Djamel Beghal

Criminel algérien

Djamel Beghal
terroriste islamiste
Information
Naissance (58 ans)
Bordj Bou Arreridj, Algérie
Sexe Masculin
Patrie Drapeau de l'Algérie Algérie
Condamnation (10 ans)
(10 ans)
Actions criminelles Participation à des filières djihadistes
Arrestation
Avocat Patrice Spinosi[1] (2005)
Bérenger Tourné (2013)

Djamel Beghal, né le à Bordj Bou Arreridj (Algérie)[2], est un Algérien déchu de sa nationalité française, plusieurs fois condamné pour des faits liés au terrorisme.

Biographie modifier

Émigration en France modifier

Djamel Beghal arrive en France à la rentrée 1987 à l'âge de 21 ans. Il vit de petits boulots dans la construction, l'animation de centre de loisirs ou encore en vendant des vêtements sur les marchés. En 1989, il épouse une Française, Sylvie Guéguen[3], qui se convertit à l'islam et avec laquelle il aura quatre enfants[4].

Activisme au sein du Groupe islamique armé modifier

Habitant de Corbeil-Essonnes, Djamel Beghal est interpellé pour la première fois en 1994 lors d'une vague d'arrestations dans la mouvance du Groupe islamique armé (GIA). Il est incarcéré trois mois, puis relâché sans avoir été condamné. Il part alors pour le Royaume-Uni, où il fréquente la mosquée de Finsbury Park et s'investit dans la collecte de fonds pour la Tchétchénie. Il se fait alors appeler « Abou Hamza » et voyage beaucoup entre l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et l'Espagne. Il rencontre l'un des plus importants et plus virulents chefs de l'islamisme radical, Omar Abou Omar Qatada, un Palestinien réfugié à Londres depuis 1994, ancien du djihad en Afghanistan, et considéré comme l'un des membres d'Al-Qaïda.

Départ pour l'Afghanistan et projet d'attentat en France modifier

En novembre 2000, il s'envole pour un camp en Afghanistan avec sa femme. Il est interpellé le à l'aéroport international de Dubaï[5], en provenance d'Islamabad, au terme d’un séjour dans les camps afghans, où il a notamment appris à confectionner des engins explosifs. Reconnaissant son appartenance au réseau ben Laden, il dit avoir été mandaté pour constituer une cellule sur le territoire français, composée d’un homme capable de fabriquer des engins explosifs, d’un autre pour les poser et d’un informaticien. Sous la direction de Mohammad Zayn al-Abidin, alors responsable du suivi des volontaires arabes, il devait créer une société de couverture pour le groupe, ouvrir un cybercafé pour communiquer avec Kandahar et se procurer du matériel. L’un des responsables de la Direction de la Surveillance du territoire (DST), Jean-François Clerc, s’envole en urgence pour l’interroger et Beghal évoque des projets d’attentats avec des « frères » basés en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Selon l'ancien directeur du renseignement de la DGSE, Alain Chouet, Djamel Beghal aurait été utilisé comme un leurre par Khalid Cheikh Mohammed qui l'aurait donné aux Américains (en communiquant volontairement avec lui sur une ligne surveillée) pour détourner leur attention de ses projets d'attentats aux États-Unis qui se réaliseront un mois et demi plus tard[6].

Nizar Trabelsi, formé lui aussi en Afghanistan, potentiel kamikaze, est arrêté le en Belgique.

Le même jour, Jérôme Courtailler (en), un Français converti à l'islam, et trois autres complices sont arrêtés à Rotterdam avec 25 faux passeports. Le , sept membres de ce réseau seront arrêtés par la DST, alors qu’ils allaient s’en prendre à des intérêts américains en France, probablement l’ambassade des États-Unis.

Le chef présumé de ce groupe terroriste en France, Kamel Daoudi, est interpellé à Londres le , puis neuf autres personnes en Espagne. Quant à Beghal, il est expulsé cinq jours plus tard vers la France, son épouse, française, ayant été interpellée à la frontière entre l'Afghanistan et l'Iran[7].

Extradé en France le , il y est interrogé par le juge Jean-Louis Bruguière devant lequel il se rétracte. Il souligne que ses aveux ont été obtenus sous la torture aux Émirats arabes unis. Ses dires sont confirmés par l'examen médical réalisé après son extradition. Il rappelle les conditions qui l'ont conduit à reconnaitre les faits qui lui sont reprochés et évoque également des pressions de la part du juge Bruguière. Malgré cela, il est condamné le par le tribunal correctionnel de Paris à dix ans d'emprisonnement avec cinq autres prévenus, reconnu coupable d'avoir créé une association de malfaiteurs terroristes, alors même que le chef d'accusation de projet d'attentat sur l'ambassade américaine n'a pas été retenu par la justice[8].

Activisme en prison et projet d'évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem modifier

Du au , Djamel Beghal est incarcéré à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis[9]. En 2005, il y rencontre Chérif Kouachi, incarcéré pour avoir participé à une filière d'envoi de djihadistes en Irak, dite la « Filière des Buttes-Chaumont » et Amedy Coulibaly pour des faits de droit commun[10]. Djamel Beghal devient vite leur mentor[8],[11].

Il est déchu de la nationalité française en décembre 2006[12] et fait l'objet d'un arrêté d'expulsion en . Il dépose alors un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) contre son expulsion vers l'Algérie, en invoquant des « risques de traitements inhumains et dégradants » dans son pays d'origine. La CEDH recommande à la France de suspendre l'expulsion[13].

De fin 2006 à sa libération, il est incarcéré au centre de détention d'Uzerche, en Corrèze[14]. Libéré le , il est immédiatement assigné à résidence à Murat, une bourgade isolée du Cantal, dans l'attente d'une expulsion vers l'Algérie[15],[16].

Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi lui rendent visite régulièrement, sans surveillance des autorités françaises, et se radicalisent à son contact. Djamel Beghal concocte un projet destiné à faire évader deux hommes de la centrale de Clairvaux, dont Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien du Groupe islamique armé algérien (GIA), condamné en 2002 à perpétuité pour l'attentat à la station RER Musée d'Orsay en octobre 1995 à Paris.

Le , Djamel Beghal est arrêté et mis en examen pour « direction d'un groupe terroriste ». Quatorze autres personnes sont interpellées en région parisienne et dans le Cantal[17].

Dans un document du , le parquet de Paris définit Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi, les futurs auteurs des attentats de janvier 2015 à Paris, comme « les "élèves" de Djamel Beghal »[18]. Néanmoins, « le lien entre les visites de Kouachi et Coulibaly dans le Cantal et les attaques de janvier me paraît impossible et rien, à ce jour, ne les démontre » assure Bérenger Tourné, l'avocat de Djamel Beghal. « Il est, en revanche, plausible que leurs relations avec mon client aient renforcé leur conviction religieuse »[10].

Il purge une peine de 10 ans à la prison de Vezin-le-Coquet, en Ille-et-Vilaine[19]. Son appel est rejeté en décembre 2014[10].

Libérable au plus tard à l'été 2018, Djamel Beghal se dit en favorable à une expulsion vers l'Algérie au terme de sa peine, y jugeant la situation politique plus apaisée et moins dangereuse pour lui[20]. Il est remis en liberté le 16 juillet 2018 et est immédiatement expulsé vers l'Algérie, puisqu'il n'a plus la nationalité française[21].

À son arrivée à Alger, Djamel Beghal a été placé en garde à vue puis incarcéré 18 mois, comme l'a révélé Le Mensuel de Rennes en [22]. Il a ensuite comparu à son procès en appel d’une condamnation à 20 ans de prison par contumace, prononcée en 2003, pour son appartenance au Groupe islamique armé algérien (GIA). L’audience s’est tenue le 23 décembre 2019, devant le tribunal criminel de Dar El Beïda. Djamel Beghal a été acquitté et libéré.

Références modifier

  1. « Ni Algérie ni Guyane, l'islamiste Beghal restera dans le Cantal », sur Le Monde.fr (consulté le )
  2. (en) « Djamel Beghal », cageuk.org, (consulté le )
  3. Charlotte Piret, « Djamel Beghal, la superstar », France Inter,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Djamel Beghal: tout savoir sur le mentor des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly », francesoir.fr, (consulté le )
  5. Pascal Ceaux, Fabrice Lhomme et Anne Rohou, « Corbeil, Düsseldorf, Londres, Kaboul, l’itinéraire d’une conversion à la guerre sainte », Le Monde,‎ , p. 8 (lire en ligne   [PDF])
  6. Matthieu Suc, Les espions de la terreur, Paris, HarperCollins, , 404 p. (ISBN 979-10-339-0265-2, OCLC 1088685916, lire en ligne [PDF]), chap. XXXII (« Opération Bleu de méthylène »), p. 320
  7. Frédéric Ploquin, « Charlie Hebdo : l'ombre tutélaire de Djamel Beghal », marianne.net (consulté le )
  8. a et b Jacques Marie Bourget, « Les confessions du “Ben Laden français” (I) », mondafrique.com, (consulté le )
  9. Cédric Mathiot, « Amedy Coulibaly et son mentor Djamel Beghal auraient été voisins de cellule en 2005 », Libération, (consulté le )
  10. a b et c Sarah Diffalah, « Djamel Beghal, le trait d'union entre Coulibaly et Kouachi », nouvelobs.com, (consulté le )
  11. Adlène Meddi, « Algérie : le jour où les "Afghans" sont rentrés », lepoint.fr, (consulté le )
  12. Boris Thiolay et Jérémie Pham-Lê, « Le djihadiste Beghal bientôt expulsé », L'Express, (consulté le )
  13. Alain Salles, « Ni Algérie ni Guyane, l'islamiste Beghal restera dans le Cantal », lemonde.fr, (consulté le )
  14. François Clapeau, « Attentat à Charlie Hebdo : Djamel Beghal avait été incarcéré 3 ans en Corrèze », France 3 Nouvelle-Aquitaine, (consulté le )
  15. « Djamel Beghal menait une vie discrète dans le Cantal », Le Parisien, (consulté le )
  16. Djamel Beghal, client pas comme les autres d'un hôtel du Cantal Le Figaro, 12/01/2015
  17. « Projet d'évasion d'un auteur des attentats de 1995 à Paris : Djamel Beghal parmi les 14 interpellés », Le Nouvel Observateur du 18 mai 2010.
  18. Jacques Follorou, Simon Piel et Matthieu Suc, « Djamel Beghal, maître à penser du terrorisme », lemonde.fr, (consulté le )
  19. « Charlie Hebdo. Djamel Beghal nie toute implication dans les attentats », ouest-france.fr, (consulté le )
  20. « Rennes. L'islamiste Djamel Beghal demande son expulsion vers l'Algérie », ouest-france.fr, (consulté le )
  21. « L'islamiste Djamel Beghal expulsé vers l'Algérie », sur Europe 1, .
  22. « Djamel Beghal, le « mentor » des tueurs absent du procès Charlie Hebdo », sur Le Telegramme, (consulté le )

Liens externes modifier