Anna (impératrice)

impératrice byzantine
Anna
Fonction
Impératrice byzantine
-
Titre de noblesse
Impératrice consort (d)
Biographie
Naissance
Famille
Père
Mère
Fratrie
Conjoint
Enfants
Nicétas (en)
Nikephoros (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Anna (720-740) était une impératrice byzantine, épouse d'Artabasde, l'un des deux empereurs byzantins rivaux durant la guerre civile qui s'étendit de à . L'autre empereur était son frère Constantin V.

Famille modifier

Anna est une fille de Léon III l'Isaurien et de sa femme Marie. Elle a un frère, Constantin V, et deux sœurs nommées Irène et Kosmo. Leurs noms et leurs lieux d'inhumation sont mentionnés dans le recueil De Ceremoniis écrit par Constantin VII. On ne connaît néanmoins rien d'autre sur eux.

Mariage modifier

Au début des années 710, le trône de l'Empire Byzantin est instable. Justinien II a été renversé et exécuté en 711. Sa déposition a été suivie par le règne bref de Philippicos (711-713), d'Anastase II (713-715) et de Théodose III (715-717). Tous les trois sont arrivés au pouvoir à la suite de coups d'État menés par des factions de l'armée byzantine[1].

Dans ce contexte, deux commandants militaires se rapprochent pour former une alliance. D'après les chroniques de Théophane le Confesseur, Léon, stratège du thème byzantin (région) des Anatoliques et Artabasde, stratège du thème des Arméniaques forgent une alliance en 715. Leur but est de renverser Théodose et de favoriser l'accession au trône de Léon. L'alliance est scellée par les fiançailles d'Anna avec Artabasde[1].

Les deux alliés déclenchent une révolte deux ans plus tard et atteignent leurs buts respectifs. Le , Léon est proclamé empereur dans la basilique Sainte-Sophie. En tant que fille du nouvel empereur, Anna devient un des membres importants de la famille impériale. Le mari d'Anna, Artabasde, ne tarde pas à profiter de l'ascension sociale de son beau-père. Il est bientôt nommé Curopalate ("maître du palais") et Comte du thème d'Opsikion, tout en gardant son commandement d'origine[1].

Impératrice modifier

La politique religieuse de l'empereur Léon III l'Isaurien divise le christianisme chalcédonien de l'époque en deux factions : les iconoclastes et les iconodules. Léon III favorise les premiers et lance une persécution contre les seconds, mais il décède le .

Constantin V, son unique fils connu, lui succède sur le trône. Constantin est connu pour être un iconoclaste. Il bénéfice d'ailleurs du soutien de cette faction de la population au sein de l'Empire. Au contraire, Artabasde, le mari d'Anna[2],[3], apporte son soutien aux iconodules afin de déclencher une révolte.

En /742, Constantin traverse l'Asie Mineure avec son armée afin de mener une campagne militaire contre le califat omeyyade dirigé par le calife Hisham ibn Abd al-Malik sur la frontière orientale. Artabasde attaque son beau-frère avec ses forces au cours de la traversée. Vaincu, Constantin doit aller chercher refuge à Amorium, tandis que le vainqueur avance sur Constantinople et est accepté comme empereur[4].

Artabasde est couronné empereur par le Patriarche Anastase de Constantinople. Anna prend le titre d'Augusta tandis que leur fils Nicéphore est nommé co-empereur[4]. Artabasde se déclare lui-même "Protecteur des Saintes Icônes" tout en cherchant à sécuriser son propre trône. Son principal soutien est constituée des thèmes (régions) des Arméniaques, de l'Opsikion et de la province de Thrace. Artabasde est par ailleurs reconnu comme empereur par les chefs religieux iconodules, comme le pape Zacharie.

La guerre civile entre Artabasde et Constantin dure environ deux ans. Elle se termine par la défaite d'Artabase. Une première grande bataille a lieu près de Sardes en Lydie (Asie Mineure) en . Une armée dirigée par Nicétas, un autre fils d'Artabasde, est vaincue lors d'une seconde bataille en août. Constantin prend alors la direction de Constantinople et s'empare de la ville trois mois plus tard. Artabasde est renversé le .

Dernières années modifier

Théophane indique que Constantin fait incarcérer Artabasde, Nicéphore et Nicétas, puis les soumet à une humiliation publique dans l'hippodrome de Constantinople[5]. Tous les trois ont les yeux crevés[1] puis sont exilés au monastère de Chora.

Anna et sept autres de ses enfants, dont les noms ne nous sont pas parvenus, sont alors forcés de mener une vie monastique[6]. Son mari étant aveugle, Anna prend en charge la garde de leurs enfants jusqu'à leurs décès. Tous sont finalement enterrés au monastère de Chora. A une date indéterminée, les reliques du patriarche Germain Ier de Constantinople sont également transférées à Chora. Le monastère devient alors un sanctuaire pour les martyres iconodules[5].

La date de sa mort est inconnue. Aucun indication à son sujet n'est faite durant le règne de son frère.

Enfants modifier

Anna et Artabasde ont neuf enfants :

  • Nicétas. Stratège du thème des Arméniaques ;
  • Nicéphore. Co-empereur de 741 à 743 ;
  • Sept autres enfants de noms inconnus.

Nicétas est l'aîné des enfants d'Anna et d'Artabasde. Dans les écrits Chronographikon syntomon du patriarche Nicéphore Ier de Constantinople, son nom est en effet mentionné avant celui de Nicéphore. Cette particularité a conduit le byzantiniste Paul Speck (de), dans sa biographie d'Artabasde, à suggérer que Nicétas était le fils aîné de la fratrie, mais né d'un précédent mariage d'Artabasde, Nicéphore étant le fils aîné d'Anna[7].

Sources modifier

  • Lynda Garland (ed., 2006), Femmes byzantines : une variété d'expériences, de 800 à 1200. Ashgate Publishing, Ltd., (ISBN 0-7546-5737-X)[8]

Références modifier

  1. a b c et d Theophanes, Chronographia, trad. C. Mango, R. Scott, G. Greatrex, The Chronicle of Theophanes Confessor: Byzantine and Near Eastern History AD 284-813, Oxford: Clarendon Press, 1997.
  2. Suite de la chronologie historique des patriarches de l'église d'orient : Tome Quatrième, (lire en ligne).
  3. Cécile Morrisson, Jean-Claude Cheynet et Bernard Bavant, Le monde byzantin : l'Empire byzantin, 641-1204, Presses universitaires de France, , 544 p. (ISBN 978-2-13-052007-8, lire en ligne).
  4. a et b O. LAMPSIDES, « COLLECTANEA PLANUDEA UND DIE CHRONIKE SYNOPSIS VON KONSTANTINOS MANASSES », Byzantinische Zeitschrift, vol. 77, no 1,‎ , p. 1–2 (ISSN 0007-7704 et 1864-449X, DOI 10.1515/byzs.1984.77.1.1, lire en ligne, consulté le ).
  5. a et b Lynda Garland (ed., 2006), Byzantine Women: Varieties of Experience, 800–1200. Ashgate Publishing, Ltd., (ISBN 0-7546-5737-X).
  6. The Life of Michael the Synkellos, éd. & tr. Mary B. Cunningham, Belfast, 1991.
  7. (de) Paul Speck, Artabasdos, der rechtgläubige Vorkämpfer der göttlichen Lehren : Untersuchungen zur Revolte des Artabasdos und ihrer Darstellung in der byzantinischen Historiographie, Bonn: Habelt, coll. « Poikila Vyzantina ; 2. », (ISBN 978-3-7749-1857-3, lire en ligne).
  8. (en) Garland, Lynda, 1955-, Byzantine women : Varieties of experience 800-1200, Aldershot, Ashgate, , 226 p. (ISBN 978-0-7546-5737-8, OCLC 69241486, BNF 40224767, lire en ligne).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier