Liste d'excommuniés par l'Église catholique

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L'excommunication est la plus grave des peines canoniques chez les catholiques.

L'Excommunication de Robert le Pieux, peinture académique orientaliste de Jean-Paul Laurens, XIXe siècle. Musée d'Orsay.

La liste ci-dessous ne concerne que des catholiques excommuniés ferendæ sententiæ (en) (prononcée par une décision judiciaire ou administrative) et ne concerne pas les catholiques excommuniés latæ sententiæ.

Débuts du christianisme modifier

  • Dès le concile d'Elvire vers l'an 300, l'Église d'Occident punit toute personne pratiquant l’interruption de grossesse d'excommunication (aujourd'hui l'avortement provoque une excommunication latae sententiae, c'est-à-dire une exclusion automatique du simple fait de l'acte[1]).
  • Arius en 325 pour avoir énoncé l'hérésie de l'arianisme, selon laquelle Jésus-Christ n'est pas Dieu, mais lui est subordonné (voir aussi article Filioque).
  • L'empereur de Rome Théodose Ier, par Saint Ambroise et pour avoir pratiqué une répression qui tua plus de 7 000 Romains. L'excommunication ne fut levée que quand l'empereur, après plusieurs mois, accepta de faire repentance de son action, en se présentant publiquement couvert de cendres pour demander sa réintégration.

Moyen Âge modifier

Grand Schisme d'Occident modifier

À la suite de dissensions concernant l'élection du pape, la chrétienté eut un moment jusqu'à trois papes qui s'excommunièrent mutuellement.

Époque moderne modifier

  • Martin Luther[2] en 1521, pour multiples hérésies, et son opposition aux dérives du catholicisme romain. Il sera l'initiateur du protestantisme
  • Henri VIII d'Angleterre en 1533 pour ses pratiques matrimoniales très personnelles. Celui-ci réagit en coupant tout contact avec Rome et en instaurant l'anglicanisme, coupant ainsi Rome d'une source importante de revenus. L'excommunication perd à compter de cette date toute valeur dissuasive auprès des souverains d'Europe.
  • Élisabeth Ire d'Angleterre en 1570, Rome lui refusant son titre de reine et l'accusant de favoriser le protestantisme anglais.
  • En 1578 l'ex-dominicain Giordano Bruno est excommunié et brulé.
  • Henri IV en 1585 et 1590, Sixte V et Grégoire XIV le déclarant successivement relaps en hérésie, déchu de ses couronnes et inapte à régner sur la France.
  • L'évêque Varlet en 1724.
  • Sœur Mary MacKillop excommuniée par l'évêque Sheil (Australie), en 1871 : la religieuse fondatrice des sœurs de Saint-Joseph du Sacré-Cœur, vouées à l'enseignement, institua une enquête sur le père Keating pour abus sur les enfants, aujourd'hui nommé pédophilie. L'évêque lui ordonna de ne plus convoquer les témoins, d'annuler son enquête et l'excommunia. Elle fut condamnée à ne plus communiquer avec les catholiques de son entourage et à s'excuser auprès du père Keating qui fut toutefois renvoyé en Irlande sous prétexte d'abus d'alcool. À la suite d'un soulèvement des fidèles catholiques organisé par les sœurs de Saint-Joseph du Sacré-Cœur, Sheil avoua la tromperie et leva l'excommunication. Mary MacKillop a été canonisée le par le pape Benoît XVI.
  • Napoléon Ier en 1809, pour l'invasion des États pontificaux
  • Talleyrand, dit prince Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, nommé évêque d'Autun par le Roi en personne en 1788, sera frappé d’excommunication après avoir été à l'origine de la Constitution civile pour le clergé. En janvier 1791, Talleyrand démissionne alors de sa charge d’évêque. Toutefois, à l'occasion de l'élection du nouveau pape Pie VII, sous l'impulsion de Talleyrand, Bonaparte, alors Premier consul, propose de réconcilier en France le clergé traditionnel dit "réfractaire" avec le nouveau clergé "constitutionnel", cette gestion fort habile permettant à Talleyrand d'être relevé du joug de l’excommunication qui pesait alors sur lui[3]. Le pape Pie VII le réintégrera dans l'unité de l'Église à condition toutefois de réparer, par la parole et par les œuvres, le dommage subi, de son fait, par l'Église. Afin de bénéficier de l'absolution du légat et de bénéficier de nouveau des grâces et faveurs ainsi que de la protection spirituelle de l'Église, Talleyrand devait se soumettre de lui-même aux pénitences convenables et de souscrire sous serment à une déclaration par laquelle il affirmerait être un fils obéissant et soumis de l'Église catholique et d'abjurer de manière officielle toutes ses erreurs[4].

Époque contemporaine modifier

  • Victor-Emmanuel II de Savoie, en 1860 dans le cadre de la question romaine.
  • Joseph-René Vilatte en 1900.
  • Alfred Loisy en 1908 pour son refus de souscrire à l'encyclique Pascendi et à la suite de la mise à l'Index de ses livres en 1903[5].
  • Charles Maurras en 1927, notamment pour le primat donné à la nation sur l’Église (non-respect de la souveraineté universelle du Siège apostolique, conséquence du règne du Christ sur le monde[6]). La condamnation de l'Action Française et de Charles Maurras fut levée le par Pie XII.
  • Prosper Alfaric en 1933 à la suite de la publication de Le Problème de Jésus et les origines du christianisme
  • Léon Degrelle (1906-1994) en 1943. Chef du mouvement rexiste en Belgique. Degrelle s'engagea dans la "Légion wallonne", incorporée dans la SS sur le front de l'Est. En 1943, en permission dans sa famille, il malmena et enferma le curé-doyen de Bouillon qui lui refusait la communion en application d'une décision des évêques belges interdisant toute participation en uniforme à un office religieux - interdiction qui visait les mouvements collaborationnistes. Il fut alors excommunié par l'évêque de Namur, Mgr Charue[7].
  • Leonard Feeney, prêtre jésuite, en 1953, pour son interprétation du principe « Hors de l'Église, point de salut »[8].
  • Joaquín Sáenz y Arriaga, après ses prises de positions sédévacantistes, 1972.
  • Marcel Lefebvre en 1988, Jean-Paul II a officiellement constaté son excommunication latae sententiae, pour avoir consacré quatre évêques sans mandat pontifical[9]. Il est le fondateur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. Les quatre évêques qu'il a consacrés (Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta) ont eux aussi été excommuniés. Le , le pape Benoît XVI a levé l'excommunication de ces derniers par décret[10].
  • Emmanuel Milingo en 2006, Benoît XVI a officiellement constaté son excommunication latae sententiae, pour avoir consacré quatre évêques sans mandat pontifical[11]. Les quatre évêques qu'il a consacrés (George Augustus Stallings, Jr., Peter Paul Brennan, Patrick E. Trujillo et Joseph J. Gouthro) ont eux aussi été excommuniés[12]. Également, deux autres évêques qui ont été consacrés en par Mgr Emmanuel Milingo[13] ont été excommuniés latae sententiae[14].
  • Rivaldo Mendes, en mars 2009 : un médecin brésilien ayant pratiqué une interruption médicale de grossesse sur une fillette de neuf ans, tombée enceinte de jumeaux à la suite du viol de son beau-père. L'archevêque de Recife, José Cardoso Sobrinho a prononcé l'excommunication de sa mère (qui a décidé de l'avortement) et de l'équipe médicale qui y a procédé. L'excommunication a été par la suite levée par la Conférence des Évêques du Brésil[15].
  • Paul Lei Shiyin, prêtre catholique chinois, pour s'être fait consacrer évêque sans l'accord du pape, en 2011[16].
  • Alessandro Maria Minutella, prêtre italien, pour hérésie et schisme[17],[18].
  • Tomislav Vlašić, ancien prêtre franciscain et accompagnateur spirituel des voyants de Međugorje[19].

Notes et références modifier

  1. Enseignements pontificaux : l'avortement
  2. Annick Sibué, Luther et la réforme protestante, Eyrolles, 2011
  3. « Talleyrand, le diable diplomate (1754 - 1838) - 1- Un évêque au service de la Révolution - Herodote.net », sur www.herodote.net (consulté le )
  4. Léon NOEL, La revue, revue des deux mondes, (lire en ligne), p. 250
  5. Biographie d'Alfred Loisy
  6. Jacques Prévotat, « La condamnation de l'Action française par Pie XI », Publications de l'École française de Rome, vol. 223, no 1,‎ 15-18 mars 1989, p. 359-395 (lire en ligne, consulté le )
  7. Jean-François Pacco, « Il y a 74 ans, Degrelle excommunié »  , sur lavenir.net, (consulté le )
  8. * Décret d'excommunication de Leonard Feeney et explications théologiques
  9. Décret d'excommunication de Marcel Lefebvre
  10. Décret de la Congrégation pour les évêques levant les excommunications de 1988
  11. copie du décret
  12. Bureau de presse du Saint-Siège « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)
  13. Clerical Whispers: Rebel priests await Milingo visit
  14. Bureau de presse du Saint-Siège « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)
  15. prise de position du Vatican
  16. Le Vatican déclare "illégitime" un évêque chinois ordonné sans son accord
  17. (en) « Arcidiocesi di Palermo » Notifica del Decreto di scomunica a Don Alessandro M. Minutella », sur www.diocesipa.it (consulté le )
  18. (en) « Notification of decree of excommunication - Vatican News », Vatican News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. « L’ancien prêtre accompagnateur des voyants de Medjugorje excommunié », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )