Michel-René Maupetit

personnalité politique française

Michel-René Maupetit, né le à Claye et mort le à Laval[1], est un homme politique français.

Michel-René Maupetit
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Député français
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Signature

Biographie modifier

Origine modifier

Il est le fils de Michel Maupetit, notaire royal, et de Marguerite Pottier[2].

Avocat à Mayenne modifier

Michel-René Maupetit est arrivé à Mayenne en 1776, après avoir acheté la charge d'avocat fiscal lorsque Louise-Jeanne de Durfort, duchesse de Mazarin et de Mayenne, propriétaire à Claye, qui connaissait sa famille, le prit comme homme d'affaires, ce qui amena le jeune homme à y faire plusieurs voyages, à s'y faire des amis avant de s'y installer et d'épouser, en 1776, Marie-Louise Froger, une jeune fille de Lassay[3].

Sans quitter sa situation et ses fonctions d'homme d'affaires, il acheta le 2 mars 1776, du sieur Hochet, la charge d'avocat fiscal, et peu à près celle de procureur du roi au siège du Bourgnouvel et à l'hôtel de ville de Mayenne.

Pourvu d'une nouvelle procuration de la duchesse le 7 octobre 1779, il prit à ferme une partie des droits féodaux. Nommé en 1779 administrateur du duché de Mayenne, Il trouva d'abord trop mince la situation qu'on lui faisait, il s'en désista, puis la reprit le 7 octobre 1780[4].

Il conserva la confiance d'Honoré III, prince de Monaco, héritier en 1781 du duché de Mayenne[5].

Député, prête le serment du Jeu de paume modifier

Député supplémentaire du tiers-état à l'assemblée provinciale, octobre 1787, puis à celle du mois de mars 1789 pour les élections des États généraux, il prit une part active aux travaux, informa ses amis de Mayenne par une correspondance suivie, eut part à la rédaction des doléances du tiers-état, et fut enfin élu le 24 mars, au 5e scrutin, député aux États généraux[6].

 
Le Serment du Jeu de paume, par Jacques-Louis David, dessin, château de Versailles.
 
Maupetit, en bas à gauche, est soulevé pour prêter le serment du Jeu de Paume.

Il a représenté la ville de Mayenne et le Maine aux États généraux à Versailles en 1789[7]. Il était à la salle du Jeu de paume le 20 juin quand les représentants du tiers état ont officialisé l'Assemblée nationale créée quelques jours plus tôt. Grâce à une maladie, il est reconnaissable dans tous les livres d'histoire. C'est lui qui figure, assis sur une chaise, tantôt prostré, tantôt passionné, sur les dessins et tableaux de David, de Prieur ou de Couder, qui ont illustré cette journée pour la postérité. Dans son livre, La Révolution 1770-1880, François Furet repère Maupetit sur une œuvre de Jacques-Louis David, le Serment du Jeu de paume. En bas, à gauche, David a placé un vieux député malade, Maupetit de la Mayenne, à demi déchaussé, à peine capable de marcher, et soutenu par deux vigoureux sans-culottes qui l'aident à se soulever de sa chaise. Guy Chaussinand-Nagaret, dans Historama spécial consacré à la Révolution, identifie Maupetit, assis, sur un tableau d'Auguste Couder, sans doute le plus fidèle et qui correspond le mieux à la propre description de Maupetit[8]. En réalité, Maupetit était malade d'un gros rhume[9]

Vie politique modifier

Révolution française modifier

Maupetit ne se fit vraiment remarquer qu'à deux occasions : le 20 juin, au serment du Jeu de paume et lorsqu'il défendit, en vain, le dossier de la ville de Mayenne qui se sentait des ambitions de chef-lieu départemental. Tout le reste du temps, il se contenta, comme il le reconnait naïvement, « de voter avec la majorité » (lettre du [10]).

Quand il faut fixer le siège épiscopal de la Mayenne, le , Louis de Boislandry, rapporteur du Comité ecclésiastique et de constitution, propose Laval ; aussitôt Michel-René Maupetit se lève et intercède pour Mayenne ; Louis-François Allard réclame pour Château-Gontier[11] ; l'Assemblée passe outre et crée l'évêché de Laval. Il monte aussi à la tribune le , pour faire autoriser le directoire de Mayenne à installer les membres du tribunal et les juges de paix.

Retour à Mayenne modifier

Après la séparation de l'Assemblée nationale le , il rentra à Mayenne où il avait été nommé l'année précédente membre du conseil général de la commune et juge au tribunal du district qu'il allait présider. Il continua toujours de gérer les affaires de la duchesse d'Aumont et habitant dans sa maison des Buttes, en attendant qu'il se logeât aux Courbes, dans la propriété acquise nationalement sur l'hôpital[12].

Ensuite, il allait, pendant toutes les périodes troublées, réussir à se maintenir dans les premiers rôles du département sans « se mouiller ». Compromis, aux yeux des Jacobins, dans le fédéralisme, il s'empressa de se rétracter, n'en fut pas moins destitué le 10 octobre, mais[13], il put éviter même la prison[12]. Un certificat de civisme, que lui donna le la Société populaire de Mayenne pour appuyer sa pétition à René François-Primaudière, lui rendit une sécurité entière[12].

Elu député de la Mayenne au Conseil des Anciens, aux Élections législatives de 1795, avec 72 voix (131 votants), et réélu au même Conseil aux Élections législatives de 1799, il fut nommé secrétaire de l'Assemblée[14].

Premier Empire modifier

Rallié au Coup d'État du 18 Brumaire, il fut choisi par le Sénat conservateur aux Élections législatives de 1800, comme député de la Mayenne au nouveau Corps législatif. Le 11 messidor an VIII, il souscrivit pour une somme de 25 francs au monument à élever à la mémoire du général Louis Charles Antoine Desaix[14]. Le 2 février 1804, il permuta son mandat pour le secrétariat général de la Mayenne, fut décoré par l'Empereur en 1805, sur la recommandation du sénateur Lemercier qui le citait comme un « citoyen éclairé et vertueux dont l'influence est d'un grand poids »[12]. Il est désigné comme un des Grands notables du Premier Empire du département de la Mayenne[15].

Le Sénat lui renouvela son mandat législatif le 1er mars 1809 : il était, depuis le 12 pluviôse an XII, secrétaire général de la préfecture de la Mayenne[14].

Il accepte à nouveau les fonctions de député aux Élections législatives de juin 1814, ce qui ne l’empêcha pas ensuite le collège de la Mayenne de le choisir aux Élections législatives de mai 1815 dans la Mayenne, pour représentant à la Chambre des Cent-Jours, par 76 voix (105 votants, 242 inscrits). Son grand âge ne lui permit pas de faire partie d'autres assemblées[14].

Son petit-fils Victor, fut conseiller municipal républicain de Mayenne en 1853.

L'agriculture modifier

Michel-René Maupetit avait occupé pendant la Terreur aux forges de Chailland, ses loisirs forcés à étudier religieusement les systèmes géologiques de Buffon et les théories météorologiques de Louis Cotte. Il donnait des leçons d'astronomie aux Demoiselles Martin-Ligonnière, quitte à prendre Jupiter pour Vénus[16].

Dès 1794, en effet, Maupetit rêvait de devenir un cultivateur décidé, mais en objets utiles et productifs dédaignant les fleurs comme trop exposées aux inconsistances du temps[17],.

Il expose dans l'Annuaire de l'an XII ses connaissances dans le domaine. Sa compétence théorique s'était développée au contact journalier qu'il avait eu, de l'an XII à 1809, comme secrétaire général de la Mayenne, avec les agriculteurs, les industriels et les commerçants qui s'efforçaient dans le département de raviver ou de découvrir pratiquement des sources de richesses que les désordres de la Révolution française, les guerres de l'Empire et les conditions économiques nouvelles y avaient taries ou menaçaient d'assécher.

Plusieurs mémoires inédits nous attestent sa connaissance des matières agricoles. Il ne peut malheureusement en 1818, achever, comme on le lui demandait, un travail qu'il avait entrepris, en 1811[18], pour la Société d'agriculture, industrie et commerce de la Mayenne sur L'État actuel de l'agriculture dans le département de la Mayenne[19].

Correspondance modifier

C'est grâce à 250 lettres rédigées dans un style fort inégal et incorrect qu'il envoya régulièrement de Versailles à son ami, le juge criminel Dupont-Granjardin, que l'on connaît mieux la manière dont le travail se fit dans les assemblées préliminaires puis aux États généraux[20]. Sa correspondance intime nous montre en lui un bon père de famille[21].

Famille modifier

Louis Maupetit, son fils aîné, contrôleur des contributions directes pendant trente ans dans la Mayenne et l'Ille-et-Vilaine, est mort en 1843 à la Courbe de Mayenne. Victor, engagé dans les armées républicaines, décoré par Murat après la bataille de Vertingen, se retira à Laval après la chute du Premier Empire. Il fut adjoint au maire, conseiller général, reçut au passage de Napoléon III, en 1858, la médaille de Sainte-Hélène et mourut dans sa maison de la rue du Jeu-de-Paume le 3 juillet 1861. Jules, né le 28 janvier 1787, ne vécut pas probablement[22].

Notes et références modifier

  1. Archives de la Mayenne, commune de Laval, acte de décès no 131, année 1831
  2. Son frère aîné, Nicolas-Charles-Michel, s'était fait recevoir avocat au siège de Craon le 18 juillet 1761, était procureur fiscal en 1768, épousa une Dlle Le Pannetier, de Mayenne, et logeait en 1789 chez le duc de Cossé-Brissac, gouverneur de Paris. « Michel-René Maupetit », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), t. II
  3. Elle mourut en 1788 après lui avoir donné deux fils : Louis et Victor, et deux filles : Hortense et Émilie.
  4. Quand on lui eut assuré 5.000 ₶ de traitement et le logement au Grand-Logis. Il poussait l'économie jusqu'à laisser courir les voleurs insolvables plutôt que de les emprisonner pour les avoir à nourrir, et même à relâcher ceux qui étaient à la charge du duché. Quelques pages publiées sur son compte (Ville et pays de Mayenne, p. 389 et suivantes) le montrent aussi sous un jour nouveau, faisant l'entendu dans les négociations matrimoniales. « Michel-René Maupetit », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), t. IV
  5. Il l'engagea même, l'année suivante, à acheter les biens de l'abbaye de Fontaine-Daniel qu'on parlait de supprimer, afin de rentrer dans les droits et domaines autrefois aliénés par les fondateurs. Ce projet n'eut pas de suites, mais Maupetit empêcha au moins le nouveau duc de vendre sa terre de Mayenne en lui faisant connaître que les principales seigneuries étaient sur le point de passer en d'autres mains et allaient donner ouverture à des droits considérables. Il offrit même de prendre à ferme le duché pour 75.000 ₶ par an. « Michel-René Maupetit », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), t. II
  6. « grâce, dit-il, à la lettre imprimée contre moi, aux démarches de notre ami Lalande et à l'union des Lavallois ». L'intendant de Tours annota ainsi le nom de Maupetit : « Il a une bonne réputation ». « Michel-René Maupetit », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), t. II.
  7. A Versailles, Maupetit logea rue de l'Orangerie, garde-meuble de M. le comte d'Artois, 15 « Michel-René Maupetit », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), t. II.
  8. « Le Serment du Jeu de paume : Quand David réécrit l’Histoire » [PDF], sur chateauversailles.fr, (consulté le ).
  9. Il se rendit pourtant à la séance et cet acte l'a presque rendu célèbre. David, voulant reproduire la scène historique du 20 juin, se rappela le député de Mayenne, fatigué d'un jeûne de trois jours, il le représenta au premier plan, sous les traits d'un vieillard chauve, porté sur une chaise par deux hommes du peuple : licence d'artiste. « Michel-René Maupetit », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), t. II.
  10. « Pour moi, écrit-il le 3 août 1789, jusqu'ici j'ai voté à toutes les délibérations. J'ai toujours été, ainsi que MM. Lalande et Gournay, de la majorité. Aussi, s'il y a blâme à donner, il faut le donner aux décrets de l'Assemblée. »
  11. Gazette nationale ou le Moniteur universel du mercredi 7 juillet 1790. Compte rendu de la séance du 6 juillet.
  12. a b c et d « Michel-René Maupetit », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), t. II.
  13. Grâce à la protection de Jacques-François Bissy, à ses condescendances révolutionnaires dans la vente des biens nationaux et la destruction du chartrier de Mayenne, au soin qu'il prit de s'absenter dans les moments trop dangereux. « Michel-René Maupetit », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), t. II.
  14. a b c et d Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny).
  15. François Dornic, Grands notables du Premier Empire : Mayenne, Editions du CNRS, 1986.
  16. « Retiré des sistèmes politiques, écrit-il à son ami (3 octobre 1794), livré à la relecture des sistèmes physiques de M. de Buffon, je regrette d'autant plus la délivrance que j'aurois pu revoir dans les roches de la forêt et de Chailland une partie du fait retracé dans cet ouvrage. Je ne quitte qu'avec regret ces méditations et je ne les laisserai que parce qu'après avoir cédé pour quelques jours au torrent qui nous entraîne, je reviendrai dans ma retraite reprendre l'ouvrage et oublier les sistèmes politiques. Je lis avec d'autant plus de fruit qu'une demi-heure de lecture m'oblige à laisser le livre et à méditer dans l'obscurité où elle me laisse ce que j'ai pu lire. C'est un effet inévitable du temps. Vous ne prendrez lunettes qu'à l'âge ordinaire ; j'en porte depuis l'âge de quinze ans et bientôt cette ressource même me manquera. »
  17. « Michel-René Maupetit », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), t. II, p. 806.
  18. Voir : Histoire du textile en Mayenne.
  19. La minute de ses réponses sont conservées aux Archives départementales de la Mayenne.
  20. Edna Hindle Lemay y puisera largement pour illustrer son livre La vie quotidienne des députés pendant les États Généraux.
  21. Faisant élever ses filles au pensionnat modeste des Bénédictines de Lassay, sans frais de toilette, sans ménagements pour leurs défauts, choisissant pour son fils le collège éloigné de Château-Gontier, de meilleur renom que celui de Mayenne.« Michel-René Maupetit », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), t. II
  22. « Michel-René Maupetit », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), t. II

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Sources utilisées par l'Abbé Angot modifier

Liens externes modifier