Jonathan Swift

écrivain, satiriste, essayiste, pamphlétaire politique anglo-irlandais (1667–1745)

Jonathan Swift, né le à Dublin en Irlande et mort le dans la même ville, est un écrivain, satiriste, essayiste, pamphlétaire politique, poète et clergyman anglo-irlandais. Probablement le plus grand satiriste en prose de la langue anglaise[1], il est surtout connu pour avoir écrit Les Voyages de Gulliver.

Jonathan Swift
Description de cette image, également commentée ci-après
Détail d'un portrait de Jonathan Swift réalisé par Charles Jervas (1718).
Alias
M. B. Drapier, Lemuel Gulliver, Isaac Bickerstaff
Naissance
Dublin (Drapeau du Royaume d'Irlande Royaume d'Irlande)
Décès (à 77 ans)
Dublin (Royaume d'Irlande)
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Anglais

Œuvres principales

Membre du Scriblerus Club, il publie ses œuvres en usant des pseudonymes comme Lemuel Gulliver, Isaac Bickerstaff et M. B. Drapier, ou anonymement. Il se démarque dans deux styles de satire, la satire horacienne et la satire juvénalienne. Il a été doyen de la cathédrale Saint-Patrick de Dublin.

Biographie

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Jonathan Swift a un père anglican et est élevé, assez modestement, par ses oncles issus de la bourgeoisie anglicane. Il étudie au Kilkenny Collège de Kilkenny entre 6 et 14 ans (de 1673 à 1681), puis au Trinity College de Dublin - qui est à l'époque la seule université d'Irlande - de 1682 à 1686[2]. En 1689, il quitte Dublin, et ses tensions entre protestants et catholiques, pour se rendre en Angleterre, où il rejoint sa mère, établie dans le comté de Leicester. Il sert alors de secrétaire au diplomate William Temple, parent très éloigné de sa mère.

Après 1689, il a été initié en franc-maçonnerie dans la loge « Goat at the Foot of the Haymarket » n. 16[3].

Jonathan Swift devient précepteur d'Esther Johnson, probablement la fille illégitime de Temple, qu'il surnomme « Stella » et qui lui inspire une longue passion platonique. Il poursuit ses études de théologie qui s'achèvent en 1692 par un doctorat. En 1694, il est ordonné diacre à la cathédrale Christ Church de Dublin, puis en janvier 1695 nommé pasteur à Kilroot (en), près de Belfast[4], mais ne reste que quelques mois sur place. Sa qualité de membre de l'Ordre maçonnique[5] reste douteuse[6].

À la mort de son oncle vers 1698, il retourne dans son pays natal, et crée une relation avec une des filles Johnson, intendant du sir Temple. La relation est platonique et malgré leur étroite intimité, il ne cherche pas à se marier. La relation est cachée à tous pour éviter les calomnies.

Jonathan Swift revient à Moor Park, là où habite William Temple. Il écrit alors la Bataille des livres pour défendre celui-ci dans la querelle des Anciens et des Modernes et, en 1704, Le Conte du tonneau, œuvre critique de ses contemporains et qui déplaît à la reine Anne. En 1701, il publie anonymement son premier pamphlet politique, A Discourse on the Contests and Dissentions in Athens and Rome, où il prend parti pour les whigs.

En 1702, trois ans après la mort de Temple, il rentre en Irlande avec Esther Johnson (désormais âgée de 20 ans). Il obtient rapidement le bénéfice de Laracor dans le comté de Mealth et une prébende à la cathédrale Saint-Patrick de Dublin.

Lors de l'arrivée au pouvoir des tories en 1710, Swift les soutient par des articles qu'il écrit pour l’Examiner de 1711 à 1714, un journal dont il est le rédacteur en chef. En 1711, il publie le pamphlet politique The Conduct of the Allies attaquant le gouvernement whig pour son incapacité à mettre fin à la guerre avec la France (les deux pays sont engagés dans la guerre de Succession d'Espagne). Il se charge ainsi de préparer l'opinion publique à la paix. C'est à cette époque que le gouvernement tory mène des négociations secrètes avec la France qui aboutissent aux traités d'Utrecht en 1713, ce qui contribue à mettre fin à la guerre de Succession d'Espagne.

Parvenu à l'état de doyen de sa cathédrale, Swift n'accède pas à l'évêché, la reine Anne lui tenant rigueur de son virulent Conte du tonneau.

Jonathan Swift s'engage dans quelques batailles littéraires de son époque, notamment la querelle des Anciens et des Modernes, du côté des Anciens.

En 1714, la chute des tories rend définitif son exil en Irlande. Il publie un nombre important d'ouvrages politiques.

De 1707 à 1723, il correspond régulièrement avec la poétesse Vanessa. Swift entretient alors deux relations intimes, toutes deux platoniques, une avec Stella et l'autre avec Vanessa. Cette dernière meurt en 1723, ce qui lui inspire Cadenus et Vanessa[7].

Jonathan Swift publie en 1726, Les Voyages de Gulliver, satire considérée comme l'une de ses deux œuvres majeures (l'autre étant le Conte du tonneau). On tient souvent cet ouvrage pour un « conte pour enfants » (sans doute parce que de nombreuses éditions édulcorées ont rapidement paru dans les bibliothèques spécialisées en littérature enfantine). Il s'agit en fait, au-delà de la satire, d'un conte philosophique[8].

Dans son roman Voyage à Laputa (1727), Jonathan Swift indique l'existence de deux satellites de Mars, il donne leur période de rotation et leur distance par rapport à la planète (qui sont cependant inexactes). En 1877, l'astronome Asaph Hall découvre ces satellites et leur donne le nom des deux fils de Mars, l'Arès des Grecs, « Phobos » et « Deimos », mentionnés dans le chant XV de l’Iliade[9]. En hommage à cette prédiction de Swift, l'un des cratères de Deimos a été nommé Swift.

Jonathan Swift souffre toute sa vie d'une maladie associant vertiges, acouphènes et nausées, maintenant connue sous le nom de maladie de Menière. Après sa mort le , l'argent qu'il laisse est employé à la fondation d'un hôpital soignant les maladies mentales, le St. Patrick’s Hospital for Imbeciles (en), créé en 1757.

Jonathan Swift est enterré dans l'enceinte de sa cathédrale, près du cercueil de Stella. Sur la pierre tombale, on peut lire l'épitaphe qu'il a écrite en latin : « Ici repose la dépouille de JONATHAN SWIFT, D.D., doyen de cette cathédrale, qui désormais n'aura plus le cœur déchiré par l'indignation farouche. Va ton chemin, voyageur, et imite si tu le peux l'homme qui défendit la liberté envers et contre tout »[trad 1],[10].

Œuvres

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Notes et références

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Citations originales

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  1. (la) « Hic depositum est Corpus IONATHAN SWIFT S.T.D. Hujus Ecclesiæ Cathedralis Decani, Ubi sæva Indignatio Ulterius Cor lacerare nequit. Abi Viator Et imitare, si poteris, Strenuum pro virili Libertatis Vindicatorem. »

Références

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  1. (en) Ricardo Quintana, « Jonathan Swift », dans Encyclopaedia Britannica, (lire en ligne)
    (en) « Anglo-Irish author, who was the foremost prose satirist in the English language ».
  2. (en) Ian Campbell Ross, « Jonathan Swift »   (Article), sur Trinity College Dublin, (consulté le )
  3. Lambros Couloubaritsis, La Complexité de la franc-maçonnerie. Approche Historique et Philosophique, Bruxelles, 2018, Ed. Ousia, p. 211.
  4. Clive Probyn, « Swift, Jonathan », sur Oxford Dictionnary of National Biography,
  5. Biographie sur le site de Grand Lodge of British Columbia and Yukon
  6. [PDF]Lettre de la Grande-maîtresse des francs-maçonnes à M. Harding imprimeur, attribuée à Jonathan SWIFT (1724)
  7. « Jonathan Swift », sur larousse.fr (consulté le )
  8. Hippolyte Taine, La Littérature anglaise (T. 4/5) d’, Paris, Éd. Hachette et Cie, 1878, p. 5.
  9. (en) A. Hall, « Names of the Satellites of Mars », Astronomische Nachrichten, vol. 92, no 2187,‎ , p. 11–14 (lire en ligne, consulté le ).
  10. (contributeurs), « File:St. Patrick's Cathedral Swift epitaph.jpg », sur commons.wikimedia.org,

Annexes

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Bibliographie

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Liens externes

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