En médecine, le terme de fasciculation désigne la contraction brève d'un groupe de fibres musculaires constitutives d'une unité motrice, c'est-à-dire d'un fascicule musculaire. Ce phénomène indolore et indépendant de la volonté se manifeste en périphérie du muscle concerné par un léger mouvement transmis à la peau, habituellement sans déplacement articulaire. Tous les muscles squelettiques peuvent être le siège de fasciculations qui, si elles deviennent abondantes et généralisées peuvent devenir un symptôme perturbant la qualité de vie.

Le phénomène électrique correspondant est la génération spontanée d'un potentiel d'unité motrice (PUM) unique en un point quelconque de l'axone moteur. Ce PUM est enregistrable par l'électromyogramme (EMG) : c'est le potentiel de fasciculation. Les fasciculations survenant en profondeur ne sont pas visibles, mais détectables par l'EMG.

Physiologiques et bénignes dans l'immense majorité des cas, les fasciculations peuvent aussi être symptomatiques de certaines affections neurologiques impliquant une diminution du nombre d'unités motrices[1],[2],[3]. C'est la raison pour laquelle certains auteurs comme Trojaborg et Buchthal en 1965 les séparent en « bénignes » et « malignes »[4].

Mécanisme modifier

La fasciculation correspond à l'activation anormale et isolée d'une unité motrice, c'est-à-dire d'un axone moteur et de l'ensemble des fibres musculaires qui en dépendent (ces dernières constituant un petit faisceau ou fascicule). Chaque fasciculation résulte d'une « dépolarisation spontanée » d'un neurone moteur inférieur conduisant à la contraction synchrone de toutes les fibres du muscle squelettique au sein d'une seule unité motrice (une dépolarisation spontanée et normale est par exemple la contraction constante du muscle cardiaque, qui fait battre le cœur).

Souvent, une mise en mouvement intentionnelle du muscle impliqué provoque une cessation immédiate de la fasciculation, mais elle peut revenir une fois le muscle à nouveau au repos.

La zone anatomique à l'origine des fasciculations musculaires et des crampes a été débattue durant de nombreuses années. De nombreux auteurs estimaient que cette origine était située dans le système nerveux central, et plus précisément dans le corps cellulaire des motoneurones de la corne antérieure. Pourtant selon Layzer en 1994[5], la plupart des preuves plaident pour une origine très distale, au sein même des terminaisons nerveuses motrices intramusculaires. Selon lui les fasciculations pourraient résulter d'une excitation chimique locale de terminaisons nerveuses motrices, alors que les crampes résulteraient d'une excitation mécanique des terminaisons nerveuses motrices pendant le raccourcissement musculaire[5].

Aspects médicaux modifier

Elles sont le plus souvent bénignes (on parle de BFS : benign fasciculation syndrome), et souvent associées aux crampes[6].

Les fasciculations peuvent aussi traduire une activité spontanée anormale d'unités motrices devenues hyperexcitables, par exemple en cas de réinnervation après dénervation d'une partie des fibres musculaires.

Ceci s'observe dans de nombreuses affections du système nerveux périphérique, ou dans les atteintes chroniques de la corne antérieure.

Causes connues modifier

Affections neurologiques modifier

Parmi les affections neurologiques connues pour être à l'origine de fasciculations, on peut citer :

Autres causes modifier

L'asthme et le TDAH étant bien plus graves que les fasciculations elles-mêmes, cet effet secondaire peut être toléré par le patient après avoir consulté un médecin ou un pharmacien.

Notes et références modifier

  1. Desai, J. and M. Swash (1997), Fasciculations: what do we know of their significance? J Neurol Sci, . 152 Suppl 1: p. S43-8.
  2. Howard, R.S. and N.M. Murray (1992), Surface EMG in the recording of fasciculations. Muscle Nerve, . 15(11): p. 1240-5.
  3. Van der Heijden, A., F. Spaans, and J. Reulen (1994), Fasciculation potentials in foot and leg muscles of healthy young adults. Electroencephalogr Clin Neurophysiol, . 93(3): p. 163-8.
  4. Trojaborg, W., & Buchthal, F. (1965). Malignant and benign fasciculations. Acta Neurologica Scandinavica, 41(S13), 251-254
  5. a et b (en) Layzer, « The origin of muscle fasciculations and cramps », Muscle & nerve, vol. 17,‎ , p. 1243-1249 (lire en ligne)
  6. Tahmoush, A. J., Alonso, R. J., Tahmoush, G. P., & Heiman-Patterson, T. D. (1991). Cramp, fasciculation syndrome A treatable hyperexcitable peripheral nerve disorder. Neurology, 41(7), 1021-1021.
  7. Mills, K. R. (2010). [Mills, K. R. (2010). Characteristics of fasciculations in amyotrophic lateral sclerosis and the benign fasciculation syndrome. Brain, 133(11), 3458-3469. Characteristics of fasciculations in amyotrophic lateral sclerosis and the benign fasciculation syndrome]. Brain, 133(11), 3458-3469.
  8. de Carvalho, M., & Swash, M. (2013). Fasciculation potentials and earliest changes in motor unit physiology in ALS. Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry, 84(9), 963-968 (résumé).
  9. Conradi, S., Grimby, L., & Lundemo, G. (1982). Pathophysiology of fasciculations in ALS as studied by electromyography of single motor units. Muscle & nerve, 5(3), 202-208 (résumé).
  10. de Carvalho, M., & Swash, M. (2016). Physiology of the fasciculation potentials in amyotrophic lateral sclerosis: which motor units fasciculate?. The Journal of Physiological Sciences, 1-8 (résumé).
  11. Fussler-Bagur Elsa (2011), Rituels et intoxication au plomb chez l’adulte, thèse de médecine soutenue le 21/10/2011, Faculté de médecine, Paris VI, PDF, Voir chap 3.2.3.2. Signes neurologiques p 48/120

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Bibliographie modifier

Vidéographie modifier