Sauvetage du gouffre des Vitarelles

Le sauvetage du gouffre des Vitarelles est une opération de secours du 11 au 21 novembre 1999 pour faire sortir sept spéléologues bloqués dans le gouffre des Vitarelles, sur la commune de Gramat dans le Lot en France. Partis explorer le gouffre et ses différentes cavités le 11 novembre, les sept hommes se font surprendre par des pluies torrentielles le lendemain, qui provoquent une montée soudaine du niveau de la rivière l'Ouysse qui coule dans le gouffre et empêchent tout retour à la surface. Près de 150 personnes sont mobilisés à partir du 13 novembre dans ce qui constitue la plus grande opération de sauvetage spéléologique en France : pompiers, secouristes du Spéléo Secours Français, gendarmes et ouvriers qui réalisent plusieurs forages afin d'aménager d'autres points d'accès au réseau des Vitarelles. Finalement, le 21 novembre 1999, les sept spéléologues bloqués près de la salle de la Clé de Voûte sont secourus et remontés sains et saufs à la surface par le nouveau puits de Bret[1].

Contexte

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La commune de Gramat dans le Lot en France, est choisie comme lieu d'expérimentations militaires après la Seconde Guerre mondiale. En particulier, le gouffre de Bèdes est utilisé pour tester les fusées Véronique. Abandonné en 1953, le lieu devient en 1955 un centre d'essais d'explosifs entrant dans la fabrication d'armes atomiques. En 1959 est officiellement créé le Centre d'études de Gramat (CEG), où sont menées de nombreuses études sur les effets des explosions nucléaires[2].

Afin d'apporter au CEG l'eau nécessaire à son fonctionnement, un forage est effectué dans le gouffre des Vitarelles en 1947 : une galerie de 20 mètres et un puits artificiel d'une cinquantaine de mètres sont creusés en pleine roche, qui débouchent sur une galerie donnant sur la rivière des Vitarelles. En 1948, les différentes cavités sont explorés à l'amont et à l'aval par des spéléologues, d'abord de Paris puis des locaux. En 1974, la Fédération française de spéléologie (FFS) signe un accord avec le Centre d'études de Gramat sur les conditions d'exploration du gouffre, mais pendant 20 ans les expéditions se font rares : la FFS a délégué l'usage du site au comité départemental de spéléologie du Lot (CDS 46), et au sein de celui-ci, le Groupe spéléologique de Gramat gère les explorations. Des expéditions ont lieu en 1983 et 1992[3].

Expédition

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Le 11 novembre 1999, sept membres de la section spéléologie de l'Association Culture et Loisirs (ACL)[4] du Centre d’études de Gramat (CEG)[Note 1] se lancent dans une exploration de trois jours du gouffre des Vitarelles. Le plus jeune, Nicolas Wioland, a 22 ans ; le plus âgé est Yvon Cazals (53 ans)[5] ; il descend avec son fils Yannick Cazals et son neveu Sébastien Delmas. Philippe Vergé, Christian Dutarte et Laurent Delrieu complètent l'équipe[1]. Ce sont des spéléologues expérimentés qui connaissent les lieux[1]. Ils emportent du matériel pour explorer la grotte (notamment des canots pneumatiques), de la nourriture et de l'eau pour plusieurs jours. Le bulletin météo de Bèdes du 11 novembre indique « petites pluies éparses sur le causse » et ne prévoie pas de fortes pluie : les sept hommes s'engagent à travers le puits d'entrée du gouffre des Vitarelles et débutent leur expédition.

Dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 novembre, d'intenses précipitations s'abattent sur les départements de l'Aude, du Tarn, de l'Hérault et des Pyrénées-Orientales[6]. Ces précipitations touchent également le Lot et la région de Gramat[1]. Le débit de l'Ouysse augmente brusquement, inondant le puits d'accès du gouffre et forçant les sept spéléologues à s'abriter sur leurs radeaux au fur et à mesure que l'eau monte. Ils se réfugient dans une poche d'air près de la salle de la Clé de Voûte.

Les sept hommes commencent à rationner leur nourriture et leur eau, et attendent que l'eau baisse avec la fin des pluies.

Coût du sauvetage

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Le sauvetage coûte au total 3,5 millions de francs (soit environ 800 000 euros de 2023[7]), répartis de la façon suivante : 1,7 millions de francs pour les forages, 980 000 francs pour les sapeurs-pompiers, 470 000 francs pour le Secours Spéléo Français, 100 000 francs pour l'hébergement des secouristes et 90 000 francs de frais pour la base militaire[1].

Les frais ont été répartis entre plusieurs entités : le SDIS du Lot paye un million de francs, le ministère de l'intérieur paie 1,5 millions, 500 000 francs sont réglés par le ministère de la Défense et 500 000 francs par le Conseil général du Lot[1].

Notes et références

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  1. Le CEG « se consacre à mieux prévoir les prochaines menaces dans le domaine militaire, à évaluer leurs effets et à mettre au point les parades efficaces. » (« Le Centre d'Etudes de Gramat rattaché au Commissariat à l’Énergie Atomique », La Dépêche du Midi,‎ (lire en ligne)

Références

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  1. a b c d e et f « Gouffre des Vitarelles : sains et saufs après dix jours prisonniers de la terre », sur ladepeche.fr, (consulté le )
  2. « L'histoire sortie du gouffre », sur ladepeche.fr, (consulté le )
  3. Guy Bariviera, « Le puits du Bret, un accès aux galeries des Vitarelles - Flaujac-Gare (Lot) », Spelunca, no 124,‎ (lire en ligne)
  4. « Un impact sur le milieu associatif », sur ladepeche.fr, (consulté le )
  5. Jérôme Poupon, « 23 h 35 : la délivrance », sur ladepeche.fr, (consulté le )
  6. Freddy Vinet, Crues et inondations dans la France méditerranéenne: géographie des risques les crues torrentielles des 12 et 13 novembre 1999, Aude, Tarn, Pyrénées-Orientales, Hérault, Éd. du Temps, coll. « Questions de géographie », (ISBN 978-2-84274-252-2)
  7. « Convertisseur franc-euro | Insee », sur www.insee.fr (consulté le )

Voir aussi

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