Le Champ Bourda, autrement connu sous le nom de Pelouse de la Ligue Girondine à partir de 1908, a été le stade prédominant de la ville de Pau jusqu'au début des années 1910. Implanté dans le quartier du 14-Juillet, en bordure de la rive gauche du gave de Pau, ce complexe sportif trouve ses racines dans les années 1890, une période marquée par l'engouement pour le polo parmi les visiteurs hivernaux à Pau. En outre, il constitua le berceau de la Section paloise, qui y fit ses premiers pas dans le domaine de la barette.

Champ Bourda
Cliché de la tribune d'Honneur à l'occasion d'une rencontre sportive organisée par la Ligue Girondine : des invités militaires du 18ème Régiment d'Infanterie prennent place.
Généralités
Surnom
Prairie des Jeux
Pelouse des Jeux
Terrain de Polo
Terrain de jeu de la Ligue
Terrain de jeu de la Ligue Girondine
Adresse
Rue du Colonel Gloxin
64000 Pau
Drapeau de la France France
Construction et ouverture
Début de construction
Démolition
Utilisation
Clubs résidents
Propriétaire
Ville de Pau
Administration
Ville de Pau
Équipement
Capacité
5 000
Tribunes
Honneur: détruite
Localisation
Coordonnées
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France
Localisation sur la carte de Nouvelle-Aquitaine
voir sur la carte de Nouvelle-Aquitaine
Localisation sur la carte des Pyrénées-Atlantiques
voir sur la carte des Pyrénées-Atlantiques

Officiellement inauguré le 21 octobre 1906 par Joseph Ruau, Ministre de l'Agriculture, et Louis Barthou, à l'occasion de la Fête de la Mutualité Agricole de Pau, le Champ Bourda devint un lieu emblématique de l'histoire sportive locale.

Au fil des années, ce complexe versatile a accueilli une multitude de disciplines, du polo à la barette, en passant par le rugby, le football, et l'athlétisme. Il servit de terrain de jeu à la Section paloise jusqu'à la construction du stade de la Croix du Prince en 1910. De plus, il fut utilisé par des unités militaires, notamment le 18e Régiment d'Infanterie.

D'une capacité de 5 000 personnes, le Champ Bourda comprenait deux tribunes, détruites lors de la démolition intégrale du site en 1928 pour céder la place à des lotissements. Actuellement, seul le square Mazoyer demeure, situé à l'ouest de la rue du XIV juillet, entre les rues de Jurançon et la rue de l’Abattoir, préservant ainsi la mémoire de ce lieu historique au cœur de la vie sportive paloise.

Histoire modifier

Polo au Champ Bourda modifier

 
Le Polo à Pau en 1885

Après la chute de Napoléon Ier, l'Europe se pacifie et permet aux Britanniques de voyager sur le continent. Pau devient alors une des stations climatiques et sportives les plus réputées d'Europe occidentale. Dès 1819, Lord Selkirk fait un passage remarqué dans la cité et bénéficie d'une rémission qualifiée de « miraculeuse »[B 1]. C'est à partir de 1842 que l'engouement pour la ville se développe réellement auprès des Britanniques, le médecin écossais Alexander Taylor y préconise la cure hivernale dans un ouvrage à succès[1], tandis que l'écrivaine Sarah Ellis publie des notes sur le même sujet dans Summer and Winter in the Pyrenees[B 2]. Le succès de ces écrits est important et Pau devient un lieu de villégiature prisé des Britanniques. Les Anglais s'y installent et profitent du premier Golf Club du continent, de la chasse au renard (Pau fox hunt[B 3]) et des courses tenues sur l'hippodrome du Pont-Long. Le peintre paysagiste Paul Huet, après avoir été soigné à Eaux-Bonnes séjourne à Pau où naît sa fille Edmée le 1846.

À partir des années 1870 le boulevard du Midi est progressivement prolongé vers l'ouest et vers l'est pour constituer l'actuel boulevard des Pyrénées, le palais d'hiver et des hôtels de renommée internationale — le Gassion et le France — offrent un cadre luxueux aux concerts et réceptions qui s'y déroulent. La physionomie de Pau est bouleversée en quelques dizaines d'années seulement, les mœurs des Palois auparavant très simples sont directement impactées par toute cette modernité et ce luxe ambiant[B 4].

Les hivernants à la Belle Époque disputaient des parties de polo à cet endroit dans les années 1890[2]. Parmi les joueurs qui s'y sont produits, on peut citer les frères Escandón, Manuel, Eustaquio et Pablo, qui deviennent en 1900 aux Jeux olympiques de 1900 les premiers médaillés olympiques de l'histoire du Mexique[3].

Les tribunes confortables permettaient à la gentry de déguster du whisky lors des confrontations entre les nations britanniques ou les USA, comme lors du match Écosse contre États-Unis en 1893[4].

Barette et rugby au Champ Bourda modifier

 
Rencontre de Barrette en 1901 au champ Bourda

Le Stade palois, créé par d'anciens Coquelicots du lycée de Pau, y pratique la barette en 1901[5],[6].

Le , la pelouse des jeux est officiellement inaugurée, actant la transformation de l'ancien terrain de polo en stade moderne[7].

La rénovation est assurée par les équipes du 18e RI, et un mur d'enceinte est installé afin d'empêcher les intrus de l'utiliser[8].

Deux tribunes sont installées, et 2 000 personnes assistent à une rencontre de barette entre deux équipes du 18e RI et arbitrée par Henri Sallenave, disputée devant les jeunes de la Section paloise créée il y a peu. Sallenave est l'un des fondateurs du Stade palois le dans une des salles du café Gil, situé au 1 rue Bayard en compagnie de Louis d'Iriart d'Etchepare et d'anciens élèves du lycée de Pau[9]. Le club est parfois appelé Stade béarnais par la presse[10],[11]. Henri Sallenave est capitaine[12].

C'est en effet sur le terrain de la pelouse des jeux que la Section paloise commença son aventure sportive, appelée aussi Champ Bourda ou terrain de la Ligue girondine[13], dont la pelouse est inaugurée de nouveau en 1906[14]. Le stade est officiellement inauguré par Joseph Ruau, alors Ministre de l'Agriculture et Louis Barthou le , à l'occasion de la Fête de la Mutualité Agricole de Pau[15].

Vaste d'environ trois hectares, le Champ Bourda était donc occupé par un terrain de barette et de rugby dans sa partie supérieure[16]. S'y déroulaient également les lendits scolaires du docteur Tissié[17].

La Section y disputait des parties de barette, face au rival local du Sport athlétique béarnais, au Ceste tarbais ou à la Section dacquoise[18],[19],[20].

De là, on voyait le château de Pau et son parc ; au sud, il y avait un chalet avec une tourelle et des arbres ; à l’ouest, l’abattoir et la savonnerie Roussille.

La Section dispute ses premiers matches de Football-Rugby au Champ Bourda au début des années 1900[21],[22]. Une rivalité sportive s'était développée avec Bergerac[23],[24]. En effet, le Stadoceste tarbais est perçu comme une équipe supérieure à celle de la Section[25]. Les affrontements entre périgourdins et palois attirent les foules, et 3 000 personnes se rendent régulièrement aux matches au champ Bourda[26].

La construction d'un stade situé au carrefour de la Croix du Prince, est un véritable soulagement.

Ainsi, au cours de la saison 1908, la Section invaincue pour le moment reçoit ses rivaux pour un des matchs les plus remarquables de l'époque; le match se termine par un nul parfait, un essai partout[26].

Le dernier match de la Section au Champ Bourda fut, en 1910, un derby Section paloise - Stadoceste tarbais.

En 1908, la Section paloise affronte une équipe du Béarn composée de joueurs du Sport athlétique mauléonais, du Biarritz Stade et de l'Aviron bayonnais[27].

Le champ Bourda a été le complexe sportif qui a permis à la Section paloise, club de barette puis de rugby à XV, de s'affirmer et de graduellement devenir un club omnisports[28].

Football au Champ Bourda modifier

L'Association Bourbaki a disputé quelques parties de football dans ce stade au début des années 20 face aux grands noms bordelais de l'époque, le Stade bordelais et le BEC, avant la construction du Stade Bourbaki[29],[30],[31].

L'Union pyrénéenne organise des matches entre des sélections de joueurs béarnais face à des équipes réputées, telles que les voisins du Real Unión Club, membres fondateurs du Championnat d'Espagne de football[32].

Le stade a également été le théatre des débuts des clubs de football palois et béarnais, avec des rencontres entre les Bleuets de Notre-Dame, la Gelosienne, l'Union jurançonnaise, la Samaritaine d'Oloron ou encore l'Etoile de Saint-Cricq[33].

Athlétisme modifier

Le , la Section paloise athlétisme inaugure son terrain d'athlétisme au Champ Bourda[34],[35].

Description du complexe modifier

 
Plan de Pau et ses environs en 1929, avec le Champ Bourda sur la Rive Gauche du gave

Les installations étaient cependant très sommaires, le hall d'entrée était une baraque en planche et le guichet servait de vestiaires. C'est à la borne-fontaine de la rue adjacente que les joueurs et pratiquants de polo à cheval, militaires de la garnison ainsi que les enfants des écoles se lavaient, à la vue de tous. Un abri pour les joueurs est construit en 1902[36].

De l'ancien Champ Bourda, il ne subsiste plus que l'actuel square Mazoyer[37], à l'ouest de la rue du XIV juillet, entre les rues de Jurançon et la rue de l’Abattoir, devenue aujourd'hui rue du Colonel Gloxin et Amédée Roussille.

À la fin des années 1890, ces rues étaient alors situées sur le territoire de la commune de Jurançon[38].

Le complexe a été complétement détruit en 1928 pour faire place à des lotissements[39].

Joseph Peyré, prix Goncourt en 1935 pour Sang et Lumières, consacra à ce stade une tribune dans le journal l'Auto[40].

Galerie modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Mirat 2003, p. 12.
  2. Mirat 2003, p. 14.
  3. Mirat 2003, p. 204.
  4. Saupiquet 2004, p. 132.

Références modifier

  1. Alexander Taylor (trad. de l'anglais par Patrick O'Quin), De l'Influence curative du climat de Pau et des eaux minérales des Pyrénées sur les maladies, Pau, É. Vignancour, , 457 p. (BNF 31437851).
  2. « Postes et Télégraphes », sur L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  3. « JEU DE POLO », sur Gallica, Journal des étrangers : organe du Syndicat de Pau et des stations pyrénéennes, (consulté le )
  4. « Polo », sur Gallica, Journal des étrangers : organe du Syndicat de Pau et des stations pyrénéennes, (consulté le )
  5. « Barette », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  6. « L'assemblée générale de la Section Paloise », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  7. « Inauguration de la Pelouse des Jeux », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  8. « LIGUE GIRONDINE DE L'EDUCATION PHYSIQUE », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  9. « Stade Palois », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  10. « Rencontre de Barette », L'Indépendant des Basses-Pyrénées,‎ (lire en ligne)
  11. « Stade Béarnais », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  12. « Barette », L'Indépendant des Basses-Pyrénées,‎ (lire en ligne)
  13. « Pelouse de la Ligue Girondine », sur Pirineas, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  14. « Inauguration de la pelouse », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  15. « Pau », sur Gallica, Pyrénées et océan, (consulté le )
  16. « Du champ Bourda à la Croix-du-Prince », La République des Pyrénées,‎ (lire en ligne)
  17. « Ligue girondine de l'Éducation physique », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  18. « Sport Athlétique Béarnais », sur L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  19. « Rencontres de Barette », sur L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  20. « Rencontre de Barette », sur L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  21. « Les sports au régiment », sur Gallica, L'Auto, (consulté le )
  22. « Le SCUF à Pau », sur Gallica, L'Auto, (consulté le )
  23. « Bergerac contre Pau », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  24. « Foot-Ball Rugby, Victoire morale des palois », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  25. « Stadoceste tarbais, champion des pyrénées », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  26. a et b « Foot-Ball Rugby, Match Pau-Bergerac », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  27. « Équipe du Béarn contre Section paloise », sur Gallica, L'Auto, (consulté le )
  28. « Assemblée Générale de la Section Paloise », sur Gallica, Le Patriote des Pyrénées, (consulté le )
  29. « Matches amicaux », sur Gallica, Le Patriote des Pyrénées, (consulté le )
  30. « Football Association, un match international », sur Gallica, Le Patriote des Pyrénées, (consulté le )
  31. « Stade Bordelais contre Bourbaki », sur Gallica, Le Patriote des Pyrénées, (consulté le )
  32. « Real Union Club bat Union Pyrénéenne », sur Gallica, Le Patriote des Pyrénées, (consulté le )
  33. « Football Association », sur Gallica, Le Patriote des Pyrénées, (consulté le )
  34. « Inauguration du terrain d'Athlétisme de la Section paloise », sur Gallica, Le Patriote des Pyrénées, (consulté le )
  35. « Inauguration du terrain d'athlétisme par la Section Paloise », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  36. « Ligue girondine de l'éducation physique », sur Gallica, Pau-gazette : journal hebdomadaire paraissant le dimanche et publiant la liste des étrangers, (consulté le )
  37. « Square Mazoyer · 26 Rue du Colonel Gloxin, 64000 Pau, France », sur Square Mazoyer · 26 Rue du Colonel… (consulté le ).
  38. « Sports », sur L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  39. « Disparition », sur Gallica, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, (consulté le )
  40. Joseph Peyré, « EDUCATION SPORTIVE », sur Gallica, L'Auto, (consulté le )

Voir aussi modifier