Ibrahim al-Nakhai
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Maître

Ibrahim ibn Yazid an-Nakha'i (en arabe : إبراهيم بن يزيد النخعي), né en 39 AH (an 659 ou 660 du calendrier julien) ou en 47 AH (an 667 ou 668 du calendrier julien) et mort en 96 AH (an 714 du calendrier julien), est un juriste (faqîh) et traditionniste (mouhaddith) de l'époque des tabi'ine.

Origine modifier

Sa nisba dénote une appartenance à la tribu des Banou Nakha (en) originaire du Yémen[1].

Famille modifier

Sa filiation patrilinéaire (nasab) est la suivante : Ibrahim ibn Yazid ibn Qaïs ibn Al-Aswad ibn Amr ibn Rabi'ah ibn Dhouhl ibn Sa'd ibn Malik ibn An-Nakha' (en arabe : إبراهيم بن يزيد بن قيس ابن الأسود بن عمرو بن ربيعة بن ذهل بن سعد بن مالك بن النخع)[2]. Il en existe cependant une autre version qui diffère seulement au niveau du quadrisaïeul[3].

De par sa mère, il est le petit-neveu d'Alqamah ibn Qays an-Nakha'i et le neveu d'Al-Aswad (en) et d'Abderrahmane ibn Yazid (ar)[4],[5].

Résident de Koufa, Ibrahim Al-Nakhai a appris les connaissances d'Abdullah ibn Masud, et deviendra avec Amer Al-Sha'bi muftis du peuple de Kufa à leur époque. Ibrahim avait mémorisé le Coran, appris de son oncle Alqamah et de son oncle maternel Al-Aswad. Il était opposé aux Murji'ah[6].

Comme d'autres sunnites de Koufa[7], il était d'avis qu'Ali était supérieur à Othman[8].

Fiqh modifier

Ibrahim an-Nakha'i a eu une certaine influence sur la construction de l'école (madhhab) de jurisprudence (fiqh) hanafite (Abou Hanifa lui-même concourait à 90 % de ses opinions) au point de faire dire à Behnam Sadeghi (en) que « si la loi hanafite avait été nommée d'après Ibrahim an-Nakha'i, cela n’aurait pas été une mauvaise appellation »[9].

Caractéristiques modifier

Ibrahim an-Nakha'i était borgne[10],[11].

Il avait la réputation d'être un adepte de l'ascèse (zouhd), sa femme Hounaïdah rapportant par exemple qu'il jeûnait un jour sur deux à l'image du prophète David[12],[13].

Relation avec Al-Hajjaj modifier

Comme Saïd ibn Joubaïr, Moudjahid, 'Assim ibn Abi an-Najoud (en), Ach-Cha'bi et d'autres, il considérait le gouverneur omeyyade d'Irak Al-Hajjaj comme un mécréant (kafir)[14].

Un jour, Al-Hajjaj voulut le mettre en prison mais Ibrahim at-Taymi (ar), profitant du fait qu'il avait le même nom que lui (Ibrahim ibn Yazid), se dénonça à sa place et fut emprisonné dans des conditions épouvantables au point d'en mourir en 711 ou en 714[12].

Lorsque Hammad ibn Abi Sulayman l'informa de la mort d'Al-Hajjaj, il effectua une prosternation de remerciement (soujoud ach-choukr) et se mit à pleurer de joie[15].

Ibrahim al-Nakhai est mort en l'an 96 AH à Kufa dans le califat d'Al-Walid ibn Abd al-Malik.

Références modifier

  1. (en) Muhammad Abdul Jabbar Beg, Wisdom of Islamic Civilization : A Miscellany of Islamic Quotations, , 4e éd., 160 p. (ISBN 9679957071 et 978-9679957075), p. 127
  2. (ar) Al-Dhahabi, Siyar a'lam an-noubala (ar), vol. 4, Beyrouth, Mou'assasat Resalah (ar),‎ (lire en ligne), p. 520
  3. (en) Ibn Khallikān (trad. de l'arabe par William Mac Guckin de Slane), Ibn Khallikan's Biographical Dictionary [« وَفَيات الأعيـان وأنباء أبناء الزمـان »], vol. 1, Paris,‎ , 688 p. (lire en ligne), p. 5
  4. (en) Imran Ahsan Khan Nyazee (en), Outlines of Islamic Jurisprudence, Islamabad, Advanced Legal Studies Institute, , 6e éd. (1re éd. 1998), 568 p. (ISBN 9780359883363, lire en ligne), chap. 33 (« Geographical Distribution of Schools and the Bond Between Them »), p. 548
  5. ʻAbd al-Ḥusayn Sharaf al-Dīn, Al Murâjaʻât (en), Beyrouth, Dar al-Mahajja al-Baydaà, , 749 p., p. 116
  6. Ibn Sa'd, Tabaqat al Kubra.
  7. Al-Nawawi (trad. de l'arabe par Hamza Lamine Yahiaoui), LE ṢAḤIḤ DE MUSLIM Recueil des Hadiths authentiques du Prophète ﷺ Avec COMMENTAIRE D'AL-NAWAWÎ [« شرح صحيح مسلم »], vol. 9, Beyrouth, Dar Al-Kotob Al-Ilmiyah,‎ , 608 p. (lire en ligne), p. 189
  8. (en) William Montgomery Watt, The Formative Period of Islamic Thought, Oxford, Oneworld Publications, coll. « Oneworld Classics in Religious Studies », , 424 p. (ISBN 1-85168-152-3 et 9781851681525, OCLC 39006355), chap. 3 (« The General Religious Movement »), p. 77
  9. (en) Behnam Sadeghi (en), The Logic of Law Making in Islam : Women and Prayer in the Legal Tradition, New York, Cambridge University Press, , 215 p. (ISBN 978-1-139-77637-0, 1-139-77637-1 et 978-1-139-77941-8, OCLC 857490347, lire en ligne), chap. 6 (« The Historical Development of Hanafi »), p. 128
  10. (en) Kristina L. Richardson, Difference and Disability in the Medieval Islamic World : Blighted Bodies, Édimbourg, Edinburgh University Press, , 168 p. (ISBN 978-0-7486-4508-4 et 0-7486-4508-X, OCLC 818846728, lire en ligne), chap. 4 (« Transgressive Bodies, Transgressive Hadith »), p. 97
  11. (en) Christopher Melchert (en), « How Ḥanafism Came to Originate in Kufa and Traditionalism in Medina », Islamic Law and Society, vol. 6, no 3,‎ , p. 318-347
  12. a et b (en) Muḥammad Ibn Saʻd (trad. Aisha Abdurrahman Bewley (en)), Kitab At-Tabaqat Al-Kabir, vol. 6 : The Scholars of Kufa, Londres, Ta-Ha Publishers, , 446 p. (ISBN 978-1-84200-124-0 et 1-84200-124-8, OCLC 864909362)
  13. (en) Christopher Melchert, Before Sufism : Early Islamic renunciant piety, Berlin/Boston (Mass.), De Gruyter, coll. « Islam – Thought, Culture, and Society » (no 4), , 240 p. (ISBN 978-3-11-061796-2, 3-11-061796-X et 978-3-11-061771-9, OCLC 1158160127, lire en ligne), chap. 4 (« Supererogatory forms of required worship »), p. 87
  14. (ar) Ibn Hajar al-Asqalani, Tahdhib at-Tahdhib (ar), vol. 2, Damas, Dar al-Fikr (ar),‎ (lire en ligne), p. 185
  15. (ar) Al-Dhahabi 1994, vol. 4, p. 524

Liens externes modifier