Elyes Fakhfakh

homme politique tunisien

Elyes Fakhfakh
إلياس الفخفاخ
Illustration.
Elyes Fakhfakh en juillet 2020.
Fonctions
Chef du gouvernement tunisien

(6 mois et 6 jours)
Président Kaïs Saïed
Gouvernement Fakhfakh
Législature IIe
Coalition Ennahdha-Courant démocrate-Mouvement du peuple-Tahya Tounes-Al Badil Ettounsi-Nidaa Tounes-Ettakatol (02-07/2020)
Courant démocrate-Mouvement du peuple-Tahya Tounes-Al Badil Ettounsi-Ettakatol (07-09/2020)
Prédécesseur Youssef Chahed
Successeur Hichem Mechichi
Ministre tunisien des Finances

(1 an, 11 mois et 13 jours)
Président Moncef Marzouki
Chef du gouvernement Hamadi Jebali
Ali Larayedh
Gouvernement Jebali
Larayedh
Prédécesseur Slim Besbes (intérim)
Houssine Dimassi
Successeur Hakim Ben Hammouda
Ministre du Tourisme

(1 an, 2 mois et 7 jours)
Président Moncef Marzouki
Chef du gouvernement Hamadi Jebali
Gouvernement Jebali
Prédécesseur Mehdi Houas
Successeur Jamel Gamra
Biographie
Date de naissance (51-52 ans)
Lieu de naissance Tunis, Tunisie
Nationalité Tunisienne
Française
Parti politique Ettakatol
Diplômé de ENIS
INSA Lyon
Profession Ingénieur
Religion Islam

Elyes Fakhfakh
Chefs du gouvernement tunisien

Elyes Fakhfakh (arabe : إلياس الفخفاخ), né en 1972 à Tunis, est un homme d'État tunisien.

Il est ministre au sein du gouvernement Hamadi Jebali, chargé du ministère du Tourisme de 2011 à 2013 et des Finances de 2012 à 2014. Il occupe également cette dernière fonction au sein du gouvernement Ali Larayedh. Il est chef du gouvernement tunisien de février à septembre 2020.

Biographie modifier

Études modifier

Binational franco-tunisien[1],[2], il est titulaire d'un diplôme en ingénierie de l'École nationale d'ingénieurs de Sfax et d'un diplôme d'études approfondies à l'Institut national des sciences appliquées de Lyon, de même qu'un master en management obtenu à Paris[3].

Carrière d'ingénieur modifier

Il commence à travailler, à l'âge de 27 ans, au sein de Total : il y est chargé de résoudre des problématiques techniques et organisationnels complexes dans des sites européens, américains et asiatiques. Entre 2004 et 2006, il est directeur des opérations d'un nouveau site industriel de Total en Pologne[4]. Il devient ensuite directeur général d'une société industrielle tunisienne spécialisée dans les composants automobiles à l'exportation, laquelle appartient à un grand groupe hôtelier. Il participe à l'accroissement du groupe, notamment au niveau international[4].

Parcours politique modifier

Ministre modifier

 
Elyes Fakhfakh (centre) lors d'une conférence de presse avec le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, Rafik Abdessalem et Touhami Abdouli, en 2012.

Se présentant comme social-démocrate[5], Elyes Fakhfakh est membre d'Ettakatol[4]. À la suite de la révolution de 2011, il est nommé ministre du Tourisme[6] dans le gouvernement de Hamadi Jebali, succédant à Mehdi Houas, son homologue dans les gouvernements précédents. Le , il prend également en charge le ministère des Finances[7]. Il est successivement secondé par deux secrétaires d'État : Slim Besbes et Chedly Abed.

Alors que la fréquentation touristique avait baissé de 33 % en 2011, pendant la révolution, puis augmenté de 25 %, le ministre table sur un bond de 40 % de fréquentation sur une période comprise entre 2010 et 2016, afin de franchir durant cette dernière année la barre des dix millions de visiteurs annuels[8]. Dans les faits, le nombre de nuitées baisse de 16 % durant chacune des deux années (2012 et 2013) au cours desquelles il est ministre[9].

Élection présidentielle de 2019 modifier

En 2019, il est candidat à l'élection présidentielle[10]. Menant une campagne progressiste, il propose la dépénalisation du cannabis et l'interdiction du test anal[11] et se prononce en faveur de l'égalité successorale entre femmes et hommes[12]. Confirmant posséder la nationalité française, il indique prendre des mesures pour l'abandonner conformément à la Constitution[13]. Il réunit 0,34 % des suffrages exprimés au premier tour.

Chef du gouvernement modifier

 
Elyes Fakhfakh avec Níkos Déndias, ministre grec des Affaires étrangères au Dar El Bey en 2020.

Le , il est désigné comme chef du gouvernement par le président Kaïs Saïed comme le dispose l'article 89 de la Constitution[14],[15]. Il reçoit le soutien du bloc démocrate et de Tahya Tounes[16]. Le 22 janvier, il démissionne de ses responsabilités au sein d'Ettakatol, afin de se consacrer à la composition du gouvernement[17]. Son gouvernement est annoncé le 15 février, mais Ennahdha, dont des ministres annoncés y figurent, annonce ne pas voter la confiance du fait de la non participation d'Au cœur de la Tunisie[18]. Une version légèrement modifiée du gouvernement, mais sans la participation d'Au cœur de la Tunisie, est annoncée le 19 février ; Ennahdha, craignant une dissolution, accepte de voter la confiance[19]. Le , l'Assemblée des représentants du peuple accorde la confiance à son gouvernement[20]. L'assermentation a lieu le jour même au palais présidentiel de Carthage[21].

Aussitôt devenu chef du gouvernement, il doit faire face avec son équipe à la pandémie de coronavirus.

Il démissionne le à la demande du président de la République (ce qui permet à ce dernier de choisir son successeur)[22], après le dépôt d'une motion de censure par 105 députés, initiée par les membres d'Ennahdha — qui lui a retiré sa confiance la veille[23] — et d'Au cœur de la Tunisie[24]. Lors des jours précédents, Fakhfakh avait tenté de remplacer les ministres membres d'Ennahdha[25], alors que le chef du gouvernement était sous le coup d'accusations de conflits d'intérêts[26]. Par ailleurs, alors que la Constitution permet au chef du gouvernement de remanier son gouvernement, le règlement intérieur de l'Assemblée des représentants du peuple exige un vote de confiance pour les nouveaux membres du gouvernement[27]. Pour remplacer Fakhfakh, en l'absence de Cour constitutionnelle, alors que la Constitution est floue, il y a désaccord pour savoir si le prochain chef du gouvernement doit être désigné par le parti majoritaire ou par le président de la République[28]. La présidence annonce cependant que le président de la République nommera un nouveau chef du gouvernement dans les dix jours[29]. Le soir même, Fakhfakh limoge les ministres membres d'Ennahdha et confie leurs portefeuilles à des intérimaires[30]. Le , ce qui reste de la coalition au pouvoir l'appelle à déléguer ses prérogatives à l'un des ministres[31]. Le suivant, Hichem Mechichi lui succède[32].

Vie privée modifier

Il est marié et père d'un garçon[3].

Annexes modifier

Notes et références modifier

  1. (ar) « 5 وزراء في حكومة الفخفاخ يحملون جنسيات أجنبية », sur babnet.net,‎ (consulté le ).
  2. « Korchid demande des explications sur la double nationalité de Fakhfakh », sur mosaiquefm.net, (consulté le ).
  3. a et b « Biographie de Elyes Fakhfakh », sur leconomistemaghrebin.com, (consulté le ).
  4. a b et c « Elyès Fakhfakh », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
  5. « Elyes Fakhfakh : "Le président de la République doit être de son époque" », sur lapresse.tn, (consulté le ).
  6. « Elyes Fakhfakh, nouveau ministre des Finances », sur leconomistemaghrebin.com, (consulté le ).
  7. « Tunisie : Elyes Fakhfakh cumule les ministères des Finances et du Tourisme »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur kapitalis.com, .
  8. « La Tunisie vise 10 millions de touristes d'ici à 2016 », Le Figaro (encart « entreprises »), 2-3 juin 2012, p. 23.
  9. « Tourisme en chiffres », sur tourisme.gov.tn (consulté le ).
  10. Anouar Chennoufi, « ISIE : liste nominative définitive des candidatures déposées pour les élections présidentielles », sur tunivisions.net, (consulté le ).
  11. « En Tunisie, un nouveau chef de gouvernement pour sortir de l'impasse politique », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  12. « Elyes Fakhfakh, le choix du président », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  13. « Elyes Fakhfakh confirme disposer de la nationalité française et répond à Safi Saïd », sur tunisienumerique.com, (consulté le ).
  14. « Officiel : Elyes Fakhfakh, nouveau chef du gouvernement désigné », sur mosaiquefm.net, (consulté le ).
  15. Hamza Marzouk, « Elyes Fakhfakh futur chef de gouvernement, est-ce possible ? », sur leconomistemaghrebin.com, (consulté le ).
  16. « Le Bloc démocratique et Tahya Tounes voteront pour le gouvernement Fakhfakh », sur webdo.tn, (consulté le ).
  17. « Elyes Fakhfakh démissionne d’Ettakatol », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  18. « En Tunisie, Elyes Fakhfakh compose un gouvernement à l'avenir incertain », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  19. « En Tunisie, le parti Ennahdha soutient le gouvernement remanié d'Elyes Fakhfakh », sur france24.com, (consulté le ).
  20. « Le gouvernement Fakhfakh obtient la confiance de l'ARP », sur mosaiquefm.net, (consulté le ).
  21. « Tunisie : le Parlement approuve le gouvernement d'Elyes Fakhfakh », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  22. « En Tunisie, la démission du chef du gouvernement renforce la crise politique », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  23. « Le parti Ennahdha veut retirer sa confiance au gouvernement », sur lorientlejour.com, (consulté le ).
  24. « Tunisie : Elyes Fakhfakh abandonne la partie », sur kapitalis.com, 15 juille 2020 (consulté le ).
  25. « Elyès Fakhfakh décide de se séparer des ministres appartenant à Ennahdha », sur espacemanager.com, (consulté le ).
  26. « Tunisie : démission du chef du gouvernement Elyes Fakhfakh », sur rtbf.be, (consulté le ).
  27. « Fakhfakh a-t-il besoin du vote de l'ARP pour effectuer un remaniement ? », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  28. « Tunisie [audio] : la crise est désormais constitutionnelle, selon Ahmed Nejib Chebbi », sur tunisienumerique.com, (consulté le ).
  29. « Tunisie : démission du premier ministre, Elyes Fakhfakh, après un bras de fer avec le parti islamo-conservateur Ennahda », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  30. « Tunisie : le chef du gouvernement décide de limoger les ministres du parti islamiste Ennahdha », sur french.china.org.cn, (consulté le ).
  31. « Les partis et blocs de la coalition appellent Fakhfakh à déléguer ses prérogatives », sur espacemanager.com, (consulté le ).
  32. « Tunisie : l'Assemblée vote la confiance au gouvernement Mechichi à 134 voix », sur gnet.tn, (consulté le ).

Liens internes modifier

Liens externes modifier