Merz est un mouvement artistique créé par Kurt Schwitters en parallèle du dada.

Le collage Merz 458 Wriedt, réalisé par Kurt Schwitters en 1922, s'inscrit dans le courant Merz.

Historique modifier

 
La une du tout premier numéro de la revue Merz, paru en .

Vers fin 1918-début 1919[1], alors que Kurt Schwitters, initiateur du foyer dada de Hanovre, est en contact avec plusieurs homologues zurichois (notamment Hugo Ball, Jean Arp, Raoul Hausmann, Emmy Hennings et Tristan Tzara), il exprime le souhait d'entrer au club de Berlin. Les dadaïstes berlinois (notamment Richard Huelsenbeck et George Grosz[2]) le rejettent pour ses liens avec la revue Der Sturm et le mouvement expressionniste[3] et ses origines trop bourgeoises[4],[5],[6]. N'étant pas convié à la Première foire internationale Dada en 1920, Schwitters se met à la recherche d'un « chapeau absolument individuel qui ne peut aller que sur une seule tête » — en l'occurrence, la sienne — et décide de créer son propre courant, qu'il baptise Merz[6].

À la différence des artistes Dada, Kurt Schwitters ne voulait rien détruire, mais faisant du théâtre par collage et photomontage. Il cherche à réunir, à fusionner les résidus du monde. Son théâtre forme un court-circuit entre le conformisme de ses personnages et une situation illogique. Dans sa seule pièce importante, intitulée La Collision (sous-titrée opéra grotesque), il juxtapose cirque et opéra. Cette pièce présente la collision de la Terre avec une autre planète, et forme un mélange de science-fiction et de conte de fée. Les personnes n'ont pas de psychologie, et dialoguent par des non-sens, des clichés, des assonances[7].

Étymologie modifier

Le mot Merz est issu d'une troncature involontaire du mot Kommerz. Découvert par Kurt Schwitters sur l'un de ses collages, il décide d'en faire le nom de sa série d'œuvres. Il lui trouve un côté absurde qui l'amène à en faire son propre synonyme pour le terme « dada »[8].

Postérité modifier

Le mouvement Merz se caractérise par le goût de l'installation artistique et du collage par fusion, techniques novatrices au XXe siècle. Il a notamment influencé Robert Rauschenberg, Jasper Johns, le mouvement Fluxus ou encore Joseph Beuys[9].

Notes et références modifier

  1. (de) Hausmann, Raoul, 1886-1971., Am Anfang war Dada, Giessen, Anabas, , 200 p. (ISBN 3-87038-081-0 et 9783870380816, OCLC 954262341, lire en ligne)
  2. Encyclopædia Universalis, « KURT SCHWITTERS », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  3. (en) Hugo Ball, Flight Out of Time : A Dada Diary, University of California Press, , 274 p. (ISBN 978-0-520-20440-9, lire en ligne), p. 240
  4. Kurt Schwitters : Rétrospective, Paris, Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, , 19 p. (lire en ligne), p. 5
  5. (en) David Hopkins, A Companion to Dada and Surrealism, John Wiley & Sons, (ISBN 978-1-118-47623-9, lire en ligne), p. 59
  6. a et b Graciela Prieto, Ecritures du sinthome, Eres, , 336 p. (ISBN 978-2-7492-3614-8, lire en ligne), p. 144
  7. Denis Marleau, « Dada : un théâtre international de variétés subversives », Études littéraires, vol. 19, no 2,‎ , p. 13–22 (ISSN 0014-214X et 1708-9069, DOI https://doi.org/10.7202/500753ar, lire en ligne, consulté le )
  8. Schwitters, Kurt, 1887-1948., Nobis, Norbert., Pabst, Ingeborg. et Sprengel Museum Hannover., Kurt Schwitters, 1887-1948 : Ausstellung zum 99. Geburtstag, Sprengel Museum Hannover, 4. Februar-20. April 1986, Propyläen, (ISBN 3-549-06667-8 et 9783549066676, OCLC 13537392, lire en ligne)
  9. Luke, Megan R., 1977-, Kurt Schwitters : space, image, exile, , 352 p. (ISBN 978-0-226-08518-0, 022608518X et 022609037X, OCLC 857287953, lire en ligne)

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier