Kertch

ville ukranienne et criméenne

Kertch
Керч
Blason de Kertch Керч
Héraldique
Drapeau de Kertch Керч
Drapeau
Kertch
Mémorial de la Seconde Guerre mondiale classée[1], le port de Kertch à l'arrière plan.
Administration
Pays Drapeau de l'Ukraine Ukraine (de jure)
Drapeau de la Russie Russie (de facto)
Subdivision Drapeau de la Crimée Crimée[rev 1]
Municipalité Municipalité de Kertch (uk)
Maire Sergueï Borozdine
Code postal 298300 — 298399
Démographie
Population 145 265 hab. (2013)
Densité 1 345 hab./km2
Géographie
Coordonnées 45° 21′ 36″ nord, 36° 28′ 48″ est
Altitude 10 m
Superficie 10 800 ha = 108 km2
Fuseau horaire UTC+03:00
Divers
Fondation VIIe av. J.-C.
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Crimée
Voir sur la carte administrative de Crimée
Kertch
Керч
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
Voir sur la carte administrative d'Ukraine
Kertch
Керч
Géolocalisation sur la carte : Russie
Voir sur la carte administrative de Russie
Kertch
Керч

Listes de villes de Russie et d'Ukraine
  1. La république de Crimée (selon le droit russe) ou la république autonome de Crimée (selon le droit ukrainien).

Kertch (en russe : Керчь, en ukrainien : Керч, en tatar de Crimée : Keriç, en vieux-slave oriental : Корчев) est une ville de Crimée ayant le statut de municipalité. Sa population s'élevait à 145 265 habitants en 2013.

Géographie modifier

 
Une rue de Kertch.

Kertch est située à l'extrémité orientale de la péninsule de Kertch, en Crimée. La ville dispose d'un port de commerce ouvrant sur le détroit de Kertch, un passage maritime de la mer d'Azov qui sépare la cité de la péninsule de Taman, en Russie. Elle se trouve à 197 km au nord-est de Simferopol et à 718 km au sud-est de Kiev.

Histoire modifier

 
Intérieur du Kourgane Tsarsky, IVe siècle av. J.-C.

Le nom de la ville provient de l'ancien slave oriental къркъ, qui signifie « gorge », par allusion au détroit du même nom, qui fait face à la ville et que les anciens Grecs nommaient Bosphorus. Kertch est l'une des plus anciennes villes d'Ukraine.

Les fouilles archéologiques effectuées à Mayak, village proche de la ville, ont prouvé que la zone avait déjà été habitée du XVIIe au XVe siècle av. J.-C..

 
Ruines de Panticapée.

L'histoire de Kertch en tant que ville commence au VIIe siècle av. J.-C., lorsque des colons grecs venus de Milet fondèrent une ville-état nommée Panticapée, ce qui signifie « route du poisson », sur la rive du détroit de Kertch. La ville fut bâtie au sommet du mont Mitridates, sur le site de la ville actuelle de Kertch. Après avoir soumis les cités voisines, elle devint en une capitale du royaume du Bosphore. Plus tard, durant le règne du roi Mithridate VI Eupator, Panticapée fut, pendant une courte période, la capitale du royaume du Pont, beaucoup plus vaste et puissant.

La ville était située à l'intersection des routes commerciales entre l'Asie et l'Europe connut une croissance rapide. Les principales exportations de la ville étaient les céréales, le poisson salé et le vin. Panticapée frappait sa propre monnaie. Une grande partie de la population était ethniquement scythe et plus tard sarmate, ce qu'attestent les fouilles archéologiques de Koul-Oba (« la Colline de cendre » en tatar).

Au Ier siècle de notre ère, Panticapée et le Royaume du Bosphore subirent des raids des Ostrogoths, puis la ville fut dévastée par les Huns en l'an 375. À partir du VIe siècle, la ville fut reconstruite sous l'Empire byzantin et sur ordre de l'empereur Justinien, une citadelle nommée Bosphoros y fut construite : en 576, elle résista à un siège des Köktürks commandés par Bokhan. L'« Église des Apôtres » existait à la fin du VIIIe siècle et fut le centre d'un diocèse byzantin jusqu'au début du IXe siècle, selon la Vie de l'apôtre André d'Epiphanos.

 
L'église byzantine Saint-Jean-Baptiste de Kertch, VIIIe – XIIIe siècles.

Au VIIe siècle, les Khazars prirent le contrôle de Bosphoros et la ville fut renommée Kartcha ou Tcharcha. Le chef du gouvernement local était à cette époque le tudun. Le christianisme resta la religion principale à Kertch à l'époque de la domination khazare. L'église de Saint-Jean Baptiste fut élevée en 717, ce qui en fait la plus ancienne église d'Ukraine et de Russie.

Après la chute de la Khazarie face à la Russie kiévienne, à la fin du Xe siècle, Kertch devint le centre d'un nouvel État. Son chef, Georges Tzoul, fut déposé par une expédition des Byzantins et de la Rus', en 1016. À partir du XIe siècle, la ville était une colonie slave du nom de Kortchev, qui appartenait à la principauté de Tmutarakan. Kortchev était un nœud commercial entre la Russie kiévienne, la Crimée (Tauride), le Caucase et l'Orient.

Au XIIIe siècle, Kortchev et toute la Crimée furent envahies par les Mongols. La ville devint en 1318 la colonie génoise de Cerco (Bosporo). Les habitants travaillaient dans les sauneries ou étaient pêcheurs. La ville passa en 1475 sous la domination de l'Empire ottoman et fut un important marché d'esclaves. Elle subit les raids répétés des Cosaques zaporogues.

 
Forteresse ottomane de Ieni-Kale.
 
Kertch en 1839 par Ivan Aïvazovski.

Après la prise d'Azov par l'Empire russe, les Tzars visent l'accès à la mer Noire par Kertch ; c'est l'un des objectifs de l'Alliance avec l'Autriche de 1697, mais la paix conclue hâtivement par les Autrichiens au Traité de Karlowitz ne le leur permet pas. Face au renforcement des forces militaires russes dans la région d'Azov, les Turcs construisirent en 1706 la forteresse de Ieni-Kale, près de la ville, face au détroit de Kertch. En 1771, l'armée russe entra en Crimée et, par le traité de Kutchuk-Kaïnardji, signé en 1774, Kertch et Ieni-Kale furent cédées à l'Empire russe. En 1790, la Marine impériale russe sous le commandement de l'amiral Fiodor Ouchakov infligea une défaite à la flotte turque lors de la bataille du détroit de Kertch.

En 1834, Auguste Frédéric Viesse de Marmont visita la ville qu'il décrit comme « jolie » et peuplée de trois mille habitants[2].

En raison de son emplacement, Kertch devint un important port de commerce et de pêche. Le musée d'État de l'Antiquité et divers établissements d'enseignement furent ouverts dans la ville. Une usine sidérurgique fut construite en 1846, alimentée par un énorme gisement de minerai de fer trouvé dans la péninsule de Kertch et possède un fort défendant le détroit.

Au cours de la guerre de Crimée (de 1853 à 1856), la ville fut dévastée par les forces franco-britanniques en mai-juin 1855 dans le cadre de la prise de contrôle du détroit de Kertch.

À la fin du XIXe siècle, Kertch accueillit des industries mécaniques et des cimenteries ainsi que des conserveries et des usines de tabac. En 1900, la ville fut reliée au chemin de fer et le chenal du détroit de Kertch fut approfondi et élargi. La population atteignait alors 33 000 habitants.

Kertch connut une période de déclin pendant la Première Guerre mondiale et la guerre civile russe, puis reprit sa croissance à la fin des années 1920, grâce au développement de diverses industries, minerai de fer et métallurgie en particulier. En 1939, la population atteignait 104 500 habitants.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, de 1941 à 1945, Kertch fut le théâtre de violents combats entre l'Armée rouge et l'armée allemande. La ville fut d'abord prise par les Allemands en . Le , les Soviétiques la reprirent grâce à une opération de débarquement naval, mais le , la 170. Infanterie-Division et le Infanterie-Regiment 213 chassèrent les forces soviétiques de la ville au cours de l'opération Trappen-Jagd[3]. L'Armée rouge perdit plus de 169 000 prisonniers au cours de la bataille de la péninsule de Kertch[4]. Le , les forces navales soviétiques lancèrent une autre opération de débarquement, mais Kertch ne fut finalement libérée que le .

Durant l'occupation de Kertch, l'armée allemande tua quelque 15 000 habitants et en déporta 14 000. Des preuves des atrocités commises par les Allemands à Kertch furent présentées au procès de Nuremberg. Les catacombes (mines) d'Ajimouchkaï, dans la banlieue de Kertch, servirent de refuge à des milliers de soldats et de réfugiés, qui prirent part à des opérations de guérilla contre l'occupant. Beaucoup d'entre eux périrent sous terre, à la suite d'attaques au gaz toxique. Par la suite, un mémorial fut élevé sur le site. Pour l'héroïsme de ses habitants, Kertch reçut le titre honorifique de Ville héros.

Depuis 1993, le Forum du Bospor, le premier grand festival international des arts de l'ex-URSS, a été organisé à Kertch par le poète et savant Igor Sid. Des auteurs connus comme Vassili Axionov, Ivan Jdanov, Nikolaï Zvyagintsev, Fazil Iskander, Timur Kibirov, Dmitry Kuzmin, Alexeï Parshtshikov, Andreï Polyakov, Lev Rubinstein, Evgeny Sabourov etc. ont participé au Forum.

Le , un élève de quatrième année âgé de 18 ans, Vladislav Rosliakov, ouvre le feu au lycée polytechnique et fait 20 morts et au moins 50 blessés, avant de se suicider. Un deuil de trois jours a été décrété en Crimée. Les faits sont qualifiés d'« acte terroriste »[5],[6],[7],[8].

Population modifier

Recensements (*) ou estimations de la population[9] :

Évolution démographique
1840 1863 1897* 1911 1923* 1926* 1939* 1959*
9 90021 40033 34755 80025 98634 624104 44398 769
1970* 1979* 1989* 2001* 2010 2011 2012 2013
127 608156 827174 365157 007147 269146 516145 845145 265

Économie et transports modifier

Au sud de la ville se trouvent le port de commerce de Kertch qui représente un trafic de 9,6 millions de tonnes en 2016, et l’usine de construction navale Zaliv chargée de la construction des porte-hélicoptères Ivan Rogov et Mitrofan Moskalenko du projet 23900 dont la construction a débuté en juillet 2020 pour une mise en service prévue en 2025 et 2026. Et le port de Komich-Bouroun pour le commerce.

Située à proximité du pont de Crimée, la ville occupe une position privilégiée sur l’axe routier et ferroviaire avec le kraï de Krasnodar et le reste de la Russie. Outre la gare, la ville est desservie par un aéroport et dispose d’un réseau de trolleybus (ru) avec trois lignes.

Culture modifier

Le musée d’archéologie de Kertch.

Personnalités modifier

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. numéro : 01-112-0071.
  2. Voyage…, I, Bruxelles, 1837, p. 269 (lire en ligne).
  3. Erich von Manstein, Victoires perdues, Paris, Plon, 1958, p. 180.
  4. Benoît Lemay, Erich von Manstein, Tempus, 2006, p. 337.
  5. « La Crimée sous le choc après un « meurtre de masse » dans un lycée », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Crimée : au moins 19 morts dans l'attaque d'un lycée par un élève, les autorités cherchent des complices », LCI,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Ce que l'on sait du "Columbine russe" », RTL.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. RMC, « Au moins 19 morts dans une fusillade dans un lycée en Crimée: ce que l'on sait du tueur », sur RMC (consulté le )
  9. « Recensements et estimations de la population depuis 1897 », sur pop-stat.mashke.org(uk) « Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2010, 2011 et 2012 », sur database.ukrcensus.gov.ua« Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2011, 2012 et 2013 », sur database.ukrcensus.gov.ua

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :