Patrick Gateau

criminel français

Patrick Gateau
Tueur
Information
Nom de naissance Patrick Gateau
Naissance (67 ans)
Lyon (Rhône)
Surnom Le tueur des forêts
Condamnation
Sentence Réclusion criminelle à perpétuité (deux fois)
Actions criminelles Meurtres
Affaires Affaire Gateau-Mathey
Affaire Jeanine Brandlé
Victimes 2-3+
Période -
Pays Drapeau de la France France
Régions Auvergne-Rhône-Alpes,Ile-de-France
Ville Sainte-Foy-lès-Lyon, Reuil-en-Brie
Arrestation

Patrick Gateau, né le à Lyon, est un criminel multirécidiviste français, ayant entraîné un débat politique en 2005, à la suite de « l'Affaire Gateau-Mathey »[1].

Délinquant à partir de 1975, Gateau effectue son premier séjour en détention, à l’age de 18 ans, et commet son premier crime, en , en violant son ancienne petite-amie[2]. Condamné, en , à 5 ans de réclusion criminelle, il sera libéré en , mais réintégrera la prison et fera l’objet de plusieurs condamnations jusqu’en 1987[3],[4].

Incarcéré en , dans le cadre d’une affaire de harcèlement et de menaces de mort, Gateau est identifié, avec son complice, comme auteur d’un assassinat commis le . Ils sont inculpés en et seront condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, en [1].

Placé en semi-liberté, en , puis libéré, le , Gateau fait la connaissance de Serge Mathey, en 2005, avec qui il rechute[5].

Le , Gateau et Mathey tuent une femme, également dans le but de lui voler sa voiture ainsi que ses économies. À la découverte du corps, huit jours plus tard, Mathey se dénoncera et dénoncera Gateau comme étant l’instigateur[1]. Mis en examen le , Gateau et Mathey sont incarcérés[6]. En , Mathey sera condamné à 30 ans de réclusion criminelle, tandis que Gateau sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans[7].

Bien que Gateau soit auteur de deux assassinats, en 1984 et 2005, les enquêteurs le soupçonnent d’un troisième meurtre, commis en , dans des conditions similaires ; laissant penser qu’il puisse être un tueur en série[8],[9].

Le cas de Gateau a été un fait rarissime, car celui-ci provoqué un débat sur la récidive à la vue du ministre de l'intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, du fait qu'il avait déjà été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour un assassinat commis 21 ans plus tôt[10]. La Loi relative au traitement de la récidive des infractions pénales sera mise en vigueur, le , ainsi que la rétention de sûreté, le [11],[12].

Biographie modifier

Patrick Gateau naît le à Lyon. Il est l’aîné d’une fratrie de trois enfants. Sa mère est ménagère et son père aide-chauffeur et alcoolique[1]. Le jeune Patrick est décrit comme étant un « élève médiocre » durant sa scolarité, mais sans histoire apparente[3].

En 1965, les parent de Gateau se séparent, alors qu’il n’est âgé que de 8 ans. Patrick est alors envoyé chez sa grand-mère, à Fontaine-Saint-Martin[3].

En 1971, à l’âge de 14 ans, Gateau abandonne sa scolarité. Il est alors décrit par ses parents comme étant un « fainéant »[1].

Il est arrêté pour la première fois, en 1975, à l'âge de 18 ans, pour vol, coups et blessures volontaires et violation de domicile[3]. Il est inculpé pour ces faits, mais laissé en liberté sous contrôle judiciaire.

Le , Gateau est condamné par le Tribunal correctionnel de Lyon, à un an de prison, dont quatre mois de sursis avec mise à l'épreuve. Il est placé en détention, avant d'être rapidement libéré[4].

Gateau entretient, en 1976, une relation avec une jeune fille de 16 ans. Celle-ci rompt quelques mois plus tard, lorsque Gateau est arrêté pour des faits de vol et de violences. Il reste cependant en liberté en l’attente de sa comparution. Ne pouvant supporter que sa petite-amie le quitte, Gateau jure de se venger[2].

Affaire de viol, incarcération et autres condamnations modifier

Le , Gateau, 20 ans, se rend avec deux complices au domicile de son ancienne petite-amie, sous le prétexte de faire un tour en voiture. Tous trois l'embarquent et la conduisent dans un endroit isolé et la violent. Après avoir relâché la victime, Gateau et ses complices quittent les lieux en l’abandonnant sur place. La jeune fille dépose plainte contre leurs agresseurs, en livrent leurs noms[2].

Gateau et ses complices sont rapidement arrêtés. Tous trois sont inculpés de viol sur mineure et placés en détention provisoire[2].

Le , Gateau est condamné par le Tribunal correctionnel d'Annecy à un an pour vol, coups et blessures volontaires. Quelques mois plus tard, , Gateau est de nouveau condamné par le Tribunal correctionnel de Lyon à 13 mois de prison ferme pour vol[4].

Le , Gateau comparaît devant la Cour d'assises du Rhône, en compagnie de ses complices, pour le viol de son ancienne petite-amie. La défense est rapidement avantagée quant à la peine maximale encourue, le viol étant encore un délit au moment des faits[4]. La Cour en tient compte et condamne Gateau à 5 ans de réclusion criminelle[3].

Libération, réincarcération et rencontre avec Christian Gay modifier

Gateau est libéré en , après plus de quatre ans de détention[3]. Il est alors âgé de 24 ans.

Il ne reste cependant pas tranquille et est arrêté, en 1982, pour cambriolage et vol avec violence. Il est inculpé pour ces faits et placé, mais laissé en liberté sous contrôles judiciaires[4].

Le , Gateau est condamné à 2 ans et demi de prison ferme. Il est placé en détention pour y purger sa peine[4].

Il est libéré en 1984, à l’âge de 27 ans. Au cours de cette période, Gateau rencontre Christian Gay, délinquant de 22 ans, avec qui il se lie d’une complicité dans le cadre de méfaits. Vivant de petits délits, Gay est un jeune homme facilement influençable et a pour relation une femme de 49 ans, Jeanine Brandlé, avec qui les relations se révèlent relativement instables[1],[3].

Assassinat de Jeanine Brandlé modifier

Le , Jeanine Brandlé, 49 ans, rentre chez elle après avoir vendu sa maison de campagne, près de Sainte-Foy-lès-Lyon. Accompagnée de son fils, elle décide de retourner dans sa voiture afin de la garer correctement. Lorsque celle-ci s'y rend, Gateau et Gay l'abordent et l’embarquent dans la voiture de Gay. Les deux hommes roulent plusieurs kilomètres afin de l'éloigner de tout regard et l’emmènent dans un bois près de la décharge de Sainte-Foy-lès-Lyon. Gateau et Gay attachent leur victime à un arbre, avant de la tuer de deux balles de pistolet. À la suite de leur crime, Gateau et Gay dérobent la voiture de leur victime, avant de l’abandonner plus loin. Inquiet de la disparition soudaine de sa mère, le fils de Jeanine décide de prévenir les gendarmes pour signaler la disparition de sa mère. Celui-ci explique l’avoir accompagné à son domicile de Sainte-Foy-lès-Lyon, avant de rentrer à l’intérieur durant quelques minutes, puis de constater son absence injustifiée et soudaine[1].

Une information judiciaire est ouverte, le , pour « enlèvement et séquestration » et de premières recherches sont effectuées, mais celle-ci ne donnent rien[1].

Le corps de Jeanine Brandlé est découvert le , après huit jours de recherche, dans le bois de la décharge de Sainte-Foy-lès-Lyon. Une enquête pour assassinat est ouverte, mais ne débouche cependant sur aucune piste et demeure rapidement classée par une ordonnance de non-lieu, du fait qu’aucun indice ne soit retrouvé sur place[1],[3].

Autres incarcérations modifier

En , Gateau tente de tirer une balle de pistolet sur Gay. Celui-ci dépose plainte contre Gateau, qui est brièvement incarcéré pour coups et blessures, avant d’être libéré quelques mois plus tard. À la suite de cette histoire, Gateau et Gay se perdront de vue quelque temps durant[1].

Au début de 1985, Gateau est de nouveau arrêté pour des faits de vol à l'étalage ainsi que recel. Il est inculpé pour ces faits, mais laissé en liberté sous contrôles judiciaires. À ce stade, aucun lien n’est établi avec l’assassinat de Jeanine Brandlé[4].

Le , Gateau est jugé par le Tribunal correctionnel de Lyon et condamné à 2 ans de prison ferme. Il est placé en détention pour y purger sa peine[4].

Le , Gateau est condamné pour le recel à un an de prison ferme (peine qui se confond avec les deux ans ; cette dernière étant inférieure, la peine de deux ans est donc la peine définitive dans ces deux affaires confondues)[4].

Libéré en 1986, Gateau est de nouveau arrêté pour vol avec effraction. Inculpé pour ces faits, il reste cependant en liberté sous contrôles judiciaires.

Gateau comparaît, le , devant le tribunel correctionnel de Vienne, et écope de deux ans de prison ferme pour vol avec effraction, commis en état de récidive[4].

Evasion, affaire de harcèlement et lien avec l’affaire Brandlé modifier

Le , alors qu’il purge sa peine, Gateau parvient à s'évader de prison. Il part alors en cavale et renoue avec Christian Gay[2].

En , Gateau et Gay repèrent une femme et se mettent à la harceler en racontant avoir « liquidé une femme », quelques années auparavant, avant de s'en débarrasser dans une décharge. La victime se rend à la sûreté urbaine de Lyon, en faisant part des menaces de ses harceleurs, et révèle le nom des deux hommes : Patrick Gateau, 30 ans, et Christian Gay, 25 ans[2].

Gateau et Gay sont arrêtés, en , dans le cadre de l’affaire de harcèlement. Gay est inculpé pour les faits de harcèlement et de menaces de mort, puis laissé en liberté sous contrôles judiciaires[4]. De son côté, Gateau est poursuivi pour évasion, harcèlement et menaces de mort et placé en détention provisoire à la Prison de Moulins[3].

À ce stade dans l'affaire Brandlé, le juge, Philippe Courroye, rouvre le dossier du meurtre non-résolu en s’appuyant sur le témoignage de la femme des l’affaire de harcèlement. Il s'intéresse de très près à Gateau, déjà condamné pour vol et violences sexuelles, et qui, à la suite de son évasion, semble avoir pour objectif se « venger de la société qui le décrit comme dangereux »; ce qui fait de lui un suspect sérieux dans l'affaire Brandlé, bien qu'il ne soit pas fiché comme étant un meurtrier. Les soupçons se tournent également vers Gay, du fait que Gateau l'ai côtoyé de manière régulière au moment des faits[1].

Mise en cause dans l’affaire Brandlé modifier

Gateau et Gay sont placés en garde à vue, en , pour l’assassinat de Jeanine Brandlé. Lors de son audition Gateau affirme avoir voulu dérober une voiture mais réfute toute accusation contre lui et affirme être resté dans la voiture de Gay au moment du crime, en déclarant que celui-ci est l’auteur des coups de feu sur Mme Brandlé afin qu’elle ne dénonce aucun des deux auteurs. Gateau reste sur cette version des faits durant toute l’instruction. Gay est inculpé d’assassinat et placé en détention provisoire. Gateau est également inculpé d’assassinat et regagne la Prison de Moulins, dans laquelle il est incarcéré depuis quatre mois[3].

À la fin de 1987, Gateau et Gay comparaissent devant le tribunal correctionnel pour harcèlement et menaces de mort. En outre de cela, Gateau est également jugé pour son évasion. Tous deux sont reconnus coupables et condamnés à de la prison ferme[13].

Gateau et Gay sont examinés par plusieurs psychiatres, au cours de leur détention. Il en ressort que Gateau possède de grandes tendances manipulatrices à l’égard de personnes influençables. Gay, quant à lui, est décrit comme pouvant être facilement sous emprise et influence. Dans le cadre de l’assassinat de Jeanine Brandlé, il en résulte que Gateau a influencé Gay afin de de lui rejeter la responsabilité du crime et s’y exonérer[1].

Au bout de trois ans d’instruction, Gateau et Gay sont renvoyés devant la Cour d’assises du Rhône pour enlèvement suivi d’assassinat[1].

Jugement dans l’affaire Brandlé modifier

Le , débute le procès de Gateau et Gay, devant la Cour d’assises du Rhône[1].

Gateau maintient ne pas avoir tiré les coups de feu sur Mme Brandlé et continue d’accuser Gay d’avoir ligoté et tué la jeune femme pendant qu’il étais dans sa voiture à l’attendre. Gay, quant-à-lui, affirme que les coups de feu ont été tirés par Gateau afin que la victime ne les dénoncent pas. Le procès statut donc entre deux plaidoiries différentes : le crime passionnel ou l’assassinat du témoin gênant. Gay, quant à lui, reconnaît avoir donné l’un des deux coups de feu, mais affirme avoir agi sous la pression de Gateau[1].

Lors des réquisitions, Me Jean-Olivier Viout, l’avocat général, requiert une peine de réclusion criminelle à perpétuité pour les deux accusés en s’adressant à publiquement à Patrick Gateau : « Monsieur Gateau, vous aviez 27 ans au moment des faits, vous en avez 33 aujourd’hui, je veux croire encore en l’homme que vous êtes car vous avez encore la possibilité de faire outre qu’un fantôme aux mains vides. Et, dans ma volonté, je ne réclame pas de peine de sûreté particulière ». Le verdict est conforme aux réquisitions de Me Viout, qui laisse une chance aux accusés — notamment à Patrick Gateau — de se réinsérer dans la société[1].

Le , Gateau et Gay sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 15 ans[1],[5].

Détention à Ensisheim et mariage modifier

Incarcéré à la Prison de Moulins, Gateau est transféré en , à la Maison centrale d'Ensisheim où il part poursuivre sa peine. Gateau passe un CAP de cuisine puis travaille comme cuisinier au sein de prison, où il prépare le repas d’environ 200 détenus. Gateau est décrit comme étant « travailleur » et n’hésite pas à venir en aide pour l’entretien de la prison, à la proposition des surveillants dont il se lie d’amitié avec certains[1].

Gay, quant à lui, ne se remettra jamais de son crime et se suicide en , après quatre ans et demi ans d’incarcération[2],[14].

À la Maison centrale d'Ensisheim, Gateau se passionne également par le dessin et vend plusieurs de ses tableaux à des surveillants. Il rencontre Annick A., une femme de vingt ans son aîné, lors d’un reportage sur la prison et tous deux tombent amoureux. Gateau est extrêmement soutenu par sa compagne, qui croit également en sa réinsertion, et le couple annonce à la Centrale Ensisheim le projet de se marier[1].

Patrick et Annick se marient en , au sein de la Maison centrale d'Ensisheim[15]. Gateau est alors âgé de 41 ans et purge sa peine depuis près de 11 ans ; un peu plus de quatre ans avant d’être éligible à une libération conditionnelle[1].

Le , Gateau dépose une première demande de remise en liberté, dans laquelle il reste sur sa version du meurtre, en insistant quant à sa promesse d’embauche au sein d’une pizzeria. Cette demande, jugée prématurée, est refusée quelques mois plus tard[1].

En , une nouvelle demande est déposée, dans laquelle est réitérée sa promesse d’emploi. Cette demande, assortie d’un régime de semi-liberté, lui est accordée par le juge d’application des peines, en , estimant Gateau apte à une réinsertion[1].

Libération et rencontre avec Serge Mathey modifier

À partir du , Gateau quitte temporairement la Maison centrale d'Ensisheim, dans le cadre de son régime de semi-liberté. Cinq mois durant, il travaille en pizzeria la journée et regagne la Maison centrale d'Ensisheim le soir[1],[5].

Il retrouve pleinement la liberté, le , en faveur d’une libération conditionnelle, et s’installe avec son épouse à Mulhouse[1],[5].

Gateau est décrit comme un mari modèle et un travailleur exemplaire. Il a gardé contact avec ses anciennes connaissances de prison. Son employeur lui octroie même l’autorisation de surveiller la pizzeria de nuit. En outre de cela, Gateau continue sa thérapie, comme sa liberté le prévoit, et est décrit comme « symbole de réinsertion »[5]. Il est cependant marqué par ses 16 années de détention et craint d’être reconnu par des passants pour le meurtre de Jeanine Blandlé[1].

En , Gateau et Annick déménagent à Rebais, pour se rapprocher du fils d’Annick. Il est apprécié dans ce petit village, dans lequel il expose des aquarelles au sein d’une agence immobilière[13]. Gateau travaille durant quelques mois dans une ferme, avant de se retrouver au chômage. Ne parvenant plus à retrouver un emploi, Gateau se rend à la Mairie de Rebais, qui lui procure des petits travaux d’entretien de jardin[1].

En vue de ses difficultés professionnelles et financières, le comportement de Gateau varie rapidement : il commence à se bagarrer avec son beau-fils, il conduit sans permis de conduire et détient des armes de manière illégale[1].

En , Gateau rencontre le voisin du fils d’Annick, Serge Mathey, avec qui il se lie d’amitié. Mathey est âgé de 25 ans, tandis que Gateau a 48 ans. De la même manière que Christian Gay, Mathey est un jeune homme vivant de petits délits et facilement influençable. Après leur rencontre, Gateau et Mathey tentent de commettre divers cambriolages afin de rembourser les dettes de Mathey, mais sont systématiquement mis en fuite[16].

Assassinat de Nelly Crémel modifier

Le , Gateau et Mathey saisissent plusieurs armes à feu volées par Gateau et chargent le coffre de la voiture de celui-ci. Ils roulent plusieurs heures durant, dans le but de cambrioler une autre maison. Ils s’arrêtent près d’une maison isolée, située à 25 kilomètres au Tillet, mais renoncent à la cambrioler en raison de la présence d’un molosse. Aux alentours de 10h, Gateau et Mathey croise Nelly Crémel, une femme de 39 ans, effectuant son jogging matinal près de Reuil-en-Brie. Gateau gare sa voiture dans un coin caché par les arbres et fait descendre Mathey afin d’attendre la joggeuse pour lui dérober son sac banane. Mathey la saisie à son arrivée, lui bloque la bouche et l’embarque dans la voiture de Gateau. S’apercevant que Nelly ne possède pas d’argent sur elle, Gateau et Mathey lui ordonne de donner son adresse afin de la cambrioler, mais, arrivés sur place, les deux hommes réalisent qu’ils seront dans l’impossibilité de commettre leur méfait en toute discrétion. Ils décident alors de partir et s’arrêtent dans un bois près de Reuil-en-Brie. Gateau tend l’arme à Mathey, en lui ordonnant de tuer Nelly, mais celui-ci tremble et refuse de s’exécuter. Agacé par l’inertie de son complice, Gateau menace celui-ci avec son pistolet. Mathey tire alors deux coups de feu, la blesse grièvement à l’aide d’un rondin et se jettent sur elle avec Gateau, qui la frappe à l’aide de sa crosse de fusil. À la suite de cela, les deux hommes repartent. Toujours vivante lorsque partent ses assaillants, Nelly décède de ses blessures à la suite de l’agression[1],[5],[6],[17],[18].

Au cours de la soirée, le mari de Nelly s’inquiète de son absence et signale sa disparition au commissariat. Une enquête est alors ouverte et des battues sont organisées, mais n’aboutissent pas durant plusieurs jours[19].

Le corps est retrouvé le , dans le bois à proximité de Reuil-en-Brie. L’autopsie révèle que la victime a reçu deux balles de fusil ainsi que de nombreuses plaies à la tête, liée à un acharnement. Seule l’alliance permet d’identifier la victime sur place, le corps de Nelly étant en trop mauvais état[13].

Le , après avoir appris la découverte du corps de Nelly, Mathey se confie à ses proches et leur avoue, avec remords, être à l’origine de l’assassinat. Il part alors dénoncer ses agissements à la gendarmerie ainsi que ceux de Gateau. Mathey est placé en garde à vue et reconnaît tué Nelly sous la menace de Gateau[1],[17],[18].

Arrestation, incarcération et débats sur la récidive modifier

Gateau est arrêté, le , et placé en garde à vue. À la différence de Mathey, Gateau nie, dans un premier temps, avoir participé de meurtre. Il est alors confronté aux expertises balistiques, désignant son arme comme étant celle du crime, ainsi qu’aux aveux circonstanciés de Mathey quant à leur participation. Après avoir contesté, Gateau finit par reconnaître avoir participé au meurtre, mais nie en être l’auteur, en désignant Mathey comme commanditaire[3],[18].

Le , Mathey, 25 ans, est mis en examen pour assassinat, tandis que Gateau, 48 ans, est mis en examen pour assassinat commis en état de récidive. Ils sont déferrés devant le juge d’instruction et placés en détention provisoire[3],[6],[18].

L’arrestation de Gateau fait grand bruit dans la France, du fait qu’il s’agisse d’un tueur récidiviste déjà condamné à la réclusion criminelle à perpétuité quinze années plus tôt. Le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, prend la parole, au sein de l’Assemblée générale, pour présenter sa révolte à la libération de criminels dangereux, allant jusqu’à accuser les juges ayant libéré Gateau en 2003[10],[20].

Dans les semaines suivant son incarcération, Gateau est soupçonné de l’assassinat de Christiane Commeau, commis dans des circonstances similaires. Disparue le à Chassieu, elle a été retrouvée morte, le , dans un bois de Niévroz, de deux balles 22 Long Rifle. En outre de cela, Gateau vivait à proximité des lieux au moment des faits. Les enquêteurs, convaincus d’avoir affaire à un tueur en série, sont cependant dans l’impossibilité de prouver une éventuelle culpabilité de Gateau, celui-ci étant peu bavard et l’arme du crime n’étant pas retrouvée[8],[9].

En détention, Gateau et Mathey sont examinés par des experts psychiatres. Ceux-ci confirment l’engrenage manipulateur de Gateau, quant à ses complices, ainsi que sa capacité à lui faire endosser toute la responsabilité du crime. Mathey, quant à lui, est décrit comme réservé et discret, avec une personnalité facilement manipulable, pouvant aller jusqu’à commettre des faits graves si l’on exerce pression sur lui[1],[20],[21].

La reconstitution du crime se déroule les 3 et , dans la commune et le bois à proximité de Reuil-en-Brie, où Nelly Crémel a été enlevée est assassinée. Celle-ci permet de corroborer la version de Mathey, affirmant que Gateau a contraint la victime à monter dans la voiture, sous la menace de l'arme, avant que les deux hommes ne s’arrêtent dans un bois et que Gateau contraigne Mathey à tuer, en le menaçant de son pistolet[6],[21].

Le , Gateau et Mathey sont renvoyés devant la Cour d’assises de Melun pour enlèvement, séquestration et assassinat, avec pour circonstance aggravante l’état de récidive concernant Gateau. Seul Gateau fait appel de cette décision, estimant que la pression médiatique de Nicolas Sarkozy le juge de manière disproportionnée. La chambre d’instruction de Paris confirme ce renvoi, le , pour ces mêmes faits[22]. Cette décision est confirmée par la Cour de cassation, le [23].

Jugement dans l’affaire Crémel modifier

Le , débute le procès de Gateau et Mathey, devant la Cour d’assises de Melun. Gateau est alors âgé de 51 ans, tandis que Mathey a 28 ans[24].

Mathey reconnaît avoir tiré les deux coups de feu sur Nelly Crémel, mais affirme avoir agi sous la pression de Gateau, comme l’avait déclaré Christian Gay 18 années auparavant. Gateau, quant à lui, reconnaît sa présence sur les lieux, mais désigne Mathey comme étant le seul le commanditaire du crime et le seul auteur des coups de feu[20]. Me Catherine Bahuchet, l’avocate de la famille Crémel, s’adresse à Gateau en lui demandant ce qui adviendrait si une troisième affaire similaire venait à arriver. L’accusé répond alors qu’il pourrait se dérouler la même chose, s’il ignore comment améliorer la situation[1].

Appelée à la barre, la famille de Nelly Crémel s’adresse à Gateau, en lui disant : « Vous n’êtes pas un monstre, c’est votre acte qui est monstrueux ». Ils affirment ne pas avoir de haine envers Gateau ni Mathey et éprouvent une légère compassion à leur égard. Surpris par le témoignage, Gateau baisse la tête et verse une larme, en éprouvant un regret quant au crime qu’il a commandité[1].

L’avocate générale requiert, le , une peine de réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre des deux accusés, en assortissant une période de sûreté de 22 ans contre Gateau. Me Edouard Martial, l’avocat de Gateau, plaide l’humanité de son client, en mettant en valeur une jeunesse détruite par la violence dans laquelle il a trouvé refuge. De son côté, Me Thierry Lévy, l’avocat de Mathey, insiste quant aux remords de son clients, de par les trois tentatives de suicide qu’il a effectuées en détention, affirmant sa hantise qu’il ne peut oublier quant à son crime[1],[25],[26].

Le , Gateau est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans, conformément aux réquisitions. Mathey, quant à lui, est condamné à 30 ans de réclusion criminelle, assortis d’une période de sûreté de 16 ans[27],[28],[7],[29],[30].

Vie en prison modifier

En détention, Gateau est toujours marié à Annick, qui lui a pardonné l’assassinat de Nelly Crémel, estimant ses deux années passées avec lui comme étant les meilleures de sa vie[1].

Mathey est éligible à une libération conditionnelle à compter du , mais nul ne sait à ce jour s’il a été libéré depuis.

Gateau, quant à lui, pourra bénéficier d’une libération à compter du , à l’âge de 70 ans[1]. Il reste cependant incarcéré, sa période de sûreté n’étant pas terminée à cette date.

Similitudes avec une autre affaire modifier

Assassinat de Christiane Commeau modifier

Le , Christiane Commeau, 55 ans, disparaît à proximité de son domicile de Chassieu, après être rentrée du supermarché. L’un de ses salariés, inquiet de constater son absence, décide de se rendre à son appartement. En se rendant sur les lieux, il s’aperçoit que les sacs de courses de Christiane sont restés dans l’entrée, alors que celle-ci reste introuvable. En outre de cela, la Twingo de Christiane est garée à sa place, sans que la porte ne soit fermée à clé, allant à l’encontre des habitudes de la disparue. Une information judiciaire pour « enlèvement et séquestration » est ouverte et des recherches sont effectuées[31],[32].

Le corps est découvert le , par un bûcheron de un bois de Niévroz, située à une vingtaine de kilomètres, entre le Canal de Miribel et la station d’épuration. L’autopsie réalisée révèle que Christiane a été battue et tuée de deux balles de carabine 22 Long Rifle dans la tête. Il est, en revanche, impossible de déterminer la présence d'un viol, le corps étant en trop mauvais état[31],[32].

En 2009, l'enquête est transférée à la Section de recherche de Lyon, dans le but d'effectuer de nouvelle recherches. Sans aboutir à une quelconque avancée, le juge d’instruction prononce un non-lieu, en 2015[31],[32].

L’enquête est rouverte en , après sept ans d'inaction judiciaire[33]. Le récent Pôle judiciaire dédié au affaires criminelles non-résolues, créé quelques mois plus tôt, se saisit de l'enquête, en [34],[35],[36].

Un tueur en série ? modifier

L’arrestation de Gateau, en , et son placement en détention provisoire pour l’assassinat de Nelly Crémel, provoque de forts soupçons lui concernant. Les enquêteurs établissent que le crime présente de nombreuses similitudes avec les assassinats de Jeanine Brandlé et Nelly Crémel, commis par Gateau[8],[9].

  • La victime est enlevée dans un endroit isolé.
  • Le corps est retrouvé dans un bois.
  • La victime est abattue de deux balles.
  • La victime a été rouée de coups à la tête.

Il est également relevé que Gateau commet ses assassinats en compagnie d’un complice. Dans l’affaire Commeau, Mathey est mis hors de cause, du fait qu’il ne connaissait pas Gateau au moment des faits. En outre de cela, l’arme du crime ne correspond pas à celles retrouvées chez Gateau et Mathey, ne permettant pas assez d’éléments à charge pour mettre Gateau en examen, bien que les enquêteurs n’écartent pas la thèse qu’il ait pu commettre ce crime en compagnie d’un autre complice[31].

Polémique autour de la récidive modifier

Le , Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, prend la parole à l’Assemblée générale, dans le cadre de l’affaire Crémel, en désignant une faute de la justice d’avoir remis Gateau en liberté conditionnelle, en 2003, alors qu’il avait été condamné à réclusion criminelle à perpétuité[10]. Il pointe alors du doigt le juge d’application des peines ayant permis la libération de Gateau, Alain Hahn, également critiqué pour avoir libéré Pierre Bodein en [37].

« Le juge doit payer pour sa faute »

— Nicolas Sarkozy

A la suite de cela, une Loi relative au traitement de la récidive des infractions pénales sera mise en vigueur, le , consistant à renforcer les restrictions quant à la libération de criminels jugés dangereux[11].

Élu Président de la République française, en , Sarkozy instaurera une loi de rétention de sûreté, le , contribuant au placement dans un centre socio-médico-judiciaire de sûreté des prisonniers ayant exécuté leur peine, mais présentant un risque très élevé de récidive[12].

Références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah et ai « Faites entrer l'accusé : Patrick Gateau, le procès de la récidive », sur Avoir Alire - aVoir-aLire.com (consulté le )
  2. a b c d e f et g « Fatale rencontre », sur L'Express, (consulté le )
  3. a b c d e f g h i j k et l « Patrick Gateau, détenu modèle et multirécidiviste », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e f g h i j et k « Trente ans de dérive », sur L'Express, (consulté le )
  5. a b c d e et f Par Guénaèle Calant Le 9 juin 2008 à 00h00, « Patrick Gateau déjà condamné à la perpétuité ! », sur leparisien.fr, (consulté le )
  6. a b c et d Par Julie Cloris Le 3 mai 2006 à 00h00, « Le village revit le meurtre de Nelly Crémel », sur leparisien.fr, (consulté le )
  7. a et b « Procès Crémel: Patrick Gateau condamné à la perpétuité, Serge Mathey à 30 ans de réclusion », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
  8. a b et c « De nouveaux soupçons pèsent sur Patrick Gateau, déjà suspecté dans le meurtre de Nelly Crémel », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
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