Sarre (protectorat)

protectorat français sur la Sarre allemande, de 1947 à 1956
Sarre
(de) Saarland

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(9 ans et 14 jours)

Drapeau
Drapeau.
Blason
Armoiries.
Hymne Saarlandlied (de)
Description de cette image, également commentée ci-après
La Sarre en Europe en 1949.
Informations générales
Statut République parlementaire, protectorat français.
Capitale Sarrebruck
Langue(s) Allemand
Monnaie Mark sarrois (1947).
Franc sarrois (1947 – 1959).
Démographie
Population 751 000 (janvier 1946)[1]
Gentilé Sarrois
Superficie
Superficie 2 568 km2
Histoire et événements
17 décembre 1947 Création.
23 octobre 1955 Référendum.
27 octobre 1956 Accords de Luxembourg.
1er janvier 1957 Intégration à la République fédérale d'Allemagne.
Ministre-président
19471955 Johannes Hoffmann
19551956 Heinrich Welsch
19561957 Hubert Ney (en)
Parlement
Parlement monocaméral Landtag

Le protectorat de la Sarre était un territoire sous protectorat français qui a existé de 1947 à 1956. Il correspondait à l'actuel Land de la Sarre (en allemand : Saarland), qui fut placé sous tutelle française au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Il a été rattaché à la RFA le , à la suite d'un référendum organisé en .

Histoire modifier

 
Frontières des deux Allemagne (RFA en bleu, RDA en rouge, Berlin-Ouest en jaune) en 1949 ; la Sarre est en mauve.

Juste après la fin de la guerre, la zone française d'occupation fut, avec l'accord des alliés, réorganisée : ainsi, l’ordonnance no 57 en date du du général Marie-Pierre Kœnig créa d'une part, le land de Rhénanie-Palatinat, et de l'autre, un territoire sarrois qui correspond approximativement à l'ancien territoire du Bassin de la Sarre, entité créée au lendemain de la Première Guerre mondiale entre 1920 et 1935 et également placée sous administration française comme dédommagement de guerre.

Le , sont organisées les premières élections libres des conseils municipaux, la formation de partis politiques étant autorisée par les autorités militaires françaises.

Dès , les autorités d'occupation remplacent le reichsmark (monnaie alors en cours dans le reste de l'Allemagne) par une monnaie spéciale : le mark sarrois.

 
Couverture de la Constitution de la Sarre (avec son drapeau).

Le , les conseillers sarrois, menés par le gouvernement de Johannes Hoffmann, adoptent une constitution faisant de la région un véritable État indépendant sous le nom de Saarland. La Constitution de la Sarre est entrée en vigueur deux jours plus tard. Cette indépendance est alors reconnue officiellement au sein des instances internationales.

Dans le cadre de l'établissement d'une union économique avec la France, le , le mark sarrois est remplacé par le franc français.

Le est instituée une nationalité sarroise. La même année est fondée l'Université de la Sarre.

Durant la même année, des timbres spécifiquement sarrois sont également mis en circulation. Puis en 1954 et 1955 des pièces en franc français avec des inscriptions en allemand (« Franken ») sont aussi frappées. La Sarre se voit même attribuer par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) le no 90 bis, suivant le système français (voir le Code officiel géographique) ; elle est divisée en 8 arrondissements (Kreise), 49 cantons (Verwaltungsbezirke) et 340 communes.

Avec la mise en place de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA, dès 1952) et la tentative avortée de la création d'une Communauté européenne de défense (CED) durant la même période, les tensions franco-allemandes portant sur la représentativité de la Sarre se précisent. Ainsi, en 1953, les Allemands s'opposent à l'adoption par le Conseil de l'Europe d'un drapeau à quinze étoiles d'or correspondant au nombre de ses membres, dont la Sarre, pour ne pas paraître entériner le statut du territoire ; refus suivi de l'adoption d'un dessin au nombre d'étoiles constant, fixé à douze[2],[3].

L'accord paraît un moment se faire sur l'hypothèse d'une Sarre qui serait une sorte de « district » européen dans le cadre élargi de l'Union de l'Europe occidentale, embryon d'une future nation fédérée européenne. Le , les Sarrois s'expriment par référendum et rejettent ce nouveau statut par 67,7 % des voix[4].

De plus, l'échec de la CED gèle le processus d'unification européenne et le rapprochement franco-allemand facilite la restitution de la Sarre à la République fédérale, grâce notamment à la signature des accords de Luxembourg, le .

Le rattachement politique de la Sarre à l'Allemagne de l'Ouest est entériné pour le . Ces accords permettent donc de mettre fin à un vieux contentieux dans les relations entre l'Allemagne et la France.

Le franc français reste la monnaie officielle du territoire jusqu'au .

Notes et références modifier

  1. Jacques Breil Quelques résultats du recensement du 26 janvier 1946 de la zone française d'occupation en Allemagne, , Persée, (consulté le ), sur persée.fr.(nISSM)
  2. Birte Wassenberg, Histoire du Conseil de l'Europe, Conseil de l'Europe, , 260 p. (ISBN 978-92-871-7831-2, lire en ligne), p. 44.
  3. Adelheid Puttler, Quel avenir pour l’intégration européenne ?, Presses universitaires François-Rabelais, , 323 p. (ISBN 978-2-86906-339-6, lire en ligne), p. 147.
  4. Vignes, 1955.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Rémi Baudouï, « La reconstruction française en Sarre (1945-1950) », Vingtième siècle : Revue d'histoire, no 29, 1991, p. 57-66. [1]
  • Laurent Champier, « La Sarre, terre de contact », Revue de géographie de Lyon, vol. 26, 1951, no 2, p. 221-227. [2]
  • François Deruel, « Le Tribunal international de la Sarre », Annuaire français de droit international, vol. 2, 1956, no 2, p. 509-516. [3]
  • Pierre Lanfranchi, « Le football Sarrois de 1947 à 1952. Un contre-pied aux actions diplomatiques », Vingtième siècle : Revue d'histoire, no 26, avril-, p. 59-66. [4]
  • Marcel Merle, « L'accord franco-allemand du sur le statut de la Sarre », Annuaire français de droit international, vol. 1, 1955, no 1, p. 128-133. [5]
  • Marcel Merle, « Le règlement de la question sarroise et la liquidation du contentieux franco-allemand », Annuaire français de droit international, vol. 2, 1956, no 2, p. 181-205. [6]
  • Daniel-Henri Vignes, « Le referendum sarrois », Annuaire français de droit international, vol. 1, 1955, no 1, p. 134-139. [7].

Articles connexes modifier

Liens externes modifier