Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou 1972

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Le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou 1972 ou FESPACO 1972 est considéré comme la 3e édition du festival alors qu'il s'agit en terme d'appellation de la première. Il se déroule du 3 mars au 12 mars 1972 à Ouagadougou au Burkina Faso[1].

FESPACO 1972
Image liée à la cérémonie
3e Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou
Détails
Dates Du 4 mars au
Lieu Ouagadougou, Burkina Faso
Président du jury Ahmed Bedjaoui
Site web https://fespaco.bf/fr/
Résumé
Étalon de Yennenga Le Wazzou polygame de Oumarou Ganda
Deuxième prix Hydre Dyama de Moussa Kémoko Diakité
Troisième prix L'Opium et le Bâton de Ahmed Rachedi
Chronologie

Le film Le Wazzou polygame d'Oumarou Ganda décroche l'Étalon de Yennenga.

Contexte modifier

Si le duopole SECMA et COMACICO qui dominaient l'exploitation en salles dans les pays francophones avaient programmé les premiers films africains, la pression n'aurait pas été aussi forte pour créer des alternatives[2]. Le but est donc d'instituer le Festival du cinéma africain en tant qu'outil de visibilité et de stimulation panafricaine pour ces nouvelles cinématographies. Il change donc de nom pour devenir le FESPACO : le "FEstival PAnafricain du Cinéma de Ouagadougou". Des statuts et un règlement intérieur sont préparés par le Comité d'organisation du festival présidé par Simone Aïssé Mensah, avec pour vice-président Dr. Malé N'Dia, secrétaire général permanent Louis Thiombano, trésorier général Joseph Komditamde, secrétaire à l'organisation Hamidou Ouédraogo et commissaires aux comptes Karamoko Sanogo et Baba René Traoré[3].

Il n'y a pas de festival en 1971 pour laisser aux cinéastes le temps d'établir les conditions d'éligibilité des films, améliorer la structure d'organisation et contacter les gouvernements africains et les organisations internationales pour obtenir des parrainages et soutiens[4].

Déroulement modifier

Préparation modifier

Le comité d'organisation décide de rendre le festival compétitif et donc d'attribuer des prix dont le grand prix sera un Étalon de Yennenga, du nom de la princesse qui a donné naissance à Ouédraogo (cheval mâle en mooré) à la suite de sa rencontre du chasseur Rialé lorsque son cheval s'était emballé, la tenant loin des armées de son père[5]. Il récompense le meilleur film sur le plan artistique ou proche idéologiquement de la vocation du festival telle que définie dans ses statuts. Le "prix spécial de l'authenticité africaine" va au film qui s'inspire le mieux de la tradition africaine et sa confrontation avec les exigences du monde moderne. Le "prix spécial de septième art" récompense le film jugé le plus original et novateur. Un seul prix est attribué au meilleur court métrage. Chacun de ces trophées sont des antilopes sculptées, accompagnées d'une plaque commémorative. Le jury peut également décerner un "prix d'encouragement" matérialisé par un diplôme spécial. Le comité prévoit également que des prix "officieux" peuvent être décernés par d'autres circuits[6].

La compétition est ouverte uniquement aux films africains. Chaque pays ne peut présenter que deux films de deux réalisateurs différents. Les films doivent être proposés par "les autorités compétentes" des dits pays, sinon ils font l'objet d'une sélection par les délégués. Un film accepté doit être réalisé par un Africains, avoir moins de trois ans, participer pour la première fois au Fespaco et être en format 16 ou 35mm. L'article 13 du règlement prévoit que le jury est international et comporte deux Voltaïques[4].

Institutionalisation modifier

Le budget est fixé à 43 millions de francs CFA. Une subvention de 300 000 FCFA est attribuée par le président de la République[7], les autorités prenant ainsi le festival sous leur aile, début d'une mainmise étatique, tandis que le Comité d'organisation devient national (CNO)[8].

Films projetés modifier

Hamidou Ouédraogo en dénombre 36 de 18 pays africains et 5 non-africains (liste incomplète de son livre)[9] :

Longs métrages en compétition modifier

Titre Réalisation Pays
L'Opium et le Bâton Ahmed Rachedi   Algérie
Les tam-tams se sont tus Philippe Mory   Gabon
Les Fellagas Omar Khlifi   Tunisie
Le Rebelle Omar Khlifi   Tunisie
Soleil Ô Med Hondo   Mauritanie
F.V.V.A.: Femmes Voitures Villas Argent Moustapha Alassane   Niger
Le Wazzou polygame Oumarou Ganda   Niger
Hydre Dyama Moussa Kémoko Diakité   Guinée
Diegue-bi Mahama Johnson Traoré   Sénégal

Courts métrages en compétition modifier

Titre Réalisation Pays
Pour ceux qui savent Tidiane Aw   Sénégal
La réussite de Meïthèbre Yaya Kossoko   Niger
Liberté et terre Victor Matondo Kamanka   République démocratique du Congo
Moseka Kouami Mambu Zinga   République démocratique du Congo

Autres films modifier

Titre Réalisation Pays
Festival panafricain d'Alger 1969 William Klein   Algérie
Concerto pour un exil Désiré Ecaré   Côte d'Ivoire
Sur le sentier du requiem Pierre-Marie Dong   Gabon
Bonne nuit Balthazar Louis Mébalé   Gabon
Où vas-tu Kumba ? Simon Auge et Alain Ferrari   France,   Gabon
Kodou Ababacar Samb Makharam   Sénégal
Ecrits de Dakar Paulin Soumanou Vieyra   Sénégal
Emitaï Ousmane Sembène   Sénégal
Karim Momar Thiam   Sénégal
Soleil de printemps Latif Lahlou   Maroc
Wechma (Traces) Hamid Bénani   Maroc
Jemina et Johnny Lionel Ngakane   Afrique du Sud

Ainsi que des films de Pascal Abikanlou, Timité Bassori, Sam Aryeetey, Édouard Sailly.

Bilan modifier

Le nombre de participants est annoncé être de 50 000 festivaliers, sans statistiques précises[10]. La pénurie en salles de cinéma et en parc hôtelier est constatée. La réalisation d'un programme fiable est rendue difficile par le fait que nombre de cinéastes sont arrivés avec la copie de leur film. L'ambiance familiale du festival convainc par contre les participants[11].

La presse étrangère a largement couvert la manifestation. On note la présence de Guy Hennebelle, Jean-Louis Bory, Férid Boughedir, des télévisions française, suédoise, norvégienne, italienne, ivoirienne, allemande et suisse, ainsi que du magazine américain Variety[12].

Palmarès modifier

Autres prix :

  • Prix de la commune de Ouagadougou : Africaniser de ¨Emmanuel Kouadio Diara (Côte d'Ivoire)
  • Prix de l'OCAM : FVVA de Moustapha Alassane (Niger), lequel promet d'utiliser les 1 500 000 FCFA du prix pour refaire la bande son de piètre qualité[13].

Bibliographie modifier

  • Colin Dupré, Le Fespaco, une affaire d'État(s), 1969-2009, L'Harmattan, , 406 p. (ISBN 978-2-336-00163-0)
  • Fespaco, Black Camera et Institut Imagine, Cinéma africain - Manifeste et pratique pour une décolonisation culturelle : Première partie - le FESPACO : création, évolution, défis, Ouagadougou, Auto-édition, , 786 p. (ISBN 978-2-9578579-4-4) - traduction de Black Camera Volume 12, Number 1, Fall 2020, African Cinema: Manifesto & practice for cultural decolonization, part I: FESPACO: Formation, Evolution, Challenges, Indiana University Press
  • Hamidou Ouédraogo, Naissance et évolution du FESPACO de 1969 à 1973, Ouagadougou, Chez l'auteur, , 224 p..

Notes et références modifier

  1. Fespaco, Black Camera et Institut Imagine 2020, p. 695.
  2. Dupré 2012, p. 104.
  3. Ouédraogo 1995, p. 158.
  4. a et b FESPACO / Black Camera / Institut Imagine, Cinéma africain - Manifeste et pratique pour une décolonisation culturelle - Première partie : le FESPACO : création, évolution, défis, Ouagadougou, éditions Mercury, , 676 p. (ISBN 979-10-97328-59-7), Manthia Diawara, « Cinéma africain et festivals : le Fespaco », p. 133
  5. Ouédraogo 1995, p. 160.
  6. Ouédraogo 1995, p. 167.
  7. Ouédraogo 1995, p. 163.
  8. Dupré 2012, p. 128.
  9. Ouédraogo 1995, p. 177.
  10. Dupré 2012, p. 130.
  11. Dupré 2012, p. 129.
  12. Ouédraogo 1995, p. 170.
  13. Paulin Soumanou Vieyra, Le Cinéma africain des origines à 1973, Présence africaine, , 444 p., p. 143