La Subversion des images : surréalisme, photographie, film

La Subversion des images : surréalisme, photographie, film
Type Exposition d’œuvres surréalistes (photographies, collages, dessins, films, revues, livres, etc.)
Pays Drapeau de la France France
Localisation Musée national d'Art moderne, Paris
Coordonnées 48° 51′ 38″ nord, 2° 21′ 08″ est
Commissaire Quentic Bajac, Clément Chéroux, Guillaume Le Gall, Philippe-Alain Michaud et Michel Poivert
Date d'ouverture 23 septembre 2009
Date de clôture 11 janvier 2010
Prix d'entrée 12 euros, TR 9 euros
Organisateur(s) Musée national d'Art moderne
Site web Site officiel

La Subversion des images : surréalisme, photographie, film est une exposition d’œuvres surréalistes (photographies, collages, dessins, films, revues, livres, etc.), présentée au musée national d'Art moderne à Paris, du au . Elle a par ailleurs été présentée au Fotomuseum Winterthur (Winterthour, Suisse) du au et à l'Institute de Cultura/Fundacion Mapfre (Madrid, Espagne) du 1 au .

Origines modifier

La question du rapport entre photographie et surréalisme, argument central de cette exposition, plonge ses racines dans plusieurs manifestations françaises et internationales. L’exposition Dada and Surrealism Reviewed (Hayward Gallery, Londres, 1978)[1] fut la première à mettre en lumière l’intérêt des surréalistes pour la photographie[2]. Son auteur, Dawn Ades, s’associa ensuite à Rosalind Krauss et Jane Livingston pour concevoir Explosante-fixe. Photographie et surréalisme, montrée au Centre Pompidou en 1985[3]. L’Informe : mode d’emploi (centre Pompidou, 1996) de Rosalind Krauss entre autres, vint compléter cette relecture post-structuraliste de la relation entre théorie surréaliste et image photographique[4].

Des expositions monographiques, de Man Ray à Brassaï, enrichirent également le panorama de la photographie des surréalistes. À son tour, la Subversion des images proposait une lecture nouvelle des thèmes abordés par les surréalistes dans leur pratique de la photographie et du film en s’appuyant exclusivement sur les écrits et la culture visuelle de l’époque.

Organisation modifier

  • Commissaires : Quentin Bajac, Clément Chéroux, Guillaume Le Gall, Philippe-Alain Michaud, Michel Poivert
  • Cabinet de photographie / Attachées de conservations : Laure de Buzon-Vallet, Emmanuelle Etchecopar-Etchar, Annick Graton
  • Attachée de collection : Carole Hubert
  • Chargée d'études documentaires : Lucie Le Corre
  • Chargées de recherches documentaires : Anna Acquistapace, Damarice Amao, Muriel Bertou, Eléonore Challine, Héloïse Conessa, Martha Kirszenbaum, Héloïse Pocry, Niloufar Siassi
  • Production / Chargée de production : Sara Renaud
  • Architecte-scénographe : Laurence Fontaine, assistée de Solenn Bretaudière
  • Chargée de production audiovisuelle : Murielle Dos Santos

Description modifier

L’exposition examinait les usages de la photographie et de l’image animée par les surréalistes. Son titre était inspiré du recueil de photographies réalisées entre et par Paul Nougé, publiées en 1968 sous le titre Subversion des images. L'exposition était divisée en neuf sections thématiques [5] ; chacune était consacrée à un concept surréaliste ayant trouvé son expression dans la photographie ou le film[6].

L'entrée dans l'exposition se faisait par un couloir de fourme courbe recouvert de miroirs déformants.

L’action collective

L’action collective recoupait les activités de groupe menées par les surréalistes et enregistrées sur des photos. Le fait de créer à plusieurs était courant dans d’autres mouvements d’avant-garde ; il revenait à mettre à mal la suprématie de l’auteur ou de l’individu sur la création.

Cette section rassemblait un grand nombre de photographies de groupes, tantôt organisées, tantôt spontanées. Ce second cas de figure était illustré par une grande série de photographies de foire et de photomatons.

Le théâtre sans raison

Le théâtre sans raison qualifiait les mises en scène volontairement artificielles et outrancières captées par la photographie. Le réalisme induit par le médium photographique était nié, tandis qu'étaient privilégiées la théâtralité, la pose et l’absurdité des situations.

C'est notamment dans cette salle qu'était montrée la série Subversion des images de Paul Nougé. Ces 19 photographies mettaient en images la théorie de Nougé sur les objets bouleversants, en les détournant de leur usage traditionnel[7].

« Le métier de poète, métier qui ne s'apprend pas, consiste à placer les objets du monde visible, devenus invisibles par la gomme de l'habitude, dans une position insolite qui frappe le regard de l'âme et leur donne de la tragédie [...] »

— Jean Cocteau, Pierre Jahan, La Mort et les Statues (1946), Paris : Les éditions de l'amateur, 2008, p. 17.

Le réel, le fortuit, le merveilleux

Le réel, le fortuit, le merveilleux : cette section explorait les notions contradictoires que les surréalistes avaient cherché à combiner dans leurs clichés. Au cours de leurs promenades, ils saisissaient, au gré du hasard, des situations inhabituelles, des objets ou endroits qui leur paraissaient étranges.

La table de montage

La table de montage regroupait des photomontages, des collages sur papier ainsi que des procédés de cinéma apparentés. Le mode de production de ces œuvres reposait sur des recoupements et rapprochements entre des images variées. En les détachant de leur contexte initial, en les privant de leur utilité ou de leur signification première, les surréalistes aboutissaient à des effets étranges et oniriques.

Pulsion scopique

Pulsion scopique renvoyait à la vision rapprochée, au désir d’atteindre ce qui n’est pas visible à l’œil nu. Grâce à la photographie ou au film, les photographes exploraient des parties du corps humain ou animal dans des vues en gros plan. Ces images au point de vue inhabituel apparaissent presque irréelles.

Le modèle intérieur

Le modèle intérieur voulait s’opposer à l’usage habituel de la photographie comme empreinte fidèle du monde extérieur. Cherchant à offrir une image de ce qui ne se voit pas - l’âme, la pensée - les surréalistes recouraient à des stratagèmes. Ils se servirent en particulier de l’image de l’œil comme métaphore pour exprimer l’intériorité.

Écritures automatiques

Écritures automatiques renvoyait à un concept-clef du surréalisme: l’automatisme ou l’idée de capter l’inconscient au moyen d’un processus créatif. André Breton qualifiait d'ailleurs l’automatisme de « photographie de la pensée[8] ».

Anatomie de l’image

Anatomie de l’image illustrait les différentes techniques d’altération de l’épreuve photographique : solarisation, brûlage, surimpression, grattages, distorsions... Ces techniques brouillent les codes de perception habituels des images en même temps qu’elles convoquent le hasard dans leur conception.

Du bon usage du surréalisme

Du bon usage du surréalisme explorait les applications pratiques du surréalisme dans le domaine de la photographie publicitaire. Les expérimentations formelles des surréalistes étaient les bienvenues dans cette toute jeune discipline d’arts appliqués.

Man Ray fut l'un des surréalistes à immiscer dans la photographie publicitaire. La photographie Noire et Blanche sera notamment publiée dans le magazine Vogue en .

« [...] je prétendais que le monde finirait, non pas par un beau livre, mais par une belle réclame pour l'enfer et pour le ciel. »

— André Breton, Manifeste du surréalisme, Œuvres complètes I, 1924, op. cit., p. 324.

Artistes et œuvres représentés modifier

Artistes modifier

Œuvres modifier

La Subversion des images rassemble plus de 400 œuvres (photographies, collages, dessins, films, revues, livres, etc.), listées ci-dessous.

Bibliographie modifier

  • Quentin Bajac, Clément Chéroux (dir.), La subversion des images : surréalisme, photographie, film, catalogue d'exposition, Paris, éditions du centre Pompidou, 2009, récompensé par le Prix Nadar 2009.

Références modifier

  1. Dawn Ades, Elizabeth Cowling, David Sylvester, Dada and surrealism reviewed, 11 janvier-27 mars 1978, Londres, Hayward Gallery, Londres, Arts council of Great Britain, 1978.
  2. Simon Baker, « Quentin Bajac, Clément Chéroux, Guillaume Le Gall, Philippe-Alain Michaud, Michel Poivert, La Subversion des images. Surréalisme, photographie, film », Études photographiques, avril 2010, [En ligne], mis en ligne le 7 mai 2010. [1], consulté le 17 mars 2014.
  3. Rosalind E. Krauss, Dawn Ades et Jane Livingston, Explosante-fixe : photographie et surréalisme, 15 avril - 15 juin 1985, musée national d'Art moderne, Paris, centre Georges-Pompidou, Hazan, 1985. L’exposition était une reprise de L’Amour Fou: Photography and Surrealism (Corcoran Gallery of Art, Washington, 1985).
  4. Yve-Alain Bois, Rosalind E. Krauss, L’informe: mode d’emploi, 22 mai – 26 août 1996, Paris, musée national d’Art moderne, centre Georges-Pompidou, 1996.
  5. Le plan est visible sur le site du centre Pompidou.
  6. Les titres des sections sont reprises dans le catalogue de l'exposition: Quentin Bajac, Clément Chéroux (dir.), La subversion des images : surréalisme, photographie, film, catalogue d'exposition, Paris, éditions du centre Pompidou, 2009.
  7. Quentin Bajac, Clément Chéroux (dir.), La subversion des images : surréalisme, photographie, film, album de l'exposition, Paris, éditions du centre Pompidou, 2009, p. 14.
  8. André Breton, préface au catalogue Max Ernst (1921), in « Pas Perdus », Œuvres complètes I, Paris, Gallimard, 1988, p. 245

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier