Les unités Storm-Z (en russe : Шторм-Z) sont un type d'unités militaires disciplinaires employés par la Russie à partir d' pendant l'invasion de l'Ukraine.

Histoire modifier

Formation et découverte modifier

L'existence des unités Storm-Z est révélée pour la première fois le , lorsque les forces ukrainiennes capturent des documents détaillant leur recrutement et leur formation dans les prisons russes. Ces unités relevant du ministère russe de la défense sont calquées sur les unités similaires employées au sein du groupe Wagner l'année précédente[1]. Les membres de ces unités sont recrutés principalement dans les prisons russes sur la promesse d'une réduction de leur peine et d'un salaire équivalent à 2200 dollars par mois (ce montant n'est jamais versé intégralement)[2],[3]. Les unités Storm-Z sont également partiellement composées de soldats servant déjà dans l'armée régulière russe et punis pour divers motifs, principalement l'alcoolisme[4].

L'Institut pour l'étude de la guerre estime que les unités Storm-Z sont rattachées aux forces russes ayant souffert d'attrition au combat[5]. Environ équivalente à une compagnie, une unité Storm-Z est composée de 100 personnes environ, réparties en quatre escouades de « capture » (10 personnes chacune), quatre escouades d'appui-feu (10 personnes chacune), un élément de commandement de compagnie de 2 personnes, un groupe de génie de combat de 5 personnes, un groupe de reconnaissance de 8 personnes, un groupe d'évacuation sanitaire de 3 personnes et une équipe de drone de 2 personnes[5].

Chaque compagnie ne reçoit qu'une formation de 10 à 15 jours avant d'être envoyée au front, notamment dans les combats urbains des batailles de Bakhmout et d'Avdiivka[3]. Les premières unités Storm-Z semblent avoir été créées au sein d'unités de la 8e armée combinée de la Garde et du 1er corps d'armée, les forces militaires de la République populaire autoproclamée de Donetsk[6].

Emploi au combat modifier

Les combattants des unités Storm-Z sont considérés comme des troupes de qualité inférieures par le commandement russe, qui n'hésite pas à envoyer ces compagnies sous-entraînées et sous-équipées dans les secteurs les plus durs du front, où elles subissent les pertes extrêmement lourdes[4]. Un membre d'unité Storm-Z interviewé anonymement par Reuters évoque un combat près de Bakhmout en qui n'a laissé que quinze survivants sur les 120 hommes de son unité[4].

Les quelques témoignages de membres d'unité Storm-Z font état d'un commandement incompétent, de manques de ravitaillement et d'un équipement défaillant. Trois soldats capturés interviewés CNN parlent notamment de dysfonctionnements routiniers de l'artillerie, de barrages de roquettes imprécis et d'ordres aberrants émis par des officiers sous l'emprise d'analgésiques. Dans le cas de ces soldats, le ravitaillement en nourriture de leur unité nécessitait également de marcher pendant 5km à travers un champ de mines[7],[8]. En raison du moral très faible de ces unités, les redditions ne sont pas rares. Lors de la contre-offensive ukrainienne de 2023, beaucoup de troupes pénales et de mobilisés se rendent aux soldats ukrainiens près de Velyka Novossilka[9]. Parmi ces troupes, un soldat russe nommé Anton, interviewé par le Wall Street Journal, indique que les unités Storm-Z sont maintenues au front par des troupes barrières (en) chargées de les abattre s'ils battent en retraite, et que les blessés, même graves, sont maintenus au front par les commandants[9]. Anton lui-même est blessé par des shrapnels à la tête en au point que ses blessures entraînent un bégaiement[9]. Jugé inapte à combattre par un médecin militaire, il est cependant renvoyé au combat avec d'autres blessés par son commandant[9].

Pendant la bataille de la ligne Svatove-Kreminna, des unités Storm-Z sont utilisées pour mener des attaques meurtrières contre les positions ukrainiennes. Fin , les forces russes emploient également des unités Storm-Z près d'Avdiïvka et Bakhmout, dont le fonctionnement est évoqué par divers blogueurs militaires actifs dans ces zones[10]. L'un de ces blogueurs parle « d'assauts de viande » pour désigner les attaques sans préparation d'artillerie menés par ces unités[10]. Un autre blogueur dit également que les unités Storm-Z sont généralement détruites après quelques jours de combats lors desquels elles subissent entre 40 et 70% de pertes[10]. Il critique notamment la mauvaise formation des unités Storm-Z par l'armée russe et la réticence des officiers supérieurs à prendre en compte les propositions des commandants Storm-Z lorsqu'ils leur confient des missions de combat[10]. Selon-lui, ces unités sont souvent introduites sur le champ de bataille avant d'avoir effectué une reconnaissance ou établi des liens avec les unités voisines et qu'elles ont généralement du mal à évacuer leurs blessés sans couverture d'artillerie, ce qui entraîne des pertes plus élevées[10]. Selon les blogueurs militaire actifs dans la zone, les unités Storm-Z n'obtiennent aucun résultat significatif, puisqu'elle sont presque immédiatement détruites[10].

Rébellion du groupe Wagner modifier

Pendant la rébellion du groupe Wagner, plusieurs unités Storm-Z se sont ralliés aux mutins et se sont engagées à aider Evgueni Prigojine à renverser la structure militaire russe. Cependant, après que ce dernier a mis fin à la rébellion et fait faire demi-tour à ses convois peu avant Moscou, ces unités Storm-Z l'ont accusé de « lâcheté » et ont déclaré qu'il les avait « trahis ». Elles ont ajouté qu'en raison de leur soutien à Wagner, leurs commandants avaient commencé à infliger des punitions à ces unités déloyales[11],[12].

Les unités Storm-Z sont supervisées par le colonel général Evgueni Bourdinskiï (en), responsable de la direction principale de l'organisation et de la mobilisation de l'état-major général, qui est fortement critiqué par les nationalistes russes pour son incapacité à contrôler l'ensemble des unités Storm-Z, notamment lors de la rébellion du groupe Wagner[13].

Notes et références modifier

Notes modifier

Références modifier

  1. (en) « Russia forms Storm Z ‘prisoner’ unit to compete with Wagner, says military expert », sur New Voice of Ukraine (consulté le )
  2. (en-US) Connor Surmonte, « Vladimir Putin Forms New 'Storm Z' Military Units Made Up Of Russian Prisoners To Carry Out 'Complex Combat Missions' In Ukraine », sur RadarOnline, (consulté le )
  3. a et b (en) « Russian commanders constructing company-size units for urban combat - ISW », sur www.ukrinform.net, (consulté le )
  4. a b et c (en) « 'They're just meat': Russia deploys punishment battalions in echo of Stalin », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. a et b (en) « Russian Offensive Campaign Assessment, April 6, 2023 », sur Institute for the Study of War (consulté le )
  6. (en) Kaitlin Lewis, « Ukrainian reserve officer says Russia is forming special "Storm Z" units », sur Newsweek, (consulté le )
  7. (en) Sarah El Sirgany,Ben Wedeman,Kostyantin Gak, « Captured Russian soldiers tell of low morale, disarray and horrors of trench warfare », sur CNN, (consulté le )
  8. (en) Isabel van Brugen, « Russian convict fighters share complaints on video: "We're not meat" », sur Newsweek, (consulté le )
  9. a b c et d (en-US) Marcus Walker, « Tattered and Bandaged, Russian POWs Describe Ukraine’s Offensive », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  10. a b c d e et f (en) « Russian Offensive Campaign Assessment, October 30, 2023 », sur Institute for the Study of War (consulté le )
  11. (en) « Russia’s Storm Z unit label Wagner leader a ‘rat’ after calling off mutiny », (consulté le )
  12. (en-GB) Colin Freeman, « Watch: Russian convict soldiers accuse Wagner boss of 'cowardice' for halting mutiny », The Telegraph,‎ (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) « Russian Offensive Campaign Assessment, June 26, 2023 », sur Institute for the Study of War (consulté le )