Pierre Turquaise

allée couverte de Saint-Martin-du-Tertre, France

La Pierre Turquaise ou Pierre Turquoise est une allée couverte située à Saint-Martin-du-Tertre,dans le département du Val-d'Oise. C'est la plus vaste et la plus célèbre de toutes les allées couvertes de la région parisienne[1] devenue l'archétype des sépultures associées à la culture Seine-Oise-Marne.

Pierre Turquaise
Image illustrative de l’article Pierre Turquaise
Vue générale de l'allée couverte.
Présentation
Type Allée couverte
Période Néolithique
Faciès culturel Seine-Oise-Marne
Protection Logo monument historique Classé MH (1900)
Visite Libre
Caractéristiques
Dimensions ~12 × 2,5 × 2,2 m
Matériaux Grès
Décor gravures
Géographie
Coordonnées 49° 06′ 20″ nord, 2° 18′ 50″ est
Pays France
Région Île-de-France
Département Val-d'Oise
Commune Saint-Martin-du-Tertre
Géolocalisation sur la carte : Val-d'Oise
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Pierre Turquaise
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
(Voir situation sur carte : Île-de-France)
Pierre Turquaise
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Pierre Turquaise

Localisation

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Le monument s'élève dans une petite clairière du lot 63 de la forêt de Carnelle, à 110 m d'altitude, sur le coteau du ru de Presles, à 2 km au sud-est du centre du bourg de Presles, 2,5 km à l'ouest de celui de Saint-Martin-du-Tertre. Le GR 1 passe à proximité du site. La Pierre Turquaise est située à 200 m au nord-ouest du Menhir de Saint-Martin-du-Tertre et à peu de distance de l'allée couverte du Blanc Val (2 km au sud-ouest) et du dolmen de la Pierre Plate (4 km à l'ouest).

 
Le nom de Pierre Turquoise sur une carte du début du XXe siècle).

Toponymie

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L'origine du nom de Turquoise ou Turquaise est inconnue[2], mais ce dernier terme peut faire référence aux Turcs, assimilés ici aux païens et infidèles, une association parfois effectuée pour les sites antiques[3].

Historique

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En 1755, le site aurait été vidé et aménagé en chenil pour abriter les chiens de chasse du prince de Conti[4]. Lors des travaux de restauration menés à la fin des années 1980, il sera constaté que « le monument a été totalement vidé et même surcreusé »[5], probablement à cette période[5]. Il servit ensuite de cabane pour les bûcherons. En 1842, menacé d'être débité en pavés pour aménager les rues de Paris, l'édifice échappe à la destruction grâce à l'intervention du préhistorien Alexandre Hahn[4]. Ce dernier en donne une description en 1864, accompagnée d'un plan dressé par M. Mangeant[4], plan erroné qui sera repris et publié par P. de Mortillet en 1911 avant d'être rectifié par Adrien de Mortillet[6]. En 1878, le curé de L'Isle-Adam, Jean-Baptiste Grimot, publie une notice à son sujet[7]. À la fin du XIXe siècle, le monument connaît déjà une certaine célébrité et fait l'objet de nombreuses visites et publications[4].

Sa protection au titre des monuments historiques est décidée en 1874, confirmée en 1887 et 1900[8]. Vers la fin de 1922, une partie de la table de couverture et le linteau de l'entrée s'effondrent[6]. E. Giraud en entreprend une première restauration en 1930, restauration insuffisante puisqu'un nouvel effondrement se produisit. C'est à l'occasion de la deuxième restauration qui n'intervient qu'en 1969 que les sculptures du linteau sont découvertes[6].

Dans la nuit du 14 au , le site est victime d'un attentat à l'explosif jamais revendiqué, qui l'endommage fortement, pulvérisant le linteau et soulevant plusieurs tables de couverture qui en retombant ont endommagé les orthostates[5]. L'édifice bénéficie par la suite d'une campagne de restauration dirigée par les Monuments Historiques[5]. Pour des raisons de sécurité, l'intérieur de l'allée couverte a été remblayé[1].

Architecture

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L'allée couverte mesure plus de 12 m de long pour environ 2,50 m de large en moyenne[5] pour une hauteur de 2,20 m[9]. La chambre mesure 10,60 m de long sur 2,45 m de largeur et 1,90 m de hauteur. Elle est délimitée par une dalle de chevet et quatre orthostates sur chaque côté. L'ensemble est recouvert de 4 tables de couverture, dont une est fendue en trois parties[4].

Dalle Longueur Largeur Épaisseur Poids estimé
Table no 1 2,30 m 3,50 m 0,40 m t
Table no 2 3,20 m 3,70 m 0,60 m 17,75 t
Table no 3 2,90 m 3,80 m 0,60 m 16,5 t
Table no 4 2,20 m 3,60 m 0,75 m 14 t
Données : Inventaire des mégalithes de France[4]
 
Vue des tables de couverture

L'antichambre mesure 2,42 m de long pour une largeur comprise entre 2,13 m et 2,65 m[4], ce qui en fait la plus grande de la région parisienne[5]. Elle est délimitée par une dalle côté nord et deux dalles côté sud. En 1842, l'antichambre était encore recouverte d'une table (1,50 m à 2 m de longueur, 4 m de largeur, environ 9,5 t) disposée transversalement, fendue en trois parties inégales qui se sont effondrées par la suite.

L'entrée est un trilithe constitué de deux piliers plus larges (1,05 m) que hauts (0,80 m) surmontés d'un linteau (1,05 m de large) laissant une ouverture de 0,62 m de largeur sur 0,80 m de hauteur[4].

Toutes les dalles sont en grès de Fontainebleau dont plusieurs affleurements sont visibles sur le coteau. Aucune trace d'un éventuel tumulus n'est visible mais son existence est probable puisque l'édifice n'est pas complètement enterré[4].

Sculptures

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Bas-relief du pilier gauche.

Les deux piliers du trilithe d'entrée sont ornés de bas-reliefs. Le mieux conservé est situé sur le pilier gauche (au nord) à 13 cm du bord supérieur. « Ce bas-relief est composé d'un U en double trait, haut de 130 mm et large 180 mm sous lequel se détachent deux calottes sphériques, d'un diamètre de 55 mm alignées horizontalement »[6]. Ces sculptures sont généralement interprétées comme un collier à double rang surmontant une paire de seins, figuration schématique de la déesse des morts[6].

La sculpture du pilier droit est très endommagée. « On y reconnait, à 350 mm du bord supérieur, deux seins de dimensions à peu près identiques à ceux du pilier gauche »[6]. L'état de la sculpture ne permet pas une identification certaine[6]. Ce trilithe fut gravement endommagé lors de l'explosion de 1985 « mais les figures sculptées sur les piliers n'ont pas été touchées »[5].

Ossements et mobilier funéraire

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Le seul mobilier funéraire connu provient de l'extérieur du monument, il a été retrouvé lors de nettoyages du site effectués par E. Giraud et G. Vacher entre 1925 et 1939. L'outillage découvert comprend quatre haches polies entières et une cinquième brisée aux deux extrémités, un affutoir en grès, divers grattoirs, un perçoir, une armature de flèche, un nucléus et deux lames en silex. Les éléments de parure retrouvés se composent d'une pendeloque en schiste, d'une dent de cheval percée et d'une perle en cuivre rouge[10].

Voir aussi

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Bibliographie

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Eric Besnard, « La Pierre Turquoise », Bulletin de la Société pour la protection des paysages de France,‎ , p. 6-8 (lire en ligne, consulté le ).
  • Philippe Soulier, « Restauration et sondages à l'allée couverte de La Pierre-Turquaise, Saint-Martin-du-Tertre (Val-d'Oise) », Bulletin de la Société préhistorique française, nos 85-9,‎ , p. 263-266 (lire en ligne)  
  • Michel Brézillon et Jacques Tarrête, « Deux sculptures inédites de l'allée couverte de La Pierre-Turquaise à Saint-Martin-du-Tertre (Val-d'Oise) », Gallia Préhistoire, nos 14-2,‎ , p. 263-266 (lire en ligne)  
  • John Peek, Inventaire des mégalithes de France, vol. 4 : Région parisienne, Paris, CNRS, , 408 p. (ISBN 2-222-01772-6), p. 168-172.  
  • Hervé Guy et Philippe Soulier, Dolmens et menhirs du Val-d'Oise, Saint-Ouen-l'Aumône, Service d'archéologie du Val-d'Oise, , 48 p., rapport illustré
  • Paul de Mortillet, « Les allées couvertes de Seine-et-Oise », L'Homme préhistorique, no 3,‎ , p. 65-86
  • Claude Masset et Philippe Soulier, Allées sans retour : allées couvertes et autres monuments funéraires dans la France du Nord-Ouest, Musée archéologique du Val-d'Oise, Éditions Errance, , 263 p., illustré

Notes et références

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  1. a et b Masset et Soulier 1995.
  2. Eric Besnard, « La Pierre Turquoise », Bulletin de la Société pour la protection des paysages de France,‎ , p. 6-8 (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Pierre Turquaise », Topic Topos.
  4. a b c d e f g h et i Peek 1975.
  5. a b c d e f et g Soulier 1988
  6. a b c d e f et g Brézillon et Tarrête 1971.
  7. Jean-Baptiste Grimot, Notice sur le monument de la forêt de l'Isle-Adam dit la Pierre-Turquaise, Paris, , 8 p..
  8. « Dolmen dit Pierre Turquaise », notice no PA00080198, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  9. Frédéric Lontcho, Dolmens et menhirs de France, Lacapelle-Marival, Editions Archéologie Nouvelle, coll. « Archéologie Vivante », , 216 p. (ISBN 979-10-91458-09-2), p. 123.
  10. E. Giraud et G. Vacher, « Séance du 27 mai 1954 », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 51, nos 5-6,‎ , p. 198-200 (lire en ligne).