Maurice Burrus

homme politique français

Maurice Burrus, né le à Sainte-Croix-aux-Mines, mort le à Lausanne est un homme politique français, entrepreneur, philatéliste et mécène.

Maurice Burrus
Illustration.
Fonctions
Député français

(9 ans, 11 mois et 30 jours)
Élection 1er mai 1932
Réélection 26 avril 1936
Circonscription Haut-Rhin
Législature XVe et XVIe (Troisième République)
Groupe politique FR
Prédécesseur Joseph Pfleger
Successeur Circonscription supprimée
Conseiller général du Haut-Rhin

(6 ans)
Circonscription Canton de Sainte-Marie-aux-Mines
Prédécesseur Edouard Guillaume Waterkotte
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Sainte-Croix-aux-Mines
Date de décès (à 77 ans)
Lieu de décès Lausanne

Biographie

modifier

Maurice Burrus appartient à une famille d'industriels établie en Suisse au début du XIXe siècle à Boncourt, dans l'actuel canton du Jura, en raison des décrets napoléoniens étendant le monopole de l'État français sur la fabrication des tabacs. La famille s'installe en Alsace sous domination allemande en 1872 et crée la manufacture de tabacs et cigarettes de Sainte-Croix-aux-Mines. Maurice Burrus fait ses études à Dole, puis au collège Stanislas à Paris. Bachelier, il part pour Hanovre en vue de s'initier à la langue allemande et à la pratique bancaire. De retour à Sainte Croix-aux-Mines, il prend la direction de la Manufacture des tabacs familiale. Il voyage en Asie mineure, au Canada et aux États-Unis[1].

Maurice Burrus fait fortune. Il subventionne de nombreuses associations en Alsace. Il construit de grandes résidences en France ou à l'étranger. Il achète la fameuse forêt de Saoû dans la Drôme où il trouve une immense demeure et fait construire une réplique du Petit Trianon de Versailles (l'« Auberge des Dauphins »)[2]. Mais Maurice Burrus est surtout passionné d'archéologie. Il effectue de nombreux voyages en Grèce et en Asie mineure sur les traces de l'École française d'Athènes et du grand archéologue allemand, Heinrich Schliemann, découvreur de la ville de Troie à la fin du XIXe siècle.

La villa de Sainte Croix-aux-Mines où il réside avec ses parents est réquisitionnée par l'État-major allemand. Les Burrus étaient tenus de fournir du tabac et le couvert aux troupes allemandes, ce qu'il refuse. Il est condamné dans un premier temps à un jour de prison.

 
Château Maurice Burrus, à Sainte-Croix-aux-Mines, Alsace, France (in bad shape[Quoi ?]).
 
Maurice, Jean, Marie Burrus, député en 1932.
 
Villa André Burrus à Sainte-Croix-aux-Mines.
 
Maurice Burrus, mécène de Vaison-la-Romaine.
 
Tombe de la famille Burrus à Sainte-Croix-aux-Mines.
 
Château Burrus à Hombourg.

Maurice Burrus vit de manière dramatique le rattachement de l'Alsace à l'Allemagne. En 1918 il est appelé sous les drapeaux, mais il va s'installer en Suisse, pays d'origine de sa famille. Alors que dès le début de la guerre, il recherche les blessés français à travers les lignes allemandes, il est arrêté par les Allemands qui menacent de le fusiller. Il est sauvé grâce à un douanier. Tous ses biens sont réquisitionnés et liquidés. Après la fin de la guerre, il est décoré de la Croix de guerre et de la médaille de la fidélité. En outre, il reçoit la médaille des Proscrits d'Alsace qu'il présidait.
Cette association forte de 4 500 membres regroupait ceux qui ont manifesté des sentiments anti-allemand. Maurice Burrus au sortir de la grande guerre va œuvrer à partir de 1936 grâce à son mandat de député radical du Haut-Rhin à la reconstruction de la défense et de l'unité de la nation.

Député de 1932 à 1940, il vote la loi du 10 juillet 1940 confiant à Philippe Pétain les pleins pouvoirs.

Il est expulsé d'Alsace, ses propriétés à Sainte Croix-aux-Mines confisquées par les Allemands et sa villa est transformée en école d'administration pour officiers invalides de guerre. Au sortir de cette école, les officiers reconvertis peuvent devenir de hauts fonctionnaires du Reich. Maurice Burrus trouve refuge chez son frère, Fernand Burrus, à Lyon qui lui procure une voiture pour une fuite discrète vers les Pyrénées où il possède une propriété[3].

Par la suite, il s'installe à Vaison-la-Romaine (Vaucluse) ville qu'il connaissait très bien depuis les années trente, grâce aux recherches archéologiques. Il en devient le mécène éclairé, finançant à ses frais la restauration du théâtre antique. Il sera nommé citoyen d'honneur de la ville, et une plaque y est élevée à son nom. Il concourt également à la plantation d'arbres dans les sites archéologiques, ainsi que leur restauration en vue de leur entretien et leur ouverture au public[4].

Après la guerre, il est soupçonné de collaboration avec l'ennemi, ce qui lui vaut son inéligibilité en 1946. En fait les soupçons qui lui sont reprochés reposent principalement sur le fait qu'il a voté la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940 donnant les pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain. Tous les députés ayant voté cette même loi furent condamnés à la même peine. L'ami de Maurice Burrus, le maire de Vaison-la Romaine, Ulysse Fabre connaîtra la même déconvenue à la Libération.

Ces rumeurs de collaboration affectèrent profondément Maurice Burrus qui se retira à Genève où il s'éteignit en 1959. Les obsèques eurent lieu à Sainte Croix-aux-Mines en présence de nombreuses personnalités politiques de France et de l'étranger. Vingt-et-un ans après la fin de la seconde Guerre mondiale, en 1966, une importante cérémonie consacrée à la mémoire de Maurice Burrus et de l'abbé Joseph Sautel s'est déroulée au cœur de l'antique théâtre de Vaison-la-Romaine, en présence du préfet de Vaucluse, Pierre Hosteing, le sous-préfet de Carpentras et de nombreuses autres personnalités religieuses et civiles. Cette présence sonnait comme une réhabilitation de la mémoire de Maurice Burrus et la reconnaissance de l'État français pour son œuvre.

Burrus constitua également une importante collection de timbres-poste rares, dont le catalogue de vente dans les années 1960 est considéré comme un ouvrage de référence. Il fut un des premiers membres de l'Académie de philatélie, de à sa mort[5]. En 1955, il est invité à signer le Roll of Distinguished Philatelists[6]. En 1968, la poste du Liechtenstein lui accorde un timbre dans une série sur les grands philatélistes[7].

Maurice Burrus fut aussi un industriel du tabac (F.J. Burrus). Il fonda en 1923, Est Capitalisation (ESCA), une société de bons de capitalisation et d'assurances-vie. F.J. Burrus fut vendu en 1996 au groupe néerlandais Rothmans International tandis que l'ESCA est toujours sous le contrôle de la famille Burrus.

Notes et références

modifier
  1. « Maurice, Jean, Marie Burrus 1882 - 1959, extrait du dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, de Jean Jolly », sur assemblee-nationale.fr.
  2. « Le rêve d’un homme : Maurice Burrus (1882-1959) : Un industriel aux multiples facettes », sur aubergedesdauphins.fr.
  3. « Burrus Maurice », sur alsace-histoire.org, Nouveau Dictionnaire de Biographie Alsacienne.
  4. Jacques Foucart, « Note sur Maurice Burrus, mécène de Vaison et donateur d'Avignon A propos du Barbier espagnol d’Antoine Dumas », La Tribune de l'Art,‎ (lire en ligne).
  5. André Hurtré, « L'Académie de philatélie a 80 ans - son histoire - ses membres - », Documents philatéliques n°197, édition Académie de philatélie, 3e trimestre 2008, page 27.
  6. Arthur Ronald Butler, The Roll of Distinguished Philatelists, The British Philatelic Federation, 1990, page 116.
  7. « Liechtenstein », timbre n°453, Catalogue Yvert et Tellier, tome 3, Timbres d'Europe de l'ouest, 2e partie, Yvert et Tellier, 1998, page 194.

Voir aussi

modifier

Bibliographie

modifier
  • « Maurice Burrus », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
  • (en) « The History of Chateau Lumiere (France) », sur www.davidbakerphotography.com.
  • Christine Bezin, «  Joseph Sautel, Jules Formigé et Maurice Burrus : des destins conjugués au service de l’archéologie de Vaison-la-romaine », Etudes vauclusiennes, no 77 78,‎ 2010-2011.
  • Anne-Marie Clappier et Daphné Michelas, « « Maurice Burrus et la forêt de Saoû », Revue drômoise, no 536,‎ .
  • Turrel Philippe, De Boncourt (Suisse) à Sainte-Croix-aux-Mines, le coup de tabac des Burrus d'Alsace. Editions du Musée, 2014
  • Turrel Philippe, Un siècle de chocolat (1912-2012), de Burrus à Schaal, un destin alsacien. Éditions du Musée, 2012
    • Turrel Philippe, De l'Esca-Prévoyance au groupe Burrus-1923-2012- L'assurance d'une compagnie alsacienne, Éditions du Musée, 2012.
    • Vaison antique, découvertes archéologiques récentes, coordination éditoriale Xavier Delestre et David Lavergne. Article de Philippe Turrel, page 25-28, « Aux origines de la protection archéologique : l'exemple du théâtre ». Éditions Errance. 2012.
  • Jean-Marie Stienne, « Maurice Burrus », in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 5, p. 428
  • Philippe Turrel, Le Secret des Burrus, Imprimex Dolfin, 2003, (ISBN 2-910849-06-6).
  • Mécènes, les bâtisseurs du patrimoine, Éditions Chaman et Fondation Pierre Gianadda.2012. Coordination éditoriale de Philippe Turrel (ISBN 978-2-9700682-1-1) (ISBN 978-2-88443-138-5)
  • Véronique Velcin, Maurice Burrus, un homme de son siècle, mémoire de maîtrise de l'U.F.R. de Strasbourg, 1991.
  • Agnès Henrichs, Maurice Burrus, candidat aux élections de 1936, Société d'Histoire du Val de Lièpvre, 2007, pages 95-97.
  • Zermatten Maurice Manufacture de tabacs et cigarettes, F.-J. Burrus & Cie, Boncourt ; photos de Benedikt Rast. - Boncourt : 1954. - 58 p. 1956
  • La forêt de Saoû et l'auberge des Dauphins, sous la dir. de la conservation départementale du patrimoine de la Drôme et du service des espaces naturels sensibles, Conservation du patrimoine de la Drôme, Valence, 2012.

Liens externes

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :