Elisa Rae Shupe

écrivain et ancienne militaire américaine

Elisa Rae Shupe (son identité précédente était Jamie Shupe ; son identité de naissance était James Clifford Shupe) est une militaire américaine à la retraite ; en 2016, elle devient la première personnalité aux États-Unis dont le genre non binaire est légalement reconnu (en)[1],[2]. En 2019, elle annonce qu'elle « est revenue à son identité masculine de naissance ». En 2022, elle déclare reprendre son identité trans et elle condamne le mouvement anti-trans, qui se sert de son parcours pour promouvoir la thérapie de conversion. La même année, son nom légal devient Elisa Rae Shupe.

Elisa Rae Shupe
Shupe tenant un drapeau trans en 2016.
Biographie
Naissance
Nationalité
Domicile
Formation
Chopticon High School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Arme
Grade militaire
Sergeant First Class (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Biographie modifier

Assignée homme à la naissance, Shupe naît à Washington, D.C. mais elle grandit dans le sud du Maryland, au sein d'une famille comptant huit enfants[3]. En 1987, Shupe se marie avec une femme prénommée Sandy[4]. Une fille est issue de cette union[3]. Shupe s'engage dans l'armée américaine et y sert pendant 18 ans, recueillant plusieurs décorations militaires ; elle prend sa retraite en 2000 avec le grade de sergeant first class[5].

Shupe déclare avoir été victime de violences physiques et sexuelles de la part de son entourage au cours de son enfance. Sa mère la punissait quand elle estimait que l'enfant avait le comportement d'un petit « sissy »[4] ; Shupe n'a pas eu le droit d'explorer son expression de genre ni son identité de genre[5]. Cette censure a perduré pendant sa carrière militaire, y compris dans les périodes avant et pendant la règle Don't ask, don't tell[3],[5]. Après avoir pris sa retraite, elle entame une vie de femme trans en 2013. Elle choisit le prénom épicène « Jamie » et convainc l'armée américaine de modifier les dossiers militaires la concernant pour qu'ils soient genrés au féminin[6],[7].

En juin 2016, Shupe demande et obtient d'un tribunal du comté de Multnomah (Oregon) que son genre soit reconnu comme non binaire : il s'agit de la première reconnaissance du genre non binaire aux États-Unis[6],[3]. En novembre de la même année, Shupe reçoit à Washington un certificat de naissance dont le genre est indiqué : « inconnu »[7]. Lambda Legal (en), organisation non gouvernementale de défense des droits et libertés civiques, a par la suite présenté la démarche juridique de Shupe car elle constitue un précédent légal en faveur d'une indication du genre non binaire ; son cas est cité dans le cadre de l'affaire Zzyym v. Pompeo visant à obtenir une identité de genre non binaire sur les passeports américains[8]. D'après San Diego Gay and Lesbian News (en), le parcours judiciaire de Shupe représente « une victoire importante pour la communauté trans »[9].

Shupe se montre critique envers la chirurgie de réattribution sexuelle, mettant en garde sur — d'après elle — des taux élevés de complications médicales[10]. Elle a par ailleurs exprimé son opposition à la présence de personnes trans dans l'armée[11].

En janvier 2019, Shupe annonce qu'elle ne s'identifie plus comme non binaire et qu'elle revient à son identité masculine[12]. Shupe fait part de son intention d'une détransition dans un média de tendance conservatrice : The Daily Signal (en). Ce texte se propage de manière virale parmi certains opposants aux trans. Lors d'un évènement de Family Policy Alliance (en) (association américaine de tendance chrétienne conservatrice), Shupe prend la parole puis elle est invitée dans un groupe secret de personnalités politiques hostiles aux droits des personnes trans ; ce groupe se trouve sous la houlette du politicien Fred Deutsch (en). À l'époque, Shupe traverse des difficultés d'ordre psychologique et elle finit par estimer que ces groupes conservateurs exploitent son parcours[13].

À partir de 2021, elle utilise le nom « Lisa Shupe » et, en 2022, elle publie une déclaration voulant que, durant sa période de détransition, elle a aidé à promouvoir la thérapie de conversion en public alors qu'en privé, elle recourait à l'automédication en absorbant des œstrogènes, ce qui a conduit à la formation d'un caillot sanguin potentiellement mortel. Elle déclare :

« j'écris aussi ce texte dans l'espoir d'empêcher ces groupes de m'utiliser comme une marionnette dans leur guerre vicieuse, dans le domaine législatif ou d'autres domaines, contre la communauté trans. Pour rappel, j'ai formellement coupé les ponts avec les groupes de féministes radicales et critiques du genre (en) », de conservateurs ou les groupes fondés sur des convictions religieuses[14]. »

Peu après en 2022, son état-civil évolue sur le plan juridique : son nom est désormais Elisa Rae Shupe[15]. En mars 2023, elle diffuse plus de 2 600 pages d'emails échangés entre 2017 et 2023 ; cette correspondance reflète ses propres discussions avec un groupe de personnes que Mother Jones décrit comme « les représentants d'un réseau de militants et d'organisations à l'avant-garde du mouvement anti-trans »[16],[17].

Notes et références modifier

  1. « Aux États-Unis, une personne reconnue pour la première fois «ni homme, ni femme» », sur LEFIGARO (consulté le ).
  2. (en) « Jamie Shupe becomes first legally non-binary person in the US », sur the Guardian, (consulté le ).
  3. a b c et d (en) Lauren Dake, « Jamie Shupe becomes first legally non-binary person in the US », The Guardian,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  4. a et b (en-US) Mary Emily O'Hara, « Why can't the nation's first legally nonbinary person get an ID? », The Daily Dot,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  5. a b et c (en-US) Colin Miner, « Military Veteran Says 'Jamie' is Neither Male Nor Female », Portland, OR Patch, Patch (en),‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  6. a et b (en) Christopher Mele, « Oregon Court Allows a Person to Choose Neither Sex », The New York Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  7. a et b Molly Woodstock, « Male? Female? Jamie Shupe Battles for a Third Option. », Portland Monthly,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  8. (en) « Case: Zzyym v. Pompeo (formerly Zzyym v. Tillerson & Zzyym v. Kerry) Plaintiff's Reply Brief », Lambda Legal,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  9. Thomas M. Hubbard, « What Is Non Gender Queer » [archive du ], sur San Diego Gay and Lesbian News, (consulté le )
  10. (en-US) Sam Dorman, « Some Veterans Call for Taxpayer-Funded Gender Surgery — This Fmr Army Sergeant Tried Transitioning and Disagrees », IJR,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  11. (en) Kristian Foden-Vencil, « Oregon's Transgender Population Reacts To Trump's Military Ban », Oregon Public Broadcasting (en),‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  12. Rosemarie Dowell, « Ocala man blasts gender identity as 'sham' after reclaiming male birth status », Ocala-News.com,‎ (lire en ligne [archive du ])
  13. Jacob Newton, « 'Their goal was to inflict maximum harm': Behind the scenes of the anti-trans movement », Keloland Local News and Weather (en),‎ (lire en ligne)
  14. (en) Elisa Shupe, « Elisa Shupe: Setting The Record Straight. » [archive du ], sur Elisa Shupe, WordPress, (consulté le )
  15. (en) Elisa Shupe, « Elisa Rae Shupe Name Change: It's Official! », sur Elisa Shupe, (consulté le )
  16. Madison Pauly, « Inside the secret working group that helped push anti-trans laws across the country », sur Mother Jones (consulté le )
  17. Jude Ellison S. Doyle, « The making of a detransitioner », sur Xtra Magazine (consulté le )

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier