée, olivine manganèse ou olivine manganésifère, dans la mesure où il est distingué différentes olivines, ou plus communément le péridot manganésifère ou péridot (à) manganèse.

Notez que le péridot, variété très populaire d'olivine, est essentiellement magnésienne, en moyenne à 90 % en masse. L'olivine est très commune dans les magmas et dans la croûte terrestre. Péridots et olivines sont ainsi synonymes pour les minéralogistes, lorsqu'ils dénomment le groupe auquel appartient la téphroïte.

Cristallographie et cristallochimie modifier

La structure cristallographique caractéristique du groupe de l'olivine est orthorhombique. Il s'agit d'un empilement hexagonale compacte d'anions oxygène O2− distendu par la présence de cations silicium Si4+ en sites tétraédriques, environnés par les cations divalents Fe2+, Mg2+, Ni2+, Mn2+ en sites octaédriques.

Les différents membres du groupe de l'olivine correspondent la formule Me2SiO4 où Me cation bivalent peut être, entièrement ou tout à la fois, le calcium, le magnésium, le manganèse, le fer, et/ou le nickel. Ainsi la fayalite et sa variété la roepperite, la forstérite, la glaucochroïte, la kirschsteinite, la laihunite, la liebenbergite, la monticellite, l'olivine, la calcio-olivineetc.

Dans la classification de Dana, le groupe 51.03.01 dit de l'olivine comprend six minéraux présentés ici par ordre avec couple (groupe d'espace et groupe de symétrie) :

  • le minéral olivine (Mg,Fe)2SiO4 (Pbnm, 2/m 2/m 2/m),
  • la fayalite Fe2SiO4 (Pbnm, 2/m 2/m 2/m),
  • la forstérite Mg2SiO4 (Pbnm, 2/m 2/m 2/m),
  • la liebenbergite (Ni,Mg)2SiO4 (Pbnm, 2/m 2/m 2/m),
  • la téphroïte Mn2SiO4 (P nma, 2/m 2/m 2/m),
  • la laihunite FeFe2(SiO4)2 (P 21/b, 2/m).

La classification de Strunz propose une catégorie de nésosilicates avec anions additionnels 09.AC.05 comprenant la forstérite Mg2SiO4, la glaucochroïte CaMnSiO4 (Pbnm, 2/m 2/m 2/m), la fayalite, l'olivine, la kirschsteinite CaFeSiO4 (Pbmn, 2/m 2/m 2/m), la laihunite, la liebenbergite et la téphroïte.

Propriétés physiques et chimiques modifier

La téphroïte translucide à transparente, d'éclat vitreux à gras a une dureté de 6 et un poids spécifique d'environ 4,1 (entre 3,7 à 4,4). Il s'agit d'un minéral non métallique lourd et relativement dur.

Analyse et détermination modifier

Les impuretés les plus communes de la téphroïte sont le Fe, le Zn, le Ca, le Mg, etc.

L'analyse de Rammelsberg donne en pourcentage massique[6] :

  • SiO2 environ 28,5 % ;
  • MnO environ 68,5 % ;
  • FeO environ 3 %.

La confusion à l'œil est toujours possible possible avec le chrysolite, ou certains péridots ou olivines.

Gîtologie modifier

Ce minéral du groupe des péridots est présent dans les roches éruptives comme le basalte, les roches mafiques et ultramafiques. Il se forme avec les dépôts de minerais de fer, de manganèse, et des skarns associés. Il est le produit du métamorphisme massif ou de contact modifiant sédiments ou roches riches en manganèse.

Il existe des sites à altérations hydrothermales.

Associations minérales : zincite, willemite, franklinite, rhodonite, jacobsite, diopside, gagéite, bustamite, manganocalcite, glaucochroïte, calcite, banalsite et alleghanyite[7], éricssonite, orthoéricssonite, johnbaumite, etc.

Gisements remarquables modifier

Il existe des gisements importants en Cornouailles et au Devon en Angleterre ou dans la mine Benallt, près de Rhiw au pays de Galles en Grande-Bretagne, dans le Värmland avec la mines de Langban et de Jacobsberg en Suède, mais aussi au Madagascar, au Japon, aux États-Unis, au Kazakhstan, au Japon, etc.

Ce minéral est attesté en particulier à Adervielle, département des Hautes-Pyrénées, ainsi qu'en Haute-Maurienne en France.

  • Afrique du Sud
Mines Wessels, près de Kuruman, Province du Cap
 
Le même échantillon présenté ci-dessus en détail de la mine de Wessel, Hotazel, Champs manganésifères du Kalahari
  • Allemagne
Carrières Pumice, Wingertsberg, Niedermendig, à 1 km au nord de Mendig, Complexe vocanique du lac Laach, Eifel, Rhénanie-Palatinat,
  • Antarctique
Péninsule de Clark, Terre de Wilkes
  • Australie
Broken Hills ou Tamworth, Nouvelle-Galles du Sud
  • Autriche
  • Brésil
Buritirama, district de Piaui
  • Canada
  • Chine
  • Ègypte
  • États-Unis
Bald Knob, près de Sparta, comté Alleghany, Caroline du Nord
District minier de Sunny side, comté de San Juan, Colorado
Secteur minier de Franklin et d'Ogdensburg, comté Sussex, état du New Jersey
  • Espagne
  • Finlande
  • France
Bonneval-sur-Arc, vallée de la Haute-Maurienne, Isère
Adervielle, Hautes-Pyrénées
  • Grande-Bretagne
mine Benallt, près de Rhiw, Péninsule de Lleyn, Gwennyd, Pays-de-Galles
carrière de Meldon, Okehampton, Devonshire
mine treburnum, Altarnum, Cornouailles
  • Inde
  • Italie
Val Malenco, Lombardie
  • Japon
Mine Kazo, préfecture Totigi et mine Noda-Tomagawa, préfecture Iwate
 
Pièce de la mine Kaao, district de Kochigi, île Honshu au Japon
  • Kazakhstan
  • Kirghizhtan
  • Madagascar
  • Namibie
  • Norvège
  • Pérou
  • Roumanie
  • Royaume-Uni
  • Russie
  • Slovaquie
  • Suisse
  • Suède
mine Jakobsberg, champ aurifère du Nordmark, Långban, Värmland
mines Harstigen, près de Persberg, commune de Filipstad, Värmland
mines Sjö, Grythyttan, Örebro
  • Tchéquie
  • Turquie

Usage modifier

Il s'agit d'un minéral de collection. Les joailliers taillent les plus belles pierres en cabochon.

Références modifier

  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. L'olivine définit également un corps minéral précis de formule approchée (Mg,Fe)2SiO4.
  4. http://www.mindat.org/min-3913.html Mindat.org
  5. http://webmineral.com/data/Tephroite.shtml Webmineral data
  6. Rammelsberg, C.F., Analysis of tephroite: Handbuch der Mineral-Chemie, 1843, 1re éd., 1er suppl., p. 80 (aussi dans Poggendorff's Annalen, 1844), Band 62, p. 137)
  7. http://rruff.geo.arizona.edu/doclib/hom/tephroite.pdf Handbook of Mineralogy

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • Francis C.A., Ribbe P.H., The forsterite-tephroite series: I. Crystal structure refinements, Te 91, olivine in American Mineralogist, 65, 1980, p. 1263-1269.
  • Henri-Jean Schubnel, avec Jean-François Poullen, Jacques Skrok, Larousse des Minéraux, sous la coordination de Gérard Germain, Éditions Larousse, Paris, 1981, 364 p. (ISBN 2-03-518201-8). Entrée téphroïte p. 320.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier