La Mort de Sénèque (Tristan L'Hermite)
La Mort de Sénèque | |
![]() Page de titre de l'édition originale (1645) | |
Auteur | Tristan L'Hermite |
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Genre | Tragédie |
Nb. d'actes | 5 actes en vers |
Lieu de parution | Paris |
Éditeur | Toussaint Quinet |
Date de parution | 1645 |
Date de création en français | janvier 1644 |
Lieu de création en français | Paris![]() |
Compagnie théâtrale | Illustre Théâtre |
Rôle principal | Madeleine Béjart, Molière |
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La Mort de Sénèque est une tragédie en cinq actes et en vers de Tristan L'Hermite, créée en janvier 1644 à Paris, par la troupe récemment constituée de l'Illustre Théâtre. Dédiée à son protecteur le comte de Saint-Aignan, la pièce compte 1 868 vers, alexandrins et octosyllabes pour les stances de l'acte V, scène I.
La pièce remporte un grand succès, notamment Madeleine Béjart dans le rôle d'Epicharis.
Imprimée dans la collection de La Pléiade, La Mort de Sénèque a fait l'objet d'une reprise à la Comédie-Française en 1984 dans une mise en scène de Jean-Marie Villégier.
PersonnagesModifier
- Néron, empereur de Rome
- Sabine Poppée, épouse de Néron
- Sénèque
- Pauline, épouse de Sénèque
- Rufus, capitaine des gardes
- Pison, chef des conjurés
- Sévinus, sénateur
- Milicus, affranchi de Sévinus
- Tigellin, confident de Néron (rôle muet)
- Épicharis, affranchie
- Lucain, neveu de Sénèque
- Procule, capitaine de marine
- Silvanus, centenier
- Pauline, épouse de Sénèque
- Figurants : gardes, domestiques.
L'action se déroule dans Rome.
RésuméModifier
L'intrigue de La Mort de Sénèque, « beau et noble tableau d'histoire, comme l'avait été Cinna[1] », est tirée d'un épisode des Annales de Tacite[2]. Par une « curieuse coïncidence », en 1642, « le poète vénitien Giovanni Francesco Busenello puise à la même source pour fournir à Claudio Monteverdi le livret de son ultime opéra, Le Couronnement de Poppée. Or Tacite, surtout celui des Annales, intimide les auteurs de tragédie[3] » :
« Sabine Poppée, épouse de Néron, est jalouse de l'influence de Sénèque sur son élève. Elle essaie de perdre le philosophe, qui a refusé de prendre part à une conspiration, bien qu'il sache sa vie menacée. Les conjurés découverts, Néron soumet à la question les coupables, qui avouent, sauf la courageuse Épicharis. Persuadé par Sabine de la complicité de Sénèque, Néron lui donne l'ordre de s'ouvrir les veines[4]. »
Tristan L'Hermite a donné lui-même l'« argument » de sa tragédie, acte par acte, dans l'édition originale de 1645[5].
1er acteModifier
Acte IIModifier
Acte IIIModifier
Acte IVModifier
Acte VModifier
RéceptionModifier
La Mort de Sénèque est représentée en janvier 1644[6]. Madeleine Béjart y remporte un immense succès : selon Tallemant des Réaux, « son chef-d'œuvre [estoit] le personnage d'Epicharis, à qui Néron venoit de faire donner la question[7] ».
PostéritéModifier
La pièce a connu trois éditions du vivant de l'auteur, en livres in-4° et in-12, de 1645 à 1647, dont le frontispice présente une « autre curiosité : sur la partie gauche en bas figurent, comme si l'auteur avait voulu signer deux fois son œuvre, les armes des L'Hermite, un écu d'argent à trois chevrons de gueules[8] ».
Gustave Lanson, considérant les « défauts de structure » mais aussi le « dessin énergique des caractères » conclut : « C’est la plus belle tragédie romaine à côté de celles de Corneille et Racine[9] ».
La pièce surprend Marcel Arland « par la diversité de ses plans et la hardiesse de sa coupe comme par sa sobre vigueur, La Mort de Sénèque peut être rapprochée de certains drames historiques de Shakespeare[10] ».
Émile Henriot en apprécie « la force dramatique évidente, l'intrigue simple et bien construite, le dialogue rapide et théâtral à souhait. Par delà l'événement tragique, on voit le poète préoccupé d'étudier à fond la psychologie de ses personnages et d'en exprimer véridiquement le caractère[11] ».
AnalyseModifier
En 1780, le chevalier de Mouhy estime la pièce « très bien faite pour le temps, le caractère principal bien soutenu », en relevant que « Sénèque, qui devrait être le héros de la tragédie, n'y joue qu'un rôle épisodique[12] ». Tristan « accepte la tradition qui veut que le philosophe stoïcien ait connu saint Paul, et il en tire un effet remarquable, qui implique, de la part de l'ancien page disgracié et du pieux auteur des Heures de la Vierge, un fond d'idéologie assez vigoureux et un réel sentiment de la grandeur philosophique[13] ». À deux reprises, il « christianise la scène[14] » en évoquant
BibliographieModifier
Éditions modernesModifier
Œuvres complètesModifier
- Tristan L'Hermite et Roger Guichemerre (dir.), Œuvres complètes, tome IV : Les Tragédies, Paris, Éditions Honoré Champion, coll. « Sources classiques » (no 31), , 560 p. (ISBN 978-2-7453-0384-4)
- Daniela Dalla Valle, Introduction, p. 7-16,
- Jean-Pierre Chauveau, Introduction et notes pour La Mort de Sénèque, p. 233-341,
AnthologiesModifier
- Jacques Scherer et Jacques Truchet, Théâtre du XVIIe siècle, vol. II, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade » (no 330), , 1603 p. (ISBN 2-07-011107-5)
- La Mort de Sénèque, p. 331-403
Ouvrages générauxModifier
- Napoléon-Maurice Bernardin, Du XVe au XXe siècle, études d'histoire littéraire : « Le théâtre de Tristan L'Hermite, La Mort de Sénèque », Genève, Slatkine, (1re éd. 1911), 356 p. (lire en ligne), p. 67-95
- Collectif et Jean Tortel (éd.), Le préclassicisme français, Paris, Les Cahiers du Sud, , 374 p.
- Octave Nadal, La scène française d'Alexandre Hardy à Corneille, p. 208–217
- Jean Tortel, Petit memento pour un demi-siècle, p. 232–259
- Gustave Lanson, Histoire de la littérature française, Paris, Librairie Hachette, , 1158 p. (lire en ligne)
- Gustave Lanson, Esquisse d'une histoire de la tragédie française, New York, Columbia University Press, , XII-155 p. (lire en ligne)
- Claude et François Parfaict, Histoire générale du Théâtre français depuis son origine jusqu'à présent, t. VI, Amsterdam, Aux dépens de la Compagnie, , 428 p. (lire en ligne), p. 307-311
- Tallemant des Réaux, Historiettes, vol. II, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade » (no 141), , 1725 p. (ISBN 978-2-07-010548-9)
- Voltaire, Œuvres complètes : Commentaires sur Corneille, t. 31, Paris, Garnier Frères, , 604 p. (lire en ligne)
Études et monographiesModifier
- Anonyme, Vie de Tristan L'Hermite : « Préface d'une nouvelle édition de La Mariane », Paris, François Flahault, , 88 p. (lire en ligne), p. IX-XIX.
- Marcel Arland, Le Promenoir de Tristan, préface pour Le Page disgracié, Paris, Éditions Stock, coll. « À la Promenade », , 324 p., p. 7-44.
- Napoléon-Maurice Bernardin, Un Précurseur de Racine : Tristan L'Hermite, sieur du Solier (1601-1655), sa famille, sa vie, ses œuvres, Paris, Alphonse Picard, , XI-632 p. (lire en ligne).
- Sandrine Berregard, Tristan L'Hermite, « héritier » et « précurseur » : Imitation et innovation dans la carrière de Tristan L'Hermite, Tübingen, Narr, , 480 p. (ISBN 3-8233-6151-1, lire en ligne).
- (en) Thomas James Braga, Baroque imagery and themes in the theater of Tristan L'Hermite, Houston, Rice University, , 255 p. (lire en ligne).
- Amédée Carriat, Tristan, ou L'éloge d'un poète, Limoges, Éditions Rougerie, , 146 p..
- Émile Henriot, Préface, p. 9-16.
- Amédée Carriat, Tristan L'Hermite : Choix de pages, Limoges, Éditions Rougerie, , 264 p..
- (it) Daniela Dalla Valle, Il Teatro di Tristan L'Hermite : Saggio storico e critico, Turin, Giappichelli, , 340 p..
Articles et analysesModifier
- Sandrine Berrégard, « La pratique de l'argument dans le théâtre de Tristan L'Hermite : de l'écriture dramatique à l'écriture narrative », XVIIe siècle, no 232, , p. 499-512 (lire en ligne)
- Pierre Quillard, « Les poètes hétéroclites : François Tristan L'Hermitte de Soliers », t. V, Mercure de France, , 370 p. (lire en ligne), p. 317-333
- Ernest Serret, « Un précurseur de Racine : Tristan L'Hermite », Le Correspondant, no LXXXII, , p. 334-354 (lire en ligne)
Cahiers Tristan L'HermiteModifier
- Cahiers Tristan L'Hermite, Tristan : Théâtre, Limoges, Éditions Rougerie (no XXII), , 95 p.
- Charles Mazouer, « La vision tragique dans La Mariane, La Mort de Sénèque et La Mort de Chrispe », p. 5–16
- Catherine Guillot, « La fonction didactique du frontispice dans le théâtre de Tristan L'Hermite », p. 17–35
- Daniela Dalla Valle, « Les songes tragiques de Tristan », p. 62–78
Liens externesModifier
- Tristan L'Hermite, La Mort de Sénèque (édition de 1645) sur le site Theâtre Classique.
- La Mort de Sénèque et ses représentations sous l'Ancien Régime sur le site CÉSAR
Notes et référencesModifier
NotesModifier
RéférencesModifier
- Adam, II 1997, p. 344.
- Bernardin 1895, p. 419.
- Dalla Valle 2001, p. 234.
- Carriat 1960, p. 245.
- Chauveau 2001, p. 248.
- Chauveau 2001, p. 233.
- Tallemant des Réaux 1961, p. 778.
- Chauveau 2001, p. 339.
- Lanson 1920, p. 75.
- Arland 1946, p. 27.
- Henriot 1955, p. 14.
- Charles de Fieux de Mouhy, Abrégé de l'histoire du théâtre français, depuis son origine, Paris, Jorry & Mérigot, , 504 p. (lire en ligne), p. 436
- Henriot 1955, p. 15.
- Dalla Valle 2001, p. 335.
- Dalla Valle 2001, p. 277.