Acésulfame K

composé chimique
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Acésulfame K
Image illustrative de l’article Acésulfame K
Image illustrative de l’article Acésulfame K
Identification
Nom UICPA 6-méthyl-2,2-dioxo-oxathiazin-4-olate de potassium
Synonymes

Acésulfame K
Ace-K

No CAS 55589-62-3
No ECHA 100.054.269
No CE 259-715-3
PubChem 23683747
No E E950
SMILES
InChI
Apparence Poudre cristalline blanche inodore[1]
Propriétés chimiques
Formule C4H4KNO4S  [Isomères]
Masse molaire[2] 201,242 ± 0,01 g/mol
C 23,87 %, H 2 %, K 19,43 %, N 6,96 %, O 31,8 %, S 15,93 %,
Propriétés physiques
fusion 229 à 232 °C (décomp.)[réf. souhaitée]
Solubilité 270 g l−1 à 20 °C dans l'eau.
Faiblement soluble dans l'éthanol[1].
Masse volumique 1,81 g/cm3[réf. souhaitée]
Données pharmacocinétiques
Métabolisme aucun
Demi-vie d’élim. 4,8 h (rats)[3]
2,5 h (30 mg, humains)[3]
Excrétion

97,5 % de la dose excrétée par voie urinaire en moins de 24 h (rats)[3] ;
98,4 % (urine, humains)[3].


Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

L’acésulfame K est le sel de potassium de l'acésulfame et un édulcorant, aussi connu sous le nom d’acésulfame potassium ou Ace K. Il possède un pouvoir sucrant 100 à 200 fois plus élevé que le sucre (saccharose)[4]. Il est également connu sous le numéro E950 (code des additifs alimentaires)[5].

Sa structure chimique est très voisine de celle de la saccharine. L'acésulfame K divise sur ses possibles effets adverses sur la santé.

Histoire modifier

L'acésulfame K a été découvert « accidentellement » en 1967 chez Hoechst AG (nommé Nutrinova maintenant[6]). Il est actuellement commercialisé sous la marque « Sunett ». En 1995, un édulcorant à base d'acésulfame potassium, le sel d'aspartame-acésulfame a été développé par J.C. Fry et J. Van Soolingen[7]. Ce nouvel édulcorant est commercialisé sous la marque « Twinsweet »[7].

Chimie modifier

L’acésulfame K est le sel de potassium du 6-méthyl-1,2,3-oxathiazin-4-on-2,2-dioxyde[8].

Son pouvoir sucrant est environ 200 fois plus élevé que celui du saccharose[1]. Il n'apporte aucune calorie et ne présente aucun risque démontré pour la santé, mais aucun bénéfice non plus : en particulier, il ne présente pas d'intérêt ni pour les régimes amincissants ni pour le contrôle de la glycémie chez les diabétiques[9].

Il est souvent allié à d'autres édulcorants en raison de ses bonnes propriétés synergiques (ces associations d'édulcorants sont mieux équilibrées et plus savoureuses que chaque édulcorant pris individuellement).

Métabolisme modifier

Son métabolisme est rapide. Après absorption d'une dose orale, le pic plasmatique est atteint en h - h 30, la demi-vie est de h 30 environ, l'élimination est à 99 % urinaire et 1 % dans les selles. Après 24 h, 98 % de l'activité a été éliminée.

Il y aurait peu de métabolites, seule la substance originale a été retrouvée dans les prélèvements, mais peu d'études ont été réalisées[10].

Commercialisation modifier

Approbation modifier

L’utilisation de l’acésulfame K dans les aliments a été approuvée en Europe depuis 1983, aux États-Unis depuis 1988, et au Canada depuis 1994.

Offre et demande modifier

La demande globale d'acésulfame K est estimée en 2016 entre 15 000 et 18 000 t/an. Les quatre principaux producteurs sont Anhui Jinhe, Suzhou Hope et Beijing Vitasweet (tous trois en Chine) ainsi que Nutrinova (en Europe). La capacité mondiale de production est estimée à 20 000 t/an[11]

Présentation modifier

Comme la saccharine, il possède une légère amertume en arrière-goût, spécialement à hautes concentrations. Kraft Foods a breveté l’usage du férulate de sodium pour masquer cet arrière-goût[12].

L'acésulfame K est souvent mélangé avec de l'aspartame ou d'autres édulcorants. Ces mélanges sont réputés pour donner un goût ressemblant plus au goût du sucre où chaque édulcorant masque l’arrière-goût de l’autre, et, par effet de synergie, le mélange est plus doux que la somme de ses composants.

Utilisation modifier

L’acésulfame K est stable à la chaleur, en milieu acide ou basique modéré et se conserve bien, permettant de l’utiliser dans des denrées à cuire au four ou qui peuvent être conservées longtemps. Il est utilisé dans les dentifrices et les produits pharmaceutiques. Il est notamment utilisé, entre autres, dans le Coca-Cola light, Zéro, le Pepsi, Pepsi light et Pepsi Max, l'Orangina Zéro, le Mountain Dew ICE ainsi que dans certaines boissons à base d'eau aromatisée (Saguaro Citron, Citron vert) et boissons énergétiques telles que le Monster Energy Lo-Carb.

Innocuité modifier

En 1985, le Comité scientifique de l'Union européenne pour l'alimentation a publié une évaluation complète des édulcorants. Ce comité d’experts en toxicologie des États membres de l'Union européenne a accepté l’utilisation de l’acésulfame K dans les aliments et les boissons. L’innocuité de l’acésulfame K a été également examinée par le JECFA, avec la conclusion que son utilisation est sans risque, tout du moins à un niveau inférieur à 15 mg/kg de masse corporelle (dose journalière admissible)[8].

Cependant, les études qui prétendent démontrer l’innocuité de l’acésulfame K ont été remises en cause par un certain nombre d'individus et d'organismes, notamment par le Centre pour la Science dans l'intérêt public aux États-Unis. Selon eux, les études existantes sont inadéquates et souffrent de lacunes méthodologiques liées aux dosages étudiés ainsi qu'à la durée des tests effectués. Les critiques de ces évaluations de toxicité notent par ailleurs qu'il n'y a pas eu d’études sur l’homme à long terme, études nécessaires selon eux pour établir que l'acésulfame K est rapidement absorbé et est excrété sans modifications (c’est-à-dire pas métabolisé par le corps humain). Plusieurs scientifiques ont en outre exprimé leurs doutes quant à la fiabilité des tests[13]. Le consensus scientifique actuel est que l'acésulfame K ne présente pas de danger démontré pour la santé[4],[14].

Notes et références modifier

  1. a b et c Parlement européen et Conseil de l'Europe, « Directive 2001/52/CE modifiant la directive 95/31/CE établissant des critères de pureté spécifiques pour les édulcorants pouvant être utilisés dans les denrées alimentaires », Journal officiel de l’Union européenne, no L 190,‎ , p. 18-20 (résumé, lire en ligne).
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. a b c et d NTP REPORT ON THE TOXICITY STUDIES OF ACESULFAME POTASSIUM (CAS NO. 55589-62-3) IN FVB/N-TgN(v-Ha-ras)Led (Tg.AC) HEMIZYGOUS MICE AND CARCINOGENICITY STUDIES OF ACESULFAME POTASSIUM IN B6.129-Trp53tm1Brd (N5) HAPLOINSUFFICIENT MICE, National Toxicology Program, octobre 2005.
  4. a et b (en) Scientific Committee on Food, « Re-evaluation of acesulfame K with reference to the previous SCF opinion of 1991 : Expressed on 9 March 2000. SCF/CS/ADD/EDUL/194 final », Rapport du Scientific Committee on Food,‎ , p. 1-8 (lire en ligne [PDF]).
  5. CEE, Directive 94/35/CE [PDF] concernant les édulcorants destinés à être employés dans les denrées alimentaires, JO L 237, , p. 3.
  6. Ritter G., Wagner A. et Will F., Une nouvelle approche pour l'édulcoration des boissons à teneur réduite en calories : L'association d'édulcorants modernes intenses et de sirop de glucose équivalent dextrose, Boissons bios conditionnement (ISSN 1266-2925), 1998, vol. 29, no 277, p. 33-36.
  7. a et b (en) A.D. Kinghorn et C.M. Compadre, Alernative Sweeteners: Third Edition, Revised and Expanded, New York, Marcel Dekker, (ISBN 0-8247-0437-1), IV Multiple ingredient approach, « 25 - Aspartame-acesulfame: Twinsweet », p. 481-498.
  8. a et b (en) FAO, Monograph 1 (2006) Acesulfame Potassium INS number: 950 [PDF].
  9. « Évaluation des bénéfices et des risques nutritionnels des édulcorants intenses » [PDF], sur anses.fr, .
  10. « 496. acesulfame potassium (who food additives series 16) », sur inchem.org (consulté le ).
  11. (en) R.J. Whitehead, « Chinese sweetener prices rising at last after spate of plant closures », sur confectionerynews.com, (consulté le ).
  12. (en) United States Patent 5,336,513.
  13. https://archive.wikiwix.com/cache/20110223190415/http://www.cspinet.org/reports/asekquot.html.
  14. « Artificial Sweeteners and Cancer », sur National Cancer Institute (consulté le ).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier