Blason de la Guyenne

Les armes de l'ancienne province française de la Guyenne se blasonnent ainsi : De gueules (fond rouge) à un léopard (un lion qui a la tête de face) d'or (jaune), armé (avec les griffes) et lampassé (la langue) d'azur (bleu).

Blason du duché d'Aquitaine.

Les proto-armoiries du lion rouge de Gascogne modifier

 
Possible blason originel des comtes de Poitou et ducs d'Aquitaine.
 
Blason de la Nouvelle-Aquitaine.

Les proto-armoiries des ducs d’Aquitaine, emblèmes antérieurs à l’héraldique apparue dans les années 1130, étaient un lion rouge debout sur fond blanc.

En effet, cet emblème a d’abord été employé par les ducs-comtes de Gascogne puis diffusé auprès des branches cadettes de la famille de ces ducs[Note 1] et auprès de leurs représentants locaux, les vicomtes[Note 2]. Une diffusion ultérieure concerna les vassaux de ces derniers (par exemple, les seigneurs d’Espelette, de Gayrosse etc.). On retrouve ce lion dans les armoiries de la commune de Poitiers, celles de Châtellerault, ou dans celles des localités d’Espelette et d’Ustaritz ainsi que dans les armoiries médiévales de la Cité de Limoges.

Son adoption par les ducs d’Aquitaine-comtes de Poitou provient vraisemblablement d’un besoin de légitimation du duc Guillaume VIII qui, sans droits héréditaires, s’est emparé par la force de la Gascogne sur le comte de Gascogne et d’Armagnac Bernard Tumapaler[1].

Ce lion rouge a par la suite été employé par Raymond de Poitiers, oncle paternel d’Aliénor d’Aquitaine, par Richard Cœur de Lion qui fut duc d’Aquitaine et comte de Poitou pendant 30 ans (1169-1199)[Note 3], par le neveu de ce dernier Richard de Cornouailles[Note 4], prétendant au comté de Poitou à partir de 1225, puis par les rois de Chypre[2], descendants directs des ducs d’Aquitaine-comtes de Poitou.

Le lion rouge sur fond blanc est le seul emblème historique correspondant au futur territoire de la région Nouvelle-Aquitaine et il est à noter que le conseil régional a adopté en 2016 un blason s'en inspirant[3],[4],[Note 5].

Des trois lions de Richard Cœur de Lion au léopard de Guyenne modifier

À la suite de Richard Cœur de Lion qui les porta à la fin de sa vie en 1198-1199, les rois d'Angleterre ont adopté les armoiries aux trois lions passants ou léopards portées qui étaient inspirées par celles de son père Henri II Plantagenêt. Elles continuèrent à être utilisées par tous ses successeurs sur le trône d’Angleterre. Les rois d'Angleterre n'ont pas utilisé d'armoiries distinctes pour le duché d’Aquitaine (ou de Guyenne) pendant toute la période d’union anglo-gasconne (1154-1453) : les armoiries aux trois léopards constituaient celles de la couronne d’Angleterre à laquelle était incorporée l’Aquitaine[Note 6].

Les rois de France ont inventé dans les années 1370 les armoiries du duché de Guyenne au léopard unique : elles étaient inspirées directement des armoiries des rois d’Angleterre, dans le but de placer symboliquement le duché dans le système politique français. Les armoiries du duché de Guyenne (ou d’Aquitaine) font systématiquement partie de la série des armoiries des pairs de France présents au sacre des rois de France.

Le seul duc d’Aquitaine (ou de Guyenne) qui a porté effectivement les armoiries au léopard unique fut Charles de France, duc de Guyenne (ou d’Aquitaine) de 1469 à 1472[5]. Les armoiries de la Guyenne au léopard seront utilisées jusqu’à la Révolution française pour symboliser cette province et son gouvernement militaire jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.

Bibliographie sommaire modifier

  • ADAM-EVEN, Paul, « Les armoiries des comtes de Poitiers », Revue française d’héraldique et de sigillographie, 8, 1952, p 3-11.
  • AILES, Adrian, « The seal of John Lord of Ireland and Count of Mortain », The Coat of Arms, 1981, p 341-350.
  • AILES, Adrian, « Governmental seals of Richard I », Seals and their Context in the Middle Ages, ed. SCHOFIELD (Phillipp), Oxford-Philadelphie, 2015, p 101-110.
  • CANÉTO, François, « Le tombeau de Sanche Mitarra, le lion des Fezensac et sa légende héraldique », Revue de Gascogne, t. XVI, 1875, p 485-492.
  • CHAPLAIS, Pierre, « Le sceau de la cour de Gascogne ou sceau de l’office de sénéchal de Guyenne », Annales du Midi, LXVII, 1955, p 19-29. Consultable et téléchargeable en PDF sur : http://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1955_num_67_29_6034
  • EYGUN, François, Sigillographie du Poitou jusqu’en 1515, Poitiers, 1938.
  • GUIBERT, Louis, « Sceaux et armes des deux villes de Limoges », Bulletin de la société archéologique et historique du Limousin, 1885, p 1-20.
  • MEAUDRE DE LAPOUYADE, Les armoiries de Bordeaux, Bordeaux, 1913. Téléchargeable en PDF sur : http://1886.u-bordeaux-montaigne.fr/items/show/3961
  • PASTOUREAU, Michel, « L’origine suisse des armoiries du royaume d’Aragon. Étude d’héraldique comparé », Archives Héraldiques Suisses, 1980, p 3-10.
  • PÉPIN, Guilhem, « Les couronnements et les investitures des ducs d’Aquitaine (XIe – XIIe siècle) », Francia, XXXVI, 2010, p. 35-65. Téléchargeable gratuitement en PDF : http://www.perspectivia.net/publikationen/francia/francia-retro/36-2009/0035-0065
  • PÉPIN, Guilhem, « Les cris de guerre « Guyenne ! » et « Saint Georges ! ». L’expression d’une identité politique du duché anglo-gascon », Le Moyen Âge, CXII, 2006, p 263-81. Consultable gratuitement sur ce site : http://www.cairn.info/revue-le-moyen-age-2006-2-page-263.htm
  • RICHARD, Alfred, « Les armoiries du comté de Poitou », Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1894, p 432-458.
  • VAIVRE, Jean-Bernard de, « Les armes de Joinville », Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge. Mélanges en l’honneur de Philippe Contamine, éd. J. Paviot et J. Ve

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Comme les comtes d’Armagnac et de Pardiac.
  2. Comme les vicomtes de Labourd, Soule, Orthe, Gabardan, Lomagne, etc.
  3. Le premier sceau royal (1189-1198) du roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion montre qu’il portait comme armoiries sur son écu (bouclier) un lion rampant (debout). Deux chroniques distinctes portant sur la IIIe croisade (1190-1192) que Richard dirigeait nous indiquent que sa bannière royale comportait un seul lion. C’est la présence de ce lion combiné au courage de Richard qui lui a attribué le surnom de « Cœur de Lion » pendant cette expédition. L’épitaphe de Geoffroi IV de Joinville († 1192), compagnon d’armes de Richard en Terre Sainte, permet de connaître les émaux des armoiries de Richard que ce dernier l’autorisa à utiliser en partie : il s’agissait d’un lion rouge debout sur fond blanc. Il apparaît donc que Richard Cœur de Lion († 1199) a utilisé l’emblème des ducs d’Aquitaine pendant l’essentiel de son règne en tant que roi d’Angleterre (de 1189 à 1198). En effet, Richard avait été désigné par son père Henri II Plantagenêt en tant que duc d’Aquitaine dès 1169. Étant le fils préféré de sa mère Aliénor d’Aquitaine et ayant été uniquement duc d’Aquitaine et comte de Poitiers pendant 20 ans avant de devenir roi d’Angleterre, il n’est pas étonnant qu’il conserva en tant que roi l’emblème de sa mère et des ducs d’Aquitaine-comtes de Poitou.
  4. Henri III d'Angleterre donna officiellement en 1225 le comté de Poitou à son frère cadet Richard de Cornouailles afin que ce dernier puisse reconquérir cette région. Dès lors Richard de Cornouailles prit les armoiries au lion rouge sur fond blanc en leur adjoignant une bordure de sable (noire) semée de besants d’or (des points jaunes). Le lion fut couronné pour souligner les origines royales de Richard. De nombreuses représentations de ces armoiries nous sont parvenues sur de nombreux supports (peintures sur parchemin, peintures murales, sculptures, vitraux, carreaux de pavement, représentations sur des coffrets, des œuvres d’art, une ceinture armoriée, etc). Ces armoiries continueront à être portées par son fils Edmond, comte de Cornouailles, puis, légèrement modifiées, par les descendants de l’un de ses bâtards dont le dernier fut John Cornwall († 1443), l’un des combattants anglais de la bataille d’Azincourt (1415).
  5. Des vagues bleues représentant Aquitania, signifiant en latin « terre des eaux » ont été ajoutées à ce symbole historique.
  6. On a souvent avancé que les armoiries d’Ancien Régime de la Guyenne et de la Normandie avaient été combinées pour constituer les armoiries du royaume d’Angleterre aux trois léopards après le mariage (1152) d’Aliénor d’Aquitaine et du duc de Normandie Henri Plantagenêt, qui devint roi d’Angleterre en 1154. Or l’analyse des sources historiques semble indiquer le contraire : les premières armoiries apparues sont celles aux trois lions ou léopards. La première apparition de ces armoiries aux trois lions ou léopards date de 1198 avec le second sceau royal de Richard Cœur de Lion. Richard a probablement repris les armoiries de son père Henri II Plantagenêt en ajoutant un lion (ou léopard). On ne dispose pas de sceau ou autre support montrant les armoiries d’Henri II Plantagenêt, mais des indices permettent de déduire qu’il utilisait bien des armoiries à deux lions rampants : le sceau de son dernier fils Jean sans Terre en tant que seigneur d’Irlande usité à partir de 1185 le montre du vivant de son père portant un écu au deux lions rampants. Il y a aussi le sceau d’Henri († 1227), comte palatin du Rhin (1195-1212), petit-fils d’Henri II Plantagenêt, neveu de Richard Cœur de Lion et frère aîné de l’empereur Othon IV de Brunswick. Il date de 1196, avant le changement d’armoiries de Richard Cœur de Lion.

Références modifier