Citrus taiwanica parfois en français nanshô-daidai est un agrume sauvage endémique de Taïwan, classé en danger critique d'extinction et qui a été utilisé comme porte-greffe.

Dénomination modifier

Nanshô-daidai est le nom japonais ナンショウダイダイ (Nanshoudaidai), du chinois 南庄橙 (Nánzhuāng chéng), mandarine de Nanzhuang, canton de Taïwan où le japonais Yumoto Yataro l'a découverte. Il est connu des aborigènes et nommé katayoe par eux. Tanaka et Yaichi Shimada (1884-1971) le publient en 1926.

Citrus ×taiwanica Yu.Tanaka & Shimada est admis[1] pourtant c'est à Tyōzaburō Tanaka présent à Taipei à cette époque qu'on doit la description et non à Yuichirō Tanaka qui n'était pas encore son assistant. Citrus taiwanica Tanaka & Shimada est correct[2]: Yuichirō Tanaka l'écrit bien ainsi dans la Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale (1933)[3]. Citrus nanshô-daidai est mentionné dans les documents européens[4].

Il est parfois classé bigarade[5] d'où son nom de daidai (et aussi Citrus aurantium 'Taiwanica'[6]). Noelle Barkley et al. lui donnent une part mandarine (40%) nettement plus élevée que les C. aurantium[7]. On le trouve assimilé au Niihimé qui est beaucoup plus petit[8]. On trouve encore le nom Citronnier de Taiwan en Suisse[9].

Histoire modifier

 
Replantation de C. taiwanica (2021)

Cet agrume à petit fruit fait partie des nombreux isolats de spéciation allopatrique des mandarines primitives de la Chine (C. mangshanyeju - montagnes de Nanling - décrit en 2021), (C. mangshanensis - Hunan) au Japon (Citrus ryukyuensis et sa descendance) aux Samoa et aux archipels mélanésiens (C. oxanthera). Tanaka[10] en a décrit de nombreuses (1926, 1928): C. latipes, C. polyandra (Papouasie), C. vitiensis (Iles Fidji); C. upoluensis (Samoa), C. coji, C. annamensis[10]. Ces plantes sont pour la plupart de micro populations fragiles face aux changements environnementaux[11].

Depuis 2019, la plante disparue de son milieu d'origine est l'objet d'un plan de reforestation route forestière de Daping, dans la montagne Gari, canton de Nanzhuang, comté de Miaoli, en vue de sa sauvegarde : plantation de 30 plantes, puis jusqu'à plus de 1000 en 2022[12] ce qui en fait une plante sauvage cultivée. Le plan 南庄橙回家 (`Nánzhuāng chéng huí jiā') L'orange de Nanzhuang rentre à la maison associe le service forestier et l'Université nationale Chung Hsing à l'ethnie Saisiyat[13].

Utilisation modifier

Le fruit décrit comme très acide et amère[7] a une usage alimentaire local[14]. Le plan de sauvetage comprend un projet d'utiliser les fruits transformés en confiture qui a remporté le prix du Concours mondial de marmelade d'agrumes en 2019, en condiment (poitrine de porc à l'orange Nanzhuang) et aussi la plantation comme arbre de rue[12] (même s'il est très épineux et ne mesure que 4 m[15]). Les feuilles sont ailées[7].

Au Japon, il est récolté de février à mars. Le fruit mesure 7 à 6 cm de diamètre, il est aplati, jaune, avec nombreuses graines d'environ 1,5 cm de longueur[16]. Sa rusticité serait bonne[17].

Porte-greffe modifier

Lors des recherches sur les porte-greffes résistants au CTV C. taiwanica a été sélectionné aux côtés du citron Volkamer et du citrange 'Carrizo' (1988) pour l'orange Washington Navel[18], le rendement est bon avec l'orange sanguine Moro[19], très bon en parcelle irriguée avec l'orange Valencia où il induit une production plus précoce[20]. En revanche comme porte-greffe du citron il engendre un mauvais rendement[21]. C. taiwanica est moins sensible à la chlorose ferrique que C Volkameriana[22]. Les essais conduits à La Réunion ont été publiés, en 1998, il s'est montré sensible à la pouriture des racines et mal adapté au climat local[23].

Ethnomédecine modifier

Nanshô-daidai était une plante utilisée dans la médecine locale[24]

Ecologie modifier

International Union for conservation of nature and natural resources classe la plante En danger critique d'extinction[25].

 

Huile essentielle modifier

Les composants volatils dominants des feuilles fraîches sont le linalol (56 %) et le myrcène (7 %). Shu Yen Lin et al. donnent une analyse détaillée et comparative. Les modèles qualitatifs et quantitatifs des substances volatiles rapprochent C. taiwanica à la bigarade ce qui confirme le classement Tanaka dans la sous-section C. aurantium, à ceci près que les proportions d'aromatiques sont différentes: limonène ( 2 % contre 37 % chez la bigarade), acétate de linalyle ( 7 % contre 30 % chez la bigarade) et linalol ( 56 % contre 9 % chez la bigarade)[26].

Le parfum est donné très floral.

Notes et références modifier

  1. (en) « Citrus ×taiwanica Yu.Tanaka & Shimada », sur www.gbif.org (consulté le )
  2. « Citrus taiwanica | International Plant Names Index », sur www.ipni.org (consulté le )
  3. Laboratoire d'agronomie coloniale (Paris) Auteur du texte, « Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale : bulletin du Laboratoire d'agronomie coloniale / dir. Auguste Chevalier », sur Gallica, (consulté le ), p. 393 et 484
  4. https://pra.eppo.int/getfile/edbae1ac-9e0e-44b6-8688-f5ff1c9796f4
  5. Internet Archive, Produits naturels : vertus et bienfaits : argile, bicarbonate, vinaigre, citron, Paris : Presses du Châtelet, (ISBN 978-2-84592-419-2, lire en ligne)
  6. « シマダイダイ Citrus ×aurantium 'Shimadaidai' ミカン科 Rutaceae ミカン属 三河の植物観察 », sur mikawanoyasou.org (consulté le )
  7. a b et c (en) « Nansho Daidai sour orange », sur Givaudan Citrus Variety Collection at UCR (consulté le )
  8. (ja) 果物ナビ, « 新姫/にいひめの写真(画像)|香酸柑橘 », sur 果物ナビ (consulté le )
  9. « Citronnier de Taiwan », sur Alpagrumi (consulté le )
  10. a et b Auguste Chevalier, « Subdivision et composition actuelle du genre Citrus. », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 23, no 257,‎ , p. 11–15 (DOI 10.3406/jatba.1943.1737, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Guohong Albert Wu, Chikatoshi Sugimoto, Hideyasu Kinjo et Chika Azama, « Diversification of mandarin citrus by hybrid speciation and apomixis », Nature Communications, vol. 12, no 1,‎ , p. 4377 (ISSN 2041-1723, DOI 10.1038/s41467-021-24653-0, lire en ligne, consulté le )
  12. a et b (zh-Hant) 上下游News&Market, « 全球唯一南庄橙,展露料理潛力,世界柑橘果醬大賽裁判長:這是台灣送給世界的禮物 | 上下游新聞市集 », sur LINE TODAY (consulté le )
  13. (zh) 農業部林業及自然保育署, « 訊息專區 - 歷史訊息 - 最新消息 - 「南庄橙回家」林務局攜手賽夏族復育臺灣特有珍稀植物 », sur www.forest.gov.tw (consulté le )
  14. (zh-TW) 農藝, « 【農藝】南庄橙回家在林下經濟處 實踐傳統領域里山倡議 », sur 農傳媒,‎ (consulté le )
  15. « ナンショウダイダイ (Citrus taiwanica) », sur www.botanic.jp (consulté le )
  16. « 南庄橙 », sur kplant.biodiv.tw (consulté le )
  17. « Taïwanica / C4475 – La Pépinière du Bosc » (consulté le )
  18. https://escholarship.org/content/qt5rm3f7sn/qt5rm3f7sn.pdf
  19. https://www.researchgate.net/profile/Meral-Incesu/publication/288301448_Rootstock_effects_on_yield_fruit_quality_rind_and_juice_color_of_'Moro'_blood_orange/links/568a6d8808aebccc4e19f7e3/Rootstock-effects-on-yield-fruit-quality-rind-and-juice-color-of-Moro-blood-orange.pdf
  20. « How to access research remotely », sur www.cabdirect.org (consulté le )
  21. Ali Al-Jaleel, Mongi Zekri et Yahia Hammam, « Yield, fruit quality, and tree health of ‘Allen Eureka’ lemon on seven rootstocks in Saudi Arabia », Scientia Horticulturae, vol. 105, no 4,‎ , p. 457–465 (ISSN 0304-4238, DOI 10.1016/j.scienta.2005.02.008, lire en ligne, consulté le )
  22. Vassilios Chouliaras, Kortessa Dimassi, Ioannis Therios et Athanasios Molassiotis, « Root-reducing capacity, rhizosphere acidification, peroxidase and catalase activities and nutrient levels of Citrus taiwanica and C. volkameriana seedlings, under Fe deprivation conditions », Agronomie, vol. 24, no 1,‎ , p. 1–6 (DOI 10.1051/agro:2003055, lire en ligne, consulté le )
  23. M Grisoni, P Cabeu, B Aubert, « Résultats de douze années d'un essai de comportement de cinq porte-greffe en association avec quatre cultivars d'agrumes à l'île de la Réunion », Fruits, vol. 44, no 10,‎ (lire en ligne [PDF])
  24. (zh) « 國立教育廣播電臺 », sur www.ner.gov.tw (consulté le )
  25. « Zamia - an overview | ScienceDirect Topics », sur www.sciencedirect.com (consulté le )
  26. (en) Shu Yen LIN, Su Feng ROAN, Ching Lung LEE, Iou Zen CHEN, « Volatile Organic Components of Fresh Leaves as Indicators of Indigenous and Cultivated Citrus Species in Taiwan », Biosci. Biotechnol. Biochem, vol. 74, no 4,‎ , p. 806–811 (lire en ligne [PDF])

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier