Pouvanaa Oopa

homme politique polynésien

Pouvana'a a Oopa Tetuaapua, né le à Huahine, îles Sous-le-Vent, décédé le à Papeete, est un homme politique de Polynésie française, chef de file du RDPT et figure emblématique du mouvement anticolonialiste.

Pouvanaa Oopa
Illustration.
Fonctions
Sénateur français

(5 ans, 3 mois et 15 jours)
Circonscription Polynésie française
Député français

(1 an, 2 mois et 3 jours)
Élection 30 novembre 1958
Circonscription Polynésie française
Législature Ire (Cinquième République)
Prédécesseur Circonscription créée
Successeur Marcel Pouvanaa Oopa

(9 ans, 4 mois et 1 jour)
Élection 30 novembre 1946
Réélection 30 juin 1951
2 janvier 1956
Circonscription Établissements français de l'Océanie
Législature Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)
Groupe politique IPAS (1956-1958)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Huahine (Polynésie française)
Date de décès (à 81 ans)
Lieu de décès Tahiti (Polynésie française)
Nationalité Drapeau de la France Française
Parti politique RDP
Enfants Marcel Pouvanaa Oopa

De son vivant, il est surnommé « te Metua », le père (de la nation). Peu après son décès, Oscar Temaru crée le Front de libération de la Polynésie, devenu Tavini Huiraatira, qui considère Pouvanaa Oopa comme le « père du nationalisme tahitien ».

Biographie

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Enfance et formation

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Pouvana'a a Oopa Tetuaapua quitte très tôt l'école (avant l'âge de dix ans). Il est formé par son père à la profession de charpentier. Éduqué dans la religion protestante, il vit dans un milieu où la pratique de la Bible est très poussée, ce qui influera par la suite sur ses qualités d'orateur.

De la Première à la Seconde Guerre mondiale

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En janvier 1918, il part comme volontaire (n'étant pas astreint, en tant qu'indigène, au service national) en France métropolitaine pour intégrer le bataillon mixte du Pacifique et participer à la Première Guerre mondiale sur le front de Champagne.

De retour en 1919, il quitte Huahine pour Tahiti où il reprend son travail de charpentier.

En 1940, Pouvanaa joue un rôle important dans le ralliement des Établissements Français d'Océanie à la France Libre. Mais, s'opposant à l'administration, il est assigné à résidence à Huahine.

Le chef de file du mouvement autonomiste (1945-1958)

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Après la Seconde Guerre mondiale, il fonde le « Comité Pouvanaa » qui réclame une profonde modification des rapports entre la France et ce territoire. En juillet 1947, ayant organisé sur le port de Papeete une manifestation contre la venue de trois fonctionnaires métropolitains (affaire dite de la Ville d'Amiens, le nom du navire concerné), il est arrêté et accusé de complot contre la sûreté de l'État et d'obstruction à la venue de fonctionnaires métropolitains, mais il est acquitté en novembre.

Élu député en (après le décès de Georges Ahnne), il fonde en octobre le RDPT (Rassemblement démocratique des populations tahitiennes[1]), parti qui va dominer la vie politique locale jusqu’en 1958. Il sera parfois présenté comme un parti communiste déguisé, alors même qu'à l'Assemblée nationale, Pouvanaa est inscrit dans le groupe des Indépendants et Paysans (Paul Antier). Sans prôner ouvertement l'indépendance, les objectifs du RDPT sont d'obtenir l'autonomie et de lutter contre les capitalistes. Il est notamment appuyé par les coopératives et les syndicats. Pouvanaa est réélu en 1951 avec 72 % des voix et de nouveau en 1956 avec 58 % des voix (contre Rudy Bambridge). En , Pouvana'a est élu vice-président du Conseil de gouvernement grâce au statut résultant de la loi-cadre Defferre.

Le prisonnier politique (1958-1968)

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Il fait campagne pour le « non » au référendum constitutionnel (Ve République et Communauté française) du (64 % de « oui » en Polynésie). Dans la nuit du 10 au , deux incendies criminels à Papeete conduisent à la perquisition du domicile de Pouvanaa où se trouve une foule de ses partisans, et où sont saisis des fusils de chasse sous-marine, des machettes et des cocktails Molotov. Le , plusieurs dirigeants du RDPT sont arrêtés sur ordre du gouverneur ; Pouvanaa est accusé d'avoir tenté, à l'aide de ses partisans, d'incendier Papeete. Le procès n'a lieu qu'en  : il est condamné à 8 ans de réclusion criminelle et à quinze ans d'interdiction de séjour en Polynésie pour « complicité de destruction d'édifices et détention d'armes et de munitions sans autorisation ». Il est déchu de son mandat de député[2] le et transféré en France (à Marseille, puis à Fresnes, puis, de 1963 à 1966, dans un établissement para-médical[3] à Pierrefonds, dans l'Oise. Il est gracié de la peine de prison au début de 1966, c'est-à-dire quelques mois seulement avant la fin de son incarcération, mais l'interdiction de séjour n'est pas levée. Il loge alors dans un immeuble à Vanves, dans un état de santé assez dégradé ; il subit une attaque au début de 1968, qui le laisse hémiplégique. Les demandes réitérées des élus autonomistes au cours de ces années n'aboutissent qu'après Mai-68. La dernière démarche est une lettre à la fois amicale et d'une exigence catégorique du député Francis Sanford à Jacques Foccart, le [4]. Le est annoncée la remise gracieuse de sa peine à l'occasion du . Il rentre à Tahiti le . Son arrivée donne lieu à un important rassemblement de sympathisants à l'aéroport, puis à la mairie de Papeete.

Son arrestation avait deux objectifs, explique l'historien Jean-Marc Regnault : éteindre les velléités indépendantistes et prévenir les protestations antinucléaires au moment du transfert des essais du Sahara au Pacifique[5].

Le sénateur de Polynésie française

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Amnistié en 1971, il est élu sénateur le pour le Pupu Here ai'a, parti fondé par John Teariki pour remplacer le RDPT dissout en 1963. Il prend le siège qu'Alfred Poroi occupait depuis 1959 et le conserve jusqu'à sa mort. Au Sénat, il est inscrit au Groupe de l'Union Centriste des Démocrates de Progrès et membre de la commission des affaires culturelles.

Il meurt le , au cours de la crise politique marquée par l'occupation des locaux de l'Assemblée territoriale, à laquelle il a participé, son dernier acte militant.

Réhabilitation posthume de Pouvana'a a Oopa

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Le jour même de son retour à Tahiti, Pouvanaa Oopa demandait sa réhabilitation (la révision du jugement de 1959). Mais il n'a pas pu l'obtenir de son vivant. Par la suite, une demande de révision par ses descendants, déposée en 1988, a été rejetée par la Cour de cassation en 1995, en l'absence de faits nouveaux significatifs. Actuellement, les descendants directs étant morts, la demande de révision ne peut émaner que du Ministre de la Justice. Le , l'Assemblée territoriale a voté à l'unanimité une motion en faveur de la révision, compte tenu notamment des travaux de Jean-Marc Régnault[6]. La commission de révision des condamnations pénales, saisie par la garde des Sceaux le d’une requête en révision de cette condamnation, a annulé en , plus de quarante ans après sa mort, la condamnation à la prison et à l'exil de l'homme politique polynésien. Parmi les éléments nouveaux ayant permis cette décision historique, saluée par toute la classe politique et par la population polynésiennes, figuraient des témoignages de gendarmes ayant reconnu que l'accusation s'était fondée sur des témoignages fabriqués ou extorqués par la menace ou la violence.

Hommages

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En 1982, un buste commémoratif est installé en son honneur à Papeete, œuvre du sculpteur Georges Oudot [7].

À Papeete, le nom d'avenue Pouvanaa-Oopa a été donné à l'ancienne avenue Bruat.

En , pendant le FIFO (Festival International du Film documentaire Océanien) un documentaire « utile et nécessaire » réalisé par Marie-Hélène Villierme : Pouvanaa Te Metua - L'élu du peuple a été récompensé par le prix du public.

Notes et références

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  1. Signification de RDPT : voir, entre beaucoup d'autres,Metua et le général (Le)
  2. Son mandat de député n'a pas empêché son arrestation car il était supposé « pris en flagrant délit ».
  3. La Roseraie
  4. Citée par Bengt Danielsson, Moruroa, notre bombe coloniale.
  5. Benoît Collombat, L'Empire qui ne veut pas mourir: Une histoire de la Françafrique, Seuil, , p. 649
  6. CJ, Unanimité à l'Assemblée pour la réhabilitation de Pouvanaa a Oopa, Tahitipresse, , document archivé sur Archive.today.
  7. « Buste de Pouvanaa a Oopa, Te metua », sur Tahiti héritage (consulté le ).

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • Alfred René Grand, Pouvanaa a Oopa et le nationalisme à Tahiti : thèse de 3° cycle, Université de Paris (Panthéon-Sorbonne),
  • Jean-Marc Régnault et Catherine Vannier, Le Metua et le Général : un combat inégal, Editions de Tahiti, , 458 p.
  • Jean-Marc Régnault, Pouvanaa a Oopa, victime de la raison d'État : les documents parlent, Editions de Tahiti, , 164 p. (ISBN 2-907776-24-X, présentation en ligne)
  • Bruno Saura, Pouvanaa a Oopa, Père de la culture politique tahitienne : biographie, Pirae, Au vent des îles, , 475 p. (ISBN 2-909790-62-2)
    Inclut le Journal des années de guerre de Pouvanaa a Oopa. Texte bilingue Tahitien/Français. Traduction en tahitien de Valérie Godrait.
  • Une biographie de Pouvanaa Oopa se trouve sur le site de l'Assemblée nationale. Cependant, la date de 1947 pour son élection est inexacte : son prédécesseur, Georges Ahnne, est décédé le (« Pouvanaa Oopa », sur Sycomore, base de données des députés de l'Assemblée nationale et « Pouvanaa Oopa », sur Sycomore, base de données des députés de l'Assemblée nationale).
  • Jean Guiart, hommage (339-350) dans Agir à contre-emploi (Chronique d'une vie en zigzags), Le Rocher à la Voile, Nouméa et Pape'ete 2013,

Liens externes

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