Chartreuse Saint-Nicolas de Chiaromonte

La Chartreuse du Val-Saint-Nicolas, en italien : Certosa di San Nicola in Valle, en latin : Domus Sancti Nicolai, est un ancien monastère chartreux, situé à l'ouest de la ville actuelle de Francavilla in Sinni, sur une colline, le long du „fossé Scaldaferri”, près de Chiaromonte en Italie. Elle est appelée chartreuse de Chiaromonte ou de Chiaramonte[note 1].

Chartreuse du Val-Saint-Nicolas
Domus Sancti Nicolai
Image illustrative de l’article Chartreuse Saint-Nicolas de Chiaromonte
Existence et aspect du monastère
Nom local Certosa di San Nicola in Valle
Identité ecclésiale
Culte Catholique
Diocèse Anglona
Type Chartreuse d'hommes
Présentation monastique
Fondateur Venceslao de Sanseverino
Province cartusienne Saint-Bruno
Patronage Saint Nicolas de Bari
Armes ou sceau du fondateur
Image illustrative de l’article Chartreuse Saint-Nicolas de Chiaromonte
Historique
Date(s) de la fondation 1392
Essaimage chartreuse de Calabre (1514)
Fermeture 1806
Architecture
Localisation
Pays Drapeau de l'Italie Italie
Région Drapeau de Basilicate Basilicate
Ville métropolitaine Province de Potenza
Commune Francavilla in Sinni
Coordonnées 40° 04′ 11″ nord, 16° 12′ 49″ est
Géolocalisation sur la carte : Basilicate
(Voir situation sur carte : Basilicate)
Chartreuse du Val-Saint-Nicolas Domus Sancti Nicolai
Géolocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Chartreuse du Val-Saint-Nicolas Domus Sancti Nicolai

Histoire modifier

Le 19 avril 1391, Venceslao de Sanseverino[note 2], duc de Venosa, comte de Tricarico-Chiaromonte[1] fait une promesse de donation à frère Giovanni de Oliviano, en vue de la construction d'un nouveau monastère, dans la localité appelée „San Filippo“, près de Senise[note 3], pour obtenir la rémission des péchés et le salut éternel[2] mais aussi pour récupérer des biens féodaux pour la famille Sanseverino[3]. Quelques difficultés surviennent lors de la construction du monastère, mais Guglielmo da Rainaud est aidé par Matteo de Tito, prieur de la chartreuse de Saint-Martin de Naples, qui demande au duc Venceslao de changer de site en raison de la qualité de l’air dans le territoire de San Filippo. Venceslao fait don au monastère de tout le territoire de „Sant'Elania“, à proximité de l'habitat en ruine de Rubio ou Rubeo, probablement disparu, vers le milieu du XIVe siècle[3]. La communauté s'y installe en 1394.

Le terroir de Francavilla est donnée aux moines par la princesse Sanseverino[Laquelle ?], qui, voit son fils guérir d'une maladie grave, par l'intercession de Saint-Nicolas et promet de faire don à la chartreuse de tout ce qu'elle voit depuis une fenêtre du château de Chiaromonte (it).

La chute des Sanseverino et le meurtre de Venceslas en 1404[note 4] rendent difficile l'existence des chartreux. Cependant, le 15 mars 1404, Ladislas d'Anjou-Durazzo confirme l’existence même de la communauté et garantit tous les droits précédemment acquis[3]. Les bonnes relations de l'ordre des Chartreux avec la cour de Naples leur permettent de défendre les biens qu'ils ont eu en donation et de récupérer au moins une partie de ceux qui, à cause de diverses tentatives d'expropriation, leur ont échappé.

La confirmation des dons, par Jeanne II et Louis III d'Anjou, s'enrichit de l'autorisation de rassembler leur feudataires dans une communauté agricole en transférant certains des privilèges accordés au monastère. Grâce à cette concession de la reine, les chartreux construisent en 1420, le village de Francavilla[note 5] pour héberger leurs vassaux. Le 13 janvier 1439, il y a reconnaissance officiel des droits seigneuriaux du monastère de Saint Nicolas par dix vassaux qui ont choisi de déménager dans les fermes fortifiés de Rubri „casali Rubri“, dans la région de Rubio, Sant’Elania et Sant’Angelo et la reconnaissance d'une certaine autonomie pour les habitants de Francavilla. Seuls les habitants, dont le prieur est le seigneur, doivent payer la dîme à la chartreuse.

L'expansion territoriale du monastère de Saint-Nicolas est facilitée par le déclin moral et économique des centres religieux déjà présents dans la moyenne vallée du Sinni. Les cisterciens de l'Abbaye Notre-Dame du Sagittaire (it), agissent longtemps pour obtenir le droit exclusif de construire des moulins le long de la Sinni et n'accepte pas la réduction de leur seigneurie incontestée, jusqu’à la colonisation par les chartreux. En 1437, Andrea Virgallito, abbé du Sagittaire, est contraint de convenir d'un accord avec le prieur de Saint Nicolas, Petro Cristaldo, pour l'utilisation de l'eau de Sinni[3].

La maison souffre d’un tremblement de terre en 1456.

Elle est pillée en 1504 par l’invasion française, mais en 1515, elle peut favoriser la fondation de la nouvelle chartreuse de Calabre. Elle souffre aussi des incursions turques, notamment en 1576.

Elle est supprimée par décret du roi Joseph Bonaparte en 1808.

Entre 1808 et 1812, le monastère est presque complètement détruit. Actuellement propriété privée, il conserve encore des traces de structures monumentales et des ruines imposantes.

Prieurs modifier

Le prieur est le supérieur d'une chartreuse, élu par ses comprofès ou désigné par les supérieurs majeurs.

  • 1437 : Petro Cristaldo
  • ...
  • 1533-1538 : Vincent Maneirio (†1551), né à Terranova en Calabre, fait profession à la chartreuse de Capri où il devient recteur en 1519 et prieur en 1522. Déposé en 1528, il est nommé en 1533 prieur de Chiaromonte, de Calabre en 1538, et à nouveau de Capri en 1539. Déposé en 1541, il devient alors vicaire de la même maison, pour être nommé recteur en 1542. Déposé à sa demande instante, il est envoyé vicaire à Naples.
  • 1538-1539 : Benoît de Silice, originaire d’Alatri, profès de Trisulti (ou de Bologne), il est nommé prieur de Trisulti par le chapitre général de 1528, déposé l’année suivante, nommé prieur de Calabre en 1534, transféré au priorat de Chiaromonte en 1538. Il est rétabli prieur en Calabre l’année suivante, en 1541, passe prieur de Trisulti.
  • ...
  • Urbain Florenza (†1640), né à Badolati en Calabre, il fait profession à la chartreuse de Calabre. D’abord vicaire à Naples, il devient prieur de Chiaromonte, puis en 1633 de Calabre, déposé en 1638.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. avec un «a» comme pour la Famille Chiaromonte ou Chiaramonte, en latin : Clarimontis, Clermont qui a donné Chiaramonte
  2. Fils de Ruggero Sanseverino (ca1312-†1362), 2e comte de Chiaromonte et Tricarico. Il épouse Margarita di Sangineto en 1374-1375. L’oncle maternel de Margarita est Enrico di Sanseverino.
  3. Selon Lefebvre, d'après le manuscrit de la Grande Chartreuse, ce couvent avait été bâti primitivement en 1370, sur le territoire de Sévise (sic), puis transféré, en 1394, sur le territoire de Sainte-Hélène, près de la ville de Chiaromonte
  4. Pro-français, il est capturé et meurt d'une mort atroce, sur ordre du roi Ladislas d'Anjou-Durazzo en 1404, au moment du conflit entre les Durazzo et la seconde Maison d'Anjou
  5. Le nom latin : Francavilla veut dire ville au sens ancien de « domaine rural » exempte, d'impôts royaux ou de gabelles : Villefranche (ville)

Références modifier

  1. Pollastri Sylvie, « Une famille de l'aristocratie napolitaine sous les souverains angevins : les Sanseverino (1270-1420) », Mélanges de l'École française de Rome. Moyen-Age, tome 103, no 1. 1991. p. 244 [lire en ligne]
  2. Giganti 1978.
  3. a b c et d Vitale 2018.

Bibliographie modifier

  • Lefebvre, F.A., Saint Bruno et l’Ordre des chartreux, t. 2, Paris, Librairie catholique internationale, , 682 p. (lire en ligne), p. 325.
  • (la) Le Couteulx, Carolo, Annales ordinis Cartusiensis, vol. VI, Montreuil-sur-Mer, 1887/91, p. 478-481, 521-526.
  • (it) Giganti, Antonio, « Le pergamene del monastero di S. Nicola in Valle di Chiaromonte (1359-1439) », Deputazione di Storia Patria per la Lucania, Fonti e studi per la storia della Basilicata, vol. IV,‎ .  .
  • (it) Vitale, Valentino, « L’acqua come fonte di reddito e di discordia. Le pertinenze dei monasteri di S. Maria del Sagittario e San Nicola in Valle: opifici idraulici nella media Valle del Sinni durante il medioevo », Il Capitale Culturale, vol. 12, pp. 453-477, 2015. [lire en ligne]
  • (it) Giganti, Antonio, « Francavilla nella media valle del Sinni. Origine di un microcosmo rurale del secolo XV », Francavilla in Sinni, 1997.
  • Devaux, Augustin et Van Dijck, Gabriel, Nouvelle Bibliographie Cartusienne : Cartusiana, Grande Chartreuse, 2005, Maisons de l'Ordre, , 785 p.  .
  • (it) Vitale, Valentino, « La Contea di Chiaromonte (Basilicata): fonti documentarie e persistenze archeologiche. Materiali per la ricostruzione storico-insediativa dall’età normanna al basso medioevo », Studie e richerche della scuola di specializzazione in beni archeologici di matera, vol. 14,‎ , p. 214-233 (lire en ligne, consulté le ).  .
  • (it) Vitale, Valentino, « Il complesso monastico di San Nicola in Valle (Francavilla in Sinni, PZ). Nascita e sviluppo di una certosa », VIII Congresso nazionale di archeologia medievale, vol. 2, no III,‎ , p. 212-216 (lire en ligne, consulté le ).  .

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier