Châteaux de Lastours

châteaux forts français
Châteaux de Lastours
Châteaux de Lastours à travers un rempart du château de Quertinheux.
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Les châteaux de Lastours (en occitan Las Tors, litt. « Les tours ») sont quatre anciens châteaux forts dits cathares des XIIe et XIIIe siècles, aujourd'hui en ruine, dont les vestiges se dressent sur la commune française de Lastours dans le département de l'Aude en région Occitanie.

Les ruines des quatre châteaux font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du . L'ensemble des vestiges des châteaux de Lastours, à savoir l'ensemble castral (châteaux et village castral de Cabaret) est inscrit par arrêté du [1].

Localisation modifier

Les quatre châteaux sont construits sur un éperon rocheux au-dessus du village de Lastours, isolés par les profondes vallées de l'Orbiel et du Grésillou, dans le département français de l'Aude. Ils étaient le verrou du Cabardès d'où le nom du château principal « Cabaret ». Ils sont bâtis à 300 mètres d'altitude dans le même axe : Cabaret, la tour Régine, Surdespine et Quertinheux légèrement en retrait.

Ces quatre châteaux font partie d'un seul ensemble même s'ils n'ont aucune structure en commun. Le contexte naturel du site a permis de faire l'économie d'une forteresse de grande taille. Les plans ont été adaptés aux rochers sur lesquels ils sont construits. La construction est parfois hétérogène du fait de l'étalement des remaniements effectués sur les châteaux.

Historique modifier

 
Cabaret, tour Régine et Surdespine sur la crête.

Au Moyen Âge, le site appartient aux seigneurs de Cabaret, mentionnés pour la première fois en 1067. Leurs richesses proviennent notamment de l'exploitation des mines de fer[note 1]. Seuls trois châteaux ont été probablement construits au XIe siècle et leurs emplacements ont évolué dans le temps suivant les destructions et reconstructions successives. À cette époque, les seigneurs de Cabaret sont au moins au nombre de vingt-deux.

Les châteaux ont vécu les événements de la croisade des albigeois. Les seigneurs de Cabaret étaient très liés avec les adeptes du catharisme. Les villages aux alentours des châteaux ont accueilli de nombreux cathares. La forteresse appartient à l'époque à Pierre Roger de Cabaret fidèle de Raymond-Roger Trencavel qui a combattu à côté de lui lors de la défense de Carcassonne. Le site subit dès 1209 les attaques de Simon de Montfort et résiste victorieusement. Mais le croisé Bouchard de Marly alors seigneur du château de Saissac est fait prisonnier par Pierre-Roger. Sa libération est négociée contre la reddition de Cabaret en 1211.

En 1223, les seigneurs de Cabaret reprennent leurs terres et Cabaret devient le siège de l'évêché cathare du Carcassès. Le seigneur Pierre-Roger résista pendant de nombreuses années aux attaques de Simon de Montfort. Mais en 1227, les châteaux sont de nouveau assiégés par Humbert de Beaujeu. En 1229, Cabaret capitule.

Les villages et châteaux sont pillés puis reconstruits pour devenir des forteresses royales. La tour Régine est construite par ordre du roi pour affirmer sa suprématie. Ils deviennent le centre administratif et militaire de six communautés formant la châtellenie du Cabardès. Au XVIe siècle, les châteaux sont occupés par les huguenots. Ils en sont délogés par le maréchal de Joyeuse en 1591.

Description modifier

Aux origines (XIe siècle) modifier

Avant la croisade des albigeois, les châteaux ne sont qu'au nombre de trois et ne sont pas disposés sur la crête. Les villages entourent les noyaux castraux de la même façon : avec des maisons, des grottes-refuges, des forges et des citernes situées autour d'un donjon haut et étroit. On retrouve des traces de village sur le versant ouest aménagé en demi-cercle suivant les courbes de niveau autour de la résidence seigneuriale.

Au XIIIe siècle, le roi décide la destruction des trois tours seigneuriales et de leurs habitations afin d'éliminer tout refuge de Cathares. Les châteaux sont cependant reconstruits sur les crêtes afin de les rendre moins accessibles aux tirs des ennemis.

Le catharisme à Cabaret modifier

Les châteaux de Lastours sont un pôle d'activité religieuse cathare important durant le XIIIe siècle. Le village castral abritera de nombreuses maisons de parfaits et des évêques cathares vont séjourner à Cabaret : Arnaud Hot, Pierre Isarn et Guiraud Abith. En 1229, la forteresse est le fer de lance de la résistance cathare en terre languedocienne. En 1211, après avoir été contraints au repli, les seigneurs reprirent leurs fief où ils résistèrent de 1226 à 1228. Ce long siège est appelée guerre de Cabaret[2].

Les vestiges actuels modifier

 
Surdespine et la tour Régine vus depuis Cabaret.

Les quatre châteaux sont placés en haut de la crête sur un axe nord-sud : Cabaret, tour Régine, Surdespine et Quertinheux. Ils contrôlent les principales voies d'accès dans le Cabardès et la montagne noire.

Cabaret 43° 20′ 16″ N, 2° 22′ 39,5″ E

Le château de Cabaret — le site originel — est la citadelle principale avec un système de défense de type barbacane. Il est constitué d'une tour au nord, d'un donjon au sud et d'un corps de logis au centre. Le tout est entouré de remparts avec un chemin de ronde posé sur des arcades aveugles en arcs brisés. L'ensemble est construit avec un appareil irrégulier et des pierres de taille pour les angles et les ouvertures.

Tour Régine 43° 20′ 13,2″ N, 2° 22′ 40,2″ E

La tour Régine est la forteresse la plus récente et la plus petite de l'ensemble. Elle est constituée d'une tour entourée d'une courtine dont les murailles sont effondrées. Au sous-sol, la tour contient la citerne la plus vaste des quatre châteaux. La tour est constituée de trois étages desservis par un escalier à vis. La pierre de calcaire blanc utilisée est identique à celle de Cabaret.

Surdespine 43° 20′ 11″ N, 2° 22′ 42″ E

Le château de Surdespine — jadis le plus vaste — est le moins bien conservé des quatre. Il est constitué d'une tour carrée, d'un logis et d'une citerne. Une courtine de plan rectangulaire protège l'ensemble. Il se caractérise par la rareté de ses meurtrières et par ses quatre fenêtres en plein cintre. La citerne centrale, couverte en berceau brisé, enduite d'un mortier de tuileau étanche a conservé un vestige d'une canalisation en terre cuite qui amenait l'eau des toitures[3].

Quertinheux 43° 20′ 08″ N, 2° 22′ 39″ E

Le château de Quertinheux (en occitan Quertinhos) est placé le plus au sud de la crête sur un piton rocheux isolé. Il est constitué d'une tour circulaire et d'une courtine polygonale. Une avancée en chicane défend l'entrée du château. Il surplombe les restes d'une église romane détruite.

Carte des châteaux du Pays cathare

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. La région est riche également en mines de cuivre, or et argent.

Références modifier

  1. « Ruines des quatre châteaux », notice no PA00102727, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Josyane et Alain Cassaigne, 500 châteaux de France : Un patrimoine d'exception, Éditions de La Martinière, , 395 p. (ISBN 978-2-7324-4549-6), p. 36.
  3. Nicolas Mengus, Châteaux forts au Moyen Âge, Rennes, Éditions Ouest-France, , 283 p. (ISBN 978-2-7373-8461-5), p. 231.

Annexes modifier

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Bibliographie modifier

Par ordre chronologique de parution :

  • Jules de Lahondès, « Les châteaux de Cabaret (Aude) », dans Bulletin de la Société Archéologique du Midi de la France, 1900, no 25/28, p. 121-139 (lire en ligne)
  • Sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Le guide du patrimoine Languedoc Roussillon, Hachette, Paris, 1996, p. 266, 268, (ISBN 978-2-01-242333-6)
  • Marie-Élise Gardel, Les châteaux de Lastours, guide du visiteur, Centre d'archéologie médiévale du Languedoc, Carcassonne, 2005/2006
  • Marie-Élise Gardel, Bruno Jaudon, Sylvain Olivier, De Rivière à Lastours, histoire d’un village languedocien (XIIIe – XXe siècles), Nouvelles Éditions Loubatières, 2011, (ISBN 978-2-86266-634-1).
  • Lucien Bayrou, Languedoc-Roussillon gothique : L’architecture militaire de Carcassonne à Perpignan, Paris, Picard, , 288 p. (ISBN 978-2-7084-0957-6, présentation en ligne), p. 155-158

Articles connexes modifier

Liens externes modifier