Inégalité arithmético-géométrique

Inégalité entre la moyenne géométrique et la moyenne arithmétique de n réels strictements positifs

En mathématiques, l'inégalité arithmético-géométrique (IAG) établit un lien entre la moyenne arithmétique et la moyenne géométrique. C'est un résultat classique lié à la convexité.

Preuve sans mots de l'inégalité arithmético-géométrique en deux dimensions : PR est un diamètre d'un cercle de centre O ; son rayon AO a donc pour longueur la moyenne arithmétique de a et b. Par le théorème de la moyenne géométrique, on trouve aussi que la hauteur GQ a pour longueur la moyenne géométrique de a et b. On a donc bien pour tous a:b, AO ≥ GQ.

Énoncé

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La moyenne géométrique de   réels strictement positifs   est inférieure à leur moyenne arithmétique :

 ,

avec égalité (si et) seulement si  .

Démonstrations

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Les deux réels   (moyenne arithmétique) et   (moyenne géométrique) étant strictement positifs, l'inégalité à démontrer équivaut (par croissance stricte du logarithme naturel) à

 

ou encore (d'après l'équation fonctionnelle du logarithme) à

 

Cette dernière inégalité n'est autre que l'inégalité de Jensen pour des isobarycentres, appliquée à la fonction logarithme, qui est concave.

Le cas d'égalité provient du fait que cette concavité est stricte.

L'inégalité arithmético-géométrique peut également être démontrée comme corollaire de l'inégalité de Muirhead, appliquée aux suites (1,0, … , 0) et (1/n, … , 1/n).

On peut également utiliser les multiplicateurs de Lagrange en étudiant les maximums de la fonction   sur l'ensemble  .

Preuve de Pólya

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George Pólya prouve l'inégalité arithmético-géométrique en utilisant l'inégalité :

 

On considère ensuite a1, a2, ..., an des nombres réels strictement positifs. On pose ensuite :

 

On utilise l'inégalité ci-dessus pour les nombres ak/A, ce qui donne :

 

dont le produit donne :

 

soit

 

ce qui permet de conclure. On remarque alors qu'on atteint l'égalité s'il y a égalité dans chacune des inégalités précédentes, donc si les ai sont tous égaux (à A)[1].

Preuve d'Aizer

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Horst Aizer donne cette preuve[2] : soit f une fonction réelle continue telle qu'il existe x0 vérifiant

 

On a alors :

 

On applique ce résultat à f(t) = –1/t :

 

On en déduit

 

soit

 

donc ln(G/x0) ≤ Ax0 – 1. Considérer x0 = A ou G permet de conclure.

Preuve de Schlömilch

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Oskar Schlömilch donne une preuve élémentaire[3]. On considère l'identité :

 

qu'on peut obtenir en dérivant l'expression 1 – zn+1/1 – z de deux façons différentes. Le membre de gauche est positif pour z positif. On a donc, pour z positif :

 

avec égalité en z = 1. La substitution   donne

 

avec égalité si et seulement si x = y. On retrouve alors une inégalité arithmético-géométrique pondérée. On finit par récurrence sur n pour conclure.

Preuve matricielle

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Fergus Gaines donne une preuve[4] reposant sur une inégalité de Schur[5] qui stipule que, pour une matrice carrée M de valeurs propres λ1, λ2, ... , λn :

 

avec égalité si et seulement si M est normale.

Appliquée à la matrice

 

et en remarquant que Mn = a1an In, les valeurs propres de M sont   L'inégalité de Schur donne directement l'inégalité arithmético-géométrique, avec égalité si et seulement si diag(a1, a2, … , an) = diag(an, a1, … , an–1), c'est-à-dire lorsque les ai sont tous égaux.

Généralisations

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Pondération

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L'inégalité arithmético-géométrique se généralise aux moyennes pondérées arithmétique et géométrique :

Si   et   alors, en notant   :

 

avec égalité si et seulement si tous les   sont égaux.

En effet, en supposant sans perte de généralité qu'aucun   n'est nul et en notant   (strictement positifs et de somme  ), l'inégalité équivaut (voir supra) à

 ,

qui n'est autre que l'inégalité de Jensen générale pour la fonction (concave) logarithme, et le cas d'égalité provient de la stricte concavité.

Inégalité de Maclaurin

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On peut également généraliser l'inégalité arithmético-géométrique en remarquant que la moyenne arithmétique correspond à la première fonction symétrique élémentaire, et la moyenne géométrique à la dernière. L'inégalité arithmético-géométrique se réécrit :

 

Et on peut généraliser :

 

soit

 

Ce sont les inégalités de Maclaurin.

Majoration de l'écart

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Il existe une majoration de l'écart entre les deux moyennes[6]:

  ,

qui est une égalité pour   :  .

Cette inégalité est une conséquence de l'inégalité de convexité de Vasile Cîrtoaje[7]:

 

pour une fonction   convexe, en prenant   et  .

Références

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  1. (en) Ross Honsberger, Mathematical Morsels, (lire en ligne), Problem 26.
  2. (en) Horst Aizer, « A proof of the arithmetic mean-geometric mean inequality », Amer. Math. Monthly, vol. 103, no 7,‎ , p. 585.
  3. (de) O. Schlömilch, « Über Mïttelgrössen verschiedener Ordnungen », Zeitschrift für Mathematik und Physik, vol. 3,‎ , p. 308-10.
  4. (en) Fergus Gaines, « On the arithmetic mean-geometric mean inequality », Amer. Math. Monthly, vol. 74,‎ , p. 305-306 (lire en ligne).
  5. (de) I. Schur, « Über die charakteristischen Wurzeln einer linearen Substitution mit einer Anwendung auf die Theorie der Integralgleichungen », Math. Ann., vol. 66,‎ , p. 488-510 (lire en ligne).
  6. Rémy Eupherte, « Une majoration de l'écart entre moyenne algébrique et géométrique », Bulletin de l'UPS,‎ (lire en ligne)
  7. (en) Darij Grinberg, « Generalizations of Popoviciu’s inequality »

Voir aussi

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Articles connexes

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Lien externe

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Bibliographie

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