Citrus ×floridana
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Limequats cultivar ʽEustis’.
Classification
Règne Plantae
Classe Equisetopsida
Sous-classe Magnoliidae
Super-ordre Rosanae
Ordre Sapindales
Famille Rutaceae
Genre Citrus

Espèce

Citrus ×floridana
J.W.Ingram et H.E.Moore (1975)

Le limequat (Citrus ×floridana) est un agrume hybride de limettier (C. aurantiifolia) pollinisé par un kumquat (C. japonica)[1], d'où son nom lime et quat de kumquat. Walter T. Swingle qui aimait les limes tropicales réalise ses hybridations à la Station expérimentale subtropicale de l'Université de Floride aux États-Unis[2] en [3]. Par pollinisation croisée il crée des fruits au gout de lime. La description des limequats[4] et leur première commercialisation datent de 1913[5]. Les 3 obtentions de l'époque sont toujours cultivées de nos jours[6].

Description modifier

Le limequat est un petit arbuste de forme touffue, d'une hauteur maximum de 2,5 m, possédant des petites feuilles persistantes ovales et vertes, oblongues, des épines courtes. Le floraison est tardive, comme celle du kumquat. Son fruit est petit [7], ovale, jaunâtre/verdâtre et contient des graines ou pépins. Sa peau est douce et il contient une pulpe acide ayant un goût évoquant la lime.

Le fruit se conserve 4 semaines à 10 °C avec 90 % d'humidité relative[8].

 
Les fruits du limequat cultivar ʽEustis’

Variétés modifier

Il y a trois cultivars de limequats, dont Craig R. Elevitch (2006) donne une appréciation reportée ici[9] :

  • ʽEustis’ (C. japonica × C. aurantiifolia), légèrement vert, souple, très acide, fruit de 2,8 à 4 cm, le plus rond des trois et le plus cultivé[10].
  • ʽLakeland’ (C. japonica × C. aurantiifolia), juteux, acidité plaisante, fruit de 4,5 à 7 cm,
  • ʽTavares’ (C. japonica ʽMargarita’ × C. aurantiifolia, parfois C. swinglei), jaune chamois (tend vers l'oranger du kumquat[11], juteux, très acide, fruit de 3,5 à 4,8 cm[4].

ʽEustis’ et ʽLakeland’ sont des hybrides de limetier et de kumquat rond (C. aurantiifolia 'Mexican'[12]) alors que ʽTavares’ résulte d'un kumquat ovale (nagami ou Fortunela margarita). L' orangequat est un hybride japonais entre une mandarine satsuma et un kumquat Meiwa[13]. Le citrangequat ʽThomasville’ est un hybride de l'oranger ʽWillis’ et de kumquat ovale nagami, il est signalé spécialement résistant à la gommose[14], résistance propre aux kumquats[15].

 
En bas à gauche une lime, à droite un kumquat ovale, au dessus un limequat

Taxonomie modifier

Selon les sources le limequat est nommé :Citrus floridana. ou Citrus x floridana (J. Ingram & H. Moore) Mabb., comb. nova, ×Citrofortunella sp.[9], ×Citrofortunella floridana J. W. Ingram et H. E. Moore ( Baileya -1975 et Standard Reference - 2016)[16],[17], Citrus × aurantiifolia (Christm.) Swingle (lime) × C. (F.) japonica (kumquat); Citrus ×Fortunella[18], Citrus auratifollia ×Fortunella sp.[12].

Limequat est le nom commun dans presque toutes les langues, en allemand la forme limquat(s) se rencontre[19].

Descendance modifier

Ces hybrides vigoureux et résistants ont eux-mêmes été réhybridés. Longley (1926) qui recherchait des fruits sans pépins a croisé ʽEustis’ 9 chromosomes haploïdes et le kumquat de Hong-Kong (Fortunella hindsii) 18 chromosomes pour obtenir un hybride triploïde vigoureux[20]. Intéressés par la résistance au froid des limequats, les Russes l'introduisent sur la mer Noire en 1927, Zaretsky (qui observe une résistance à -7 et -9°C) réalisa de nombreux croisements : citronnier × limequat, puis donne naissance au groupe oranger × kumquat en 1932[21].

Hybrides modifier

  • Procimequat est un hybride du limequat Eustis et du kumquat long ((C. aurantifolia 'Mexican' x Fortunella japonica) x Fortunella hindsii).
 
Limequat ʽLakeland’ « une acidité plaisante » disait l'obtenteur Swingle

Culture modifier

Le limequat se porte mieux en plein soleil dans un sol fertile, bien drainé et bien composté dans les zones températures comprises entre 10 et 30 °C. Il est plus résistant au froid que le limettier mais moins que le kumquat. Il a besoin d'arrosages fréquents et peut être cultivé en pot[22]. Le porte greffe est important, les citranges favorisent la vigueur, une croissance verticale (comme la bigarade qui donne une bonne teneur en eau) et la hauteur, citromello donne des plantes plus étalées[23].

Les limequats sont cultivés en bonzaï[24]. Ils sont adaptés pour les petits jardins, et mellifères.

En 1928, Louis Thomas recommande leur culture en Afrique du Nord[25]. Ils sont cultivés au Japon, en Israël, en Espagne, en Malaisie, en Afrique du Sud, en Arménie, au Royaume-Uni et dans certains États des États-Unis[1].

L'application d'hexanal permet de conserver plus longtemps les fruits sur l'arbre[26].

 
Limequat ʽEustis’.

Utilisation modifier

Il est proche du citron vert (lime) lorsqu'il est immature. Swingle disait de ʽLakeland’ : « Les limequats ʽLakeland’ sont extrêmement juteux, avec un arôme et un goût presque identiques à ceux du citron vert pur, sauf qu'ils ne sont pas aussi puissants […] Le jus est excellent partout où le jus de citron vert ou de citron s'utilisent : vinaigrettes, boissons, marinades, sur les légumes cuits ou le poisson, ou ajouté à l'eau et sucré pour faire une limequatade rafraîchissante »[5].

Malgré son acidité, il peut être consommé entier cru. Le jus et l'écorce sont utilisés pour aromatiser des boissons, des plats des conserves (filets de thon au limequat[27]). Swingle et Robinson écrivent (1926) « qu'il est excellent pour la confiture et pour les confire et sous forme cristallisée, puisque la croûte, comme celle du kumquat, est comestible »[3].

Nutrition modifier

Comme tous les agrumes, les limequats contiennent des nutriments et des composés phytochimiques qui peuvent être bénéfiques pour la santé[28].

E. P. Daniel et M. B. Rutherford (1937) ont mesuré le niveau de vitamine C de 8 espèces d'agrumes exprimé en mg par cm3 dans les fruits frais. Les maximum observés sont de 0,64 dans une orange et un tangelo et le minimum de 0,17 chez le limequat ʽLakeland’. Ce bas niveau est proche de la lime tropicale (0,22 dans cette publication)[29], de son côté le kumquat a une teneur en vitamine C moyenne parmi les agrumes qui varie de 0,38 à 0,44 mg[30],[31] pour 100 g (base proche du cm3 ).

En revanche, la mesure du contenu phénolique total des extraits des 3 fruits, montre que l'hybride limequat a un contenu supérieur celui de chacun de ses deux géniteurs 19 à 24,2 mgGAF par g d'extrait contre 14 à 18. Son potentiel antioxydant DPPH est légèrement supérieur à celui de la lime[32], sachant que l'activité anti oxydante du kumquat est elle-même élevée comparée aux oranges et grapefruits[33].

Huile essentielle modifier

Elle était mal connue. B. Aubert, G. Vullin la décrivent de couleur jaune clair, huile essentielle de flavedo parfumée[34], jusqu'à ce qu'une remarquable publication turque (2020) donne une analyse comparative de l'huile essentielle du fruit avec celles des géniteurs. On y voit que l'hybride est bien différent de ses parents (les nez électroniques eux-mêmes savent les distinguer[35]) . Dans les 105 substances analysées, Hale Gamze Agalar et al. détectent pour l'HE de limequat 75 composés volatils dont monoterpènes (48,3 %), sesquiterpènes (27,4 %), monoterpènes oxygénés (13 %) et sesquiterpènes oxygénés (0,5 %).

Le limonène (37 %, pour mémoire ce pourcentage est 46 chez kumquat et 30 chez le lime, le limequat est donc à la moyenne quasi exacte, et une mesure faite en Corée donnait 61,6 % de limonène dans le kumquat Margarita), linalol (6,1 %) et le β-bisabolène (4,6 %) sont les principaux constituants. Dans les volatils 24 sont communs avec le kumquat et 10 avec le lime mexicaine, et 13 sont propres au limequat dont trans-β-bergamotène (3,8 %), p-cymène (3,4 %), γ-terpinène (3,3 %), α-terpinéol (3,3 %), β-caryophyllène (3,2 %), etc.[36].

L'huile essentielle du fruit de limequat contient du β-bisabolène (celle de kumquat n'est contient pas), substance active présente chez le citron et le gingembre[37]. Elle n'est pas produite à l'échelle commerciale.

Bibliographie modifier

  • Rudolf Mansfeld, Mansfeld's Encyclopedia of Agricultural and Horticultural Crops, 2001 donne une bibliographie p. 1023[38].

Notes et références modifier

  1. a et b (en) T. K. Lim, « Citrus ×floridana », dans Edible Medicinal And Non-Medicinal Plants: Volume 4, Fruits, Springer Netherlands, (ISBN 978-94-007-4053-2, DOI 10.1007/978-94-007-4053-2_96, lire en ligne), p. 843–845
  2. (en) Federal writer's project, Florida: A Guide to the Southern-Most State, US History Publishers, (ISBN 978-1-60354-009-4, lire en ligne), p. 235
  3. a et b (en) WALTER T. SWINGLE et T. RALPH KOBINSON., « Limequat a new hardy ade fruit », YEARBOOK OF AGRICULTURE, 1926,‎ , p. 487 à 489 (lire en ligne [PDF])
  4. a et b (en) « Sundry Hybrids and Rootstocks », sur hort.purdue.edu (consulté le )
  5. a et b (en) Florida Fruit Geek, « Limequat: A Delicious Type of Citrus, And The Fruit Geek Who Created It », sur Florida Fruit Geek, (consulté le )
  6. (en) O. P. Pareek et Suneel Sharma, Systematic Pomology (Vol. 1-2) (Set), Scientific Publishers, (ISBN 978-93-87741-03-4, lire en ligne), p. 649
  7. (en-GB) « Limequat: how to grow this exotic citrus fruit », sur Plantura, (consulté le )
  8. (en) Anthony Keith Thompson, Fruit and Vegetables: Harvesting, Handling and Storage, John Wiley & Sons, (ISBN 978-1-4051-4780-4, lire en ligne), p. 253
  9. a et b (en) Craig R. Elevitch, Traditional Trees of Pacific Islands: Their Culture, Environment, and Use, PAR, (ISBN 978-0-9702544-5-0, lire en ligne), appendice C
  10. « eustis », sur citrusvariety.ucr.edu (consulté le )
  11. « tavares », sur citrusvariety.ucr.edu (consulté le )
  12. a et b (en) Walter T. Swingle, The Citrus Industry : The botany of Citrus and its wild relatives, vol. 1, University of California, , 611 p. (ISBN 0931876028), p. 336
  13. (en) Yearbook of Agriculture, U.S. Government Printing Office, (lire en ligne), p. 822
  14. « Notes et actualités », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 3, no 23,‎ , p. 489–499 (lire en ligne, consulté le )
  15. André Guillaumin, « Les travaux récents sur les Aurantiées », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 8, no 79,‎ , p. 175 (DOI 10.3406/jatba.1928.4595, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) John H. Wiersema et Blanca León, World Economic Plants: A Standard Reference, Second Edition, CRC Press, (ISBN 978-1-4665-7681-0, lire en ligne), p. 178
  17. « ×Citrofortunella floridana J.W.Ingram & H.E.Moore », sur www.gbif.org (consulté le )
  18. (en) The Illustrated Encyclopedia of Fruits, Vegetables, and Herbs: History, Botany, Cuisine, Book Sales, (ISBN 978-0-7858-3488-5, lire en ligne)
  19. (en) PlantFinder 700 south - west Europe: Flower guide for smartphones, Lars Lindberg, (ISBN 978-82-93157-08-3, lire en ligne)
  20. (en) Hamilton P. Traub, T. Ralph Robinson, « Improvement of subtropical fruit crops: Citrus », Yearbook, 1937,‎ , p. 799 (lire en ligne [PDF])
  21. R. Chopinet et J. Dupouy, « Résistance au froid de certains Citrus et de leurs hybrides Essai sur la possibilité de leur culture en France », Fruits Vol. 6 n° 4,‎ , p. 131 à 140 (lire en ligne)
  22. (en) T. K. Lim, Edible Medicinal And Non-Medicinal Plants, Dordrecht, Springer Science & Business Media, , 1023 pages (ISBN 978-94-007-4052-5), Volume 4, Fruits, p.843
  23. Hosein Sadeghi, Mona Karbalaie et Hamid Hadizade, « Effect of citrange, citromello and sour orange rootstocks on some morphological and physiological characteristics and minerals absorbance of limequat », Journal of Crops Improvement, vol. 20, no 1,‎ , p. 101–112 (ISSN 2008-8337, DOI 10.22059/jci.2017.60401, lire en ligne, consulté le )
  24. (en) Richard W. Bender, Bountiful Bonsai: Create Instant Indoor Container Gardens with Edible Fruits, Herbs and Flowers, Tuttle Publishing, (ISBN 978-1-4629-1622-1, lire en ligne), p. 87
  25. Le Quotidien, (lire en ligne)
  26. (en) Nirmalla Debysingh, Lynda D. Wickham, Majeed Mohammed et George Legall, « The effects of pre-harvest application of hexanal formulations on time to ripening and senescence and fruit retention time in limequat (Citrofortunella floridana J.W. Ingram & H.E. Moore) », Tropical Agriculture, vol. 95, no 1,‎ (ISSN 0041-3216, lire en ligne, consulté le )
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  30. (en) Seyed F. Hosseini, Milad Amraie, Mohammad Salehi et Maedeh Mohseni, « Effect of chitosan-based coatings enriched with savory and/or tarragon essential oils on postharvest maintenance of kumquat ( Fortunella sp.) fruit », Food Science & Nutrition, vol. 7, no 1,‎ , p. 155–162 (PMID 30680169, PMCID PMC6341148, DOI 10.1002/fsn3.835, lire en ligne, consulté le )
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  35. (en) Alessandro Casilli, Erik Decorzant, Alain Jaquier et Estelle Delort, « Multidimensional gas chromatography hyphenated to mass spectrometry and olfactometry for the volatile analysis of citrus hybrid peel extract », Journal of Chromatography A, vol. 1373,‎ , p. 169–178 (ISSN 0021-9673, DOI 10.1016/j.chroma.2014.11.023, lire en ligne, consulté le )
  36. (en) Hale Gamze Agalar, Burak Temiz, Betul Demirci, K. Husnu Can Baser, « Direct SPME/GC-MS analyzes of small citrus fruits cultivated in Turkey », EMUJ Pharm. Sciences,‎ , p. 140 à 152 (lire en ligne [PDF])
  37. (en) T. K. Lim, Edible Medicinal and Non-Medicinal Plants: Volume 12 Modified Stems, Roots, Bulbs, Springer, (ISBN 978-3-319-26065-5, lire en ligne)
  38. (en) Rudolf Mansfeld, Mansfeld's Encyclopedia of Agricultural and Horticultural Crops: (Except Ornamentals), Springer Science & Business Media, (ISBN 978-3-540-41017-1, lire en ligne)

Voir aussi modifier