Gabriel Hocquard

personnalité politique française

Gabriel Hocquard
Illustration.
Fonctions
Conseiller de la République

(1 an, 10 mois et 30 jours)
Gouvernement IVe République
Groupe politique Indépendant, apparenté MRP
Maire de Metz

(2 ans, 10 mois et 27 jours)
Prédécesseur Franz Schubert (Annexion)
Lui-même (indirectement)
Successeur Raymond Mondon
Maire de Metz

(1 an, 7 mois et 19 jours)
Prédécesseur Paul Vautrin
Successeur Franz Schubert (Annexion)
Lui-même (indirectement)
Biographie
Nom de naissance Jean Gabriel Marie Jules Hocquard
Date de naissance
Lieu de naissance Metz (Alsace-Lorraine, Empire allemand)
Date de décès (à 82 ans)
Lieu de décès Metz (Moselle, France)
Nationalité Française
Résidence Moselle

Gabriel Hocquard (, Metz - , Metz) est un professeur de lycée et un homme politique de la IIIe République et de la IVe République. Il est maire de Metz, avant et après la Seconde Guerre mondiale, et Conseiller de la République, de Moselle, de 1946 à 1948.

Biographie modifier

Années de jeunesse modifier

Gabriel Hocquard naît à Metz, le 27 janvier 1892, alors que la Moselle est allemande. Issu d'une famille originaire de Rozérieulles, Gabriel Hocquard perd très tôt son père. Sa mère travaille dans une librairie catholique, rue des Clercs, au cœur du vieux Metz. Gabriel Hocquard commence sa scolarité à Saint-Arnould, et l'achève au lycée de Metz, où il obtient son « Abitur », le baccalauréat allemand. Il poursuit des études en lettres à l'Université de Strasbourg, de 1909 à 1913, obtenant son examen d'État de fin d'études. Au cours de ses études, il effectue un séjour à l'Université d'Oxford qui l'impressionnera positivement[réf. nécessaire].

Première Guerre mondiale modifier

Nommé professeur dans un lycée de Metz en 1914, Gabriel Hocquard est mobilisé dans l'armée allemande, le 2 août 1914. Grièvement blessé sur le front le 23 octobre 1914, il déserte et rejoint la France, où il contracte un engagement volontaire dans l'armée française[réf. nécessaire]. Après six mois de front, il est détaché à l'État-Major de la Marine, où ses qualités d'interprète sont très appréciées[réf. nécessaire].

Entre-deux-guerres modifier

Après la guerre, il suit un stage dans un lycée de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais, puis reprend ses cours au lycée de Metz en 1921. Il se présente sur une liste aux élections municipales et devient conseiller municipal en 1925. Gabriel Hocquard est nommé adjoint au maire en 1927. À cette fonction, Gabriel Hocquard cherche à ranimer la vie culturelle messine, anémiée par le départ, en 1919, de la bourgeoisie et de l'aristocratie allemande[1]. Il défend le théâtre de Metz, son conservatoire de musique, ainsi que son musée. Il est élu premier adjoint en 1935[2]. Ayant fait montre de ses qualités de gestionnaire, il est élu maire de Metz en novembre 1938, en remplacement de Paul Vautrin, décédé[3].

Sympathisant du Parti social français (PSF) à l'instar de Paul Vautrin jusqu'en 1938, il se montre proche ensuite d'autres partis « nationaux » comme le Parti populaire français (PPF) ou le Parti républicain national et social (PRNS), en 1939[4].

Seconde Guerre mondiale modifier

En 1939, il soutient l'effort des troupes françaises à Metz, avant d'être chargé d'une mission en Angleterre par Giraudoux[réf. nécessaire]. Revenu à Metz à la veille de l'Armistice de juin 1940, il reçoit l'ordre du préfet de quitter la ville. Il participe alors en Algérie à une mission de reclassement des Alsaciens et des Lorrains, avant de revenir enseigner près d'Annecy en Haute-Savoie. En 1942, par l'intermédiaire de son cousin le commissaire de police Charles-Albert Watiez, il entretient et conserve des liens avec des Mosellans réfugiés et participe au comité lorrain qui se met en place à Lyon avec les anciens députés Robert Schuman et Robert Sérot, Ségolène de Wendel, Paul Durand, ancien conseiller municipal de Metz et futur adjoint, rédacteur en chef du quotidien messin Le Lorrain, le docteur Melchior et René Jager[5].

Maturité politique modifier

Revenu à la mairie dès la Libération de Metz, en novembre 1944, Gabriel Hocquard a la lourde tâche de sortir la ville du marasme, où les évènements l'ont plongée[6]. Les bombardements américains n'ayant pas épargné la ville, les logements manquent cruellement. En outre, les caisses municipales sont vides. Avec sagesse[non neutre], il essaie d'aplanir les dissensions entre les expulsés et ceux qui étaient restés sur place, entre les Messins d'origine allemande et ceux d'origine française[7]. Il reste préoccupé par le sort des réfugiés et s'attache à aider les plus démunis. Ses excellents contacts avec les autorités militaires lui permettent d'obtenir des facilités qui accéléreront le redressement de la ville. Dans le cadre de ses fonctions, Gabriel Hocquard reçoit le général Patton, le général Walker, mais aussi la grande-duchesse et les ministres du Luxembourg. Il est réélu maire en octobre 1945[8]. En mars 1946, il est invité par la chambre de commerce de Dallas, où il reçoit un accueil chaleureux[9]. À son retour, il décide la création d'une « Voie de la liberté », pour commémorer la marche triomphale des Alliés à travers la France, d'Avranches à Metz. Il profite d'un voyage à Berlin avec le Général Koenig pour attirer l'attention des autorités sur le sort inquiétant des Malgré-nous[réf. nécessaire].

Promu Officier de la Légion d'honneur le 6 juin 1946, il est élu conseiller de la République, de Moselle, au Palais du Luxembourg, le 8 décembre 1946. Parlementaire actif, apparenté MRP, Gabriel Hocquard suit notamment l'introduction du franc en Sarre, et le projet de loi relatif aux dépenses sur l'exercice 1948 pour la reconstruction et les dommages de guerre.

Après sa défaite en octobre 1947 aux élections municipales à Metz face à une liste gaulliste menée par Raymond Mondon, il redevient simple conseiller municipal[10]. Il ne sollicite pas un nouveau mandat de sénateur en 1948 et décide de se retirer de la vie politique. Il redevient professeur, jusqu'à sa retraite en 1954.

Il reste président de la Caisse d'Epargne de Metz (1938-1974), entre en 1954 au Conseil Supérieur des Caisses d'Epargne, est élu en 1963 vice-président de la Conférence régionale des Caisses d'Epargne d'Alsace et de Moselle. Il préside aussi le Centre d'Information et d'études d'économie humaine (CIEDEHL) de 1949 à 1963, ainsi que le Crédit immobilier de Metz, depuis 1939, qui lance plusieurs programmes immobiliers[11].

Il meurt dans sa ville natale, en 1974, à l'âge de 82 ans.

Distinctions modifier

Notes et références modifier

  1. François Roth, L'épreuve des guerres mondiales, (dir.), François-Yves Le Moigne, « Histoire de Metz », Privat, Toulouse, 1986 (p. 381).
  2. Le Lorrain, 11 mai 1935, Le Messin, 11 mai 1935
  3. Le Lorrain, 4 novembre 1938, Le Messin, 4 novembre 1938. Il est élu avec 34 voix sur 36.
  4. Jean-François Colas, Les Droites nationales en Lorraine dans les années 1930 : acteurs, organisations, réseaux, Université de Paris X-Nanterre, 2002, vol. 1, p. 290. Il a ainsi assisté à la première réunion de propagande du PSF à Metz en août 1936, aux côtés de Paul Vautrin : Le Lorrain, 4 août 1936. Il assiste à une fête de Noël du PPF en janvier 1939 (Le Messin, 16 janvier 1939) et préside un meeting du PNRS le même mois (Le Messin, 19 janvier 1939). L'élection municipale partielle de 1938 à la suite de la mort de Vautrin et de la démission d'un conseiller municipal a donné lieu à un conflit entre le PSF, qui a voulu présenter ses candidats, et les conseillers municipaux, qui soutiennent la candidature d'un membre du PSF non investi par son parti, Paul Durand, rédacteur en chef du Lorrain, et celle du docteur Robert Wolff, conseiller général et président de la section messine du PPF. Douze conseillers municipaux démissionnent du PSF. Hocquard signe un texte des conseillers municipaux déplorant le comportement et les attaques du PSF contre la municipalité et appelant à voter pour Durand et Wolff (Le Lorrain, 19 octobre 1938). Le conflit continue avec l'élection cantonale partielle de décembre 1938, pour pourvoir au siège de Paul Vautrin, qui était aussi conseiller général. Gabriel Hocquard ne s'est pas présenté à cette élection. Il a fait savoir par un communiqué qu'il était le promoteur de la candidature d'un conseiller municipal, adjoint au maire, Jean Amos (élu), PSF démissionnaire, contre lequel le PSF a présenté en vain un candidat, y compris au second tour.
  5. François Roth, Robert Schuman, du Lorrain des frontières au père de l'Europe, Fayard, , 656 p. (ISBN 978-2-213-63759-4), page 258
  6. François Roth, L'épreuve des guerres mondiales, dans François-Yves Le Moigne (dir.), « Histoire de Metz », Privat, Toulouse, 1986, p. 391
  7. «Tous, nous avons souffert, de façon différente... Mon idéal, c'est de voir la population de Metz unie, profondément unie »: Séance du conseil municipal, fin 1944, (op. cit., p. 396)
  8. Par 33 voix sur 36 votants: Le Monde, 10 octobre 1945, "Informations diverses", Le Messin, 6 octobre 1945. Parmi les trois premiers adjoints, on relève d'anciens conseillers municipaux ou adjoints : Jean Amos, Cyprien Magny et Paul Durand.
  9. Gabriel Hocquard chez les Indiens, 4 juillet 2013
  10. Gaëtan Avanzato, Raymond Mondon, 1914-1970: maire de Metz et ministre de la nouvelle société, Metz, Ed. Serpenoise, 2000, p. 72
  11. Jean Schneider, op. cit., p. 219-221

Sources modifier

  • "Gabriel Hocquard" (Dictionnaire des parlementaires français) sur le site officiel du Sénat
  • Jean Schneider, Eloge de Gabriel Hocquard (1892-1974), Mémoires de l'Académie nationale de Metz (1976-77), IV-V. p. 209-223 ( Lire en ligne )
  • Thibaut de la Corbière, Les maires de Metz, Metz, Ed. Serpenoise, 1995

Voir aussi modifier

Liens externes modifier

  • Ressource relative à la vie publique  :