Palaeoloxodon namadicus

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Palaeoloxodon namadicus
Description de cette image, également commentée ci-après
Crâne d'Elephas namadicus, dans Fauna antiqua sivalensis[1]
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Mammalia
Ordre Proboscidea
Famille Elephantidae
Genre  Palaeoloxodon

Espèce

 Palaeoloxodon namadicus
Falconer & Cautley, 1845

Palaeoloxodon namadicus (anc. Elephas namadicus) est une espèce fossile d'éléphants de la famille des Elephantidae qui vivait au Pléistocène moyen et tardif (entre 781 000 ans et 11 700 ans avant le présent), en Asie (Inde, Chine, Pakistan, Sri Lanka, Myanmar, Laos, Vietnam). Ce serait l’un des plus grands éléphants connus de tous les temps[2].

Étymologie modifier

Le nom de genre Palaeoloxodon est un nom en latin scientifique formé à partir de trois étymons grecs anciens, qui s’analysent ainsi 1) παλαιος palaios « ancien, vieux » 2) λοξός loxós, « oblique, qui est de travers », « incurvé » par opposition à « droit » 3) ὀδών odôn « dent » (Bailly[3]). Soit après latinisation Paleao.lox(o).odon qui peut s’analyser comme « dent (odon) oblique (loxo) ancienne (palaeo) », le caractère « ancien » suggérant un ancêtre éteint des Loxodonta, les éléphants d’Afrique.

L’épithète spécifique namadicus est un adjectif latin dérivé de namad, la région du fleuve Narmada en Inde, et du suffixe -icus d’adjectivation des noms, donnant « relatif à la région de Narmada ». La Narmada, hindi: नर्मदा, (ou Narbada) est un fleuve qui coule d'est en ouest dans le centre de l'Inde formant la limite traditionnelle entre le Deccan et la plaine indo-gangétique. Cette étymologie est donnée par le paléontologue Hugh Falconer dans Fauna Antiqua Sivalenis où il indique « I call it provisionally Elephas Namadicus (from the Geek name of the Nerbudda ‘Namadus’. It was found along with Hippopotamus, Buffalo, &c., in the Nerbudda) ». Le fleuve Narmada était aussi connu sous le nom de Narbada ou anglicisé en Nerbudda[4].

Les paléontologues britanniques Hugh Falconer et Proby Thomas Cautley ont introduit l'espèce Elephas namadicus dans Fauna antiqua sivalensis, being the fossil zoology of the Sewalik Hills, in the north of India[1] en 1846.

En 1924, le paléontologue japonais Matsumoto Hikoshichirō (ja) crée le (sous-)genre Palaeoloxodon qu’il circonscrit en tant que sous-genre des Loxodonta, les Éléphants d’Afrique (comme l’étymologie de Palaeoloxodon le suggère)[5].

 
Palaeoloxodon namadicus

Description modifier

Palaeoloxodon namadicus mesurait jusqu’à 4,5 m aux épaules, pour un poids estimé de 11 à 16 tonnes (au plus de 20 tonnes). Ce serait l’un des plus grands éléphants connus de tous les temps[2].

Les mâles portaient de grandes défenses pouvant mesurer jusqu’à 3,5 m de longueur, légèrement incurvées vers l’intérieur et avec l’extrémité légèrement incurvées vers le haut.

Les femelles étaient plus petites.

Comparé à l’éléphant d’Asie (Elephas), P. namadicus a un crâne plus haut. Car tous les Palaeoloxodon ont une caractéristique crânienne remarquable, nommée la « crête pariéto-occipitale », une projection antérieure importante du toit du crâne. Saegusa et Gilbert (2008) ont distingué deux morphotypes crâniens de Palaeoloxodon en Eurasie: la « morphe de Stuttgart », avec une crête modérément développée, positionnée haut sur le front, et la « morphe namadicus » avec une crête fortement développée, s'étendant vers l'avant, surplombant une grande partie du front, près de l'ouverture nasale externe[6]. Le morphe de Stuttgart est basé sur le crâne de Palaeoloxodon antiquus SMNS 32888 de Bad Cannstatt à Stuttgart, en Allemagne, alors que le morphe de namadicus est formé d’après Palaeoloxodon namadicus trouvé en Inde.

La présence de morphes crâniens « Stuttgart » et « namadicus » qui ont été constatés en Italie et en Allemagne ne remet toutefois pas en cause la distinction de deux espèces distinctes de Palaeoloxodon en Europe au cours du Pléistocène moyen (Asier Larramendi et al[6], 2020).

Répartition modifier

L’aire de répartition de Palaeoloxodon namadicus comprend

  • l’Inde, où ses ossements ont été découverts pour la première fois en 1846 dans le bassin du fleuve Narmada, ainsi que dans la vallée de la Godavari et dans la plaine du Gange[7],[8]. P. namadicus fait partie de la faune de la cordillère du Siwalik s’étendant au Nord de l’Inde, au Sud du Népal et au Nord-Est du Pakistan, sur laquelle de nombreuses études ont été menées[9].
  • la Chine, où à 150 km à l’ouest de Pékin, le bassin sédimentaire de Nihewan 泥河湾, a livré des fossiles de P. namadicus (chin. 納瑪象 Nàmǎxiàng), datés de 1,7-2,2 Ma[10]. D’autres fossiles datant la fin du Pléistocène supérieur, il y a environ 100 000 ans, ont été trouvés dans le bassin du fleuve Yangzi et le bassin du Huaihe ainsi que dans le bassin du Huanghe quoique en moins grand nombre[11].
  • le Pakistan où une deuxième molaire de cette espèce a été retrouvée dans la formation de Pinjor à Sardhok, district de Gujrat, Siwalik Hills du Pakistan[12].
  • Sri Lanka, Myanmar, Laos, Vietnam[13].

Dans la Péninsule Malaise, les anciennes découvertes de fossiles d’éléphants antiques d’abord identifiées comme Palaeoloxodon namadicus, sont remises en cause par des évaluations morphologiques récentes qui les ramènent à Elephas maximus[14]

Phylogénie modifier

En 1973 Maglio, considérait que P. namadicus et P. antiquus étaient synonymes mais des études récentes de la morphologie crânienne et des proportions postcrâniennes (Larramendi et al.[6], 2020) indiquent un statut séparé[15]

Palaeoloxodon namadicus est considéré comme étant le descendant de Palaeoloxodon antiquus, bien que certains chercheurs pensent qu’il en était en fait une sous-espèce, à cause de leurs défenses similaires (défenses dites ‘‘droites’’).

Phylogénie des genres d'éléphants ainsi que d'autres familles proches, d'après les caractéristiques de leur os hyoïde, selon Shoshani et al. (2007)[16], les caractéristiques anatomiques du squelette, selon Cozzuol et al. 2012[17], et les caractéristiques génétiques selon Meyer et al. 2017[18] :


Elephantimorpha

Mammutidae (mastodontes)  


Elephantida

Gomphotheriidae (gomphothères)  


Elephantoidea

Tetralophodon




Anancus




Paratetralophodon




Stegodontidae (stegodontides)  


Elephantidae

Stegotetrabelodon  




Stegodibelodon


Elephantinae

Primelephas  



Loxodontini

Palaeoloxodon (éléphants à défenses droites)  



Loxodonta (éléphants d'Afrique)  



Elephantini

Elephas (éléphants d'Asie)  



Mammuthus (mammouths)  














Taxonomie modifier

Espèces notables de Palaeoloxodon :

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Publication originale modifier

  • Falconer & Cautley, 1845, Fauna Antiqua Sivalensis, being the fossil zoology of the Sewalik Hills in the North of India.

Liens externes modifier

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Notes et références modifier

  1. a et b Falconer Hugh, Proby Thomas Cautley, Fauna antiqua sivalensis, being the fossil zoology of the Sewalik Hills, in the north of India, London, Smith, Elder and Co, (lire en ligne)
  2. a et b Larramendi, A., « Shoulder height, body mass and shape of proboscideans », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 60,‎
  3. Anatole Bailly, « Dictionnaire grec-français : ὀδών, όντος (ὁ) ion. c. ὀδούς, dent, HDT. 6, 107. » (consulté le )
  4. Chisholm Hugh « Nerbudda », Encyclopedia Britannica, Vol 19 (11th ed.), Cambridge University Press,
  5. Matsumoto H., « 日本産化石象の種類(略報) [Note préliminaire sur les éléphants fossiles au Japon (en japonais)] », 地質学雑誌 The Journal of the Geological Society of Japan, vol. 31, no 371,‎ , p. 255–272 (lire en ligne)
  6. a b et c Asier Larramendi, Hanwen Zhang, Maria Rita Palombo, Marco P. Ferretti, « The evolution of Palaeoloxodon skull structure: Disentangling phylogenetic, sexually dimorphic, ontogenetic, and allometric morphological signals », Quaternary Science Reviews, vol. 229,‎
  7. Rupa Ghosh et al, « Discovery of Elephas cf. namadicus from the Late Pleistocene Strata of Marginal Ganga Plain », Journal Geological Society of India, vol. 88,‎
  8. Parth R. Chauhan, « Large mammal fossil occurrences and associated archaeological evidence in Pleistocene contexts of peninsular India and Sri Lanka », Quaternary International, vol. 192,‎ (lire en ligne)
  9. Som Nath Kundal et al, « Elephas cf. E. planifrons (Elephantidae, Mammalia) from Upper Siwalik Subgroup of Samba district, Jammu and Kashmir, India », 古 脊 椎 动 物 学 报, vol. 55, no 1,‎ (lire en ligne)
  10. Hong Ao, Zhisheng An et al, « Pleistocene magnetochronology of the fauna and Paleolithic sites in the Nihewan Basin: Significance for environmental and hominin evolution in North China », Quaternary Geochronology, vol. 18,‎ , p. 78-92 (lire en ligne)
  11. 中文百科 [encyclopédie chinoiise], « 納瑪象 [Palaeoloxodon namadicus] » (consulté le )
  12. Khizar Samiullah et al, « Proboscidean fossil fauna from the Siwalik Hills of Pakistan », Scientific Annals (VIth International Conference on Mammoths and their Relatives, Grevena – Siatista), vol. 102,‎
  13. Louys J, Curnoe D, Tong HW, « Characteristics of Pleistocene megafauna extinctions in Southeast Asia », Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, vol. 243,‎ , p. 152-173
  14. Lim Tze Tshen, « Quaternary Elephas fossils from Peninsular Malaysia : Historical Overview and new Material », The Raffles Bulletin of Zoology, vol. Supplement No.29,‎ (lire en ligne)
  15. Samuel T. Turvey, Vijay Sathe, Jennifer J. Crees, Advait M. Jukar, Prateek Chakraborty, Adrian M. Lister, « Late Quaternary megafaunal extinctions in India: How much do we know? », Quaternary Science Reviews, vol. 252,‎ (lire en ligne)
  16. [2007] (en) Jeheskel Shoshani, Marco P. Ferretti, Adrian M. Lister, Larry D. Agenbroad, Haruo Saegusa, Dick Mol et Keiichi Takahashi, « Relationships within the Elephantinae using hyoid characters », Quaternary International, vol. 169-170,‎ , p. 174 (DOI 10.1016/j.quaint.2007.02.003, Bibcode 2007QuInt.169..174S, lire en ligne [sur researchgate.net]).
  17. Mario A. Cozzuol, Dimila Mothé und Leonardo S. Avilla: A critical appraisal of the phylogenetic proposals for the South American Gomphotheriidae (Proboscidea: Mammalia). Quaternary International 255, 2012, S. 36–41
  18. Matthias Meyer, Eleftheria Palkopoulou, Sina Baleka, Mathias Stiller, Kirsty E. H. Penkman, Kurt W. Alt, Yasuko Ishida, Dietrich Mania, Swapan Mallick, Tom Meijer, Harald Meller, Sarah Nagel, Birgit Nickel, Sven Ostritz, Nadin Rohland, Karol Schauer, Tim Schüler, Alfred L Roca, David Reich, Beth Shapiro und Michael Hofreiter: Palaeogenomes of Eurasian straight-tusked elephants challenge the current view of elephant evolution. eLife 6, 2017, S. e25413, doi:10.7554/eLife.25413
  19. Turner, A. (2004) Prehistoric Mammals. Larousse