Musée de l'École de Nancy

musée français
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Le musée de l'École de Nancy est un musée situé à Nancy et consacré au courant artistique de l'Art nouveau nancéien connu sous le nom d'École de Nancy. Aménagé dans l'ancienne propriété d'Eugène Corbin, grand mécène du mouvement, il a été officiellement ouvert au public, sous sa forme actuelle en 1964. Dans le jardin du musée se trouve un aquarium, classé monument historique, une porte réalisée pour les usines d'Émile Gallé ainsi qu'un monument funéraire.

Musée de l'École de Nancy
Logo du Musée de l'École de Nancy
La maison d'Eugène Corbin, aujourd'hui musée de l'école de Nancy.
Informations générales
Type
Ouverture
Visiteurs par an
52 000, moyenne entre 2006 et 2010
Site web
Bâtiment
Protection
Logo monument historique Classé MH (1998, Aquarium de jardin)
Localisation
Pays
France
Commune
Adresse
Coordonnées
Carte

Les collections exposées sont formées de salles aménagées dans le style Art nouveau (chambre, salle de bains, bureau, salle à manger), de vitrines, consacrées notamment aux œuvres d'Émile Gallé ou de la manufacture Daum, et de dessins d'Henri Bergé. Parmi les artistes exposés, on peut aussi citer Victor Prouvé, Eugène Vallin, Louis Majorelle et Jacques Gruber.

Historique

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À l'issue de l'Exposition d'art décoratif moderne lorrain, le Comité d'art décoratif lorrain fait l'acquisition de dix-sept pièces d'Émile Gallé, Victor Prouvé, Louis Hestaux et Camille Martin, afin de créer un musée[OC 1]. Le musée d'Art décoratif est ensuite créé, en 1900, par délibération du conseil municipal de Nancy et installé en 1901 dans une salle du musée de Peinture et de Sculpture, situé au rez-de-chaussée de l'hôtel de ville, et son premier gestionnaire est Jules Larcher[OC 2]. Trente-neuf verreries d'Émile Gallé, sélectionnées par l'artiste, sont à nouveau achetées en 1903, à la suite du vote de nouveaux fonds[OC 2]. Édouard Bour offre trois autres pièces la même année et, à la suite de son décès en 1907, le musée acquiert son premier meuble[OC 2]. En 1909, lors de l'Exposition internationale de l'Est de la France, le musée acquiert des pièces des industries d'art régionales (Baccarat, Keller et Guérin et cristallerie de Saint-Louis), par achat et don[OC 2].

Durant les années 1910 et 1920, la politique d'acquisition est hétéroclite — c'est-à-dire ne privilégiant pas forcément l'art décoratif moderne et de Lorraine — et est ralentie par la Première Guerre mondiale[OC 2]. La reprise a lieu en 1921, où des pièces Art déco, et non plus Art nouveau, rejoignent le musée (verreries Daum, vitrail de Jacques Gruber, céramiques des frères Mougin). En 1927, à la suite de la mort de Louis Majorelle, ses descendants offrent plusieurs de ses meubles au musée[OC 3].

En 1935, la collection École de Nancy d'Eugène Corbin, un des très grands mécènes du courant artistique, est donnée à la Ville de Nancy[OC 3]. Ses héritiers donnent aussi au musée, que ce soit Louis, son frère en 1935, ou l'épouse de Charles Masson et sœur d'Eugène Corbin, en 1938. Cette collection est installée aux Galeries Poirel[OC 3].

Le musée est installé dans une grosse maison bourgeoise construite à la fin du XIXe siècle et au début du XXe Cette demeure avait appartenu à Eugène Corbin, homme d'affaires fortuné et grand collectionneur. Les premières acquisitions sont présentées au public en 1901. Une aile latérale est construite en 1923. Les collections sont enrichies de manière significative en 1936 par la donation Corbin. Le musée ouvre le mais rencontre peu de succès, malgré la gratuité des visites certains jours et une campagne de communication au niveau local[OC 4].

En septembre 1939, de nombreuses pièces, dont la liste avait commencé à être établie dès 1936, sont éloignées de la frontière franco-allemande. Elles rejoignent les collections du musée des Beaux-Arts de Nancy, du musée lorrain, de la bibliothèque municipale de Nancy et des archives municipales de Nancy aux châteaux du Bouilh et La Brède. De 1945 à 1964, le musée n'est plus ouvert au public puisque la ville de Nancy souhaite que les Galeries Poirel servent à nouveau aux expositions temporaires[OC 5]. Pendant cette période, le musée continue à acquérir de nombreuses pièces : verreries et meubles d'Émile Gallé, œuvres d'Hector Guimard, et Louis Majorelle.

Le musée ouvre à nouveau en juin 1964 : la presse locale et les héritiers des artistes sont enthousiastes, mais la presse nationale est plus réservée envers le mouvement[OC 6].

En décembre 1988, la société nancéienne Pont-à-Mousson S.A. donne au titre du mécénat d'entreprise[1] 85 planches aquarellées et dessinées de Henri Bergé[2], dessinateur puis chef-décorateur à la verrerie Daum de 1895 à 1932[3], au musée de l'École de Nancy. Les planches proviennent du fonds de l'atelier de Henri Bergé[2].

Collections

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Les collections comprennent surtout de petites pièces de mobilier et quelques grands ensembles, ainsi que des objets d'art, souvent en verre ou en céramique, conçus par les plus grands représentants de l'École de Nancy. Le musée possède également un important fonds d'arts graphiques.

Mobilier

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Pour mieux restituer l'atmosphère de cette époque, les œuvres sont mises en situation.

Les créations d'Émile Gallé sont bien représentées avec, notamment la commode Les parfums d’autrefois, la table Le Rhin et le lit Aube et crépuscule.

Un piano à queue à décor de pommes de pin, avec une marqueterie dessinée par Victor Prouvé, atteste du talent de Louis Majorelle, de même qu'un buffet Algues et une Salle à manger-meuble-bibliothèque, datées de 1904-1905 et acquises respectivement en 1990 et 1996.

L'ensemble le plus spectaculaire est la Salle à manger Masson, réalisée en 1904 par Eugène Vallin, pour le beau-frère d’Eugène Corbin, Charles Masson. Victor Prouvé réalisa les panneaux de cuir ornant les murs, ainsi que les peintures du plafond sur le thème des cinq sens.

Verre et céramique

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Les vitrines présentent un ensemble de verreries, dont une belle série d'Émile Gallé : coupes, vases et luminaires.

Parmi les acquisitions relativement récentes figurent un Pot couvert tripode, aux couleurs très contrastées (1870-1880) ; un Pot à tabac décoré d'un Gobbo, réalisé à la faïencerie de Saint-Clément, vers 1875 ; un Vase craquelé, daté de 1880 environ, une première pour la technique de la craquelure chez l’artiste ; un Vase aux orchidées Cypripedium de 1882 — le Cypripedium est une plante que Gallé a longuement étudiée ; une Gourde La Reine Blanche, au décor inspiré du Moyen Âge (1882-1884) ; un vase d’inspiration japonaise, Tête de Shi-Shi (vers 1889) ; un Vase aux ancolies, réalisé à l’occasion des fiançailles d’Émile André en 1902 ; un vase Rose Wild ou Érable qui porte aussi la signature de sa collaboratrice, Rose Wild, et fut réalisé en 1903, soit peu avant la disparition des deux artistes.

Exécuté en 1899-1900 — en pleine affaire Dreyfus —, le vase Les Hommes noirs est aussi l'œuvre d'Émile Gallé, en collaboration avec l'artiste engagé, Victor Prouvé, pour la conception du décor et des personnages.

Daum est également présent, par exemple avec un vase tubulaire en verre soufflé à inclusions métalliques intercalaires, Libellules et calthas des marais, daté vers 1903-1904.

Vitraux

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Acquis en 1991, le vitrail Luffas et nymphéas provient de l'une des trois fenêtres de la salle à manger d'un immeuble construit par l'architecte nancéien Georges Biet, dans la rue de la Commanderie, et dont il réalisa d'ailleurs l'ensemble des vitraux. Cette œuvre, probablement réalisée vers 1907-1908, est en verre polychrome à couches multiples, gravées à l'acide fluorhydrique. Les luffas encadrent le haut de la fenêtre, alors que les nénuphars se développent dans la partie inférieure.

Transition entre l'extérieur et l'intérieur, l'exubérance végétale de la véranda, dite de la Salle, conçue par Jacques Gruber, introduit la nature dans la maison, mêlant fleurs, arbres, plantes aquatiques et oiseaux.

Arts graphiques

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Le fonds d'arts graphiques du musée de l'École de Nancy est composé d'un peu plus de 10 000 œuvres environ[4]. Il s'agit pour la plupart de modèles préparatoires aux œuvres de l'École de Nancy, de documents d'architecture, d'affiches et d'estampes. Les dessins du musée ne sont pas exposés en permanence pour des raisons de conservation mais sont tout de même régulièrement visibles lors d'expositions.

Les collections d'arts graphiques du musée sont constituées de fonds très riches, tels que celui de de l’atelier Gallé ou de Victor Prouvé (environ 2000 dessins), mais aussi d'ensembles moins importants, à l'instar des planches aquarellées et dessinées de Henri Bergé[5].

Ces planches, aujourd'hui désignées sous sous le terme d'Encyclopédie florale, représentent majoritairement des sujets de botanique dans l'esthétique de l'École de Nancy[3]. Ce fonds documentaire renseigne sur les différentes étapes de création d'œuvres fabriquées par la verrerie Daum. Les planches de Henri Bergé, chef-décorateur pour Daum, servaient en effet de modèles à reproduire par les ouvriers de la verrerie et de supports de références pour la création et la réalisation de poncifs et décors.

Réhabilité en 1999 par le paysagiste Philippe Raguin, le jardin restitue les ambiances végétales du début du XXe siècle et constitue une oasis de verdure dans un quartier par ailleurs urbanisé.

Autour des bassins peuplés de nénuphars, on observe lilas, pivoines, hortensias et anémones, plantes issues des hybridations tentées à la fin du XIXe siècle par les horticulteurs nancéiens, tels Félix Crousse ou Lemoine père et fils. La très urticante berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) est conviée pour ses qualités ornementales, mais cette plante, découverte en 1895, en plein mouvement Art nouveau, a également été très représentée comme élément décoratif dans le mobilier, les ferronneries et les papiers peints de cette période.

Le jardin et l'aquarium ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du [6].

La porte en chêne

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Une porte en chêne exécutée par l'ébéniste Eugène Vallin pour les ateliers d'Émile Gallé, en 1897, a été installée dans le jardin du musée dès 1964. Restaurée en 1999, elle a été remontée dans l'alignement d'un nouveau treillage prolongeant l'aile latérale du musée.

La devise de Gallé, « Ma racine est au fond des bois », y est gravée. Des feuilles de marronnier composent un décor stylisé. Les quatre influences principales de l'École de Nancy y sont perceptibles : art médiéval, japonisme, naturalisme et rationalisme.

Le monument funéraire

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Érigé en 1901 au Cimetière de Préville, à Nancy, un monument funéraire à la mémoire de la femme de l'écrivain Jules Nathan, dit Jules Rais, a été placé dans le jardin du musée en 1969. Il est l'œuvre de l’architecte Xavier Girard et du sculpteur parisien Pierre Roche (1855-1922). C'est en souvenir de sa jeune femme, Georgette Vierling, morte le , que Jules Nathan, critique d’art originaire de Nancy, fit construire cette sépulture, ornée de vitraux à décor floral d’Henri Carot et surmontée d'un lys en grès émaillé d'Alexandre Bigot (1862-1927). C'est l'un des premiers exemples d’architecture funéraire Art nouveau à Nancy.

L'aquarium

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Vers 1904, un pavillon circulaire abritant un aquarium est construit dans le jardin, à l'initiative d'Eugène Corbin.

Cet édifice original, qui s'apparente aux folies du XVIIIe siècle, est attribué à l'architecte nancéien Lucien Weissenburger. La toiture en forme d'ombrelle témoigne de l'inspiration japonaise. La porte et les impostes des fenêtres sont ornées de vitraux de Jacques Gruber.

Déjà rénové en 1999, le pavillon accueillait des poissons visibles depuis le rez-de-chaussée. Il fait à nouveau l'objet de travaux de restauration en 2008.

La statue de Louis Majorelle

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Une statue de l'ébéniste-décorateur Louis Majorelle, pensif, agrémente le jardin. Au fil des années elle tend à prendre la couleur de son environnement végétal.

Expositions temporaires

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Le musée accueille régulièrement des expositions temporaires, comme en 2008, avec celle intitulée Victor Prouvé au musée de l'École de Nancy.

Fréquentation

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Chiffres de fréquentation 2001-2017[7]
Année Entrées gratuites Entrées payantes Total
2001 18 965 29 930 48 895
2002 18 731 29 325 48 056
2003 20 175 28 220 48 395
2004 21 037 35 079 56 116
2005 19 338 35 844 55 182
2006 16 631 26 014 42 645
2007 26 211 33 295 59 506
2008 24 775 25 329 50 104
2009 28 325 33 869 62 194
2010 21 065 26 050 47 115
2011 29 196 38 754 67 950
2012 22 676 31 914 54 590
2013 19 700 24 411 44 111
2014 30 862 24 359 55 221
2015 14 812 25 840 40 652
2016 15 243 25 122 40 365
2017 14 668 27 916 42 584

Notes et références

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  • Musée de l'École de Nancy, Le Musée de l'École de Nancy. Œuvres choisies, Nancy/Paris, Somogy éditions d'art, , 181 p. (ISBN 978-2-7572-0248-7)
  1. p. 25.
  2. a b c d et e p. 26.
  3. a b et c p. 27.
  4. p. 28
  5. p. 30
  6. p. 32
  • Autres références
  1. Valérie Thomas et Blandine Otter, Le Musée de l'École de Nancy: l'Art nouveau en 60 oeuvres, SilvanaEditoriale, (ISBN 978-88-366-5333-1)
  2. a et b Georges Barbier-Ludwig, « Henri Bergé : un don exceptionnel », Arts nouveaux, no 2,‎ , p.4-5
  3. a et b Michel Frising, « L'Encyclopédie florale d'Henri Bergé », Art nouveau & écologie : Mélanges, Bruxelles, Réseau Art nouveau Network,‎ , p. 134–140. (OCLC 1109749548)
  4. « Les arts graphiques ou mieux connaître le processus de création - Les collections — Musée de l'école de Nancy - Ville de Nancy », sur musee-ecole-de-nancy.nancy.fr (consulté le )
  5. Le Musée de l'École de Nancy dévoile ses réserves: oeuvres méconnues ou inédites [exposition, Nancy, Galeries Poirel, 3 mars-13 mai 2007], Fage éd, (ISBN 978-2-84975-103-9)
  6. « Parc Corbin », notice no PA54000010, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  7. « Fréquentation des Musées de France », sur data.culture.gouv.fr (consulté le )

Bibliographie

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  • Roselyne Bouvier, Musée de l'École de Nancy, Paris, Réunion des musées nationaux, , 125 p. (ISBN 2-7118-4132-4)  
  • Claude Pétry, et. al., Daum dans les musées de Nancy, musée des beaux-arts, Nancy, 1989, 183 p. (ISBN 2-901408-03-6).
  • Musée de l'École de Nancy, Le Musée de l'École de Nancy : Œuvres choisies, Nancy/Paris, Somogy éditions d'art, , 181 p. (ISBN 978-2-7572-0248-7)  
  • Valérie Thomas, Roselyne Bouvier, François Parmantier et Jérôme Perrin, Le musée de l'École de Nancy dévoile ses réserves. Œuvres méconnues ou inédites, Fage éditions, 2007, 127 p.
  • Valérie Thomas, Françoise Sylvestre, Jean-Luc Olivié et Philippe Vidal, Émile Gallé et le verre. La collection du musée de l'École de Nancy, préface d'André Rossinot, Somogy, coll. « Essais Somogy », musée de l'École de Nancy, 2004, 224 p. (ISBN 978-2757209073).

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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