Raccard

type de grenier extérieur alpin
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Le raccard (en Suisse), regard (en Savoie[1]) ou rascard (en Vallée d'Aoste[2]) est un grenier indépendant surélevé bâti en pièce-sur-pièce et comprenant une aire centrale, des gerbiers latéraux et des pièces à grain.

Un raccard à Evolène, en Valais.

Structure modifier

Il constitue un grenier proche du chalet, posé sur des pièces de bois verticales ou « pilets », chaque pilet étant surmonté d'un disque en pierre ou « palet » empêchant les souris et autres rongeurs d'entrer dans le local[3].

Distinction entre raccard et grenier modifier

  • Le raccard a une aire centrale où l'on travaille le blé. Parallèlement à cette aire centrale, chaque propriétaire a une ou plusieurs parts (ou boxes) délimitées latéralement par des cloisons sommaires servant à séparer les avoirs de chacun.
  • Le grenier n’a pas d'aire centrale. Il est constitué, par étage, de deux locaux bien distincts et bien séparés, fermant chacun par une porte donnant sur les galeries d’accès placées à l’extérieur.

Donc si l'on voit une construction sur pilets et palets comportant plusieurs portes en façade, c’est un grenier. Chaque propriétaire y remise de la nourriture, des ustensiles, des vêtements, etc.

A contrario, une construction sur pilets et palets comportant une seule porte assez grande et placée au centre de la façade au niveau supérieur des palets est un raccard. Chaque propriétaire y entrepose foin ou paille et y travaille le blé.

Diffusion modifier

Ce type de construction se trouve essentiellement en Valais, où il se nomme « mazot ».

Il est également présent en Vallée d'Aoste, où il est appelé rascard, notamment au Valtournenche et au val d'Ayas, qui furent intéressés autrefois par des migrations de gens walser du Valais. La vallée de Gressoney aussi est caractérisée par la présence de rascards, appelés localement städel : dans cette vallée, la civilisation et la langue walser ont survécu jusqu'à nos jours, à la différence des deux vallées évoquées, aujourd'hui francophones.
Un type de bâtiment similaire, mais issu de la civilisation alpine francophone en Vallée d'Aoste, est le mayen.

Notes et références modifier

  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « Raccard » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. Office du tourisme de la région autonome Vallée d'Aoste
  3. Les pilets font environ 50 cm de haut. Le palet, de forme plus ou moins ronde, déborde du pilet d'environ 20 à 30 cm et interdit ainsi aux rongeurs de passer par-dessus pour pénétrer dans le raccard ou dans le grenier.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Jean Loup, Pasteurs et agriculteurs valaisans : contribution à l'étude des problèmes montagnards, Impr. Allier, Grenoble, 1965, p. 193 et suiv. (texte remanié d'une thèse de Lettres)
  • Maurice Zermatten, « Le raccard », in L'arbre de vie : l'homme et la forêt, Éditions Cabédita, Yens/Morges, 1991, p. 132-133 (ISBN 9782882950628)
  • Frédéric Künzi, Gaëtan Cassina, Benoît Vulliet (et al.), Le raccard du blé : une contribution à la connaissance du patrimoine architectural de la Commune d'Orsières : les habitations et les constructions rurales, le symbolisme des sculptures et des peintures murales, Bibliothèque du Musée, Praz-de-Fort 1998, 111 p.
  • Claudine Remacle, Construire en montagne : l'exemple d'Ayas [Val d'Aoste] à travers les prix-faits du XVIIe et du XVIIIe siècle, Archivum Augustanum, 2, 2002, pp. 59-111 (53 p.) + 16 pl. h. t.