Atracinae
Description de cette image, également commentée ci-après
Araignée à toile en entonnoir de Victoria (Hadronyche modesta).
Classification WSC
Règne Animalia
Embranchement Arthropoda
Super-classe Chelicerata
Classe Arachnida
Ordre Araneae
Sous-ordre Mygalomorphae
Famille Hexathelidae

Sous-famille

Atracinae
Hogg, 1901[1]

Genres de rang inférieur

Les Atracinae sont une sous-famille d'araignées de la famille des Hexathelidae[2]. Ces espèces sont communément appelées araignées à toile-entonnoir. Cette sous-famille regroupe comporte trois genres, Atrax, Hadronyche et Illawarra dont plusieurs espèces au venin redoutable pour l'Homme, dont six ont fait des victimes. La morsure de l’Araignée à toile-entonnoir de Sydney est potentiellement mortelle, mais avec le perfectionnement des techniques de premiers soins et l'apparition des sérums[3], la mortalité a beaucoup baissé. Cette sous-famille comporte 35 espèces, et tous ses membres sont endémiques à l'Australie[2].

Description modifier

Ces araignées ont un corps dont la longueur varie entre 1 cm à 5 cm. Elles sont de couleur sombre, allant du noir / bleu-nuit à brun orangé, avec une carapace brillante et lisse recouvrant la partie antérieure du corps. À l'instar des araignées diplurides, certaines hexathélides ont une filière relativement allongée ; c'est particulièrement vrai pour A. robustus. Les sujets mâles présentent un rostre d'accouplement saillant au milieu de leur seconde paire de pattes[3].

De même que les autres Mygalomorphae (incorrectement appelées "Orthognatha", infra-ordre des arachnides qui inclut les tarentules tropicales[4]), ces araignées possèdent des chélicères pointées verticalement sous le corps (cf. l'article sur les Araneomorphae), qui comportent de grandes glandes venimeuses. Elles sont suffisamment longues et dures pour traverser un ongle ou le cuir de chaussures de ville[5].

Les araignées à toile-entonnoir établissent leur repaire dans des habitats humides, tièdes et naturellement protégés (à l'abri de rochers, dans les troncs ou branches pourris, et parfois à plusieurs mètres au-dessus du sol). On les trouve communément dans les terrains vagues et les décharges municipales, plus rarement dans les pelouses ou les espaces ouverts. Le terrier de ces araignées est couvert d’une toile irrégulière caractéristique à fils rayonnant depuis l'entrée[2]. Contrairement aux mygales fouisseuses apparentées, les araignées à toile-entonnoir ne ferment pas leurs terriers d'un opercule.

L'aire de répartition principale des araignées à toile-entonnoir est la côte est de Australie : la plupart des spécimens se trouvent en Nouvelle-Galles du Sud, l’Australie-Méridionale, Victoria et au Queensland[2],[6]. La seule région exempte de ces araignées est l'ouest du continent australien[7] et les Territoires du Nord.

Importance pour la médecine modifier

Six espèces de ces araignées australiennes sont très dangereuses pour l’Homme[8],[9], l’araignée à toile-entonnoir en croissant, Hadronyche formidabilis, H. cerberea[10], H. versuta ou araignée des Montagnes Bleues, H. infensa ou « araignée des Darling Downs », enfin H. macquariensis ou araignée de Port Macquarie.

L’examen des plusieurs morsures a montré que presque toutes les attaques mortelles pour l'homme étaient infligées par des mâles errants. Les mâles adultes, reconnaissables à la courbure caractéristique de l'extrémité de leur pédipalpe, et qui pullulent les mois d'été en quête de femelles, font preuve d'une extrême agressivité s'ils se sentent menacés[11]. Elles ont une attirance pour les milieux aquatiques de sorte qu'il n'est pas rare d'en trouver autour des piscines, voire dans le bassin lui-même. Ces araignées peuvent survivre plusieurs heures à une immersion et mordre lorsqu’on les retire de l'eau[12]. On les trouve aussi dans les garages et sur les chantiers des faubourgs de Sydney. Contrairement à une croyance répandue, ces araignées ne sautent pas mais il est vrai qu'elles se déplacent avec une extrême rapidité[12]:p.313–22.

Lorsque la morsure est infligée à un animal de taille humaine, la quantité de poison injectée peut être insuffisante pour terrasser la victime : certains médecins estiment que seules 10 % à 25 % des morsures ont une toxicité dangereuse[8] mais dans tous les cas ces blessures doivent être considérées comme potentiellement mortelles. Les araignées à toile-entonnoir évitent généralement le contact avec les animaux de grande taille mais elles se défendent vigoureusement si elles sont surprises : l'araignée s'accroche généralement un moment à sa victime et tente de la mordre à plusieurs reprises, expérience des plus traumatisantes pour les personnes infectées[13].

Les morsures de l'Araignée à toile-entonnoir de Sydney ont provoqué la mort de treize personnes dont sept enfants[8]). Toutes ces morts ont pu être attribués à la morsure d'un sujet mâle[14]. On a pu attribuer au moins un empoisonnement fatal à un représentant du genre Hadronyche, Hadronyche formidabilis[6] mais, à ce jour, cette hypothèse ne s’appuie sur aucun rapport médical. Les empoisonnement par plusieurs espèces du genre Hadronyche présentent des symptômes similaires à ceux provoqués par le venin d’Atrax.

Les venins modifier

On trouve plusieurs toxines différentes dans le venin des araignées Atrax et Hadronyche. Collectivement, ces toxines sont regroupées sous le terme générique d’atracotoxines (ACTX), puisque toutes ces araignées appartiennent à la sous-famille des Atracinae. Les premières toxines de cette famille qui ont été isolées étaient les δ-ACTX, que l’on retrouve à la fois dans le venin d’A. robustus (δ-ACTX-Ar1, autrefois rangée dans la catégorie des robustoxines ou atracotoxines) et d’H. versuta (δ-ACTX-Hv1a, autrefois appelée « versutotoxine »). Ces deux toxines produisent les mêmes syndromes d'empoisonnement chez les singes que chez les humains, ce qui suggère qu’elles sont responsables des effets physiologiques observés avec le venin pur[14].

 
Araignée de Sydney mâle (Atrax robustus) en position d'attaque.

On pense que ces toxines agissent par libération de porteurs de sodium. Ce sont des neurotoxines pré-synaptiques qui déclenchent (via le cycle du sodium) des salves de potentiel d'action sur les neurones d’autonomie et les neurones moteurs, et inhibent le contrôle neuronal ce qui produit des décharges d’acétylcholine endogène, de noradrénaline et d’adrénaline[15].

Quoiqu’extrêmement toxique pour les primates, ce venin n’a que peu d’effet sur les autres mammifères. La résistance de ces animaux pourrait s’expliquer par la présence d’immunoglobuline G, d’immunoglobuline G réticulée et d’immunoglobuline M, qui inhiberaient les facteurs du plasma sanguin auxquelles les toxines viennent se fixer[16].

Symptômes modifier

Les symptômes d'empoisonnement observés à la suite de morsures par ces araignées sont caractéristiques. La morsure est d'emblée très douloureuse du fait de la taille des chélicères pénétrant les chairs[10]. Les marques de morsure et le saignement sont généralement bien perceptibles. Si la morsure est complète, les symptômes suivants apparaissent généralement en quelques minutes : chair de poule, suée, fourmillements et salivation, convulsions involontaires (d'abord faciales puis intercostales), yeux humides, accélération du pouls et augmentation de la tension artérielle. Puis ce sont la nausée, les vomissements, le gêne respiratoire (par obstruction des voies aériennes), une agitation et une confusion croissantes, l'apparition d'un rictus, un œdème pulmonaire (dû à l'hypertension), une acidose métabolique. Le stade suprême s'accompagne d'une dilatation des pupilles, de tétanie, d'inconscience, et d'augmentation de l’hypertension intracrânienne. Les décès surviennent généralement par suite d'une hypotension progressive ou d'un œdème cérébral[8],[13],[17].

Liste d'espèces modifier

Cette sous-famille regroupe les genres et espèces d'araignées suivantes, citées avec leur nom vulgaire et leur aire de répartition[2].

Notes et références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Atracinae » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Michael R. Gray, « A revision of the Australian funnel-web spiders (Hexathelidae: Atracinae) », Records of the Australian Museum, Sydney, Australian Museum et inconnu, vol. 62, no 3,‎ , p. 285-392 (ISSN 0067-1975 et 2201-4349, OCLC 1385608, DOI 10.3853/J.0067-1975.62.2010.1556, lire en ligne) 
  2. a b c d et e Michael R. Gray, « A revision of the Australian funnel-web spiders (Hexathelidae: Atracinae) », Records of the Australian Museum, vol. 62, no 3,‎ , p. 285–392 (ISSN 0067-1975, DOI 10.3853/j.0067-1975.62.2010.1556)
  3. a et b « Funnel-web Spiders », sur Australian Museum, Sydney (consulté le )
  4. les tarentules mygalomorphes forment une famille à part des tarentules vraies, les Lycosidae d’Europe ; cf. à ce sujet Rod et Ken Preston-Mafham, Spiders of the World, Blandford Press, , p. 47
  5. D’après « Funnel-web Fangs », sur National Geographic (consulté le ).
  6. a et b D’après « Fact sheet: Funnel-web spider », sur Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation ; notes que malgré une documentation considérable en entomologie, cette organisation n'est plus impliquée dans la recherche sur les araignées à toile-entonnoir.
  7. D’après Raymond Mascord, Australian Spiders in Colour, Reed Press NSW, , p. 14.
  8. a b c et d G. Isbister, M. Gray, C. Balit, R. Raven, B. Stokes, Porges K, Tankel A, E. Turner, J. White et M. Fisher, « Funnel-web spider bite: a systematic review of recorded clinical cases », Med. J. Austr., vol. 182, no 8,‎ , p. 407–11 (PMID 15850438, lire en ligne)
  9. Richard S. Vetter et Geoffrey K. Isbister, « Medical Aspects of Spider Bites », Annual Review of Entomology, vol. 53,‎ , p. 409–29 (DOI 10.1146/annurev.ento.53.103106.093503)
  10. a et b Geoffrey K. Isbister et Hui Wen Fan, « Spider Bite », The Lancet, vol. 378, no 9808,‎ , p. 2039–47 (PMID 21762981, DOI 10.1016/S0140-6736(10)62230-1, lire en ligne)
  11. G. Isbister et M. Gray, « Bites by Australian mygalomorph spiders (Araneae, Mygalomorphae), including funnel-web spiders (Atracinae) and mouse spiders (Actinopodidae: Missulena spp) », Toxicon, vol. 43, no 2,‎ , p. 133–40 (PMID 15019472, DOI 10.1016/j.toxicon.2003.11.009)
  12. a et b Gray M. The Distribution of Funnel-Web Spiders in Australia in Toxic Plants and Animals: A Guide for Australia. Queensland Museum Press, 1987. Page 313-22
  13. a et b Australian Spider and Insect Bites; Université de Sydney
  14. a et b Nicholson G, Graudins A, « Spiders of medical importance in the Asia-Pacific: atracotoxin, latrotoxin and related spider neurotoxins », Clin Exp Pharmacol Physiol, vol. 29, no 9,‎ , p. 785–94 (PMID 12165044, DOI 10.1046/j.1440-1681.2002.03741.x)
  15. J. Harris, S. Sutherland et M. Zar, « Actions of the crude venom of the Sydney funnel-web spider. Atrax robustus on autonomic neuromuscular transmission », Br J Pharmacol, vol. 72, no 2,‎ , p. 335–40 (PMID 6260279, PMCID 2071519, DOI 10.1111/j.1476-5381.1981.tb09132.x)
  16. D. Sheumack, A. Comis, R. Claassens, E. Mylecharane, Spence I et M. Howden, « An endogenous antitoxin to the lethal venom of the funnel web spider, Atrax robustus, in rabbit sera », Comp Biochem Physiol C, vol. 99, nos 1–2,‎ , p. 157–61 (PMID 1675965, DOI 10.1016/0742-8413(91)90093-9)
  17. T. Torda, E. Loong et I. Greaves, « Severe lung oedema and fatal consumption coagulopathy after funnel-web bite », Med J Aust, vol. 2, no 8,‎ , p. 442–4 (PMID 7010098)

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