Forest City (Johor)

Forest City
Blason de Forest City
Héraldique
Drapeau de Forest City
Drapeau
Forest City (Johor)
Administration
Pays Drapeau de la Malaisie Malaisie
État Johor
Code postal 80xxx — 81xxx
Géographie
Coordonnées 1° 20′ 10″ nord, 103° 35′ 29″ est
Superficie 1,37 ha = 0,013 7 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Malaisie
Voir sur la carte administrative de Malaisie
Forest City
Liens
Site web http://www.dbkl.gov.my/

Forest City est une ville nouvelle principalement résidentielle située en Malaisie dans l'État de Johor juste en face de Singapour. Annoncé en 2006 et devant s'étaler sur vingt ans, le projet est lancé dans le cadre des nouvelles routes de la soie chinoise[1]. Ouverte par le Premier ministre de l'époque, Najib Razak, et approuvée par le sultan de Johor (en), Ibrahim Ismail de Johor[2], Forest City est le fruit d'un partenariat entre Esplanade Danga 88, une filiale du groupe d'infrastructure populaire de Johor (KPRJ), et Country Garden (CGPV) qui détient 60 % de la KPRJ, tandis que la KPRJ détient 40 % des actions de la CGPV[3].

Visualisation virtuelle du projet.
L'hôtel Phoenix International Marina à Forest City.

Forest City est sous la direction du conseil municipal d'Iskandar Puteri (en) et de l'autorité de développement régional d'Iskandar (en).

Controverses modifier

Impact environnemental modifier

Bien que présentée comme « une ville offshore économe en énergie, écologiquement sensible, préservant les terres et peu polluante », le développement a un impact environnemental négatif important, avec des dommages irréversibles dus aux terres gagnées sur la mer dans des zones humides côtières écologiquement sensibles[4],[5].

La zone où se trouve Forest City est protégée en tant que zone écologiquement sensible de rang 1, où aucun développement n'est autorisé, sauf pour le tourisme, la recherche et l'éducation s'il y a un faible impact sur la nature[6]. La raison de cette protection est la présence de deux zones d'importance écologique internationale, la prairie d'herbes marines de Tanjung Kupang, la plus grande de son genre en Malaisie, et la réserve forestière de mangrove de la rivière Pulai, classée comme une zone humide d'importance internationale en vertu de la convention de Ramsar.

Les travaux de créations de terre-pleins sur la mer commencent en janvier 2014 sans au préalable une évaluation détaillée de l'impact sur l'environnement (DEIA) requise par la loi[7],[8]. Les habitants de Tanjung Kupang (en), un village de pêcheurs traditionnel, se sont plaints en vain des prises réduites et d'autres problèmes aux autorités locales et à l'État de Johor[5],[9],[10].

La Malaisie n'a pas non plus informé Singapour comme l'exigeait son accord de 2005 du Tribunal international du droit de la mer sur les travaux de créations de terre-pleins sur la mer et d'autres traités[5],[11],[12]. Singapour a par la suite envoyé une note diplomatique en mai 2014 au gouvernement de Malaisie pour demander des éclaircissements sur des questions telles que les changements potentiels de la vitesse des courants de la mer et leur impact ultérieur sur la sécurité de la navigation, l'érosion possible qui pourrait affecter le rivage et l'infrastructure du Malaysia-Singapore Second Link, ainsi que les changements dans la qualité et la morphologie de l'eau qui pourraient affecter l'environnement côtier et marin et les fermes piscicoles locales. À la suite de cela et d'un tollé de la part des organismes de surveillance internationaux de l'environnement, le ministère de l'Environnement a envoyé une demande d'évaluation détaillée de l'impact sur l'environnement le et a émis un ordre d'arrêt des travaux le , bien qu'il ait été signalé que les travaux se poursuivaient malgré la demande d'arrêt[6].

L'évaluation est publiée en janvier 2015, confirmant que la réglementation avait été contournée, et contient 81 directives, dont une réduction de la taille de 1 600 hectares à moins de 405 hectares. Il reconnait que l'écosystème des fonds marins a été divisé par deux et « sera fortement impacté par le développement prévu » malgré ces mesures[5],[6],[13],[14]. Country Garden annonce par la suite qu'il réduit le projet d'un tiers et le divise en quatre îles, bien qu'il y ait des preuves ultérieures que certaines de ces mesures n'aient pas été mises en œuvre comme des photographies où les barrières de limon sont absentes et les zones tampons inférieures à 100 m (par opposition aux 300 m convenus)[7]. Des inquiétudes subsistent également concernant l'impact permanent sur les herbes marines, l'hydrologie de l'eau et la perte des zones de pêche traditionnelles, que ces mesures ne soulageront pas totalement[6].

D'autres préoccupations environnementales comprennent les affirmations selon lesquelles le sable des collines locales serait utilisé sur le site du projet et les craintes sur les sources d'eau locales et les rejets d'eaux usées[6].

Considérations de sécurité modifier

Des fissures ont commencé à apparaître sur la galerie d'exposition, les bâtiments de l'hôtel et les routes peu après la construction. Il y a des affirmations selon lesquelles la rapidité de la création des terre-pleins sur la mer n'a pas laissé le temps au sol de se tasser et de se stabiliser, un consultant en construction estimant que le terrain coule et continuera probablement de le faire[6].

Politique malaisienne modifier

Il y a de multiples soupçons de corruption à différents niveaux et à plusieurs étapes du projet[4],[6],[8].

Alors que Country Garden emploie quelques travailleurs locaux, la plupart de la main-d'œuvre de Forest City est composée d'ouvriers à bas salaire d'Asie du Sud ou de cols blancs venus de Chine[4].

En 2018, Mahathir Mohamad, en lice pour le poste de Premier ministre, fait campagne en critiquant les investissements chinois et la corruption, remporte le scrutin devant Najib Razak qui avait initialement approuvé le projet, et émet une « interdiction » pour les étrangers d'acheter une propriété[15]. Cela est par la suite restructuré lors de changements au programme de visa de longue durée afin d'atténuer les objections et les contestations juridiques potentielles soulevées par le promoteur[16],[17].

Politique internationale modifier

Le projet s'adresse aux citoyens chinois de la classe moyenne supérieure cherchant à s'installer à l'étranger, offrant des propriétés en bord de mer relativement abordables par rapport à une ville côtière chère comme Shanghai[4],[13]. Cependant, les fortes ventes initiales en Chine se sont effondrées après que le dirigeant chinois Xi Jinping ait mis en œuvre des contrôles de devises qui incluent un plafond annuel de 50 000 $ sur ce que les Chinois peuvent dépenser à l'extérieur du pays[13],[18].

Avancées modifier

Le projet est décrit par Foreign Policy comme un « immense gâchis[4] ». À la fin de 2019, seulement 15 000 unités avaient été vendues[19], sur un objectif de 700 000[20], et seulement 500 personnes vivaient réellement dans la zone[4].

À la suite du changement de gouvernement malais en 2018 et de l'incertitude politique (en) qui a suivi, de la détérioration de l'environnement géopolitique entre la Malaisie et la Chine et de la suspension du programme de visa de long terme, certains ressortissants chinois (qui formaient la majorité des acheteurs) ont décidé de quitter la ville nouvelle et ont vendu leurs biens à fortes pertes, ajoutant encore au surplus de l'offre[21],[22].

En 2020, la pandémie de Covid-19 entraîne une augmentation de l'incertitude économique et des restrictions de voyage, affectant gravement les ventes qui chutent de plus de 90% après mars 2020[19]. À la suite de la mise en œuvre de l'ordonnance de contrôle des mouvements (en) en Malaisie, certains résidents sont retournés dans leur pays d'origine. Les restrictions sur les voyages entre la Malaisie et Singapour ont amené des difficultés aux résidents restants, en particulier ceux qui travaillaient à Singapour ou y avaient des enfants scolarisés. Certains locataires ont également suspendu leurs activités ou ont quitté les lieux, invoquant les restrictions dues à l'ordonnance de contrôle des mouvements ou à la non-viabilité commerciale[21],[23].

Emplacement modifier

Forest City est située dans le village de Tanjung Kupang (en) à côté du port de Tanjung Pelepas dans la zone économique spéciale d'Iskandar Malaysia (en) au sud du Johor. La ville comprend quatre îles artificielles.

Forest City est à l'origine un marécage de mangroves peuplé de locaux qui travaillaient comme agriculteurs et pêcheurs à Tanjung Kupang.

Accès modifier

Voir aussi modifier

Notes et références modifier

  1. Bloomberg News, « The $100 Billion City Next to Singapore Has a Big China Problem », sur Bloomberg, (consulté le )
  2. « Malaysia's Forest City to hand over more than 20,000 residential units this year as it unveils new golf course », South China Morning Post,
  3. « Forest City, Country Garden Pacificview »,
  4. a b c d e et f Sagatom Saha, « Chinese Companies Are Worse at Business Than You Think », Foreign Policy,‎ (lire en ligne)
  5. a b c et d (en) Khalil Adis, « Study: Forest City project has done more harm than good », sur www.khaliladis.com
  6. a b c d e f et g Serina Rahman, Johor’s Forest City Faces Critical Challenge, Yusof Ishak Institute, (ISSN 0219-3213)
  7. a et b (en) Keith Schneider, « A civic outcry in Malaysia forces a Chinese builder to live up to its eco-friendly promise », Eco-Business,‎ (lire en ligne)
  8. a et b Joseph Williams, « Evaluating Megaprojects: The Case Of Forest City In Johor, Malaysia », Massachusetts Institute of Technology,‎ (lire en ligne)
  9. Sylvain Ourbis, « Malaysia’s Forest City and the Damage Done », thediplomat.com,‎ (lire en ligne)
  10. (en) Nigel Aw, « The case of Forest City and the Johor sultan », Malaysiakini,‎ (lire en ligne)
  11. Jane Ritikos, « Malaysia and Singapore to sign agreement on reclamation work | The Star », www.thestar.com.my, The Star,‎ (lire en ligne)
  12. Koon Hean Cheong, Malaysia & Singapore : the land reclamation case : from dispute to settlement, Singapore, (ISBN 9789814342513, lire en ligne)
  13. a b et c Keith Schneider, « As opposition wanes, a Malaysian land reclamation project pushes ahead », Mongabay Environmental News,‎ (lire en ligne)
  14. (en) Marissa Lee, « Forest City environmental impact report: A closer look at what M'sia approved », The Straits Times,‎ (lire en ligne)
  15. Kentaro Iwamoto, « Mahathir foreign-ownership ban rattles $100bn China-led project », Nikkei Asia,‎ (lire en ligne)
  16. (en) « Foreigners can buy Forest City units, but will not be issued residential visas: Mahathir », sur The Straits Times, (consulté le )
  17. (en) « Malaysia says committee to study Forest City project », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. Ong Ryan, « The Forest City debacle: 4 lessons to learn buying overseas property », 99.co,‎ (lire en ligne)
  19. a et b (en) P PREM KUMAR, « Coronavirus slows China-funded $100bn city in Malaysia », sur nikkei.com, Nikkei Asia, (consulté le ).
  20. (en-US) Sagatom Saha, « Chinese Companies Are Worse at Business Than You Think », sur Foreign Policy (consulté le )
  21. a et b He Huifeng, « China’s middle-class dream of a second home in Malaysia dashed by coronavirus and geopolitical tensions | The Star », www.thestar.com.my,‎ (lire en ligne)
  22. (en) « Coronavirus and geopolitical tensions dash Chinese dreams in Malaysia », South China Morning Post,‎ (lire en ligne)
  23. Gregg Maloberti, « Covid-19 Update », sur Shattuck-St. Mary’s Forest City International School, (consulté le )

Liens externes modifier

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