Marie Docher

photographe française

Marie Docher, née en 1963 en Auvergne, est une photographe, réalisatrice et activiste féministe et lesbienne française. Elle est à l'origine de la création du collectif La Part des femmes, qui lutte contre l'invisibilité des femmes dans le monde de la photographie.

Marie Docher
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Marie-Hélène Docher
Pseudonyme
Vincent David
Nationalité
Activité
Autres informations
Site web
Distinction

Elle a utilisé le pseudonyme Vincent David.

Biographie modifier

Enfance et débuts modifier

Née en 1963, Marie Docher grandit à Clermont-Ferrand, auprès d'un père photographe amateur[1]. Elle commence à pratiquer la photographie à 12 ans, avec un appareil Kodak offert par sa tante, et décide très jeune d'en faire son métier[2]. Après un baccalauréat littéraire, qui ne lui permet pas d'accéder à une formation technique, elle entre à l'École supérieure de commerce de Clermont-Ferrand, mais est plus intéressée par le laboratoire photo que par ses études.

Une fois diplômée, elle commence sa carrière à Paris en 1987 comme cadre dans le secteur de l’édition et de la communication[2]. Il lui arrive de faire travailler des photographes de studio, dont la profession est perçue à l'époque comme nécessairement masculine. En 1994, Marie Docher abandonne le salariat pour ouvrir sa propre agence puis, l'année suivante, rencontre la photographe et plasticienne Isabelle Rozenbaum. Cette dernière, qui vient de créer une banque d’images, l'encourage à renouer avec la photographie et lui commande une série d'images sur les religions.

Photographie et militantisme modifier

En 2002, après un « effondrement massif » tant professionnel que personnel[3], Marie Docher part marcher sur le chemin de Compostelle. Durand ce voyage, elle photographie son visage à chaque fois qu'elle se désaltère[2]. Ce travail est exposé sous le titre Santiago aux Voies Off d'Arles 2003. Marie Docher travaille par ailleurs comme photographe pour les magazines Sciences et Vie et Sciences et Vie Découvertes[1].

La photographe est marquée par sa visite de l'exposition elles@centrepompidou, qui rassemble entre 2009 et 2011, au centre Georges-Pompidou, des œuvres d'artistes femmes issues des collections du musée national d'Art moderne (MNAM). À cette occasion, Marie Docher commence à prendre conscience du peu de place laissée aux femmes dans le monde de l'art, et de leur invisibilisation.

En 2012, son projet L’Île sans rivages réunit des photographies et vidéos réalisées de façon répétitive et quotidienne sur une île norvégienne, explorant la question du temps qui passe et du vieillissement[3]. Les débats et l'opposition hostile autour du projet de loi de mariage pour les couples de même sexe la confrontent à l'absence de représentation dans le débat public des femmes en général et des lesbiennes en particulier. Par ailleurs, sa rencontre avec la chercheuse Odile Fillod l'amène à lire les théoriciennes du féminisme.

 
Marie Docher (phot.), You are nothing without feminist art - La Barbe, Guerrilla Girls et Femen réunies. Paris, , Maison des auteurs SACD.

À partir de 2014, Marie Docher s'engage pour la visibilité des femmes photographes et travaille sur les questions de représentations[4]. Elle crée le blog Atlantes & Cariatides[5] dans lequel, elle interpelle les institutions au sujet des inégalités de genre dans l'art, dissimulée sous le pseudonyme masculin Vincent David[1]. Elle raconte que « dans les vernissages on discute beaucoup de cet homme féministe qu’on trouve formidable. »

En 2016, elle devient membre du groupe d'action féministe La Barbe[6]. Dans le cadre d'une exposition à la galerie MFC Michèle Didier à Paris suivi d'un colloque à la Maison des auteurs SACD, elle apostrophe institutions et galeristes qui conservent et perpétuent l’art masculin au mépris des créatrices. L'année suivante, elle est à l'origine de la création de La Part des femmes, un collectif engagé en faveur de la visibilité et de la reconnaissance des femmes photographes[7]. Dans un manifeste lu lors du salon Paris Photo 2018, le collectif constate que « majoritaires parmi les diplômé·e·s des écoles spécialisées, [les femmes] ne représentent pourtant qu’à peine 20 % des artistes exposé·e·s dans les galeries, festivals et autres institutions. »[8] Une lettre, publiée dans le journal Libération, est adressée au directeur des Rencontres de la photographie d’Arles au sujet du manque de visibilité des femmes photographes au sein du festival. Dans l'édition suivante, 51 % de femmes figurent dans les expositions individuelles[9].

Consécration modifier

Le 26 novembre 2021, Camille Morineau, historienne de l’art et présidente de l'association AWARE, remet à Marie Docher les insignes de « chevaleresse » des Arts et des Lettres, pour l’ensemble de son travail en faveur de la diversité dans le secteur de la photographie[4].

En 2023, Marie Docher est lauréate de la Grande Commande photographique du ministère de la Culture, gérée par la Bibliothèque nationale de France[4] : pour ce travail de commande, intitulé Et l'amour aussi, elle interroge « celles qui aiment au féminin, lesbiennes, gouines, queer… » dix ans après l’adoption du mariage pour tous et toutes. Cinquante portraits et témoignages sont réunis dans un ouvrage, paru aux éditions La Déferlante[10].

Expositions modifier

Expositions individuelles modifier

  • 2014 : Island Without a Shore, Gallery 916, Tokyo
  • 2016 : L’Île sans rivages, festival Focales en Vercors, Villard-de-Lans ; festival Présence Photographie, Montélimar
  • 2018 : Time-Climate-Scenery, MYD Gallery, Tokyo

Expositions collectives modifier

(liste non exhaustive)

Collections publiques modifier

Publications modifier

  • Marie Docher, Portrait de presse au prisme des dominations, Auto-édition, , 230 p. (ISBN 978-2-9592501-0-1).
  • Marie Docher (préf. Élisabeth Lebovici), Alors je suis devenue une Indien d'Amérique..., Donnemarie-Dontilly, Éd. Ixe, , 107 p. (ISBN 979-10-90062-24-5)
  • Cathryn Boch, Ymane Chabi-Gara, Nina Childress, Deborah De Robertis, Marie Docher, Marlene Dumas et Natacha Lesueur, Alice Neel, Transatlantique, , 144 p. (ISBN 978-2-493808-01-1)
  • Collectif (préf. Guillaume Nail), Les artistes peuvent-iels tout dire ?, Monstrographe, , 180 p. (ISBN 978-2-9579760-0-3)
  • Marie Docher (préf. Anne Pauly), Et l'amour aussi..., Romainville, La Déferlante, , 170 p. (ISBN 978-2-492300-36-3)

Distinctions modifier

Décoration modifier

Références modifier

  1. a b et c Camille Morineau, « Remise des insignes de Chevaleresse des Arts et des Lettres », sur Marie Docher, photographe, réalisatrice et activiste, (consulté le )
  2. a b et c « Carte blanche à Marie Docher : Devenir photographe », sur 9 Lives Magazine, (consulté le )
  3. a et b Marie Docher, Dossier artistique [lire en ligne]
  4. a b et c « Marie Docher - Et l’amour aussi ... | Grande commande Photojournalisme », sur commande-photojournalisme.culture.gouv.fr (consulté le )
  5. « A propos », sur Atlantes & Cariatides, (consulté le )
  6. Mathieu Molard, « Une expo ? La Barbe ! », sur StreetPress, (consulté le )
  7. « Ras le bol d'être invisible ! », sur France Inter, (consulté le )
  8. « Le Collectif et le Manifeste », sur La Part des femmes (consulté le )
  9. « Marie Docher », sur Expertes France (consulté le )
  10. Blanche Ribault, « La photographe Marie Docher : “Il fallait créer une archive intime de l’histoire lesbienne” », sur www.telerama.fr, (consulté le )

Liens externes modifier