Bruxelles en état d'alerte maximale

Bruxelles en état d'alerte maximale
Pays Belgique
Localisation Région de Bruxelles-Capitale
Vilvorde
Date Du 21 au 26 novembre 2015

Bruxelles en état d'alerte maximale ou Bruxelles en état d'urgence ou encore Bruxelles en état de siège (également connu en tant que lockdown de Bruxelles) est le nom donné par les médias à la situation d'alerte que vivent pendant six jours (du 21 au 26 novembre 2015) les populations de la Région de Bruxelles-Capitale et de Vilvorde[1] à la suite du relèvement par l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (OCAM) du niveau d'alerte au niveau 4, soit le niveau maximal et qualifiant la menace d'attentat de « sérieuse et imminente », le 21 novembre 2015, consécutivement aux attentats du 13 novembre 2015 en France.

En conséquence, les écoles et universités sont fermées, ainsi que les commerces et les transports en commun, notamment le métro. Les patrouilles militaires sont intensifiées et plusieurs perquisitions se sont déroulées. Les Bruxellois étaient invités à éviter les grands rassemblements.

Contexte modifier

Attentats du 13 novembre 2015 en France modifier

Dans la soirée du 13 novembre 2015, la ville de Paris et sa périphérie (Saint-Denis) sont les cibles d'une série de fusillades et d'attaques-suicides meurtrières revendiquées par l'organisation terroriste État islamique (dite « Daech »), faisant 130 morts et plusieurs centaines de blessés[2],[3]. Parmi les suspects identifiés, certains d'entre eux sont domiciliés à Molenbeek-Saint-Jean, en Belgique. Dans les jours qui suivent ces attentats, diverses opérations de police sont menées sur le territoire belge, et notamment à Bruxelles afin de notamment retrouver, sans succès, un des suspects principaux des attentats, à savoir Salah Abdeslam.

Bruxelles en état d'alerte modifier

Le lundi 16 novembre 2015 au soir, la présence potentielle d'un des suspects principaux de ces attentats pousse l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (OCAM) à relever le niveau d'alerte de 2 à 3, définissant la menace comme « possible et vraisemblable », pour l'ensemble du pays, recommandant dans la foulée l'annulation de la rencontre de football devant opposer la Belgique à l'Espagne le mardi 17 novembre 2015 au stade Roi Baudouin[4]. La rencontre sera officiellement annulée le lendemain matin[5].

Dans les jours qui suivent, en raison de cette menace terroriste, d'autres événements culturels, festifs ou sportifs sont modifiés ou annulés :

  • Dans un premier temps, décision par les autorités académiques de l'université libre de Bruxelles et de la Vrije Universiteit Brussel de déplacer la Saint-Verhaegen prévue le 20 novembre au Plateau du Heysel et de remplacer le cortège par un cantus et un banquet[6]. Dans un second temps, les autorités académiques décident, en concertation avec les associations étudiantes, d'organiser celle-ci sur la Grand-Place de Bruxelles et d'y tenir les traditionnels discours, le cortège folklorique au départ du Sablon demeurant annulé et le "thé dansant" (TD) du soir maintenu[7]. Finalement, toutes les cérémonies et célébrations de la Saint-V seront annulées le vendredi 20 novembre au matin, TD compris, à la suite de la recommandation du centre de crise fédéral[8]. Certains étudiants braveront néanmoins l'interdit et se rassembleront au petit Sablon[9].
  • Évacuation, en guise de précaution, des campus de l'université libre de Bruxelles le jeudi 19 novembre au soir[10].

Bruxelles et Vilvorde en état d'alerte maximale modifier

Chronologie des événements modifier

Samedi 21 novembre 2015 modifier

Le 21 novembre 2015, le niveau de la menace concernant Bruxelles est réévalué à son niveau maximum, soit 4[11]. Il reste au niveau 3 pour les autres régions du pays[12]. Le bourgmestre de Vilvorde, Hans Bonte, décide de suivre les mêmes recommandations pour sa commune et justifie sa décision par le fait qu'« il y a seulement 1 centimètre de différence entre Bruxelles et Vilvorde » (« Er is maar 1 centimeter verschil tussen Brussel en Vilvoorde »)[13].

Le jour même, le premier ministre belge, Charles Michel convoque un conseil national de sécurité et déclare qu'il y a un "risque d'attentat par des individus avec armes et explosifs à plusieurs endroits de la capitale".

Sur base des indications de l'OCAM, Charles Michel annonce la fermeture du métro bruxellois. Il en est de même concernant la gare ferroviaire de Bruxelles-Schuman[14].

Dimanche 22 novembre 2015 modifier

Ce lockdown permet en outre aux autorités belges de concentrer leurs effectifs policiers sur la traque du terroriste Salah Abdeslam. Pour ce faire, ces soirs-là, 19 perquisitions sont menées dans l'agglomération de Bruxelles, ainsi que 3 à Charleroi. Elles se révèlent négatives quant à la découverte du fugitif, bien que seize suspects soient arrêtés[15].

Le 14 décembre 2015, on apprend a posteriori du ministre de l'Intérieur belge Jan Jambon, que les autorités étaient en possession d'informations très sérieuses laissant à penser que des attentats allaient être commis le dimanche 22 novembre 2015 avant minuit. Il déclare même "Après coup, on s'est rendu compte qu'on est passé par le chas de l'aiguille"[16],[17].

Lundi 23 novembre 2015 modifier

Dans l'après-midi du lundi 23 novembre 2015, le Conseil national de sécurité, comprenant notamment le premier ministre, les vice-premiers ministres et différents ministres (Intérieur, Justice et Défense) ainsi que l'OCAM, les Renseignements militaires et la Sûreté de l'État, se réunit à nouveau afin de réévaluer la menace terroriste. Une conférence de presse est prévue à l'issue de cette réunion[18].

En début de soirée, après plus de trois heures de réunion, Charles Michel confirme en conférence de presse le maintien du niveau d'alerte à 4 pour la région bruxelloise au moins jusqu'au lundi suivant et annonce la réouverture progressive des écoles et la reprise de la circulation des métros à partir du mercredi 25 novembre 2015. Dans le même temps, l'unité locale de sécurité intégrée (Lokale Integrale Veiligheidscel) de Vilvorde confirme la maintien de la fermeture des écoles de la commune le mardi 24 novembre 2015[19],[20],[21].

Conséquences directes modifier

Bruxelles modifier

Diverses mesures directes sont prises en région bruxelloise : interruption de la circulation des métros et pré-métros et fermeture de toutes les stations, fermetures de nombreux centres culturels et commerciaux, de cinémas (UGC et Kinépolis) et musées, d'infrastructures sportives (piscines), de l'Atomium et du Palais des beaux-arts, annulation de marchés hebdomadaires, de concerts dont celui de Johnny Hallyday et ceux de l'Ancienne Belgique et du Botanique, et de rencontres sportives amateures[22],[13],[23],[24].

Vilvorde modifier

Les conséquences pour la commune de Vilvorde et ses habitants sont du même ordre que celles de Bruxelles : fermeture des écoles, annulation de manifestations comme les représentations du cirque (avec en outre départ anticipé de celui-ci), le Soepfestival ou encore l'entrée de Saint-Nicolas[25],[26],[21],[13].

« Lockdown » sur les médias sociaux modifier

Le 22 novembre 2015 en soirée, d'importantes perquisitions réalisées dans le cadre de la traque de Salah Abdeslam sont menées à Molenbeek-Saint-Jean. Initialement, ces événements sont massivement couverts par la presse, le plus souvent en live sur les réseaux sociaux. Rapidement, les services de police belge demandent via leur compte Twitter qu'un « lockdown » soit appliqué sur l'opération en cours et que plus aucune information ne soit communiquée en vue de mener à bien l'intervention. Cet appel est massivement suivi par les internautes belges qui, par dérision, partagent en grand nombre des images de chats sur Twitter suivi du hashtag « #BrusselsLockdown », en vue d'inonder le réseau social et de noyer dans la masse certaines informations qui filtreraient[27]. Le 23 novembre 2015, par le biais de son compte Twitter, la police fédérale belge remercie avec humour les personnes ayant suivi les directives de la veille, en partageant une photo d'une gamelle de nourriture pour chat arborant le logo de leurs services[28].

Impacts économiques modifier

Dans un entretien accordé au Wall Street Journal en janvier 2016, Pieter Timmermans, patron de la Fédération des entreprises de Belgique, évalue l'impact du « lockdown » de Bruxelles sur l'économie belge à environ 350 000 000 , soit 0,1% du produit intérieur brut de la Belgique. Les secteurs des transports, de l'horeca et du tourisme seraient les plus touchés[29],[30].

En mars 2016, Comeos, le porte-parole du commerce et des services en Belgique, estime que l'impact du "lockdown" s'élève à 100 000 000  pour les commerces bruxellois, avec la confirmation de l'impact négatif pour le secteur de l'horeca. À l'opposé, le lockdown aurait eu un impact positif sur certains secteurs comme le gardiennage privé, les taxis et le commerce en ligne, avec pour ce dernier un accroissement de 25 % des transactions effectuées par rapport au mois de novembre de l'année précédente[31],[32]

Attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles : résurgence du niveau 4 modifier

Le mardi 22 mars 2016, trois attentats-suicide à la bombe sont perpétrés en Région bruxelloise : deux à l'aéroport de Bruxelles-National et un à la station de métro Maelbeek, causant la mort de plus de trente personnes et en blessant plusieurs centaines. En conséquence, le plan catastrophe est déclenché et l'Organe de coordination de la menace relève le niveau d'alerte au niveau 4 pour l'ensemble du pays cette fois-ci. Les vols à destination de Bruxelles sont déroutés, la circulation ferroviaire est temporairement suspendue entre les gares de la Région bruxelloise ainsi que vers l'aéroport, la circulation des métros est interrompue, le quartier européen est bouclé, des militaires supplémentaires sont déployés, des contrôles policiers sont mis en place aux frontières, des lieux culturels sont fermés et le match de football opposant la Belgique au Portugal prévu le mardi 29 mars est d'abord annulé puis déplacé au Portugal[33],[34],[35],[36].

Cependant et contrairement aux événements de novembre 2015, le « lockdown » de Bruxelles est moindre. En effet, bien qu'on assiste à des conséquences similaires à celles de novembre 2015 et que nombre de fermetures de lieux culturels et de magasins et d'annulations de manifestations festives surviennent, il n'y a pas de fermeture systématique des écoles (excepté à Vilvorde où les écoles restent également fermées le mercredi[37],[38]), la circulation des métros reprend partiellement dès le lendemain matin, le trafic ferroviaire est partiellement rétabli dès 16 h le jour-même et les magasins rouvrent progressivement leurs portes dès le lendemain ou le surlendemain[35],[39]. En outre, le niveau d'alerte est ramené au niveau 3 le jeudi 24 mars, soit seulement deux jours après les attentats alors que le niveau n'avait été ramené à 3 qu'après six jours en novembre 2015[40]

Notes et références modifier

  1. « Bruxelles: niveau de menace ramené à 3, mesures allégées dans la capitale », sur RTBF, (consulté le ).
  2. Éric Pelletier et Stéphane Sellami, « Attentats : Foued Mohamed-Aggad, troisième kamikaze du Bataclan identifié », sur leparisien.fr (consulté le ).
  3. « Attaques à Paris : le bilan passe de 129 à 130 morts. », sur francetvinfo.
  4. « Le niveau d’alerte relevé en Belgique », sur lavenir, (consulté le ).
  5. « Belgique-Espagne annulé: Salah Abdeslam aurait été déposé près du stade », sur lesoir, (consulté le ).
  6. « Menace terroriste: La Saint-V déménage au Heysel », sur dhnet, (consulté le ).
  7. « La Saint-V aura lieu sur la Grand-Place », sur dhnet, (consulté le ).
  8. « Annulation du rassemblement de la St-V à Bruxelles: forces spéciales et tireurs d'élite sur la Grand Place », sur RTBF, (consulté le ).
  9. « Le rassemblement et le TD de la Saint-V annulés : des étudiants bravent l'interdit », sur dhnet, (consulté le ).
  10. « Bruxelles en état d'alerte: Salah Abdeslam aurait été aperçu jeudi soir à Anderlecht, l'ULB évacuée », sur dhnet, (consulté le ).
  11. RTL Newmedia, « Bruxelles en alerte terroriste maximale: un risque d'attentat par des individus avec armes et explosifs », sur RTL Info (consulté le ).
  12. BELGA, « Le niveau d'alerte passe à 4: "Un risque d'attentat par des individus avec armes et explosifs à plusieurs endroits de la capitale" », sur dhnet.be (consulté le ).
  13. a b et c (nl) « Crisiscentrum beveelt annulering voetbalwedstrijden en stilleggen metroverkeer aan », (consulté le ).
  14. La rédaction en ligne (avec Belga), « Menace terroriste : Métro fermé lundi », sur lalibre.be (consulté le ).
  15. « En Belgique, Salah Abdeslam échappe à un vaste coup de filet », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  16. « "On s'attendait à un attentat avant minuit le dimanche 22 novembre à Bruxelles" », sur levif.be, (consulté le ).
  17. « Jan Jambon: "On s'attendait à un attentat avant minuit le dimanche 22 novembre" », sur RTBF Info (consulté le ).
  18. « Le Conseil national de sécurité à nouveau réuni », (consulté le ).
  19. « L'alerte terrorisme est maintenue au niveau 4, les écoles et le métro rouvriront mercredi », sur 7sur7, (consulté le ).
  20. « Menace terroriste: Bruxelles au niveau 4 jusqu'à lundi prochain, réouverture des écoles et métros mercredi », sur RTBF, (consulté le ).
  21. a et b (nl) « Vilvoorde houdt dinsdag alle scholen dicht », sur De Standaard, (consulté le ).
  22. « Pas de métro à Bruxelles ce samedi », sur 7sur7, (consulté le ).
  23. « Deuxième jour d'alerte maximale à Bruxelles », sur 7sur7, (consulté le ).
  24. « Concert de Johnny Hallyday, Botanique, musées: toutes les annulations et fermetures », sur 7sur7, (consulté le ).
  25. (nl) « Dit zijn antwoorden op uw vragen », sur VTM Nieuws, (consulté le ).
  26. (nl) « Verhoogde terreurdreiging dwingt circus tot vervroegd vertrek », sur Het Nieuwsblad, (consulté le ).
  27. « Menaces terroristes : les Belges brouillent les pistes sur Twitter avec... des chats », sur lesoir.be (consulté le ).
  28. « La police remercie avec humour les lolcats de Twitter », sur 7s7 (consulté le ).
  29. « "L'impact du "lockdown" de Bruxelles sur l'économie belge », sur 7sur7, (consulté le ).
  30. BELGA, « Le "lockdown" de Bruxelles a coûté 0,1% du PIB belge au 4e trimestre », sur lalibre.be (consulté le ).
  31. « Le "lockdown", un impact à 100 millions sur les commerces », sur 7sur7, (consulté le ).
  32. « Le "lockdown" a eu un impact négatif de 100 millions d'euros sur les commerces bruxellois », sur dhnet, (consulté le ).
  33. « Bruxelles, 22 mars 2016, 7h58, la Belgique plonge dans l'horreur: voici les 11 images qui résument l'inimaginable dans notre pays », sur lacapitale.be, (consulté le ).
  34. « Attentat-suicide à Brussels Airport : les opérations de recherche et de secours terminées », sur lalibre.be, (consulté le ).
  35. a et b « Conséquences du niveau 4 : le trafic reprend sur le rail, partiellement à la Stib, Brussels Airport fermé mercredi », sur lalibre.be, (consulté le ).
  36. « C'est officiel : le match amical Belgique-Portugal se jouera finalement... au Portugal », sur sudinfo.be, (consulté le ).
  37. (nl) « Vilvoordse Lokale Integrale Veiligheidscel (LIVC), in zitting op 23 maart om 10.30 uur, neemt aantal maatregelen. »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur vilvoorde.be, (consulté le ).
  38. (nl) Dieter de Beus, « Scholen die woensdag sloten: “Beslissing van minister bizar” », sur nieuwsblad.be, (consulté le ).
  39. « Attentats à Bruxelles - Le réseau de métro de la STIB sera partiellement accessible dès mercredi matin », sur dhnet.be, (consulté le ).
  40. « Attentats de Bruxelles : L'OCAM diminue le niveau de la menace au niveau 3 », sur dhnet.be, (consulté le ).

Annexes modifier

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Articles connexes modifier