Intelligence émotionnelle

capacité d’une personne à percevoir, comprendre, gérer et exprimer ses propres émotions, ainsi que celles des autres, afin de résoudre les problèmes et réguler les comportements liés aux émotions

L'intelligence émotionnelle (IE) fait référence à la capacité d'une personne à percevoir, comprendre, gérer et exprimer ses propres émotions, ainsi que celles des autres, afin de résoudre les problèmes et réguler les comportements liés aux émotions[1],[2].

Les émotions sociales (en) ont souvent lieux dans le cadre familial comme illustré sur cette image.

Bien que le terme soit apparu pour la première fois en 1964[3], il a gagné en popularité dans le best-seller L'Intelligence émotionnelle[4], écrit par le journaliste scientifique Daniel Goleman en 1995. Goleman définit l'IE comme l'ensemble des compétences et des caractéristiques qui déterminent les performances en matière de leadership[5]. Certains chercheurs suggèrent que l'intelligence émotionnelle peut être apprise et renforcée, tandis que d'autres affirment qu'il s'agit d'une caractéristique innée[6].

Différents modèles ont été élaborés pour mesurer l'IE. Le modèle des traits, développé par Konstantinos V. Petrides en 2001, se concentre sur l'auto-déclaration des dispositions comportementales et des capacités perçues[7]. Le modèle des aptitudes, développé par Peter Salovey et John Mayer en 2004, se concentre sur la capacité de l'individu à traiter les informations émotionnelles et à les utiliser pour naviguer dans l'environnement social[8]. Le modèle original de Goleman peut maintenant être considéré comme un modèle mixte qui combine ce qui a depuis été modélisé séparément comme l'IE des aptitudes et l'IE des traits. Des recherches plus récentes se sont concentrées sur la reconnaissance des émotions, c'est-à-dire l'attribution d'états émotionnels sur la base d'observations d'indices visuels et auditifs non verbaux[9],[10]. En outre, des études neurologiques ont cherché à caractériser les mécanismes neuronaux de l'intelligence émotionnelle[11].

Des études ont montré que les personnes ayant une IE élevée ont une meilleure santé mentale et physique[12], de meilleures performances professionnelles[13] et de meilleures compétences en matière de leadership[14].

Plusieurs études scientifiques robustes, les méta-analyses, indiquent que l'intelligence émotionnelle peut se développer par des interventions adaptées[15],[16],[17].

L'IE est généralement associée à l'empathie, car elle implique qu'un individu relie ses expériences personnelles à celles des autres.[réf. souhaitée] Depuis sa popularisation au cours des dernières décennies, les méthodes de développement de l'IE sont largement recherchées par les personnes qui souhaitent devenir des leaders plus efficaces.[réf. nécessaire]

Les critiques se sont concentrées sur la question de savoir si l'IE est une véritable intelligence et si elle a une validité supplémentaire par rapport au QI et aux cinq grands traits de personnalité[18]. Cependant, des méta-analyses ont montré que certaines mesures de l'IE ont une validité même en contrôlant le QI et la personnalité[19].

Histoire

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Le concept de Force Emotionnelle a été introduit pour la première fois par Abraham Maslow dans les années 1950[20]. Le terme "intelligence émotionnelle" semble être apparu pour la première fois dans un article de M. Beldoch en 1964[3] et dans l'article de B. Leuner intitulé Emotional intelligence and emancipation, publié en 1966 dans la revue psychothérapeutique Practice of child psychology and child psychiatry[21].

En 1983, Howard Gardner a publié Frames of Mind : The Theory of Multiple Intelligences[22] qui introduit l'idée que les types traditionnels d'intelligence, tels que le QI, ne parviennent pas à expliquer pleinement les capacités cognitives. Il a introduit l'idée d'intelligences multiples comprenant à la fois l'intelligence interpersonnelle (la capacité de comprendre les intentions, les motivations et les désirs des autres) et l'intelligence intrapersonnelle (la capacité de se comprendre soi-même, d'apprécier ses sentiments, ses peurs et ses motivations)[23].

La publication du terme « QE » (quotient émotionnel) est un article de Keith Beasley paru en 1987 dans le magazine britannique Mensa[24].

En 1989, Stanley Greenspan a proposé un modèle pour décrire l'IE, suivi d'un autre par Peter Salovey et John Mayer publié l'année suivante[25].

Cependant, la vulgarisation du concept de l'intelligence émotionnelle intervient avec la publication du livre de Daniel Goleman, Emotional Intelligence: Why it can matter more than IQ (1995)[4], qui devient un succès de librairie international. Goleman a ensuite publié plusieurs ouvrages similaires qui renforcent l'utilisation du terme : Working with emotional intelligence (1998)[26], The Brain and Emotional Intelligence: New insights (2011)[27], Leadership: The Power of Emotional Intelligence (2011)[28].

Fin 1998, l'article de Goleman dans la Harvard Business Review intitulé "What Makes a Leader"[5] a attiré l'attention de la direction générale de Johnson & Johnson, précédemment Johnson & Johnson Consumer Companies (JJCC). L'article soulignait l'importance de l'intelligence émotionnelle (IE) dans la réussite du leadership et citait plusieurs études démontrant que l'IE est souvent le facteur distinctif entre les grands leaders et les leaders moyens. La JJCC a financé une étude qui a conclu à l'existence d'un lien étroit entre les dirigeants les plus performants et les compétences émotionnelles, ce qui confirme les suggestions des théoriciens selon lesquelles l'ensemble des compétences sociales, émotionnelles et relationnelles, communément appelé intelligence émotionnelle, est un facteur distinctif de la performance des dirigeants[29].

Les tests mesurant l'IE n'ont pas remplacé les tests de QI en tant que mesure standard de l'intelligence[30], et l'intelligence émotionnelle a fait l'objet de critiques quant à son rôle dans le leadership et la réussite des entreprises[31].

Hypothèse de Mayer et Salovey

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Outre le fait d’avoir une bonne cohérence interne et un pouvoir prédictif substantiel, toute théorie scientifique se doit d’utiliser avec pertinence et précision le langage technique (Mayer, Salovey, & Caruso, 2000). Or, un problème majeur lorsque l’IE est étudiée, c’est que certaines théories se rapportent précisément aux émotions et à l’intelligence alors que d’autres, beaucoup plus larges, intègrent de nombreux autres concepts par exemple la motivation, le niveau de conscience[32] ou encore la persistance.

Émotions et cognitions dans le modèle de Mayer et Salovey

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Les émotions sont reconnues comme étant un des trois ou quatre types d’opération mentale, à savoir : la motivation, les émotions, les cognitions et (moins fréquemment) la conscience[33]. Ces concepts sont définis selon la plupart de ces auteurs, tels que Mayer, Salovey et Caruso (2000) en font la synthèse.

Les motivations de base surviennent en réponse à des états internes et incluent donc des « moteurs » tels que la faim, la soif, le besoin de contacts sociaux et le désir sexuel. Le rôle des motivations est de diriger l’organisme dans la réalisation d’actes simples pour satisfaire les besoins de survie et de reproduction. Dans leur forme basique, les motivations suivent un cycle temporel relativement déterminé (ex. : la soif augmente jusqu'à ce qu’elle soit étanchée) et sont généralement satisfaites d’une façon spécifique (la soif est satisfaite par le fait de boire).

En ce qui concerne les émotions, il semblerait qu’elles apparaissent chez les mammifères pour signaler les changements (réels ou imaginaires) dans les relations entre un individu et son environnement afin de fournir une réponse adéquate. Par exemple, la colère apparaît en réponse à une menace ou une injustice ; la peur apparaît en réponse au danger. Les émotions ne suivent pas un cycle temporel rigide, mais répondent aux changements externes dans les relations (ou la perception interne de ceux-ci). De plus, chaque émotion organise plusieurs réponses comportementales de base à ces relations ; par exemple, la peur organise l’attaque ou la fuite. Les émotions sont par conséquent plus flexibles que les motivations, mais pas encore autant que ne le sont les cognitions.

Les cognitions permettent à l’organisme d’apprendre de son environnement et de résoudre des problèmes dans des situations nouvelles. Ces apprentissages se font souvent dans le but de satisfaire les motivations ou afin de créer ou de maintenir des émotions positives. La cognition comprend l’apprentissage, la mémoire et la résolution de problèmes. Elle se fait en direct et implique un traitement intentionnel de l’information basé sur l’apprentissage et la mémoire (voir Mayer et al., 1997 pour une revue détaillée de ces concepts). Ces trois types d’opération mentale de base s’intègrent et se combinent dans une structure plus large (system framework) pour engendrer des mécanismes plus complexes pour former la personnalité d’un individu.

Selon Mayer, Salovey et Caruso (2000), c’est uniquement au niveau de l’interaction entre les émotions et les cognitions que doit se situer le concept d’intelligence émotionnelle. Dans cette optique, il était donc nécessaire de clarifier le sens que donnent ces auteurs aux termes, car cela permet de constater qu’un grand nombre d’autres modèles d’IE débordent en fait du cadre originel. Ainsi, par exemple, quand Goleman intègre la notion de self-concept à son modèle, il introduit dans l’IE un construct de personnalité beaucoup plus complexe qui implique aussi un autre niveau de traitement : celui des motivations.

L’expression intelligence émotionnelle, implique donc quelque chose qui appartient à l’intersection des émotions et des cognitions. Selon cette perspective, afin d’évaluer une théorie touchant un tant soit peu à l’intelligence émotionnelle, il faut mesurer le degré auquel la théorie en question se rapporte à cette intersection.

Conceptions de l’intelligence

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Différentes significations sont données au terme d'intelligence. Toutefois, que l'on parle d’intelligence artificielle, d’intelligence humaine ou d'intelligence économique, toutes impliquent le fait de rassembler de l’information, d’apprendre de celle-ci et de raisonner avec elle ; elles impliquent toutes une habilité mentale associée à des opérations cognitives. Le modèle des habiletés mentales a été représenté dans sa forme pure par Lewis Terman[34][réf. non conforme] qui affirmait que l’intelligence d’un individu était fonction de sa capacité à mener un raisonnement abstrait (voir l'article QI). En fait, les conférences académiques sur l’intelligence concluent immanquablement que le premier signe d’intelligence est un niveau élevé d’habiletés mentales tel que le raisonnement abstrait[35][réf. non conforme].

Peter Salovey et John Mayer[1] (1990), qui situaient l’IE uniquement à l’intersection des cognitions et des émotions, ont depuis continué leurs recherches sur l’importance de ce concept (Mayer, Salovey, Caruso et Sitarenios, 2003). Ces auteurs soutiennent que les êtres varient dans leur capacité à traiter l’information d’une nature émotionnelle et leur capacité à établir un lien entre ce traitement émotionnel et la cognition générale. Ils posent ensuite l’hypothèse que cette capacité se manifeste dans certains comportements d’adaptation (Mayer, Salovey et Caruso, 2000).

Selon ces auteurs, l’intelligence émotionnelle comporte deux dimensions : la dimension expérientielle (la capacité à percevoir et à manipuler l’information émotionnelle ainsi qu’à y réagir sans nécessairement la comprendre), et la dimension stratégique (la capacité à comprendre et à gérer les émotions sans nécessairement bien percevoir les sentiments ou les éprouver complètement). Chaque dimension est ensuite divisée en deux branches qui vont des processus psychologiques de base aux processus plus complexes intégrant l’émotion et la cognition[réf. nécessaire].

La première branche, celle de la perception émotionnelle, correspond à la capacité à être conscient de ses émotions et à exprimer ses émotions et besoins émotionnels correctement aux autres. Cela inclut la capacité à faire la distinction entre des expressions honnêtes et malhonnêtes des émotions. La seconde branche, celle de l’assimilation émotionnelle, renvoie à la capacité à faire la distinction entre différentes émotions ressenties et à reconnaître celles qui influent sur les processus de pensée. La troisième branche, celle de la compréhension émotionnelle, est la capacité à comprendre des émotions complexes (comme le fait d’éprouver deux émotions distinctes en même temps) et celle de reconnaître les transitions d’une émotion à une autre. Enfin, la quatrième branche, celle de la gestion des émotions, correspond à la capacité à vivre ou à contrôler une émotion selon son utilité pertinente dans une situation donnée (Mayer et Salovey, 1997).

Modèles mixtes

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Les modèles mixtes de l'intelligence émotionnelle diffèrent de façon substantielle, des modèles des capacités mentales. En fait, dans les premiers articles académiques sur l’IE, les deux types de modèles ont été proposés[36],[1]. Ces articles présentaient une conception « capacité mentale » de l'intelligence émotionnelle tout en décrivant librement des caractéristiques de personnalité qui pourraient l'accompagner, telles que l’authenticité, le fait d’être chaleureux, la capacité à faire des plans pour l'avenir, la persévérance, etc[1]. Mais très vite, les mêmes auteurs ont reconnu que leur travail théorique serait plus utile s’ils se contraignaient à envisager l'intelligence émotionnelle comme une capacité mentale et s'ils la séparaient des traits de personnalité mentionnés précédemment. En faisant cette distinction, il serait possible d'analyser indépendamment le degré d’influence de l’IE dans la vie d’une personne. Bien que les auteurs ne négligent pas l’importance des traits de personnalité comme la chaleur, il vaut mieux, selon eux, s'y intéresser directement (Mayer et Salovey, 1993, 1997).

Modèle de Bar-On

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Reuven Bar-On a mis au point une des premières mesures de l’intelligence émotionnelle suivant l’expression « quotient émotionnel ». Son modèle gravite autour du potentiel de rendement et de succès, plutôt que du rendement ou du succès comme tels, et est considéré comme étant orienté vers le processus plutôt que vers les résultats[37]. Il est centré sur une gamme de capacités émotionnelles et sociales, comprenant les capacités à (Bar-On, 1997) :

  • être conscient de soi ; Intelligence Intrapersonnelle
  • se comprendre et s’exprimer ; Humeur Générale
  • être conscient des autres, les comprendre et entretenir des rapports avec eux ; Intelligence Interpersonnelle
  • faire face à des émotions fortes ; Gestion du Stress
  • s’adapter au changement et régler des problèmes de nature sociale ou personnelle ; Adaptabilité

Bar-On justifie comme suit son utilisation du terme intelligence émotionnelle : « L’intelligence décrit l'agrégation d'habilités, de capacités et de compétences […] qui […] représente une collection de connaissances utilisées pour faire face à la vie efficacement. L'adjectif émotionnel est employé pour mettre en relief que ce type spécifique d'intelligence diffère de l'intelligence cognitive » (Bar-On, 1997, p. 15).

Dans son modèle, Bar-On distingue cinq composantes de l’intelligence émotionnelle : l’intrapersonnel, l’interpersonnel, l’adaptabilité, la gestion du stress et l’humeur générale. Ces composantes comportent des sous-composantes.

Selon Bar-On, l’intelligence émotionnelle se développe avec le temps, et il est possible de l’améliorer par la formation et la thérapie[37]. Bar-On pose l’hypothèse que les personnes qui ont un QE supérieur à la moyenne réussissent en général mieux à faire face aux exigences et aux pressions de l’environnement. Il ajoute qu’une déficience dans l’intelligence émotionnelle peut empêcher le succès et traduire l’existence de problèmes psychologiques. Par exemple, selon lui, des problèmes d’adaptation au milieu sont particulièrement répandus parmi les personnes qui présentent des déficiences sur les sous-échelles d’épreuve de la réalité, de résolution de problèmes, de tolérance au stress et de contrôle des impulsions.

En général, Bar-On estime que l’intelligence émotionnelle et l’intelligence cognitive contribuent autant l’une que l’autre à l’intelligence générale d’une personne, qui constitue par conséquent une indication de son potentiel de réussir dans la vie[37].

Modèle de Goleman

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Daniel Goleman, psychologue et journaliste scientifique pour le New York Times, a écrit un ouvrage qui a popularisé le concept d'intelligence émotionnelle (Goleman, 1995a).

Le modèle de Goleman et ses collègues propose quatre grandes sphères de l'intelligence émotionnelle[38] :

  1. La première sphère, la conscience de soi, est la capacité à comprendre ses émotions, à reconnaître leur influence à les utiliser pour guider nos décisions.
  2. La deuxième, la gestion de soi, consiste à maîtriser ses émotions et impulsions et à s’adapter à l’évolution de la situation.
  3. La troisième, l'intelligence interpersonnelle ou conscience des autres, englobe la capacité à détecter et à comprendre les émotions d’autrui et à y réagir.
  4. Enfin, la gestion des relations, correspond à la capacité à inspirer et à influencer les autres tout en favorisant leur développement et à gérer les conflits (Goleman, 1998).

Goleman inclut un ensemble de compétences émotionnelles correspondant à chacun de ces concepts.

Les compétences émotionnelles ne sont pas des talents innés, mais plutôt des capacités apprises qu’il faut développer et perfectionner. Ces compétences sont organisées en « grappes » ou « groupes de synergie » qui se complètent et se renforcent réciproquement (Boyatzis, Goleman et Rhee, 1999).

Goleman reconnaît qu'il est passé de l'intelligence émotionnelle à quelque chose de beaucoup plus large. Il va si loin dans son livre qu'il dit que « il existe un vieux mot pour représenter l'ensemble des compétences liées à l'intelligence émotionnelle : le caractère ». (Goleman, 1995a, p. 285). Par ailleurs Goleman (1995a, 1998a, b) n’hésite pas à clamer l’extraordinaire pouvoir prédictif de son modèle mixte. Hormis le fait qu’elle favorise la réussite professionnelle et privée, l’auteur dit que l’IE permet aux jeunes d’être moins « rustres », moins agressifs et plus populaires (Goleman, 1995a, p. 192). Il va même jusqu'à affirmer qu’elle leur permet de prendre de meilleures décisions en ce qui concerne « les drogues, le tabac et le sexe » (Goleman, 1995a, p. 268).

D'une façon plus générale, l'intelligence émotionnelle conférera donc, selon Goleman, un avantage dans tous les domaines de la vie aussi bien dans les relations affectives et intimes que dans l'appréhension des règles implicites qui régissent la réussite dans les politiques organisationnelles (Goleman, 1995a, p. 36).

Intelligence émotionnelle et empathie

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L’empathie désigne la faculté de se mettre à la place d'autrui. Il s’agit à la fois de percevoir et comprendre ce que ressent l’autre, tout en distinguant ces émotions des siennes. Plusieurs articles et ouvrages, dont celui de Daniel Goleman[39] soutiennent l'idée que l'empathie joue un rôle important dans l'intelligence émotionnelle, car elle permet de comprendre et maîtriser ses propres émotions, et d’adapter son comportement face à un interlocuteur.

Composantes génétiques et environnementales de l'empathie

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En , des équipes de l'université de Cambridge, de l'Institut Pasteur et de l'université Paris Diderot publient une étude dans Translational Psychiatry démontrant qu'une partie des capacités d’empathie sont génétiquement déterminées. Les chercheurs ont identifié 11 loci. Ils estiment qu'environ 10% des variations d'empathie entre individus sont liées à la génétique, démontrant ainsi le rôle prépondérant de l'environnement sur le développement de ces capacités.

L'étude confirme également que les femmes ont un quotient empathique plus élevé que les hommes, cependant cette différence ne serait pas directement génétique, mais liée à l'influence de facteurs biologiques non génétiques, tels que les hormones prénatales, ou bien de facteurs environnementaux tels que l'éducation ou la manière de se socialiser[40],[41]. De plus, la recherche neurologique a visé à caractériser les mécanismes neuronaux de l'intelligence émotionnelle[42].

Empathie émotionnelle et empathie cognitive

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Il est important de distinguer deux types d'empathie : l'empathie émotionnelle et l'empathie cognitive[43].

L'empathie émotionnelle renvoie à l'émotion sous-jacente qui permet de ressentir ce que l'autre ressent en se mettant à sa place.

L'empathie cognitive quant à elle est une capacité qui peut se développer. La mobiliser permet de comprendre ce que pense ou bien ce que ressent son interlocuteur, sans toutefois le ressentir soi-même.

Dans les métiers altruistes (aide, santé, accompagnement, etc.), il est essentiel pour les professionnels de faire la distinction entre les deux formes d'empathie afin de pouvoir se protéger de la souffrance exprimée et répondre à la demande de manière la plus adaptée possible.

Applications

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Dans le monde professionnel

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L’intelligence émotionnelle intervient dans de nombreux domaines professionnels, dans lequel ces compétences peuvent être utilisées pour améliorer le management[44], la gestion des ressources humaines, ou encore le leadership[45]. Plusieurs études soutiennent que les personnes ayant une intelligence émotionnelle élevée sont souvent des leaders plus efficaces et peuvent mieux gérer les conflits au sein des équipes de travail.

Une étude interventionnelle[46], publiée en 2011 dans la revue scientifique Emotion, indique que l'intervention proposée s'est révélée efficace pour augmenter l'intelligence émotionnelle ainsi que l'employabilité des participants.

L'IE peut également être très bénéfique dans des domaines tels que l'entrepreneuriat[47] ou la négociation[48]. Elle est également très présente dans des domaines tels que l’éducation, la justice ou encore le droit.

Négociation

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Peu de travaux sur la notion d’intelligence émotionnelle ont porté sur la négociation. Mais en tant qu’activité de communication et d’interaction, la négociation va de pair avec les émotions et celles-ci peuvent influencer positivement ou négativement son déroulement[49]. Des recherches sur des entretiens qualitatifs et des tests statistiques ont permis de montrer l’influence des émotions en négociation. Un négociateur coopératif émet des émotions positives tandis qu’un négociateur compétitif émet des émotions plutôt négatives. Aussi, grâce à des tests statistiques, il a été démontré que l’intelligence émotionnelle corrèle positivement avec les aptitudes en négociation telles la créativité, l’aptitude verbale et l’aptitude au raisonnement. Ainsi, l’intelligence émotionnelle peut s’avérer un atout fondamental pour le négociateur qui sait en tirer profit[50].

Entrepreneuriat

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Une étude exploratoire a recueilli par le biais du Web des données d'autoévaluation portant sur les compétences émotionnelles des jeunes entrepreneurs à succès. Ceux-ci ont affirmé posséder un haut niveau de confiance en soi, de loyauté, de sens du service et de l'accomplissement, d'ouverture au changement, de travail d'équipe et de collaboration. La loyauté était première au classement des 18 compétences émotionnelles évaluées. La même étude a également mis l'accent sur l'importance de pouvoir travailler en équipe et de collaborer pour de nouveaux projets[51].

Éducation

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Dans le domaine de l'éducation, l'intelligence émotionnelle peut jouer un rôle important au niveau de la réussite scolaire et du développement social des enfants. Plusieurs études vont en faveur d'une corrélation positive entre l'intelligence émotionnelle et les résultats scolaires[52], les engagements sociaux (le bénévolat par exemple)[53] ou encore la tendance à mieux se comporter en classe.

Du côté des enseignants, ceux dotés d'une intelligence émotionnelle accrue seraient plus à même de comprendre les besoins émotionnels de leurs élèves et d'adapter leur enseignement en conséquence.

Droit et justice

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L'intelligence émotionnelle peut avoir un impact significatif dans les domaines de la justice et du droit. En effet, elle peut aider les professionnels à mieux comprendre leurs clients, à communiquer efficacement avec leurs collègues et d'autres parties prenantes, et à prendre des décisions judicieuses et éthiques[54].

Dans la sphère privée

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Au-delà du domaine professionnel, l'intelligence émotionnelle peut être particulièrement bénéfique au quotidien. En comprenant mieux ses émotions et celles des autres, l'IE permet d'être plus à même de construire des relations de qualité et de communiquer efficacement. Dans les situations conflictuelles, bien gérer ses émotions et prendre en compte celles de son interlocuteur permet d'aller plus rapidement vers une résolution du conflit. De même, l'IE semblerait avoir un impact positif sur les capacités d'adaptations et la résistance face au stress[55].

En développement personnel, l'intelligence émotionnelle constitue en elle-même une ressource thérapeutique forte[56], en particulier dans la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). La capacité à identifier et à réguler ses émotions peut être particulièrement bénéfique dans le cadre de la TCC, car elle aide les individus à développer des stratégies d'adaptation pour faire face à la détresse émotionnelle[57].

Notes et références

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  32. Le terme utilisé dans la version précédente de cet article était la « consciencieusité ». Ce mot n'existe pas en français. Il faudrait dire « le fait d'être consciencieux ». Malgré tout, il ne s'agit pas d'être consciencieux mais d'avoir un meilleur niveau de conscience, conscience désignée aussi sous les termes de « conscience éclairée » ou « pleine conscience ». Aldophe Franck utilise le mot « conscienciosité » dans son dictionnaire des sciences philosophiques de 1845.
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Annexes

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Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

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  • Daniel Goleman, (1997). L’Intelligence émotionnelle : Comment transformer ses émotions en intelligence. Paris: R. Laffont, 421 p.
  • Gilles Corcos et Corinne Vilder, Comment cultiver son intelligence émotionnelle (2016), édition Larousse.
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  • Mayer (Eds.) Emotional Intelligence in Everyday Life: A Scientific Inquiry. Philadelphie: Psychology Press, p. 133-149.
  • Goleman, Daniel. (2005) L'intelligence émotionnelle au travail, Paris, Village mondial.
  • Gendron, Bénédicte et Louise Lafortune. (2009), Leadership et compétences émotionnelles dans l'accompagnement au changement, Québec, Presses de l'Université du Québec, 246 p.
  • Mikolajczak, M.; Qoidbach, J.; Kotsou, I. et Nélis, D., Les compétences émotionnelles, Paris? Dunod.

Articles connexes

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Liens externes

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